Après le couronnement, les choses s’étaient gâtées. Une histoire d’opinions et de valeurs, une divergence de positions qui, ultimement, avait engendré un conflit. Il avait pris la décision au nom de son peuple, un choix qui correspondait bien à ses propres convictions. Caelestis n’était plus son peuple et les nomades existaient par leur refus de vivre sous le joug d’une divinité. Cela dit, la plupart des dissidents à la léthargie des nomades face à cette guerre marquaient un point. Si l’une des nations venait à remporter la bataille, les conséquences seraient graves. Et cela ne s’appliquait pas uniquement à Okeanos. Si le peuple de la mer était l’instigateur, il doutait que le peuple du ciel demeure si juste et impartial s’il avait la chance d’étaler sa suprématie. Le règne des Svetlana était terminé et il ne connaissait que trop peu le nouveau souverain pour avoir une bonne idée de ses motivations.

Telle la brise se changeant en bourrasque, Rozen vint perturber ses songes, demandant audience au chef. Il sentait l’air se charger d’électricité et ne souhaitant pas s’attirer les foudres de cette dernière, il devrait démontrer de la patience. Il sortit sa pipe, l’alluma près du feu, l’herbe d’Earthea l’aiderait à relaxer.

-Il faut qu’on parle, Rozen? J’imagine, oui.

Il l’invita à s’asseoir près de lui, aucune utilité à demeurer ferme et hostile l’un envers l’autre. Il évalua son apparence, ses traits et devina le sujet en question. Même chez les nomades, surtout ceux venant de différentes nations, les opinions étaient partagées. Cela dit, sa décision était prise et définitive. Ils avaient un tout autre agenda que le conflit présent leur permettrait de réaliser sans trop d’inconvénients.

-Je t’écoute.

Les esprits n’étaient pas à sous-estimer, également. De ce qu’il avait vu, ils prenaient un malin plaisir à mettre des bâtons dans les roues des gens. S’ils s’en étaient bien sortis plutôt bien après le fiasco de la téléportation, il ne souhaitait plus avoir affaire avec ces êtres à l’avenir. Beowulf était pris dans toute cette situation et même s’il persistait à croire qu’il avait pris la bonne décision, il ne savait que trop bien que ce n’était qu’un sursis en attendant le dénouement de l’histoire. Il tira un trait de sa pipe, la fumée emportée par le vent et passer ses doigts sur l’une de ses cicatrices fraîchement acquises, oreilles rivées sur la protectrice.