; earthea
; apprentie chasseuse
; demetrio

« les siècles abandonnés » sont une invention, un complot imaginé par les dieux afin de diviser l'humanité, devenue trop puissante à leur goût. earthea — seul véritable allié des hommes — ayant refusé de coopérer, les deux autres auraient rendu ses terres inhabitables.

✘ moqueuse ✘ taquine ✘ sensible ✘ changeante ✘ soucieuse des autres ✘ attitude détachée, insouciante ✘ patiente ✘ aimante ✘ irréfléchie ✘ à l'écoute ✘ pudique en ce qui concerne ses sentiments ✘ entêtée ✘ possessive sans l’accepter ✘ franche ✘ directe ✘ protectrice ✘ secrète ✘ torturée ✘ observatrice ✘ douce ✘ frustrée ✘ lasse ✘ désarmante ✘ figée, bloquée ✘ peu bavarde ✘ plutôt solitaire ✘ parfois violente ✘ blessante ✘ tactile ✘ coupable ✘ inquiète ✘ impulsive ✘ fataliste ✘ indépendante

Acacia embrassait la peine et le remord, débordait d’insécurité. Elle inspirait quelque chose de doux-amer, une sensibilité touchante et frémissante ; absolument désarmante. Cette tendresse poignante qui bouleversait même ses visages les plus violents ; nous murmurait à l'oreille des tourments sans cesse réprimés dans une ardente insouciance ; nous avouait, déchirante, toute la bienveillance qu’elle mettait à nous protéger de ses pires desseins derrière son humour cinglant. Ils étaient toujours tentés de se dérober devant elle. Devant son sourire tendre, coupable ; passionné et sans animosité. Elle réveillait toutes ces incertitudes, ces hésitations. Elle réveillait un flou. Elle réveillait un flou par ses propres faiblesses, violentes. Et ils détestaient ça.

Alors elle les regardait partir, le sourire aux lèvres. Toujours cet espoir au fond du cœur et ce semblant de résignation dans le regard.

Acacia prétendait souvent que c'était inutile, qu'elle préférait ne plus y prendre part, simplement les regarder vivre ; elle l'affirmait la langue frémissante et l'esprit embrumé. Les souvenirs accablants, les pensées incertaines ; elle s'écorchait avidement le cœur et finissait par ne plus y croire elle-même, sans pour autant cesser de se le répéter, de se convaincre que ça lui suffisait ; elle s'en persuadait, immuable, affolée à l'idée d'en vouloir plus. Affolée à l'idée d'arracher, de tout s'approprier ; de s'accrocher sans jamais vouloir rien lâcher, de briser sans pouvoir réparer. Ses propres désirs l'apeuraient, la tourmentaient, peut-être à outrance mais jamais suffisamment. Elle redoutait ses démons, avides, désireux, insatiables ; avares de toi, de moi, des autres. Car lorsqu'ils voulaient, ils prenaient ; lorsqu'ils prenaient, ils ne partageaient pas. Et le sachant trop bien, elle se jugeait presque dangereuse, acrimonieuse — à sa manière ; irrécupérable. Ils n'étaient pas cruels, seulement passionnés. Mais c'était déjà assez.

Parce qu'à se tuer à les ravaler, Acacia, elle les avait dans le sang et dans la peau ; dans le cœur et dans la tête. Ils passaient sa chair, traversaient ses muscles, jusqu'à aller lui ronger les os, inlassablement. Ça la bouffait de l'intérieur, ça s'étanchait de ce qu'ils pouvaient, de ce qu'il restait ; ça l'émouvait constamment un peu trop fort, trop intensément, sans qu'elle s’en rende compte ; pourtant terrifiée, sans jamais l'accepter. Et à vouloir tout chambouler, tout rejeter, elle devenait un tourbillon d'émotions irrésolues et  inconfortables ; presque frustrée, pourtant fascinée. C'était un désordre inconstant qu'elle arrangeait sans cesse avant d'y foutre un bordel encore plus monstre, comme si elle s'était — de façon absurde — accommodée de cet enivrant chaos qu'ils avaient égoïstement provoquer. À vrai dire, elle était bien trop lâche pour oser les défier, trop fière pour supporter de les fuir.

Alors elle restait là, sans bouger. Elle se disait que c'était sans importance, qu'ils étaient sans importance ; elle s'en persuadait. Elle n'espérait plus, elle laissait faire, elle abandonnait. Acacia ne savait juste plus où aller, s’infligeait du mal dans l’espoir de se faire pardonner, sans jamais se l’avouer, ses sentiments toujours mieux bridés. Et quand elle toisait le monde, de son air un peu faussement négligent, elle ne paraissait jamais aussi languissante ; jamais aussi aimante que dans sa feinte indifférence.

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