Venant tout juste de quitter Hestia, le chevalier s’était dirigé vers le lieu indiqué. Selon ses dires, il devrait trouver des vêtements qui risquaient de bien lui aller. En toute sincérité, en voyant les kimonos que les autres portaient, Hayden se demandait s’il n’y avait pas un style d’habit beaucoup plus unique qui se fondrait tout de même dans le décor. La seule manière de la savoir était de poser la question au marchand. Ce faisant, Hayden tenta de localiser la boutique, mais le tout nécessita beaucoup de temps. Il avait de la misère à repérer le style de magasin puisque plusieurs combinaient divers trucs. Ce n'est qu'après avoir tourbillonné sur lui-même entre la quantité phénoménale d’Earthéen qu’il arriva à destination. Cette boutique se distinguait par son côté beaucoup plus fermé. Était-ce vraiment l’endroit qu’Hestia lui avait montré? Tout laissait croire que c'était bien le cas. Or, il se demandait pourquoi cette boutique avait des attraits Caeliens tandis que la majorité des autres commerçants préféraient afficher des étalages. Peut-être était-ce une question de qualité ou quelque chose du genre se disait-il.
-Bonjour…
Entrant lentement en territoire inconnu, les yeux du chevalier balayèrent les alentours comme s’il guettait une proie. Ce n’est qu’après s'être habitué à la luminosité qu’il s’arrêta sur ce qui semblait visiblement être la seule employée du magasin. Elle semblait visiblement occupée, mais en tant que client, le général supposait qu’il avait le droit de la sortir de ses occupations. Du moins, à Caelestis, le client était roi, mais Hayden ne préférait pas assumer qu’à Earthea, les coutumes étaient semblables. Ses récentes aventures lui avaient prouvé le contraire.
-Est-ce que je vous dérange?
En pointant la sortie, Hayden exprimait gentiment qu’il était prêt à sortir si elle le désirait. Cependant, il n’avait pas réellement envie d’être entré pour rien, car il serait beaucoup trop difficile pour lui de trouver une autre boutique surtout que celle-ci lui avait été recommandée par une habitante du village. Il ne voulait surtout pas se faire arnaquer puisqu'il ressemblait en tout point à un visiteur.
-J’ai été envoyé dans votre boutique par Hestia. Elle m’a dit que vous aurez la possibilité de me faire des vêtements sur son compte, mais j’ai aussi de quoi payer si vous ne faites pas de crédit…
Étant calme et docile, Hayden attendait de voir s’il serait bien accueilli ou rejeté méchamment.
Yali jeta un bref coup d’œil en direction de l’entrée de la boutique, relevant à peine le visage. Elle était en pleine concentration, occupée à penser un nouveau motif pour une commande particulièrement délicate. On lui demandait de créer un design pour la cérémonie de présentation d’un enfant à son Dieu. Le jour où l’on prête serment, lorsque l’on sort pour la première fois du temple en tant que véritable dévot… Ce jour-là était très particulier et pouvait changer une vie entière. L’artiste avait été surprise, puis s’était sentie honorée, qu’on lui passe une telle commande. Croyante, comme l’une des décorations murales de son antre l’indiquait, elle cherchait depuis plusieurs jours à retranscrire l’importance du baptême ainsi que la splendeur de son Dieu à travers ses coups des pinceaux. Alors, lorsqu’elle entendit des pas au seuil de son établissement, Yali ne prit pas la peine de se détourner de sa tâche. Elle se contenta de hocher rapidement de la tête, semblant de salut destinée à la silhouette qui se découpait dans l’entrée. Silhouette qu’elle ne reconnut absolument pas. Si c’était un simple badaud entré par hasard ou pour satisfaire sa curiosité, pas besoin de s’en occuper et c’était tant mieux. S’il s’agissait d’un client hé bien… il ne lui restait plus qu’à se présenter comme tel. Mais en tout cas, ce n’était pas un habitué des lieux.
-Bonjour…
Ah magnifique, il parlait. Yali suspendu son mouvement, alors que son pinceau s’apprêtait à caresser la feuille pour dessiner une courbe. La main stoppée dans son élan, la teinturière fit doucement glisser son regard vers l’intrus. Enfin, le client. Inopportun. Mais ça, ce n’était pas vraiment de sa faute. Yali se dit pour la énième fois qu’il fallait vraiment qu’elle embauche un assistant. De toute évidence, le nouvel arrivé avait bien senti qu’il n’était pas tombé au meilleur moment… Voilà qu’il demandait s’il dérangeait. Le pauvre avait l’air tout gêné d’être ici, comme s’il ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire ou pas. Comme s’il ne savait pas s’il avait le droit d’être ici ou pas, même. Pourtant, un grand et beau garçon comme lui ne devrait pas avoir être timide et avoir peur en face d’une simple artisane telle que Yali ! Peut-être était-ce parce qu’il se trouvait en terre étrangère. Il faut dire qu’on devinait au premier coup d’œil qu’il n’était pas exactement du coin. Un touriste ? Ou un étranger en mission ? Un marchand ? Peu importait, à partir du moment où il venait dépenser son or chez elle…
Yali posa son pinceau lorsque le nom d’Hestia franchit les lèvres de l’inconnu. Elle se redressa, envoya d’un geste souple et rapide ses longs cheveux roses derrière son épaule, et fixa l’inconnu de ses yeux d’un bordeaux profond. De temps à autres, la lumière se reflétant sur le lac et pénétrant furtivement dans la boutique, un éclat rougeoyant dansait au fond de ses pupilles. Elle regardait véritablement l’homme en face d’elle pour la première fois, avec une franchise mélangée à de la fierté. Grand, musclé, blond, yeux bleus. Soit. Et pourquoi donc lui parlait-il de sa cousine ? Qui était-il pour qu’Hestia, ce garçon manqué, l’envoie chez elle et propose même de lui offrir des vêtements ? Était-il sa dernière conquête en date ? Un partenaire de jeu ? Plus que ça ? Ou totalement autre chose ? Yali ne se priva pas de le dévisager ouvertement, durant de longues secondes. Puis, finalement elle lui fit signe d’approcher. Sur un papier elle coucha ces deux questions « Qui es-tu ? Comment connais-tu Hestia ? » Elle hésita à lui demander qui il était pour Hestia, pour terminer par se dire qu’elle continuerait à l’interroger si ses réponses ne lui convenaient pas. Avant de le mettre à la porte. Porte qu’il prendrait également si son comportement lui déplaisait.
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Ven 26 Juin - 5:43
FEAT Yali
Hayden se sentait complètement dépassé par la situation. C’était presque pire que sa rencontre avec Hestia. En fait, les deux étaient comparables au niveau du temps où il s’était fait dévisager. En bref, il ne se sentait pas du tout accueilli et il ne pouvait s’empêcher d’avaler sa salive nerveusement. Intérieurement, il était calme, mais plus il rencontrait de civils, plus il se retrouvait dans une situation problématique. Finalement, le propriétaire de la boutique lui transmit ses questions via l’écriture. Ses pensées étaient confuses. Elle l’avait pourtant salué et ils semblaient parler le même dialecte. Pourquoi s'exprimait-elle à travers l'écrit? Était-elle muette à temps partiel ou ne lui faisait-elle pas confiance au point de ne pas vouloir lui laisser entendre sa voix? Les questionnements s’entassaient alors qu’il acceptait de se prêter au jeu. Il allait toutefois y procéder à sa manière pour tenter de comprendre la raison de l’interaction par écrit. Son affront était un peu risqué, mais risquait de lui permettre de mieux comprendre certaines choses.
-Je suis Hayden Knight, je viens de Caelestis. Je suis le général responsable de la protection d’Earthea et j’ai rencontré Hestia dans la forêt racinière.
La fixant pour s’assurer qu’elle comprenait tout à fait ses dires, il agrémentait ses paroles de gestes pour faciliter la compréhension. Elle n’était aucunement sourde, mais il ne se rendait pas compte de ce geste naturel.
-Ensuite, je ne sais pas si on est ami ou quoi que ce soit…
Réfléchissant à ses paroles, le général voulait éviter de finir en ayant la lame à la gorge. Il n’aimait pas toujours se trouver dans une situation de soumission, mais il acceptait de se prêter aux règles de la maison. Or, cela ne l’empêchait pas d’influencer la position dans laquelle il se trouvait.
-Disons qu’elle m’a sauvé la vie et qu’elle m’a montré votre contrée.
S’assurant que son message passait, les iris de blondinet bougeaient à une vitesse fulgurante jusqu’à devenir imperceptible. Il tentait de capter le moindre signe annonciateur d’une incompréhension ou d’une insatisfaction. Aucune alarme ne semblait se manifester pour le moment. Il décida donc de prendre les devants en pointant le crayon qu’elle avait préalablement utilisé.
-Mais si vous ne me comprenez pas, je peux aussi utiliser le crayon…?
Il n’avait du tout l’air certain de sa proposition, car il trouvait cette manière de procéder peu efficace. Son air perdu était suffisant pour indiquer à quel point il était perdu et hors de sa zone de confort. Semblait-il qu’il était impossible d’être en position confortable à l’étranger. Contrairement à Caelestis où sa prestance était suffisante pour communiquer ce qu’il désirait, Earthea semblait un perpétuel défi qu’il ne détestait pas du tout…
Yali continuait de fixer le blond. Il avait l’air totalement paniqué, déglutissant nerveusement et hésitant visiblement à répondre. « Eh bien, tu ne sais pas lire ? Les questions sont trop difficiles à comprendre pour ton petit cerveau ? » pensa la teinturière, son regard irrémédiablement fiché dans ces yeux bleus qui roulaient dans tous les sens. Plus elle sentait la nervosité de l’homme en face d’elle, plus son irritation grandissait. Décidément, c’était une bien mauvaise première impression qu’il lui faisait. Hayden Knight, de Caelestis. Ça expliquait ses airs de bellâtre et son petit côté délicat. Pourtant, avec leur culture militaire, il ne devrait pas être une chochotte finie. Et en plus, c’était lui, le fameux « général responsable de la protection d’Earthea » ? Eh bien, heureusement que les gens du coin apprenaient tôt à se débrouiller par eux-mêmes, car de toute évidence ce n’était pas sur les blancs becs perchés sur leur caillou flottant qu’on pouvait compter en cas de pépin. Rien qu’à voir leur ô combien important général, prêt à se mettre à trembler devant une simple artisane de Démétrio… Pitoyable. Voilà le mot qui apparaissait dans l’esprit de Yali, en caractères rouges, gras, encadrés et soulignés.
Yali ne tiqua pas lorsqu’il aborda le sujet qui l’intéressait réellement. Au final, l’identité de blond mal à l’aise dans sa boutique lui passait par-dessus la tête. À partir du moment où il ne saccageait pas sa boutique ou ne volait quoique ce soit. Au contraire, elle resta impassible. Tout comme lorsqu’il lui donna une réponse plus qu’ambigüe quant à sa relation avec Hestia. Ce qui déplut tout particulièrement à la teinturière. Il tentait de noyer le poisson, preuve qu’il y avait anguille sous roche. Baleine sous gravillon, même. Et c’était peu dire. Incapable de dire s’ils étaient amis ou non ? Ça voulait dire quoi ça, exactement ? On est ami, ou on ne l’est pas. C’était pourtant simple. Une simple question de bon sens, à laquelle on n’a pas besoin de réfléchir avant de répondre. Oui, ou non. Et l’autre général plus terrifié que Zackari face aux aiguilles de la tatoueuse, n’était pas fichu de lui donner une réponse claire… Caelestis l’avait envoyé sur Earthea pour s’en débarrasser en réalité, c’était ça, non ?
Et encore mieux ! Voilà qu’il avait le culot de lui dire de but en blanc qu’elle l’avait sauvé. En plein milieu de la forêt racinière. Bon, autant elle l’avait juste trouvé à moitié mort de faim, errant dans la forêt depuis une dizaine de jours. Il avait l’être du genre à tomber dans une grotte, ou à se coincer dans les racines d’un arbre géant de la forêt. De toute évidence, il n’était pas très dégourdi. Clairement pas malin. Pitoyable. Mais d’un autre côté, il avait tout de même le range de général. S’il ne fabulait pas, ce qui était encore à prouver. Il n’avait pas eu l’air de mentir lorsqu’il s’était présenté, mais peut-être qu’il lui manquait une case et qu’il croyait réellement être le général en charge de la protection d’Earthea, fraîchement descendu de son caillou volant ? Parce que s’il était réellement un ponte militaire de Caelestis et qu’il a fallu qu’Hestia le sauve avant de lui servir de guide touristique jusqu’à Démétrio… C’est qu’il y avait dû avoir de sacrés problèmes. Yali savait pertinemment que sa chasseuse de cousine ne rechignait rarement à se battre, véritable tête brûlée, et que le danger ne lui faisait pas peur.
Plus la maîtresse des lieux y réfléchissait, plus son humeur empirait. Imperceptiblement, elle serrait les mâchoires de plus en plus fort. Oh, elle comprenait peu à peu ce qui s’était passé. Ce freluquet de général s’était retrouvé dans le pétrin et il avait réussi à y mêler sa précieuse cousine. Comme si elle ne prenait pas suffisamment de risques lorsqu’elle partait à la chasse et qu’elle en revenait complétement ensanglantée. Yali ne remettait pas ses talents de chasseuse en question, bien évidemment. Mais elle estimait qu’Hestia était déjà exposée à suffisamment de dangers en temps normal pour qu’un blondinet vienne en rajouter une couche. En parlant d’en rajouter une couche, Hayden Knight eu le malheur de donner l’impression à la démétrienne qu’il la prenait pour une imbécile en insinuant qu’elle n’était pas capable de le comprendre. Si elle voulait qu’il écrive, elle lui aurait donné de quoi écrire. En plus de terminer de l’énerver, cette maladresse froissa sa fierté. Le fixait toujours droit dans les yeux, Yali attrapa son crayon et le planta violemment dans la partie recouverte de liège du comptoir. Partie normalement destinée à permettre d’épingler les vêtements et les bouts de papier lui servant de pense-bête, pas à déverser sa rage…
Ce geste violent, mais précis, fut suivi d’un mouvement sec lorsque la teinturière attrapa une coupelle rangée sous la table. Elle y déversa une encre sombre et y plongea la pointe d’un pinceau fin. Son poignet redevint souple et agile alors qu’elle traçait rapidement un nouveau message à l’attention du blond. « Je ne suis pas idiote au point de ne pas comprendre quand on me parle, merci bien. C’est quoi cette histoire avec Hestia ? Elle t’a sauvé ? Et tu n’es pas foutu de dire si tu la considères comme une amie ou comme autre chose ? Tu te fous de moi, ou tu es juste un crétin fini ? » A peine l’encre posée sur le papier, elle tendit sèchement la note au général, le fusillant du regard.
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Ven 26 Juin - 21:28
FEAT Yali
Le général était sur le point de baisser sa garde en se disant qu’il ne courrait aucun danger. Or, un puissant frisson traversa l’entièreté de son être alors qu’il était sur un pied d’alerte. D’un seul coup, tous les traits de caractère de la couturière semblaient alerter un danger potentiel. Malheureusement, il était trop tard pour qu’il puisse s’assurer de calmer la tempête qui se préparait. Celle-ci faisait déjà des ravages et il pouvait le ressentir à travers le jugement qu’elle lui passait mentalement. Sur le coup, il se demandait ce qu’elle aurait osé lui dire si elle parlait, mais il préféra s’abstenir. Les mots que ses iris lurent étaient suffisants. Jamais quelqu’un n’avait osé s’adresser à lui de cette manière. Dans la capitale d’où il venait, s’adresser ainsi à un général était passable d’une peine beaucoup trop douloureuse pour être prononcé.
-Pardon?
L’espoir d’un calme et d’une douceur agréable en Hayden venait de disparaître alors qu’étrangement, ses traits semblaient adopter une expression beaucoup plus naturelle, mais beaucoup plus menaçante. Contre toutes attentes, un délicat rictus commençait à naître dans le coin de ses lèvres pour venir connoter le plaisir qui commençait à jaillir en dedans de lui. On aurait dit qu’elle venait d’enflammer un brasier qui ne brûlait que rarement. Finalement, les gens de cette contrée étaient intéressants. Ils n’étaient pas seulement libres de leurs gestes, mais libres de paroles et de pensées. Les Earthéens devenaient donc un peuple probablement plus libre que les nomades en termes de mode de vie. Là où les nomades avaient une certaine liberté, ils étaient encastrés dans un mode de vie les forçant à ne pas vouloir être sédentaires. Quant à eux, les gens de la Terre verte semblaient pouvoir faire ce qui leur plaisait.
-Êtes-vous sa mère?
Relevant la tête d’un air presque hautain, mais pourtant naturel, Hayden tenait tête à la femme qui se trouvait devant lui. Contenir sa prestance n’avait pas joué en sa faveur et il savait maintenant qu’il ne servait à rien d’en arriver à un terrain d’entente comme il l'avait fait avec Hestia. Cette fois-ci, il devait combattre et prouver qu’il avait sa place dans cette boutique. Il devait marquer un territoire qui n’était pourtant pas le sien tout en s’assurant de ne pas faire fuir la propriétaire des lieux. Hayden allait agir comme un vrai dirigeant, il n’avait plus vraiment le choix. Son côté analytique remplissait déjà tous les pores de sa respiration. Chaque geste et chaque souffle inspiraient l’analyse, la détection d’un point faible. Il devait contre-attaquer au risque de se faire acculer au pied du mur. Or, était-ce vraiment la solution ?
-De la manière dont elle me parlait, je ne m’attendais pas à ce que toutes les femmes d’Earthéa soient difficiles d’approches.
Affichant une expression légèrement joueuse, il réalisait de plus en plus qu’il était en bonne position pour surmonter ce défi. Il avait préalablement vécu pire. En fait, si ce n’était du sauvetage de la jeune femme, qui sait ce qui se serait passé lorsque l’esprit d’Hayden et d'Hestia se seraient échauffés. Étrangement, la nature s’était arrangée pour que les deux apprennent à examiner l’autre de manière beaucoup plus pure qu’en utilisant leur cerveau respectif.
-Mais pour répondre à votre question, ce n’est pas parce qu’une personne vous sauve la vie qu’elle est forcément une amie.
La dévisageant tranquillement du regard, il s’apprêtait à marteler une thèse pour venir clouer la colère qu’elle semblait prompte à déblatérer dans son visage.
-L’amitié est un concept assez flou et devient réelle à travers le temps. En toute sincérité, si je catégorisais les gens qui m’ont sauvé d’amis, je serais probablement indigne de mon rôle. Donc, pour répondre à votre question, à mes yeux, cette personne que vous semblez connaître comme étant la prunelle de vos yeux est plus qu’une amie.
Marquant une brève pause, le chevalier se remémora la manière dont elle lui avait recommandé cette boutique. Hayden devait faire très attention. Hestia devait probablement être aussi protectrice que lui, voire même plus. Si elle lui avait dit d’aller dans un endroit et de donner son nom, cela voulait dire qu’elle aimait probablement la propriétaire. Les rugissements internes du blondinet se calmèrent même si ses traits restèrent de glace. Il ne comptait pas attaquer, mais il ne comptait point quitter sa position défensive, pas tant qu’elle ne se montrait pas sous un meilleur jour.
-Donc, si vous voulez une illustration de notre relation, alors sachez qu’Hestia est une personne avec qui je compte voyager et qui semble être assez unique en son genre, donc du peu que j'ai vu, je l'apprécie, elle et tout ce qu’elle a fait pour moi jusqu’à présent.
Alors qu’il comptait en ajouter, il se retint, prit de cours par son cerveau qui l’interdisait de jouer trop de cartes avant le tour adverse. Il devait être sur la défensive, mais cela ne l’empêcha pas de venir chatouiller l’orgueil de son opposante.
-Maintenant que j’ai répondu à la vôtre, répondez à la mienne. Pourquoi êtes-vous sur la défensive?
Il allait lui conseiller d’ouvrir ce qui lui servait de bouche pour s’exprimer, mais il était satisfait rien qu’en considérant la pertinence de sa question.
Sa mère ? Oh non, Yali était loin d’être sa mère. Elle était bien trop jeune pour avoir une gamine de l’âge d’Hestia, ça devait pourtant être évident. Imbécilité profonde ? Ou question sarcastique ? Yali ne saurait le dire, bouillonnante de rage qu’elle était. Et cette dernière question ne faisait qu’attiser les feux de sa colère. Elle remarqua à peine le changement d’attitude de l’homme en face d’elle. Il n’était plus le visiteur paumé, entré au hasard dans sa boutique, et intimidé. Il s’était redressé, lui faisait face proprement, sans aucune trace de timidité dans regard ou dans la voix. Il avait enfin l’allure de l’homme qu’il prétendait être : le général Hayden Knight. Il s’était mis à parler avec assurance, désinvolture même, alors qu’il tenait un long discours sur l’amitié. La teinturière n’avait qu’une envie : lui coller son poing dans la figure et son pied au derrière en le balançant dans le lac. Ce n’était que par respect pour Hestia qu’elle se retenait et se contentait de le regarder avec un air meurtrier au visage. Ses pupilles de braises le fixaient, sans vaciller, sans ciller. Immobile, ses genoux étaient légèrement fléchis et son dos un tantinet vouté. Sa main gauche frôlait le manche d’une aiguille à tatouage. Ses muscles n’attendaient qu’un signal pour se bander : celui de l’attaque. Yali, en état d’alerte et prête à bondir à la moindre occasion, concentrait tous ces sens sur le caelestien. Sa respiration, sa posture, les micro-mouvements qu’il faisait de façon plus ou moins consciente…
« - Donc, pour répondre à votre question, à mes yeux, cette personne que vous semblez connaître comme étant la prunelle de vos yeux est plus qu’une amie. »
A son grand désespoir, la teinturière n’avait pas de raison légitime pour sauter à la gorge de son interlocuteur et lui arracher la jugulaire. Bien au contraire. Ce qui ne fit que l’enrager d’avantage. Et elle le savait parfaitement. Se contenant du mieux qu’elle pouvait, elle continua à écouter Hayden. Magnifique. Ils allaient voyager ensemble. Super. Plus question de le mettre à la porte dans ce cas. Elle se devait de le traiter avec un minimum de correction, vu qu’il allait bientôt faire partie des camarades d’Hestia, au moins durant un moment. Yali se retrouvait au pied du mur. Coincée. Ce n’était clairement pas le moment de se laisser aller à un excès de colère. Il fallait qu’elle se maîtrise, qu’elle se calme. La démétrienne prit trois profondes inspirations tout en redressant son dos et en forçant ses muscles à se relâcher. Elle fit un effort surhumain et ferma les yeux, face à cet homme qu’elle ne pouvait s’empêcher de détester à ce moment précis. Cependant, cette rage, cette haine qui bouillonnaient en elle… Il lui fallait l’évacuer pour pouvoir repartir sur de bonnes bases avec l’ami de sa cousine. Elle rouvrit les yeux, se demandant comment répondre à la fameuse question du « pourquoi être sur la défensive quand un étranger vient te déranger en plein travail et balance le nom d’un membre de ta famille tout en refusant de te dire comment tu le connais » sans paraître trop hostile. Réfléchissant le plus calmement possible étant donné la situation, elle s’obligea à ne pas fixer que le visage d’Hayden. Elle laissa donc courir son regard sur le blond. Son front. Son nez. Ses lèvres. Son menton. Son cou. Ses épaules. Son torse. Son pendentif. Une pierre verte, rappelant la couleur des yeux d’Hestia. Peut-être bien une émeraude. Avec dedans, conservé précieusement…. Des cheveux ?
Sans le moindre avertissement, d’un geste souple, rapide et d’une grande précision, la main droite de Yali trancha l’air pour fondre sur le bijou. Sa poitrine au-dessus du comptoir, penchée en avant et pratiquement pliée en deux, elle tira sur la chaine pour approcher la pierre précieuse de son visage et en examiner le contenu. Et ce qu’elle vit termina de l’achever. Une mèche de cheveux roses, trait caractéristique des membres de sa famille du côté maternel. La teinturière relâcha sa prise et se redressa. Ce qui aurait pu être une découverte joyeuse en d’autre circonstance était cette fois très contrariante. Hestia estimait suffisamment l’homme en face d’elle pour lui donner une mèche, en souvenir. Très sentimental tout ça. Et preuve incontestable du lien entre Hayden et elle. Avec un air de dégoût profond, Yali cracha aux pieds du général avant de faire volte-face et de disparaître quelques instants à l’étage. Voilà, elle venait de cracher sa haine, son mépris et sa colère.
Sa pipe dans une main, son tabac et des allumettes dans l’autre, Yali repris sa place de propriétaire de boutique. A l’arrière de son comptoir, elle entreprit de bourrer la pipe puis de l’allumer. Une première fois, pour faire gonfler le tabac. Puis une deuxième fois, après avoir joué du tasse-braise, pour fumer cette fois. Ce petit rituel sur lequel elle s’était concentrée lui avait permis de reprendre le contrôle d’elle-même et d’effacer la rancœur qu’elle avait commencé à nourrir envers le général. Yali tira la fumée à petites bouffées, avant de faire à nouveau face à Hayden, le sourire aux lèvres cette fois-ci. Elle attrapa un nouveau papier, vierge cette fois et y traça des caractères élégants «Donc, que puis-je faire pour toi ? »
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Sam 27 Juin - 5:09
FEAT Yali
D’une seconde à l’autre, un revirement de situation surgit. Alors qu’Hayden allait réagir suite à son geste, celle-ci s’était soudainement montrée beaucoup plus ouverte. On aurait dit qu’elle venait de réaliser que sa haine injustifiée ne la mènerait à rien. Malgré tout, elle avait tout de même profané ses pieds tout comme l’avait jadis fait le fameux soldat Aleksei. Dieu seul savait ô combien il avait payé cette erreur. Le seul problème était le positionnement des deux et la délicatesse de la situation. Hayden devait ravaler sa fierté pour éviter qu’un nouveau conflit soit relancé entre les deux. Il devait voir ce crachat comme une dernière attaque visant à rejeter tout type de haine avant d’aller de l’avant.
-Comme je vous l’ai dit au départ, j’aimerais avoir des habits pour pouvoir passer inaperçu parmi les citoyens. De préférence, j’aimerais quelque chose d’assez … pratique dans toutes les situations dans lesquelles je peux me retrouver à Earthea. Je risque de me promener un peu partout…
Réfléchissant toujours aux évènements passés, il réalisait que le pendentif avait été l’élément qui était venu calmer la situation. Elle semblait clairement avoir reconnu les mèches de la jeune femme, mais pourquoi tant de respect vis à vis à un tel cadeau? Tôt ou tard, il risquait de lui poser la question, mais pour l’instant, il devait réfléchir à ses préoccupations.
-En fait, vous êtes la spécialiste, donc je vous fais confiance.
Il racla sa gorge, comme si le dernier mot avait eu de la misère à sortir. Évidemment qu’il ne la faisait pas totalement confiance, mais ce changement soudain de personnalité n’annonçait probablement pas un autre changement. Elle était directe et franche, donc si elle s’affichait différemment, il devait s’assurer de lui démontrer son appréciation. La haine résiduelle qui sommeillait en lui devait s’éteindre.
-Si Hestia m’a envoyé vers vous c’est parce qu’elle connait vos talents et sait que vous avez ce qu’il me faut…
Adoptant un ton de plus en détendu et une attitude de moins en moins hautaine, la bête qui sommeillait en Hayden s’était reposée. Seuls ses iris rougeâtres se lisaient à travers la noirceur. Tout allait bien, pour le moment…
-D’ailleurs, pourquoi avoir changé d’attitude en voyant les mèches d’Hestia? Vous devez être proche n’est-ce pas…?
De la manière dont il avait posé la question, il semblait un être simplement curieux. Or, au fond de lui, il voulait en apprendre davantage, car il trouvait anormal qu’elle ait changé subitement pour un simple cadeau. Cette mèche devait avoir une grande signification et elle devait bien connaitre la jeune femme pour avoir reconnu la couleur de sa chevelure. Au moins, elle ne lui avait pas arraché le collier. Hayden aurait probablement très mal réagi. Il pouvait se compter chanceux et tenter de capitaliser sur la situation pour répondre à ses interrogations. Or, il était important de s’assurer que tout était vraiment calme et propice à aller de l’avant.
Quelque chose qui permette à l’habitant des airs de se fondre parmi les hommes de la terre, voilà ce qu’il recherchait. En soi, ce ne devait pas être trop difficile à trouver. Le problème principal restait sa tenue et son comportement, ses habitudes, sa compréhension de la mentalité démétrienne et sa capacité à accuser le choc des cultures. Malheureusement, Yali n’allait pas vraiment pouvoir l’aider à ce niveau là. Toutefois, elle avait bien des tenus à lui proposer, s’il souhaitait véritablement embrasser cette nouvelle terre d’accueil qu’était pour lui Earthea. Peut-être que ceux s’habiller comme un local lui permettrait de se mettre au diapason et l’aiderait à s’intégrer. Du moins, elle l’espérait. La teinturière commençait déjà à passer mentalement en revue le maigre stock qu’elle possédait dans sa boutique, se demandant ce dont quoi elle allait bien pouvoir l’affubler lorsqu’Hayden dit lui « faire confiance » étant donné qu’elle était la « spécialiste ». D’un geste paresseux du poignet, elle balaya deux fois l’espace devant elle en balançant sa main de droite à gauche. Ou plutôt, elle balaya ce faux semblant de respect, ou de courtoisie dont elle n’avait cure. Pourquoi dire qu’il lui faisait confiance ? Il était évident qu’il n’était pas un lanceur de tendance, ou du moins pas à Démétrio ; et que c’était elle la professionnelle en matière de vêtement. Et s’il n’aimait pas ce qu’elle lui proposait, il pourrait toujours repartir les mains vides. Elle n’allait pas le forcer à acheter quoique ce soit. Yali ne faisait pas partie de ces escrocs prêts à vendre n’importe quel bout de tissu mal taillé aux étrangers racontant à qui veut l’entendre qu’il s’agit de tenues traditionnelle d’Earthea.
Yali sourit, son diaphragme se contractant brièvement en un rire silencieux. Hestia l’avait dirigé vers elle parce qu’elle connaissait son talent et savait qu’elle aurait ce qu’l lui fallait ? C’était bien mignon dit comme ça, mais la teinturière n’était pas dupe. La chasseuse avait envoyé le général la voir parce qu’elle était la seule dont elle connaissait véritablement le travail. Après tout, qui récupérer ses vestes émaillées et tâchées de sang ? Qui s’occupait de rapiécer ses shorts déchirés par endroit ? Qui trouvait les couturiers suffisamment habiles pour donner une nouvelle jeunesse à ses tenues de combat ? C’était elle, Yali, qui s’arrangeait toujours pour qu’Hestia ne s’habille pas avec des haillons. Elle et leur cousin, Kohe, qui la traînait plus ou moins de force dans des magasins pour refaire régulièrement sa garde-robe et tenter de rendre justice à son sexe. Enfin, tout ça, ce n’était pas à Yali de l’expliquer à Hayden.
Si elle était proche d’Hestia ? La teinturière regarda le général avec un brin de surprise dans les yeux. Son sourcil gauche arc-bouta après un froncement du nez furtif. Il n’avait toujours pas deviné le lien qui les unissait ? Aucune idée ? Vraiment ? Mais à quoi lui servait ses yeux ? Joueuse, Yali entortilla l’un de ses longues mèches roses autour de son index droit. Deux femmes aux cheveux d’une couleur semblable, bien que légèrement différente dans leur teinte. Ça devait l’aider à le mettre sur la voie. Oui ? Non ? La teinturière haussa les épaules, l’air de dire « Eh bien, tu ne devines pas ? ». Pas certaine qu’il comprenne, la tatoueuse décida de lui donner un petit indice supplémentaire. Elle saisit de la main gauche l’une de ses aiguilles de couture rangées sur le comptoir, l’une de celles dont elle se servait parfois pour fixer les pièces sur lesquelles elle travaillait, et se piqua la paume droite. Juste ce qu’il fallait pour qu’une goutte de sang vienne fleurir au milieu de sa peau blanche, qu’elle tendit en direction d’Hayden. Les liens du sang. Avec ça, il devait avoir compris… Ou elle l’avait surestimé et il n’était pas si malin que ça.
Sans attendre de véritable réponse de sa part, Yali traversa d’un pas léger la boutique. Seul le tintement de ses bracelets métalliques s’entendait, dansant autour de sa cheville. Elle lécha distraitement la perle de sang qui s’était formée dans sa main, debout devant une étagère. Il lui fallait une tenue typique du coin. Haydent était tombé sur la bonne boutique pour ça. Il fallait aussi qu’elle soit pratique. Donc, qu’elle lui laisse une grande liberté de mouvement. Une tenue qu’il pourrait passer sans trop de difficulté. Un kimono ? …non, pas un kimono, du moins pas un normalement porté en ville. Il fallait que ce qu’il porte marque son rang de général. Il fallait que la tenue reflète une certaine prestance. Un simple ensemble veste pantalon ne conviendrait pas, peu importe que le tissu soit de qualité supérieure ou non. Yali s’absorba dans ses réflexions quelques instants. Un peu plus et on aurait pu dire qu’elle avait totalement oublié la présence du blond. Lorsque soudainement, elle tourna la tête vers lui. Elle le jaugea longuement du regard, le détaillant de la tête aux pieds, avant de lui indiquer un rideau tiré dans un coin au fond de la boutique. Elle lui fit signe de s’y rendre, impérieuse.
On était passé aux choses sérieuses. Le général n’avait strictement aucune idée de ce qu’il devait choisir pour s’habiller correctement à Démétrio, et Yali avait pris les commandes. On était entièrement sur son territoire désormais et elle n’accepterait pas le moindre refus de la part de son, pourtant, client. La teinturière était prête à pousser Hayden dans la cabine d’essayage rudimentaire s’il ne suivait pas ses consignes. Elle avait choisi deux tenues qu’Hayden allait devoir essayer. L’une était d’une longue tunique, aux manches souples et relativement ample, ouverte sur les côtés, qui se terminait juste au-dessus des chevilles. Elle se fermait sur le côté gauche, en partant du haut des hanches jusqu’aux aisselles, puis des aisselles jusqu’au col mao. Un pantalon, ample lui aussi, et particulièrement fluide se portait en-dessous. Le tissu d’un bleu nuit particulièrement profond, presque noir. La deuxième tenue était composée d’un hakama gris, pantalon ample au point de pouvoir être confondu avec une jupe et plissé cinq fois devant ainsi que deux fois derrière, un kimono des plus sobres ; ainsi qu’un haori, veste ouverte tombant aux genoux et aux manches particulièrement larges. Il ne restait plus qu’à voir quel ensemble irait le mieux au général, et s’il souhaitait que Yali les décore avec un motif particulier. En espérant qu’il arrive à les enfiler correctement… C’est que, le kimono et le hakama n’était pas les vêtements les plus faciles à mettre lorsqu’on n’y était pas déjà habitué.
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Lun 29 Juin - 6:07
FEAT Yali
Analysant les moindres gestes de la marchande, Hayden réalisa rapidement que son sens de l’analyse n’était pas absolu. Rien qu’à voir la manière dont elle s’était jouée de lui, il se sentait légèrement stupide surtout qu’elle dût faire couler son sang pour qu’il réalise finalement qu’elles étaient liées par le sang. De quelle manière? Cette question restait absente de réponses. Or, sa réaction était plus compréhensible quoiqu’il n’appréciait pas tellement sa propre famille. Étrangement, un baume de fraicheur sembla envahir ses pensées alors qu’il comprenait la dimension que la famille semblait représenter à Earthéa. De nouveau, il était l’élève au sein de cette grande communauté qui apprenait de manière constante jusqu’à ce qu’il soit suffisamment cultivé pour bien accomplir son rôle.
-Que pensez-vous de cela?
Pour l’instant, il avait des préoccupations beaucoup plus importantes comme l’essayage des deux tenues qu’elle lui avait proposé. En toute sincérité, il venait d’avoir un affrontement hors du commun avec la première tenue. N’ayant pas vraiment la technique pour poser chaque morceau comme ils se devaient de l’être, il s’était fié à la courte observation qu’il avait eu le temps de faire sur un parfait étranger pour tenter de reproduire un résultat presque similaire. En bref, il avait réussi, mais il manquait plusieurs ajustements. Ainsi, sortant du coin qu’il avait utilisé pour changer ses vêtements, un nouvel homme apparut. Le poids de ses armures semblait avoir libéré son égo surdimensionné alors que ses vêtements légers exprimaient son désir infini de liberté. Même si le tout n’était pas bien ajusté sur son corps, cette première combinaison semblait lui aller à merveilleuse. Or, il ne pouvait pas encore se voir. Il se contentait donc de pivoter sur lui-même en attendant la réaction de celle-ci. Il ne pouvait retenir sa curiosité. Il se demandait comment elle allait lui faire comprendre que le tout lui allait bien ou pas. De plus, il se demandait s’il y avait un miroir, mais pour le moment, il se sentait suffisamment confortable pour se fier uniquement aux observations de la spécialiste.
-Voilà, je suppose que ça se porte ainsi…?
Hayden ne le savait pas, mais il avait fermé la tunique de manière assez informelle, révélant ainsi une grande partie de sa poitrine. Sur le coup, il s’était dit que la longue tunique se portait ainsi , mais le résultat n’est pas si mal. Seul le pantalon demandait quelques ajustements au niveau de la taille.
-En toute sincérité, je flotte tellement que j’ai l’impression d’être nu. J’ai l’impression que les vêtements me siéent bien et sincèrement, je n’ai pas envie d’essayer l’autre robe que vous m’avez donnée à moins que les deux se portent dans des occasions différentes...
Ce n’était pas qu’Hayden n’aimait pas les robes, mais un pantalon était toujours ce qui était le mieux perçu en scénario de combat. De plus, c’était ce qui ressemblait le plus à ses habits Caeliens sans vraiment l’être, un juste milieu entre les deux.
-D’ailleurs, je me demandais si vous comptiez exécuter des broderies ou modifier les couleurs des tissus…
Hayden n’aimait pas le fait de ne pas savoir comment Yali procédait dans sa boutique. Lorsqu’il achetait des armes, il était le premier à essayer l’objet de son choix et à l’examiner. Or, il était totalement à la merci d’une parfaite étrangère qui pouvait l’habiller comme un clown sans qu’il s’en rende réellement compte.
-Ah et pendant qu’on y est , je pense que ce serait une bonne chose que je puisse connaître son nom.
Il parlait trop et il le savait. Il prenait, un malin plaisir à voir de quelle manière la femme comptait faire preuve d’ingéniosité pour lui parler sans ouvrir la bouche.
Yali se massa la tempe, son index et son majeur collés contre la paroi de son oreille. Le vêtement lui allait ben, certes, mais ce n'était pas pour autant qu'il l'avait mis convenablement. Loin de là. Le kimono de base était béant, laissant sa poitrine victimes des yeux inquisiteurs en tout genre. Il avait clairement l'air négligé en sortant de sa cabine d'essayage rudimentaire et Yali n'appréciait pas vraiment ce style. Qui oserait dire que ses prestigieux clients se laissaient aller au laisser-aller justement ? Personne, tant qu'elle y veillerait. Toutefois, elle ne se jeta pas tout immédiatement sur le général pour rattraper ses erreurs. Pas plus qu'elle ne lui tordit le coup lorsqu'il parla de robe au lieu de tunique. Elle se contenta de tiquer à ce moment là, faisant claquer sa langue son palais alors que ses mâchoires restaient obstinément verrouillées, ses lèvres ne dévoilant qu'à la moitié de ses bas dents blanches. Yali, sceptique, écouta les doléances de son hôte de marque et répondit en griffonnant sur un papier, attraper àla volée sur son comptoir, qu'elle fit glisser vers lui "Je peux les reteindre et y peindre des blasons en fonction de vos envies. Et ce que tu portes est un hakama. Mais il n'est pas bien mis."
Ni une ni deux, Yali attendit à peine qu'il termine de lire ses deux phrases avant de dénouer le hakama. Heureusement pour lui, il n'y avait qu'eux deux dans cette boutique. Yali commença tout d'abord par rajuster la position du vêtement, s'assurant que les deux jambes étaient correctement positionnées. Elle releva la pièce de tissu à sa hanche, attrapant de la main gauche la partie dorsale et jaugeant la longueur de la cordelette qu'elle aurait à nouer. Lorsque la porte de la boutique s'ouvrit et quand "Bien le bonjour !" se fit entendre. Yali lâcha instantanément ce qu'elle avait dans les main et d'un geste elle intima le silence et l'immobilisme à Hayden. Ce geste de la main, paume impérative tournée vers son visage, fut fugacement suivit d'un regard des plus durs sans que la moindre trace de compassion puisse y être trouvée.
Un habitué venait de faire irruption dans la boutique. Il ne prêta qu'un regard vaguement amusé au général alors qu'il se dirigeait vers le comptoir derrière lequel Yali avait déjà pris place. Le couturier, client régulier, tenait sous son bras plusieurs tissus qu'ils souhaitaient faire tendre afin d'en confectionner des vêtements de luxe. La teinturière n'hésita pas à faire son expérience et lui proposa un prix démentiel, à grand renfort de geste servant à lui faire comprendre qu'elle était la seule à maîtriser la technique nécessaire à créer des dégradées d'une délicatesse aussi... délicate. Elle plaqua violemment la paume de sa paume contre le comptoir alors que l'autre tentait de l’embobiner. Elle tapa du poing tandis qu'il se plaignait de la mauvaise conjoncture et de sa difficulté à encaisser des bénéfice. Elle le menaça de le mettre à la porte, sortant de derrière son comptoirs et des aiguilles munies de peignes un peu trop fournis à la main, lorsqu'il demanda un dernier rabais un peu trop aberrant. Finalement, ils se mirent d'accord sur une remise de quinze pour cent qu'une poignée de main scella, et se séparèrent sur des salutations vives et enjouées de la part du couturier, sur un sourire charmeur de la part de la teinturière qui s'inclinait légèrement.
Yali ne se rappela de la présence du général qu'une fois qu'elle aie dûment consigné dans son journal de commande ce que le couturier venait de lui demander pour le mois prochain. Une fois fait, elle se tourna brusquement vers Hayden, comme si elle venait juste de se rappeler de son existence alors qu'elle avait misérablement laissé tomber son hakama sur ses chevilles. L'air de rien, elle referma son kimono intérieur, fait d'un coton léger et avec le pan droit du tissu rabattu sur le pan gauche. Elle remonta ensuite le hakama au niveau de sa hanche. Elle tint la partie dorsale l'air de rien et utilisa les liens attachés à la partie avant en les croisant de façon complexe autours de sa taille pour tnir le tout solidement attaché. Le dernier nœud fait, Yali prit le temps de redresser son col et de le lisser, chassant le dernier faux-pli qui pouvait s'y nicher. Elle lui lui donna une tape sonore sur le buste avant de reculer de quelques pas et d'admirer son oeuvre. Voilà qui était beaucoup plus satisfaisant. Elle hocha la tête sans réserve. Il ne restais plus qu'à savoir s'il le celestien souhaitait un emblème particulier ou pas.
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Mar 7 Juil - 5:13
FEAT Yali
Se répétant mentalement le mot hakama et réfléchissant au blason qu’il pourrait porter, Hayden se demandait de plus en plus à quoi le résultat risquait de ressembler. Du moins, sa réflexion dura jusqu’au moment où elle commença à bouger la tunique comme s’il n’était qu’une vulgaire poupée de chiffon. Pire encore, un échange violent venait de se terminer devant son regard ahuri qui exprimait une totale incompréhension. EN fait, il ne savait ni où ni comment la dispute avait commencé. Cette source perturbatrice avait même osé regarder le général avec un sourire en coin. Était-ce de cette manière que les gens interagissaient ici? Était-ce réellement la loi du plus fort? Soupirant légèrement, la prestance du général venait de se dissiper, le transformant soudainement en fantôme. Où était donc le respect? On aurait dit que quoi qu’il fasse et quoi qu’il arrive, il était devenu un fantôme. Aucune attention ne lui était adressée, chose à laquelle il n’était pas habitué, mais il se contentait d’attendre patiemment. Il n’était pas vraiment intimidé par la gifle qu’elle avait infligée à la table. Disons simplement qu’Hayden voulait revenir en un morceau à Caelestis et qu'il préférait ne pas la brusquer une seconde fois.
-C’est magnifique…
Se tournant après les dernières modifications pour se regarder dans une glace, l’image du hakama vint tirer une satisfaction de sa mine légèrement perdue. Observant tranquillement le vêtement qu’il portait et prenant le temps de faire des gestes exagérés, il tentait de voir si ce type de vêtement risquait de convenir à toute une armée. Bien qu’il ne se préoccupait guère de l’avis de ses soldats, ses doutes étaient surtout portés sur les pour et les contres d’oublier le port de l’armure au détritus de ce fameux hakama.
-À titre de blason, je préférais posséder un symbole typiquement Earthéen et Caeliens. Je suppose que le logo de nos deux tribus fusionnées serait une belle représentation? Sinon, je laisse vos sens artistiques prendre le relai. Pour le moment, j’ai une chose plus importante à vous proposer.
Se retournant vers la travailleuse, il racla sa salive afin d’avouer ses nouvelles intentions.
-Sincèrement, je ne pensais pas qu’un hakama me siérait aussi bien et je me demandais si vous aviez suffisamment de temps et d’inventaire pour habiller tous les soldats Caeliens sur vos terres…
Il ne comptait pas forcément la mettre en action, mais c’était une idée pour permettre aux membres de son armée de mieux s’intégrer sur des terres étrangères.
-Pensez-vous que cela faciliterait l’intégration sur vos terres? D’ailleurs, il y a un truc qui me dérange…
Posant sa main sur son menton, son attention s’était soudainement concentrée, comme s’il venait de réaliser une chose d’une envergure cataclysmique.
-Pourquoi détestez-vous tant les armures?
À son souvenir, Hestia avait soulevé le point que son armure n’inspirait rien de bien. Or, il n’avait jamais su les motifs qui étaient reliés à ce phénomène relativement curieux. Les armures avaient-elles un stigma chez toute la population ou était-ce une histoire de famille?
Les bras croisés, Yali hochait discrètement de la tête alors qu'elle regardait le soldat s'observer dans le miroir. Magnifique, qu'il disait. Il aimait. Si, du moins, il était véritablement sincère et ne disait pas ça plus par convenance que conviction. Cependant, à le voir gesticuler dans tous les sens, testant la mobilité que lui permettait le hakama, la teinturière ne douta pas un instant des propos de Hayden. Il aimait. Il avait même commencé à l'adopter. Aux yeux de l'artisane, il deviendrait bientôt un grand fan de ce type de vêtement : ample, léger, agréable à porter, permettant de se mouvoir sans contrainte particulière et avec une élégance certaine. Yali ne s'était pas trompée en lui proposant cette tenue, et c'était avec une note de satisfaction qu'elle le regardait bouger de façon quelque peu exagérée.
La teinturière retourna derrière son comptoir de sous lequel elle sortit un grand papier vierge. Elle le déroula, à la façon d'un parchemin, et écrit dans le coin gauche du haut "Cmnd Hayden - Blason Earthea + Caelestis". Elle le ré-enroula prestement, ses mains s'activant machinalement, tandis que son attention s'était reportée sur le général. Si s'habiller comme les locaux aiderait nos petits amis les soldats des airs à s'intégrer ? Un peu mon n'veux ! C'était évident. Même pas besoin de se poser la question. S'adapter à la culture locale, en endossant le code vestimentaire de rigueur, serait clairement perçu comme un effort de la part des caelestien et leur attirerait bien plus de sympathie que leurs armures. Yali dévisagea le général avec un air mi-amusé, mi-moqueur sur le visage, s'empêchant tant bien que mal de sourire de toute ses dents et se limitant à une moue quelque peu dubitative. Elle opina lentement de la tête, lui confirmant bien que se promener à Earthea en hakama ou autre tenue du coin était une bonne idée pour faire bonne impression. Ou du moins pour faire une meilleure impression que celle qu'ils auraient fait en se pavanant dans les armures rutilantes et superflues. Et quand à savoir si elle avait les stocks nécessaires pour habiller toute la garnison éh bien... elle les trouverait si besoin ! Après tout, n'était-on pas chez les débrouillards de services ? Trouver les matières premières dont elle avait besoin n'allait pas être un problème très longtemps.
Et à nouveau, le général montra à quel point il était en total décalage avec son nouvel environnement. Yali réprima un éclat de rire, qui ne se manifesta que par un mouvement brusque des épaules et un grand sourire. Pourquoi détestaient-ils les armures ? Ce n'était pas tant qu'ils détestaient les armures. C'était juste que la majorité des earthéens les considérait comme un gaspillage. De temps pour les créer et les assembler. De ressource : pourquoi utiliser autant de bon métal pour créer des boites à taille et forme humaine alors qu'on pourrait en faire des armes, des outils ou des bijoux ? Une perte d'aptitude aussi. Pour la chasse. Yali tapota ses lèvres de son index tendu vers le plafond, regardant le général qui, à ses yeux, n'était rien de plus qu'un jeune homme aussi ignorant qu'un enfant. Oh, elle savait bien qu'il devait être compétent et formé dans d'autres domaines. Il n'avait pas atteint ce grade par hasard, du moins l'espérait-elle. Mais ici, sorti de Caelestis, il était clairement perdu. Après quelques secondes de réflexions, la teinturière attrapa de quoi écrire, encore une fois.
"Nous sommes un peuple de chasseur. Pas de guerrier. L'armure sert à parer les coups, à se protéger des armes des hommes. Or, nous, nous devons être agiles, rapides, silencieux. Une armure ne ferait que nous gêner. Trop lourde et trop bruyante. Si on en portait, le gibier fuirait en nous entendant arriver et les grands prédateurs nous repaireraient facilement. Porte une armure ici et personne ne te prendra au sérieux. Au mieux, on t'amènera à la chasse pour que tu serves d'appât en boîte."
Elle tendit son explication au général, espérant qu'il comprenne un peu mieux la façon de vivre et de procéder à Earthea. Un enfant. Voilà ce qu'il était redevenu pour Yali : un enfant auquel il fallait tout expliquer.
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Mer 8 Juil - 2:25
FEAT Yali
La soif de connaissances du général était servie. On aurait dit qu’il venait de se retrouver dans un buffet à volonté ou de multiples connaissances sur divers sujets s’offraient à lui. Quoi que son imagination désire, la réponse ne tardait pas à venir. Bien que l’écrit était une manière peu orthodoxe de répondre à la verbalisation des gens, le blondinet ne s’en plaignait point. Au contraire, il risquait probablement de mieux mémoriser les dires qu’ils s’étaient échangés dû aux circonstances particulières de communication qu'elle employait.
-Haha…
Un léger rire s’échappa des lèvres du général amusé par la situation. Il ne s’était jamais rendu compte que les cités avaient le don de se ridiculiser l’un l’autre de manière tout simplement comique. Plus il y pensait et plus il se disait qu’ils avaient en quelque sorte raison. Le nombre de fois qu’il serait passé proche de la mort s’il avait gardé cette armure. D’ailleurs, si les animaux sauvages l’avaient manqué, le soleil aurait tôt fait de finir le travail.
-Heureusement, nous ne sommes pas si ridicules.
Affichant une mine un peu plus réservée, il observa le logo avec plus d’attention, appréciant la représentation qu’elle venait de faire. Toutefois, il voulait apporter une modification au nom qui était inscrit.
-Votre talent pour l’art est phénoménal. Par contre, au lieu de commandant, je préférais le titre de général du ciel, disons que je trouve que ça sonne mieux et que c’est moins… Caelestis…
Il ne tentait pas de se départir de ses origines, mais il préférait simplement éviter de porter le nom d’une capitale aussi hypocrite sur ses vêtements. En plus, il n'était pas le champion de la reine, donc nul besoin d'être soumis et de porter fièrement le nom de la cité du ciel. Voir le logo et se souvenir de sa vie sur ses terres était un supplice suffisant. Nul besoin de voir le nom qui faisait crisper tant de gens rien qu’en baissant la tête. Si de nombreuses personnes s’enrageaient en entendant le nom des ‘’conquérants’’, Hayden n’avait pas que de bons souvenirs de cet endroit. Or, il faisait toujours partie de cette Terre et son détachement lui donnait l’avantage de pouvoir et de vouloir révolutionner les tendances. Malgré les normes sociales en sa défaveur, il était temps pour la capitale d’adopter une nouvelle philosophie de penser au lieu de continuer de vivre avec la même mentalité qui avait provoqué la période noire Atlasienne.
-D’ailleurs, c’est votre cousine qui m’a donné ce surnom avant que nos chemins se séparent. Ce serait une bonne manière de lui rendre hommage, je suppose.
Intérieurement, il se surprenait. Étrangement, il était beaucoup plus humain et docile que dans sa ville natale. Généralement, il adoptait un comportement plus agressif, car bien que cette région devait représenter la justice, il fallait souvent prouver de force ce qu’on avançait. Disons qu’à force d’être obsédés par ce constant désir de justice, les gens semblaient oublier que c’était un fondement universel qui était diversifié que lorsque les intentions étaient bonnes. Or, des justices de toutes les sauces existaient, allant de l’utopiste manquant de maturité à l’être trop utilitariste pour être considérées comme un être humain.
-Bref, j’espère que vous aurez de la facilité à trouver les matériaux de vos choix. La négociation d’il y a quelques minutes ne s’est pas très bien passée.
Ayant un sourire un peu mesquin, il osa ajouter une taquinerie pour pimenter leurs interactions.
-Si vous voulez, je peux vous donner des trucs pour éviter que les négociations tournent au vinaigre.
Se souvenant que certaines personnes ne comprenaient pas les expressions qu’il utilisait, le général ouvrit les lèvres comme s’il devait absolument préciser quelque chose. Or, sa voix se bloqua alors que ses souvenirs lui rappelèrent le moment où il s’était fait gronder pour l’avoir prise pour une idiote. En bref, il valait mieux qu’il se taise, bien que c’était impossible.
-Ah et est-ce possible d’avoir un habit temporaire pendant que vous broderez le logo que vous avez dessiné?
Il parlait beaucoup trop, mais Dieu sait à quel point il était habitué d’être servi promptement. Encore une fois, il devait s’adapter au débit de conversation et à la lenteur provoquée par le temps qu'il devait laisser à Yali d'écrire.
Yali passa deux fois ses ongles dans le creux de son cou avant de hausser les épaules. Général du Ciel qui foule la Terre. Qui sait peut-être sera-t-il un jour digne de ce titre. En tout cas, il n’avait pas tort. Le Général du Ciel sera certainement mieux accepter que l’Envoyé de Caelestis. Le fond restait le même, mais la forme changeait tout. D’un côté il y avait un homme chevaleresque, presque héroïque, puissant mais bienveillant. Le Général du Ciel, un nom évocateur et qui laisserait toutes les jeunes filles rêver du Prince Charmant tandis que les garçons s’imagineraient un commandant éclairé. De l’autre côté il y avait l’envahisseur, l’oppresseur. L’Envoyé de Caelestis, chien d’une impératrice vaniteuse, qui s’imagine pouvoir imposer son ordre et sa justice dans une contrée dont il ne connait rien. Hestia avait été bien inspirée pour une fois. Yali raya ses notes et inscrit, en-dessous, « Général du Ciel (foulant la Terre) ». Il ne lui resterait plus qu’à peaufiner son idée, donner une forme définie et fixe à cette impression qui tourbillonnait en elle. Mais pour cela, elle allait avoir besoin de temps et de tranquillité. Pourtant, déjà dans un coin elle traçait quelques ébauches semi-finies d’une main légère et rapide.
-Bref, j’espère que vous aurez de la facilité à trouver les matériaux de vos choix. La négociation d’il y a quelques minutes ne s’est pas très bien passée. Si vous voulez, je peux vous donner des trucs pour éviter que les négociations tournent au vinaigre. Elle reposa son crayon. Elle planta son regard rubis dans ses pupilles saphir avant d’exploser de rire. Si elle avait l’habitude de se contrôler et de se contenter de secouer sa cage thoracique pour signifier son hilarité, elle ne put rien faire pour contenir son hilarité. Les négociations ne s’étaient pas bien passées ? Au contraire ! Se jeter des injures, s’énerver, taper du poing… Tout cela était normal. Surprenant pour un néophyte, peut-être bien, mais tout ce qu’il y avait de plus banal. Les deux commerçants devaient prouver leur valeur en essayant de tirer un maximum de profits et ça, ça passait par des démonstrations bruyantes et quelque peu violentes de leur volonté. Ne pas négocier, ne pas montrer sa véhémence d’une façon ou d’une autre, comme si notre produit ne valait pas la peine d’être défendu ou que l’on se fichait de ses pertes… ça, c’était pour les amateurs. Les pigeons à plumer.
Yali laissa libre court à son rire dont les éclats emplissaient sa boutique. Il était saccadé, brusque, presque inaudible par moment puis soudainement tonitruant. Parfois dans les aigües pour passer subitement dans les graves puis à nouveau dans les aigües. Cependant, une quinte de toux se saisit rapidement d’elle, sa gorge déchirée lui faisant cher payer ce petit moment d’hilarité. Une main sur la gorge, l’autre agrippée au comptoir, la teinturière se plia en deux sous le coup de la douleur fulgurante. Une fois certaine que sa toux soit apaisée, elle se passa une main sur le visage et se releva, affichant un sourire calme. Elle s’y était habituée au fil des ans, à cette gorge malheureuse qui ne voulait ni la laisser parler, ni la laisser rire.
- -Ah et est-ce possible d’avoir un habit temporaire pendant que vous broderez le logo que vous avez dessiné?
L’artisane opina de la tête. Du doigt, elle désigna le hakama qu’il avait déjà revêtu, penchant légèrement la tête avec un petit air d’interrogation. Elle reprit de quoi écrire et lui donne une réponse « Tu veux partir avec celui que tu portes ? » Yali lui colla le bout de papier dans les mains sans regarder tandis qu’elle cherchait un mètre dans les tiroirs du comptoir. Elle s’approcha de lui, le prit par les épaules pour s’assurer qu’il se tenait bien droit et lui prit toutes les mesures dont elle pouvait avoir besoin, les notant au fur et à mesure. Une fois l’opération terminée, elle repris la note qu’elle lui avait tendu et griffonna rapidement « Il t’en faut combien pour toi ? Tu me passeras ta commande pour tes hommes lorsque j’aurai terminé le design à y mettre. Donne moi cinq jours pour ça. »
Hayden Knight
Messages : 460 Date d'inscription : 10/05/2015
Re: Gift [Yali] écrit le Jeu 16 Juil - 4:39
FEAT Yali
Pour la première fois, Hayden comprenait mieux ce qui n’allait pas avec sa voix. En éclatant de rire, il avait cru percevoir des tonalités distinctes qui ne se complétaient aucunement. Ainsi, le blondinet concluait que sa voix devait visiblement manquer d’équilibre. Or, il se demandait si c’était un phénomène temporaire lié à une toux ou constant. S’il était question d’une toux, le jeune homme connaissait un remède qui serait idéal pour revigorer la gorge de celle-ci. De plus, ayant tous les deux des traditions différentes, Hayden doutait qu’ils aient ce genre de médecine à Earthea. Ils étaient reconnus pour être les experts en matière de santé et de guérison. Toutefois, il n’y avait rien de mieux pour soulager des maux de gorge qu’un remède de grand-mère. Parmi les quelques souvenirs qu’il lui restait de sa famille, il repensait au remède composé de rhum, de miel, de feuilles de menthes et d’autres ingrédients qui l'avaient sauvé à maintes reprises.
-Parfait, je vais garder celui que je porte. Et je pense que 5 habits seront suffisants.
Le lion n’était pas du genre à porter les mêmes habits deux journées consécutives. Ainsi, avec un total de 6 habits, il risquait d’avoir la possibilité d’alterner à sa guise en jouant avec les jours de lavage.
Sinon, cette conversation était pleine de surprises. En réalisant que seuls 5 jours seraient suffisants pour habiller tous ses soldats, le blondinet ne pouvait s’empêcher de regarder Yali avec admiration. À Caelestis, les forgerons faisaient attendre les soldats des décennies pour une vulgaire arme de moyenne qualité. Or, celle-ci semblait se dévouer à son travail tout comme la majorité des Earthéens. Ce peuple était drôlement inspirant et sur le coup, Hayden n’avait qu’une seule envie. Il voulait lui rendre la pareille et trouver un moyen de payer.
-Je reviens.
Sortant au pas de course, il se précipita vers les étalages où de nombreux produits étaient en ventes. Il y trouva du gingembre, du miel, de la menthe et les multiples autres ingrédients qui étaient nécessaires à sa mixture. La seule chose qu’il n’avait pas était le rhum. Quelle fut sa surprise de trouver des soldats qui patrouillaient. Heureusement, il savait pertinemment que ceux-ci ne quittaient jamais Caelestis sans cet ingrédient médicinal important ou plutôt cet ingrédient polyvalent important. Bref, il en profita aussi pour leur dérober un couteau. D’accord ou non, ils se devaient d’accepter les ordres des généraux. Par la suite, Hayden chercha un petit restaurant dans lequel il demanda au propriétaire de lui céder la cuisine l’espace d’un court moment. Celui-ci n’était pas du tout en accord avec cet échange et le fit savoir au général qui lui expliqua la situation. Dès lors, l’Earthéen accepta de passer par-dessus outre sonégo puisqu’il connaissait la situation de Yali. Alors qu’Hayden préparait la mixture, une bonne heure s’était déjà écoulée. Or, pour lui, cela ne faisait que quelques minutes qu’il avait quitté le magasin. La préparation lui demanda une quinzaine de minutes supplémentaires, mais lorsqu’il arriva, le remède était prêt et chaudement conservé dans une grande tasse.
-Désolé du retard, je sais qu’Hestia doit payer pour le cadeau que vous me faites, mais j’aimerais que vous essayiez cela. Concernant le coût des habits pour mes soldats, vous recevrez 1500 pièces d’or pour votre travail.
Cette somme était cyclopéenne. Généralement, un tel travail coutait 600 pièces d’or à Caelestis, mais les délais étaient excessivement longs. Or, la royauté perdait tellement d’argent pour satisfaire leurs caprices qu’il préférait investir cette somme dans une personne qui semblait travailler avec son cœur.
-J’ai eu de la difficulté à me souvenir de la recette, mais je pense que le tout devrait soulager votre gorge.
Attendant patiemment qu’elle essaye sa boisson, le général en vint même à oublier son front sur lequel la sueur perlait. Il oublait qu’il venait de courir de droite à gauche pendant une longue durée.
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