i'm hurt

J'avais décidé ça la veille. J'allais faire un tour à Earthea. Ca faisait un petit moment que je n'y étais pas allée, dans cette bonne vieille contrée de sauvages. Alors, y'avait pas forcément grand chose à y faire. Enfin, c'était joli, tout ça tout ça. Et puis, il fallait faire drôlement gaffe si on ne voulait pas mourir. Entre les bêtes sauvages, et le peuple local, c'n'était pas toujours facile d'une part de s'y rendre mais en plus d'y rester. En plus, pour peu qu'on s'y prenne suffisamment bien, il y avait plein de pierres précieuses ici. alors ça ne valait pas forcément la peine de les acheter, suivant où on était, les gens qu'il y avait, et des tas d'autres critères.

J'appréciais plutôt pas mal Earthea, malgré la rudesse dont pouvait faire preuves les terres de cette nation. C'était un mode de vie à prendre, et c'était connu que j'étais douée pour ça, m'adapter. Surtout qu'il y avait de si beaux endroits, c'était totalement différent d'Okeanos, foutrement rien à voir - quoiqu'elle pouvait dire la même chose pour Caelestis -. Les forêts  à perte de vue, magnifique. Il y avait autre chose aussi qui m''attirais beaucoup à Earthea : la richesse présente. Le plus surprenant c'était qu'elle était là, dans la nature, attendant qu'on vienne la cueillir.

Enfin, à chaque fois que je changeais de nations, j'avais l'impression de découvrir le monde. J'adorais ça. Continuer d'avoir ces sensations même après des années. J'étais très certainement devenue incapable de rester. Prendre un appartement, travailler, tout ça. Tout ce que les gens normaux faisaient en fait, j'en étais totalement incapable. Cette fois-ci, j'avais gagné le gros lot.

Non seulement je redécouvrais les terres. Mais en plus, mon arrivée à Earthea fut fracassante. Dans tous les sens du termes. Entre ma sortie de la cabine céleste en revenant de Caelestis et mon arrivée à Démétrio, j'avais trouvé l'unique moyen de me blesser sur le chemin. J'avais glissé avec toute la grâce d'un pachyderme et m'étais étalée tel un vieux bousin. Sauf qu'en plus d'avoir eu honte - parce que pour le charisme on repassera -, je m'étais plutôt bien amochée.

J'étais tombée sur une caillasse qui m'avait largement - enfin... - ouvert le flan, ce qui avait déchiré mon chemisier, tout neuf. Au sol, je pouvais voir quelques bout de râpés de mon bras dans lequel logeaient des petits morceaux... De quoi d'ailleurs, de terre, de gravier, d'épines ? J'n'en savais absolument rien. Ce que j'avais mal.

Ce qui était sûr, c'était que je pouvais avoir la certitude que j'étais bien arrivée. Dire que je voulais faire une visite surprise à Demacia... Au moins, ça, ça n'allait pas louper. Bon, ce n'était pas exactement comme ça que j'envisageais de la revoir. M'enfin, la surprise serait au rendez-vous. Et puis, je me fondais relativement bien dans le décors. Ou peut-être pas tant que ça au final, vu les regards qu'on me lançait...

J'ne tardais pas à travers le marché, il y avait pas mal de monde, alors pour me frayer un chemin ce n'était pas terrible. Une fois arrivée là-bas, à l'Hospitum, je demandais Demacia, au plus vite. Oui, j'voulais pas voir qui que se soit d'autre.

« Non, mais y'a pas moyen ! J'veux voir que Demacia ! » m'exclamai-je à la première infirmière que je vis

i'm scared

Après quelques péripéties, on me confirma que je serais traitée par Demacia. Bonne nouvelle ! Parce que personne d'autre n'aurait pu tripoté mon corps si somptueux, ahem. L'attente fut longue, car douloureuse. Je n'étais pas chochotte... Peut être un tout petit peu... En tout cas, la patience n'étant l'une de mes vertus les plus évidentes, et la douleur n'aidant, je commençais à m'impatienter. Mais à ce moment-là, la blonde arriva. Avec sa jolie blouse blanche - que j'lui aurais bien enlevée - et son matériel à charcuter. Il me fallut du temps avant de comprendre que tout ce fourbi m'était destiné. En gros, elle me salua, se moquant légèrement de l'état de mon corps. Je jure que même sous la torture je ne dirais rien ! Bref. Elle examina l'envergure des dégâts et partit trifouiller dans son nécessaire de boucher.

« Ca aurait pu être pire, je suppose... Sinon, toi quoi de neuf ? » répondis-je de manière assez évasée, ça pouvait nuire à ma réputation ce genre d'histoire, à mon égo surtout en fait.

Et là, je tiltais. Tout ce bordel allait servir à faire de moi de la pâtée pour escargot me soigner. Ca allait que je lui faisais confiance - je crois ? -, enfin, elle devait quand même être une médecin correct sinon elle n'aurait pas de boulot - encore une fois, je crois ? -. Bon, de toute façon, c'était ça ou une mort très certaine suite à Okeanos sait quelle maladie je pouvais bien me récupérer ici ! Ca pouvait aussi bien être la gangrène que la peste - ou quelque chose dans le même genre -. Enfin, la torture allait commencer. J'y étais résolue. La table roulante s'approchant de moi, sans doute un peu trop vite à mon goût.

Elle s'installa face à moi, saisi mon bras et à l'aide d'une pince plutôt grosse débuta l'extraction de corps qui s'étaient logés dans la chaire. Bon sang que c'était douloureux ! Notons que ça valait bien la fois où il avait fallu me sortir une balle. Je mordais ma lèvre, ne voulant pas trop laisser passer mes geignements de douleur - ça aussi, c'était anti-charisme -.

« Tu crois qu't'en as encore pour longtemps ? » lui demandai-je après un certain temps - probablement très court -, mais j'avais plutôt mal. Faut dire que comme si les chaires n'étaient pas assez irritées il fallait qu'en plus on les remue ! Mais bon, Demacia savait ce qu'elle faisait.

heal me

" Le monde a besoin d'être rafistolé. " C'était une jolie façon de dire qu'elle était un peu débordée par son boulot. Je voyais déjà plusieurs raisons à ça : déjà on était à Earthea, cette patrie de sauvages ; ensuite c'était un peu le soucis avec le corps médical, il y avait toujours du job, et souvent en plus. En attendant, bon sang que c'était désagréable de se faire remuer les chairs ainsi ! Ca piquait, ça brûlait, en plus de la douleur permanente qu'infligeait la chose de base.

« Je pensais rester un peu. Si j'me dégote un logement. » je lançais ce regard si mignon et qui voulait dire beaucoup à Demacia. Surtout que si je comptais rester ici quelques temps, peut-être un mois ou même deux, il me fallait un endroit où crécher. Hors de question que je passe mes nuits dehors !

Bientôt, mon bras fut sain et sauf. Je le récupérais, et le fit bouger un peu afin de dégourdir. Sauf que maintenant j'appréhendais vachement la suite. Ce pshit de désinfectant était à lui tout seul au moins aussi désagréable que la blessure et le charcutage ! Mais bon, telle une enfant, elle me félicita d'avoir tenu. Ce qui me fit rire. D'ailleurs pendant ce temps, elle déballait une sucette qu'elle ne tardait pas glisser entre mes lèvres avant d'éclater de rire. Moui, c'était tout à fait elle ça.

En attendant, je n'allais pas cracher sur la sucrerie, au contraire, je la léchais avec le peu d'innocence que j'avais. Je n'eus d'ailleurs, pas plus de répit que ça. Il me fallut déjà enlevé mon haut afin d’exhiber mon corps ma blessure. Ainsi, après avoir abandonné mon chemisier blanc si joli - et si bon pour la poubelle - je m'étalais sur la table de côté, laissant apparaître l'horreur que j'avais réussit à me faire.  

« T'y vas doucement, hein ? »  lui demandai-je sans pour autant que se soit une véritable question. Son visage sérieux ne me présageant rien de bon, je serrais les dents et fermais les yeux d'avance - non, je ne suis pas douillette ! -. La sucette dans la main, j'attendais mon châtiment.