Se rendre sur les terres détruites pouvait apporter toute sorte de sentiment. La peur et l'appréhension sont certainement les plus attendues et les plus naturelles, étant donné la dangerosité du lieu, entre la toxicité de l'air et les créatures que l'on pouvait croiser. Dans mon cas, il y avait principalement l'excitation de me rendre dans ce lieu qui m'était encore inconnu. C'est justement parce que je ne l'avais encore jamais vu que j'avais décidé de m'y rendre, afin de pouvoir voir ce que l'on m'en avait décrit de mes propres yeux. C'est une chose qui méritait que l'on découvre au moins une fois, non ? Et puis, moi qui apprécie la solitude, je devrais être servi... Quoi que, je pense tout de même préférer la présence de mes congénères à celle des créatures que certains disaient avoir rencontrés là-bas.

Mon arc à la main et les dispositions prises pour que je puisse me rendre en haut sans risque, je me suis donc retrouvé sur ce qui avait été l'habitat de l'humanité à une époque. Je pouvais à présent contempler réellement les dégâts qui ont pu être causé ici. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que cet endroit devienne aussi invivable, mais ce qui est sûr, c'est que ce devait être très moche.

Je ne souhaitais pas trop m'éloigner, puisque je ne connaissais absolument pas l'endroit et que je ne savais pas ce que je pourrais y rencontrer. Je n'avais pas franchement envie de prendre le risque de me perde, par dessus le marché.
...je me demande si des gens ce sont déjà perdus d'ailleurs. Si oui, alors je ne préfère pas imaginer ce que ces personnes sont advenus. En tout cas, j'avais remarqué une forêt, pas très loin, ce qui me donnait envie d'en faire ma destination. Bon, ça se rapprochait bien plus d'un paysage digne d'un roman d'horreur que des forêts que je connaissais, mais c'était un bon commencement.

Mes instincts de chasseurs me rassuraient pas, puisque je savais qu'en cas de besoin, mes réflexes pourraient me protéger, voir me sauver la vie. J'étais naturellement aux aguets, si bien que lorsqu'un léger bruit parvint à mes oreilles, j'eus le réflexe de me tourner dans sa direction. Je ne vis rien de particulier, ce qui aurait du me tranquilliser, mais la curiosité me donnait plutôt envie d'aller voir. A croire que je cherche vraiment les ennuis...
C'est en avançant dans cette direction que je finis par remarquer une silhouette à ma droite, qui m'avait été caché par le tronc d'arbre jusque là, me faisant sursauter. Heureusement pour moi, il ne s'agissait nullement d'un monstre, mais simplement d'une dame.

« Oh... bonjour. »

Je dois dire que je ne m'attendais pas vraiment à croiser quelqu'un ici. Je suppose qu'il s'agit aussi d'une Earthea, parce qu'il me semble l'avoir déjà croisé - de toute façon, je doute que beaucoup de monde des autres peuples viennent s’aventurer ici. Je me demande ce qui peut pousser des personnes à venir ici d'ailleurs. Toute sorte de choses, certainement. Après tout, moi même ne suis là que pour satisfaire une curiosité. Dans tout les cas, j'avoue que ça a quelque chose de rassurant de voir quelqu'un.

« Je ne pensais pas que je croiserais du monde ici. Je suis désolé si je vous ai inquiété aussi. »

©Cain

Je trouvais plutôt ironique de rencontrer quelqu'un ici alors que je m'étais fait la réflexion que je ne rencontrerais certainement aucun humain en venant sur les terres détruites, mais je préférais tout de même ça aux créatures que l'on pourrait croiser. Je m'en voulais un peu de lui avoir fait peur aussi en arrivant, surtout qu'elle m'a confirmée que c'était le cas. Etant donné la dangerosité de l'endroit, je suppose que tout le monde se trouve toujours sur ces gardes quand on s'y rend - en tout cas, il vaut mieux que ce soit le cas -, alors dans ces cas là, il est plutôt simple de faire des frayeurs. Il est même plutôt simple de se faire des frayeurs tout seul, parfois...

Elle me demande de baisser le ton et je me rend compte que mes paroles paraissent bien fortes au milieu du silence pesant qui nous entoure. Je suis habitué à me faire silencieux quand je traque, à la chasse, mais là, j'avoue ne pas avoir fait attention. Surement parce que je ne suis pas en situation de chasse justement. Cependant, il vaudrait surement mieux prendre cette précaution sur ces anciennes terres. Ce n'est pas nous qui traquons, mais c'est peut-être nous qui sommes traqués - et cette idée n'a absolument rien de rassurant, surtout quand on est habitué à l'inverse. J'entreprenais alors de baisser la voix à partir de maintenant.

Je regardais les armes que la dame tenait entre ses mains. Elle avait de quoi se défendre en cas de besoin, au moins. Le contraire aurait été inquiétant, je dois dire, mais c'est tout de même rassurant de voir que les précautions sont prises. Elle s'approche et le bruit de ses pas paraît faire un vacarme. Je réalise qu'il serait impossible d'être vraiment silencieux dans cette forêt, à moins de ne plus faire le moindre geste. Le simple fait de fuir si une créature s'approchait ferait un bruit fou.

« La curiosité m'y a poussée, principalement. »

C'est un peu bizarre comme lieu à vouloir visiter, je dois l'avouer. D'un autre côté, c'est plus ou moins ce que doivent faire la plupart des personnes venant. Quoi qu'ils peuvent venir en espérant trouver des choses en particulières, que ce soit des informations, des plantes ou je ne sais quoi. C'est un peu mon cas aussi, je ne serais pas mécontent si je trouvais quelque chose d'un peu spécial. Tant que ce n'est pas dangereux.

« Et vous ? »

Elle paraissait bien sur ses gardes et j'en venais à me demander si elle avait déjà vu des choses dangereuses ici ou si c'était aussi la première fois qu'elle venait. J'en apprendrais peut-être un peu plus quand elle répondrait à ma question. Je le saurais bien assez vite.

« C'est un peu glauque dans le coin... Au fait, je m'appelle Aedan Edelsa. »

Je ne pense pas que le commentaire soit très utile étant donné que n'importe qui pourrait s'en faire la réflexion en venant ici, mais je n'avais pas pu m'empêcher de le dire. Quand à la présentation... eh bien, c'est ce qui me paraissait le plus poli à faire, tout de même. Et puis, c'est normal de se présenter quand on vient juste de rencontrer quelqu'un, même si la rencontre est un peu particulière.

©Cain

Prendre le pouls des terres, c'est ce que faisait cette dame, selon ses propres mots. Voilà une activité qui me paraissait bien original, surtout dit de cette façon, un peu comme si elle se conduisait en médecin de terre. Néanmoins, si cela pouvait permettre de découvrir si cet endroit s'améliorait au fil du temps ou non, ce pouvait être tout bénéfice pour nous. Certes, on était bien installé en profondeur et il n'y avait pas vraiment de quoi se plaindre de notre lieu de vie. N'empêche que si un jour, nous pouvions revenir nous balader sur les terres détruites sans risque d'être intoxiqués ou de croiser des bêtes bizarres, ce ne serait pas un mal, loin de là. Et puis, retrouver la véritable lumière du jour pourrait faire du bien.

« Et est-ce que cela donne des résultats concluants ? demandais-je, continuant mes efforts pour parler à voix basse. »

J'affiche un air un peu penaud quand elle me fait la réflexion que j'ai failli tué une aînée avec la frayeur que je lui ai fait. Je pense qu'elle plaisante, mais j'ai quand même vraiment du lui faire peur, alors je m'en veux un peu.

« Je suis bien heureux que ce ne soit pas le cas. On ne peut pas dire que je sois habituer à effrayer les autres. »

Ce n'est pas comme si j'avais le physique adapté pour faire peur à qui que ce soit après tout, sauf peut-être par l'air sombre que je peux parfois avoir.

Elle se présente à son tour, demandant si l'on s'est déjà vu et s'informant sur mon métier.

« On s'est surement déjà croisé à Démétrio ou ses environs, vous êtes d'Earthea aussi, n'est-ce pas ? Quant à moi, je suis chasseur, bien que ne souhaite pas particulièrement avoir à chasser les créatures qui se trouvent ici... »

Je ne sais pas trop à quoi je me suis attendu en venant dans cet endroit, finalement. Ce qui est sûr, c'est que je comprends que les gens y viennent rarement, c'est pas le coin le plus appréciable que l'on peut voir dans une vie. J'en serais pas au point de regretté ma visite - je l'aurais été si j'avais fais lâché le cœur d'Elio, en revanche - c'est quand même bien de voir comment les choses se passent ici et j'avoue apprécier l'adrénaline que peut amener l'appréhension lorsque l'on est dans une situation potentiellement dangereuse. Un jour, on finira vraiment pas croire que j'apprécie de m'attirer des ennuis...

« Vous êtes sur vos gardes, ça ce voit. »

Celui qui ne le serait pas dans ces lieux serait idiot, mais je n'ai pas pu m'empêcher dans faire la remarque en la voyant observer continuellement les alentours.

©Cain