| /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas | |
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Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Ven 5 Juin - 13:00 la caresse et la mitraille et cette plaie qui nous tiraille le palais des autres jours d'hier et demain le vent les portera
Lourd et encombrant. Ce foutu matériel qu'on t'obliges à porter lorsque tu souhaites venir dans cet endroit désert et magnifique. Masque à gaz, quelle dignité peut-on encore avoir avec cet engin aliénant. Pourtant, la dignité, tu t'en fous. Tu n'y as jamais prêté attention, c'est bien trop humain. Ce qui te contrarie c'est cette lourdeur, les bonbonnes d'oxygène qui t'empêchent d'avancer comme tu le souhaiterais. Tu trouves ça triste, d'être dans un lieu si libre et pourtant de t'y sentir emprisonnée. Tu n'imagines même pas ce que ça devait être avant, avant que ce matériel qui t'obstrues tant ne soit optimisé. Ca devait être un enfer pour grimper, virevolter, courir ou même simplement s'accroupir et se cacher. Parce que s'il entrave légèrement tes mouvements, tu n'en restes pas moins agile, pas moins furtive ou rapide. C'est juste que ça te demande un effort supplémentaire, ça t'oblige à tenir compte de tout ce matériel que tu te trimbales. Mais cet endroit est magnifique, toxique mais merveilleux. Ta curiosité s'emplit et ton esprit semble revivre sous ce soleil que tu aimerais pouvoir caresser plus souvent. L'air impur t'en empêches désespérément et c'est toujours avec amertume que tu viens, équipée pour ne pas mourir asphyxiée. Que s'est-il passé ici ? Tu aimerais le savoir, savoir pourquoi un endroit si merveilleux s'est transformé en paradis inviolable. Ta main effleure lentement cette herbe immortelle, mise en valeur par la rosée du matin. L'eau glisse sous tes doigts frissonnant au contact d'une fraîcheur presque rare. Pourquoi l'interdit semble si attrayant ? Comme si faire 30 mètres sur la surface était plus important que tous ces allers-retours sous la terre. Et tu aimerais pouvoir aller plus loin, partir, voyager, découvrir le monde. Le découvrir et te découvrir toi même, ton côté animal à son apogée, dans la nature, survivre. Pourtant, tu ne t'en sens pas encore prête. Un jour, un jour peut-être, tu partiras. Tu as trop de choses à accomplir encore ici, à Earthea, auprès des amitiés que tu as si difficilement acquises, construites. C'est ta terre, tes racines et tu ne les couperas pas aujourd'hui. Alors tu profites de cette terre qui vous a été enlevée, tu observes le ciel, les nuages, le soleil, le bleu ayant un goût amer de liberté. Soudain, un bruit. Le doux crissement d'une branche qui craque au loin et dans un sursaut tu te lèves, le regard porté vers l'horizon soudain porteur d'un mystère. Ta machette à la main, plissant les yeux, tu tentes de découvrir l'identité de celui ou de celle qui est venu perturber le cours de tes pensées. Pointant alors ton arme dans la direction de ce qui ne pourrait pas être un simple animal, ils sont bien trop aériens pour révéler leur présence en ces lieux mortels, tu prends une voix puissante et effrayante : « Qui es-tu ? » |
| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Lun 8 Juin - 16:14 Le pas lourd, il avançait en silence.
Malgré le matériel nécessaire et pesant qu'il portait afin de visiter la forêt mortuus, Lucyas ne regrettait rien. La vue était magnifique.
Il s'arrêta un instant et leva la tête, souhaitant graver ce paysage en mémoire ; il était bien trop important pour se permettre de l'oublier. Puis il soupira et reprit sa marche.
Le particularité de cette forêt l'avait attiré ici – et le silence, maître du lieu, lui était plus que satisfaisant. Cette forêt était aussi toxique que sa curiosité. Ce n'était pas pour rien qu'elle était appelée Mortuus – Lucyas n'était pas ignorant, pas quand il s'agissait de voyages, mais il connaissait les risques. Il n'y faisait pas trop attention, et s'était juste contenté du nécessaire.
Pour un explorateur, Lucyas était perdu. Il s'aventurait sans but, avide de découvrir les secrets de cette sylve pourtant mortelle. Il soupira encore une fois, et accéléra sa cadence – il ne voulait pas perdre de temps.
S'humectant les lèvres, il tourna la tête, à la recherche d'un signe quelconque permettant de retrouver son chemin : se perdre dans la nature n'était pas un problème – il ne voulait juste pas tourner en rond.
Une branche craqua. Il ne s'arrêta cependant pas, n'accordant aucune importance ; la forêt était bien trop dangereuse pour quelqu'un s'y aventure – c'était aussi pour ça qu'il avait choisi d'y aller. Même s'il n'y avait personne pour l'entendre, Lucyas préférait continuer son aventure dans la discrétion, par peur de détériorer cette expérience.
Il se figea. Il n'était pas seul – encore une fois.
Il grimaça et s'avança lentement, à l'affût de tout mouvement ; la voix avait résonné, claire, puissante, dégageant toute trace de peur – ainsi Lucyas devait faire de même.
— Personne.
Tout comme lui, la personne portait un masque à gaz, mais il était certain de ne pas la connaître. Surtout pas quand elle avait une machette à la main.
Il porta la sienne à son épée, sans jamais détourner le regard ; la personne lui semblait dangereuse, comme prête à lui bondir dessus. Lucyas ne risquait pas sa vie pour rien.
— Un simple voyageur, fit-il.
Il s'approcha encore, toujours sur ses gardes ; il ne voulait pas se battre. Mais il ne voulait pas non plus faire connaissance – pas quand il arrivait enfin à respirer dans cet air mortel.
Il plissa les yeux. Peut-être était-ce une earthea, car il avait oublié que les terres détruites leur appartenait ; cependant, ils restaient principalement dans les sous-sols, tapis tel des taupes. Ce qui expliquait pourquoi il était intrigué par la présence de cette personne.
— Un nomade, pour être précis, dit-il. Elle semblait attendre quelque chose de lui, et il n'attendait rien d'elle.
Il fit de nouveau un pas de plus, la main toujours gardée sur son arme – ils étaient semblables à deux créatures, prêtes à s'affronter.
— Explorateur, et il ne quitta jamais ses yeux. |
| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Lun 8 Juin - 23:11
Au début il n'était personne. Puis un simple voyageur, un nomade, un explorateur. Tant de mots le qualifiant et pourtant seul le dernier te semblait familier et te donnais plus d'informations que les autres. Alors comme ça il faisait partie de cette merveilleuse troupe qu'étaient les nomades. Enfin, tu devrais plutôt dire peuple désormais. Tu n'en avais pas croisé beaucoup durant ta courte existence mais chaque individu que tu avais eu la chance de rencontrer t'avais conté monts et merveilles. Leur vie te semble fabuleuse, fantasmagorique. Il s'avançait vers toi, et à mesure qu'il s'avançait vers toi, tu tentais d'imaginer ses traits sous cet affligeant masque à gaz. Comme un réflexe, tu t'accrochais à ta machette comme à ta propre vie. Et bien que ton jugement soit altéré par des souvenirs d'une nuit radieuse auprès d'un homme de son clan, tu n'en oubliais pas pour autant le caractère dangereux de la situation présente. Allais-tu lui sauter dessus ou continuer amicalement l'interaction qui venait d'être créée ? « Chasseuse. » Tu avais été à peu près aussi éloquente que lui. Sa présence même te fascinait. Qu'est-ce qu'un explorateur aguérit venait-il faire en ces terres mortelles ? Tu l'avouais toi même, ces terres sont magnifiques, un danger constant figé dans le temps. « Est-ce que je peux t'aider ? » Tu ignores ce qu'il fait ici, ni dans quelle direction il souhaite aller mais tu sembles être la personne rêvée pour lui indiquer son chemin. Bien qu'un explorateur perdu serait d'un paradoxe. Ce qui est sûr c'est que sa venue venait de perturber le fil de tes pensées, ta curiosité s'imprégnant de ce lieu majestueux. « As-tu déjà vu pareil endroit ? » C'était évident que non, il avait probablement du voir des milliers d'endroits merveilleux mais cette forêt était unique en son genre. Du moins, tu l'espérais. Ton emprise sur le pommeau de ton arme se desserrait. Tu avais choisi la non-violence. |
| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Mar 9 Juin - 23:02 Claquement de langue.
Lucyas ne voulait pas de son aide – pas d'une inconnue, et surtout pas quand elle était armée. Il se redressa, plissant les yeux ; son masque à gaz n'était pas très différent du sien, et il ne pouvait distinguer son visage. Comme si elle l'intéressait.
— Ça va aller, merci, dit-il froidement.
Il n'avait pas besoin d'elle pour lui dire qu'il était perdu – la forêt était bien trop grande, et Lucyas n'était qu'un simple explorateur, sans grand prestige. Il soupira en la voyant desserrer son emprise, et fit de même : il n'était qu'un voyageur, tandis qu'elle était chasseuse, et il était certain qu'ils n'avaient pas la même expérience. Ce qui l'intriguait, c'était sa présence – il n'y avait pas de gibier ici, et il fallait être stupide pour ne pas le savoir.
Il ne demanderait pas. Il ne demanderait pas, car il ne voulait pas rester plus longtemps en sa présence, pas quand elle semblait vouloir gêner son exploration – elle qui se tenait devant lui.
« As-tu déjà vu un pareil endroit ? — Non, avoua-t-il sans réfléchir. »
Il se détendit en l'entendant parler de la forêt – peut-être qu'elle était là pour les mêmes raisons. Un pas en avant, et il relâcha complètement l'emprise de son arme en signe de paix.
— Lucyas, fit-il d'abord, je suis Lucyas. Il ne savait pas.
S'approcher d'elle avait peut-être été une mauvaise idée – elle dégageait une aura presque animale et sauvage, ce qu'il ne croisait pas souvent. Pas aussi libre à la fois. Elle lui rappelait quelqu'un d'autre de son clan ; il préféra néanmoins l'oublier. Elle était le cadet de ses soucis aujourd'hui.
— Non, reprit-il, pas une forêt aussi dense.
Il avait exploré bien des endroits, Lucyas, mais avait toujours préféré mers et déserts, îles et non forêts : il se nourrissait de chaque aventure, souhaitant remplir sa mémoire de tous les paysages possibles et imaginables. Lucyas voyageait sans cesse de peur d'un jour oublier ses expéditions.
Lucyas n'était qu'un homme de passage destiné à ne jamais s'arrêter.
— Mais j'ai pu voir diverses choses, toutes aussi belles que cette forêt, dit-il.
Peut-être parce qu'il espérait qu'elle le comprenne, lui et son désir de voyager dans le monde – peut-être était-ce pour cela qu'il parlait autant.
— De toutes mes aventures, j'y ai vu le monde de mes propres yeux – tel qu'il était, il s'interrompit.
Parler ainsi lui donnait envie d'une cigarette, et il regrettait à présent le masque à gaz.
— et il n'y a pas plus beau, finit-il doucement.
Il s'avança encore, toute trace de méfiance envolée – effacée par ses récits de voyages. Lucyas n'était qu'un fantôme à la recherche des morceaux de son âme. |
| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Mer 10 Juin - 22:14
Il cherchait la même chose que toi, l'aventure, la découverte. Rien de bien étonnant concernant un nomade mais tu trouvais leur présence rafraîchissante, une véritable bouffée d'air frais. C'est comme si les masques n'avaient plus d'importance, comme si sa simple présence allégeait ton coeur et l'embaumait d'une aura nouvelle. La joie, le bonheur, c'est ce que tu ressentais. Parce qu'il te donnait envie de voyager, de t'évader. « Lucyas. C'est un joli prénom - tu souris tendrement, sous ton masque à gaz - Hestia. » Il se rapprochait, tentait d'émettre des signaux de paix, comme pour te montrer qu'il n'était pas hostile. Et ça te rassurait, étrangement, tu semblais plus calme, plus sereine. Peut-être était-ce dû à cette forêt. La couleur étrange du ciel ciselée par les branches éparses des arbres qui la composait. La mort imminente dans l'air s'il n'était pas filtré. Et cette flore sauvage qui ne demande qu'à être contemplée. Tendant ta main vers l'écorce chaleureuse d'un arbre tu regrettais un instant de ne pas avoir suivi la voie de ta mère qui avait été l'une des plus grandes botanistes que l'on ait jamais vu. Tu te souvenais qu'autrefois elle t'emmenait en ces lieux, te faisant découvrir chaque fois une nouvelle plante, un nouvel arbre, de nouvelles vertes médicinales. Tu aurais aimé qu'elle t'en apprenne plus. Tu ne connaissais désormais que la faune et la flore de la forêt sous la terre. Tu te sentais perdue, mais tu adorais ça. Laissant libre court à tes sens, tu explorait cette forêt de ta main, de ton regard. Tu ne prêtes déjà plus attention à Lucyas qui s'avance vers toi, te contant monts et merveilles à propos d'un monde que tu rêves avec ardeur de découvrir. « Un jour - oui, un jour peut-être, tu relevais la tête, faisant face à Lucyas, la voix émue et emplie d'une détermination nouvelle - un jour moi aussi je partirais pour découvrir le monde. » Ce que tu connaissais ne te suffisait déjà plus. Ta curiosité était devenue insatiable, et même cette forêt avait un goût amer. Tu voyais le visage de ta mère dans ces troncs, dans ces fleurs aux pétales figées dans le temps. Tu le savais désormais, le monde est vaste et il faut que tu partes à sa rencontre. « Mais je me perdrais sûrement- l'orientation n'était pas ton fort, à partir sans savoir où aller, jamais plus tu ne retrouvais ton chemin - ou pire. » Tu mourrais peut-être de faim, en restant des jours dans un désert sans eau ni gibier, ou de froid, sur le sommet d'une montagne enneigée. Tu n'étais pas prête, tu ne le serais peut-être jamais. Si seulement quelqu'un pouvait t'accompagner. Têtue comme tu es, jamais tu n'accepterais l'aide de quelqu'un uniquement pour devenir son fardeau, et pourtant tu sais que c'est le seul moyen. Peut-être rejoindrais-tu les nomades, s'ils te laissaient continuer à prier ton dieu, ce qui n'arriverait sûrement jamais. Te relevant doucement, tu te rendais compte de la proximité de l'explorateur. Il n'y avait plus que quelques centimètres entre vos visages, te laissant ainsi contempler la profondeur de ses yeux d'un rouge incandescent. Rien qu'à les voir tu pouvais imaginer le nombre phénoménal de paysages qu'ils avaient du accumuler au fil des ans. Touchant du bout des doigts l'épée de Lucyas, l'effleurant à peine, tu te rendais compte que son arme était aussi importante pour lui que l'était la tienne. Elle était belle, brillante, aiguisée à souhait. Ton sourire ne faisait que grandir de minutes en minutes. Bien que votre rencontre ait mit un terme à l'ambiance découverte et touristique de la forêt, tu sentais qu'il y avait en Lucyas quelque chose de bien plus grand et de plus beau à découvrir. |
| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Jeu 11 Juin - 17:53 Il haussa un sourcil en la voyant aussi proche.
Les yeux plongés dans les siens, il ne fit pas un mouvement – yeux écarlates contre émeraudes.
— Un jour, répéta-t-il, pourquoi pas maintenant ?
Il avait détourné le regard l'espace d'une seconde, de peur de se perdre dans cette forêt présente dans ses iris – ils étaient bien trop clairs, tandis que les siens brûlaient bien trop intensément.
Il baissa la tête et fit un petit pas en arrière. Peut-être était-elle destinée à vivre à Earthea comme lui l'était à errer sans fin. Peut-être était-elle forcée à vivre sous terre, pensa-t-il.
Lucyas supposait beaucoup.
— Je ne comprends pas, hésita-t-il.
Bien qu'il ne tolérait pas les autres, il était conscient qu'il y avait des choses à ne pas demander.
— Une vie ne suffit pas pour découvrir le monde, fit-il, et l'envie de fumer le démangeait de plus en plus.
Il ne comprenait pas. Pourquoi rester ici – clapie sous terre, à vivre en dessous de terres inexplorées, alors qu'elle pouvait partir explorer Atlas en toute liberté. Lucyas ne comprenait pas.
Alors qu'elle avait le choix de partir et échapper à cet enfermement – il fronça les sourcils, perplexe. Il ne voulait et ne pouvait comprendre – voyager était un besoin, une nécessité ; comment pouvaient-ils rester enfermés tel des animaux dans des cages alors qu'ils pouvaient s'envoler ?
Il fit encore un pas en arrière. Peut-être attendait-elle quelqu'un pour la faire sortir de ce domaine terrestre – comme pour échapper à une vie non souhaitée.
Lucyas exécrait ça.
— Je ne comprends pas, répéta-t-il.
Peut-être avait-il faux. Peut-être était-elle comme lui.
— Un jour, ce n'est pas précis.
Un jour pouvait signifier une éternité. Un jour ne signifiait rien.
— Il faut en être certain.
Pour vivre, il fallait voyager. Alors il décida d'oublier ses doutes ; peut-être supposait-il trop vite, sautait à des conclusions trop hâtives – peut-être s'inventait-il des excuses.
— Se perdre n'est pas une mauvaise chose, reprit-il doucement.
Pourtant, il était lui même un explorateur perdu – perdu dans sa propre vie parsemée d'explorations et de découvertes qu'il dévorait avec avidité. Mais se perdre était aussi l'occasion de se redécouvrir – c'était ce qu'il cherchait, Lucyas, à l'aide de ses mains bien trop maladroites.
Tandis que celles d'Hestia lui semblait si douces – qui n'attendaient qu'à s'écorcher sur des pics de montagnes et goûter des grains de sable. Il en raffolait. Peut-être qu'elle aussi – tant qu'elle voyageait.
— Si tu veux – il se tut, incertain.
Il ne la connaissait pas – elle pouvait être dangereuse, tel un animal sauvage. Et il se rappela sa façon de toucher la nature du bout des doigts, et pourtant si intensivement – comme par peur de la briser en morceaux. Il toussota.
— Je voyage habituellement seul, mais – sa voix se fit faible, et il regrettait encore une fois son masque à gaz. Si tu le souhaites.
Sa main venait trifouiller sa veste, et il se redressa, plus confiant.
— Seulement si c'est pour voyager, dit-il.
Mais son changement de position ne pouvait cacher son incertitude.
— Je n'aide personne à s'échapper de sa vie, et son regard se fit dur.
Il n'en était pas question.
— Je peux revenir, conclut-il dans un souffle. Un jour.
Dans sa quête de liberté, Lucyas espérait se recréer, et peut-être n'était-il pas le seul. |
| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Dim 14 Juin - 17:31
Si une vie entière ne suffisait pas à parcourir le monde, alors est-ce qu'une seule vie te suffit ?A toi qui souhaites découvrir le monde, toi qui souhaites rester à Earthea quelques temps encore. Aurais-tu l'audace de tout abandonner pour plonger tes mains dans le sable fin ? Suivre avec fougue la migration des oiseaux dans le ciel ? Voir enfin les milles couleurs de l'air du vent. « Je ne sais pas- disais-tu, le regard soudainement perdu dans le vide - je ne comprends pas non plus. » Home sweet home. Ce n'est que ton attachement à cette terre, à ces personnes que tu as toujours connues, qui t'empêches de partir, de voyager, devenir nomade. Ca te fais peur, tu as peur de laisser ceux qui composent ton monde, ceux qui t'aident pourtant à réaliser tes rêves en t'envoyant en mission. Tu t'étais pourtant toujours dit que ce ne serait qu'une solution temporaire, mais ça commençait à durer. Combien de temps allais-tu rester, tapis dans l'ombre ? Peut-être que ce n'étais pas plus mal. Peut-être qu'une vie sédentaire te convenais mieux, bien que ta maison soit là où celle des autres n'es pas, la forêt. La forêt c'est ta maison. Alors pourquoi pas les montagnes, les nuages, les étendues désertes ? « Non- comme une révélation, tu continuais - c'est ici qu'est ma place. » La forêt est ta demeure, tu ne pourrais vivre dans un lieu où tu ne ressentirais pas la présence de ton dieu qui t'es si souvent apparu dans la cime des arbres, dans l'herbe fraîche. Déjà ici, à la surface, tu ressentais que sa présence était moindre, plus distante et violente. Comme s'il te conseillais de retourner sous terre pour ta propre sécurité. « Je voyagerais- un sourire se dessinait sur tes lèvres - mais il me faudra toujours revenir à Earthea. » Tu ne t'attendais pas à ce qu'il te comprennes. De par sa position d'explorateur. Voyager était toute sa vie, tu savais désormais que ça ne pourrait pas être la tienne. Il te fallait une certaine stabilité, un point d'appui, un repère. Earthea te ressourcerais entre deux voyages ou missions, ce dieu que tu ressens dans cette nature verdoyante. « Ma liberté, elle se situe entre ma terre et les autres- une conviction pouvait s'entendre dans ta voix, obstruée par ce masque à gaz que tu voudrais retirer - il m'est impossible de faire un choix. » Même si ne pas choisir, était un choix en soit. L'explorateur, Lucyas, qui semblait vouloir te proposer de l'accompagner, sans même te connaître, se rétracta au dernier instant. Et comme toi, il énonçait "un jour", ce fameux jour indéfini, comme pour te promettre qu'il reviendrait sans s'emprisonner dans une date précise. « Ou peut-être nous croiserons nous dans un endroit différent- et comme pour qu'il ne se méprenne pas, tu ajoutais - lors d'une de mes missions. » Cet équilibre t'allait. Pour l'instant. Le jour où il deviendrait insuffisant, tu prendrais des mesures drastiques. Et tu partirais. Ton coeur espérait néanmoins que ce ne soit jamais le cas, même si ton désir grandissant de découvertes et ta curiosité maladive te pousseraient sans doute à devoir quitter ta patrie. Tes pensées revinrent à leur activité première, s'émerveiller des mystères de cette mortelle forêt. Plongeant ta main dans un buisson épineux, tu en retirais une fleur aux pétales d'or et de sang. Cette nature était différente de celle que tu avais l'habitude de voir sous terre. Pourtant ces arbres, ces arbres étaient les mêmes que ceux dans lesquels tu te nichais la nuit, parmi lesquels tu chassais. Voir leur véritable hauteur, leurs feuilles d'habitude inexistantes, te procurait un sentiment de puissance. Comme si de voir leur vrai nature t'inspirait un sentiment de grandeur. Caressant de tes doigts cette fleur interdite, tu imaginais, non sans mal, l'odeur que celle-ci pourrait avoir. Et si des bribes de senteurs passaient à travers le masque à gaz, ton odorat n'en restait pas moins altéré. |
| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Dim 14 Juin - 19:15 — Je vois. Tu ne voyais pas, Lucyas.
Tu ne comprenais pas. Peut-être était-ce son refus : ou qu'elle admette que sa liberté n'était pas semblable à la tienne. Tout allait bien trop vite ; son changement de position. Ton recul. Ta froideur qui semblait remonter, prête à exploser.
Tu tournas la tête, comme si tu ne supportais plus de la voir ; surtout, tu ne supportais pas ton erreur. Tu le savais. Tu avais parlé trop vite, comme toujours.
Et tu te mis à fixer le sol, les fleurs, l'herbe – et tu ne te noyais dans toutes ces couleurs. Ta tête te faisait mal. Toutes ces couleurs qui te sautaient aux yeux, t'assaillaient de toute part ; et tu n'arrivais plus à respirer.
— Je – non.
Non, Lucyas. Tu étais lamentable, à perdre tes mots pour une raison quelconque, que toi-même tu ne connaissais pas – tu étais pitoyable. A perdre ton sang-froid alors que tu avais juré maintenir ton visage dur et ton cœur ferme, et tu étais minable, Lucyas.
— Pardon. Tu ne voulais pas t'excuser.
C'était de ta faute : tu avais simplement espéré, encore, et en avais subi les conséquences – elle ne pouvait pas te comprendre. Tu décidas d'arrêter d'espérer.
— Je ne peux pas comprendre – je suis désolé.
Ta vie n'était que voyages, rencontres éphémères, paysages homériques – tu ne pouvais te permettre de t'attacher à des personnes, même si tu le souhaitais. Même si elles semblait te saisir – tu ne te le permettais pas, pas quand elle ne pouvaient goûter à ta liberté.
— Je suis désolé.
Tu avais envie de partir : tu ne supportais plus ces couleurs qui t'avaient pourtant attiré ici, et tu te maudissais, Lucyas – d'être ainsi. Tu ne pouvais juste pas encaisser une autre erreur, un mauvais jugement de ta part – et pourtant, pourtant il le fallait. Tu devais.
Tu passas une main sur ton masque, comme pour essuyer une buée inexistante ; et pourtant tu brûlais à l'intérieur, mais tu ne savais pas de quoi. Cela t'importait peu, de toute façon.
— C'est juste – Tu t'évertuais à parler, Lucyas, alors que tu ne savais déjà plus quoi dire.
— j'ai toujours pensé qu'une liberté, et tu te tus. Ne se partageait pas.
Tu te redressas, te levas avec une assurance si frêle et si discernable.
— Peut-être, oui, lors d'une mission. Tu avais fièrement soutenu son regard, comme pour te convaincre que cela ne t'affectait pas.
Tu te raclas la gorge ; tu respirais mieux, à présent – maintenant que tu avais choisi.
— Que fais-tu ici, alors ?
Tu n'avançais plus, comme par peur de tituber. Tu ne partais pas non plus – tu ne pouvais refuser une telle défaite et t'en aller ainsi. Tu n'étais pas un lâche, Lucyas.
— Cette forêt ne comporte aucun gibier.
Tu ne baissais plus le regard.
— Et tu n'es pas en mission, je présume.
Que tu étais stupide, Lucyas.
— Si tu ne comptes pas te perdre dans les voyages – Ta respiration se fit lourde, encore.
— laisse-moi au moins te montrer ce que tu manques.
Que tu étais stupide, Lucyas, à t'acharner, alors que tu avais déjà perdu. |
| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Mar 16 Juin - 17:29
Etrange. Il était étrange.
Heureusement, tu étais étrange toi aussi. Il semblait ignorer comment t'appréhender, comment te parler sans te bousculer, faire en sorte de véhiculer ses paroles dans une douce brise plutôt que dans un ouragan.
Indécis, troublé par la situation. Toi même tu ignorais quoi dire, comme si de ne pas partager entièrement sa vision de la vie l'avait blessé.
Pourtant, vos objectifs n'étaient pas si différents. Vous vouliez être libres et heureux, chacun à votre façon, qui n'étaient pas si éloignées.
— Fais moi goûter à ta liberté.
Spontanément, tu t'étais rapprochée de ce corps qui tremblait de son indécision apparente. Tu lui avais prit la main, comme pour le rassurer. Comme pour partager la chaleur de ton corps et apaiser son âme.
Si seulement ce masque n'entravait pas tes expressions, il aurait alors pu voir le sourire sincère qu'arborait ton visage.
Posant sa main délicatement sur la cime d'un arbre, rugueuse, sèche, dégageant une aura mystique, tu repris doucement.
— Tu sais, ce n'est pas grave si tu ne comprends pas.
Tu étais heureuse, dans cette forêt. Tu étais heureuse, à chaque nouvelle découverte.
Tu serais heureuse de voyager. Mais ça te rendrais malheureuse d'arracher tes racines.
— Comme ces arbres — mes racines sont profondes — mais j'aspire à grandir, grandir et toucher le soleil de mes feuilles.
Peut-être comprendrais-t'il ainsi ton désir naissant de voyager obstrué par ton amour pour cette terre. Ta liberté n'était donc pas entière, pas encore. Pour qu'elle le soit il te faudrait suivre le vent, sans te poser de question, ignorant si tu reviendrais un jour en ces lieux. Tu n'étais pas encore prête.
Ce "un jour" dit naïvement plus tôt, reflétait ta propre indécision face à ce choix qui t'as pourtant tellement tiraillé. Tu pensais avoir fait ton choix le jour où le fils de ta belle-mère avait eu l'audace de le faire à ta place. Ce jour où il avait abandonné patrie et famille en quête d'aventures et de découvertes. Tu l'avais haïs. Et aujourd'hui, tu commençais à le comprendre.
Aurais-tu seulement la force d'arracher tes racines ?
— Aides moi à faire mon choix, montres moi ta liberté.
Lucyas apparaissait désormais comme un sauveur à tes yeux. Il te montrerais ce qu'était la vie de nomade, et dieu sait que ça te tardais de savoir.
Il avait eu raison, en disant que c'est ce que tu manquais, les voyages, peut-être que tu les manquerais encore un temps, peut-être les manqueraient tu toute ta vie. Quelle était cette fougue en toi, cette curiosité envahissante, ce désir chronophage de découvertes, de voir le monde, tel qu'il était.
— Je suis ici pour découvrir, nourrir ce désir qui — ton coeur se serrait — ce désir qui brûle dans ma poitrine.
Il te fallait retrouver ton équilibre. Earthea ne voudrait pas qu'un désir, un fantasme, ne te dévore de l'intérieur.
Il te fallait découvrir ta véritable nature. Etais-tu sédentaire ou nomade ?
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| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Mar 23 Juin - 19:59 Tu ne suffoquais plus.
Tu clignas doucement des yeux sans pour autant détourner le regard. Peut-être était-ce parce qu'elle semblait avoir compris. Tu ne savais plus.
— Ma liberté.
Ta liberté. Ta liberté, qui était devenue ta vie – tu ne voyais pas comment lui montrer, lui faire goûter ne serait-ce qu'une once de ton vivant ; tes voyages, peut-être. Tu étais confus, Lucyas – tu n'avais jamais entendu une pareille demande. Jamais on ne t'avait demandé de montrer quelque chose : surtout pas ton indépendance.
Tu avais toujours pensé qu'il fallait la chercher et découvrir par soi-même.
— Je suis dé –
Tu te retins et te mordis la lèvre. Tu n'étais pas désolé.
— imagine, et ta main lâcha le tronc d'arbre.
Tu avais décidé d'essayer : peut-être comprendrait-elle enfin – peut-être allait-elle nourrir ce désir insatiable.
— Imagine te réveiller à la vue d'un nouveau paysage, différent du précédent. L'air salé de la mer et l'écume des vagues.
Les battements de ton cœur se calmèrent ; déjà, tu te perdais.
— Le sable chaud des déserts te glisser entre les doigts, et ta voix n'avait jamais été aussi calme.
Cracher ta rancune et fulminer d'amertume étaient devenus tes assuétudes, et tu en avais oublié le timbre ta voix.
— le soleil bercer ta peau, et un ciel rempli d'étoiles le jour tel que la nuit.
Tu avais baissé la voix, Lucyas, par peur de te réveiller. Tu étais perdu, perdu dans tes voyages.
— Là où le soleil n'est pas, les étoiles brillent.
Tu parlais d'étoiles qui semblaient à présent étinceler dans ton regard – tu n'imaginais plus. Tu voyais.
— Là où il n'y a pas de verdure, les nuages forment ton chemin, et tu étais devenu murmure.
Comme un secret qui attendait d'être révélé.
— marcher sur ces nuages, et te sentir roi du monde.
Tu clignas encore, inspirant délicatement.
— Un jour peut-être, tu connaîtras cette liberté – mais Hestia, et tu te pinças la lèvre inférieure.
Tu avais finalement compris.
— Ne te méprends pas.
Tes yeux ne brillaient plus.
— Si tu voyages, et tu haussas légèrement le ton, saches que qu'importe la durée, une semaine, un mois, une année – ou même plus, et soudain tu n'en étais plus aussi certain.
— tu reviendras à Earthea.
Tu avais enfin accepté cette raison – elle n'était pas comme toi, te disais-tu, elle faisait simplement preuve de curiosité ; c'est ce que tu espérais te convaincre. Vous n'aviez pas les mêmes racines.
— Là où se trouve ton foyer, là où tu as vécu.
Tu n'avais jamais connu ça, Lucyas. |
| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Dim 28 Juin - 16:03
Son récit avance et devient murmure. Son récit avance et ton coeur bat de plus en plus fort. Son récit avance et sa liberté te deviens familière.
Comme un souffle nouveau, comme une seconde vie, tu aimerais goûter à cette liberté.
Voyager. Voyager avec lui qui semble happé par les découvertes et les voyages. Les paysages différents et les sensations nouvelles.
Cet homme que tu viens à peine de rencontrer, et qui semble te comprendre, comprendre celle que tu caches à tes amis par peur de te retrouver enfermer. Il semble te comprendre mieux que quiconque.
Tu aurais trop peur de parler de ce désir grandissant, envahissant, à Max — elle ne comprendrait pas. Elle pleurerait ta perte imminente. Tu ne pourrais pas en parler à Zackary, qui te rappèlerait à l'ordre en tant que chasseuse. Tu ne pourrais pas en parler à ton père, qui a déjà trop perdu pour devoir te perdre toi.
Car même si tu revenais à Earthea, ton esprit serait ailleurs. Ton esprit, ton âme, serait emportée à l'autre bout d'Atlas. Et Earthea deviendra vide. Vide de sens. Vide de désirs.
Es-tu heureuse, Hestia ? Et lui, est-il heureux ?
Finalement, qu'est-ce que la liberté ? Puisqu'il faut faire des concessions, qu'est-ce que la liberté dans sa forme la plus pure si ce n'est être libre de ses choix, être libre de ses désirs ?
Alors qu'est-ce que ton coeur te dicte ?
— Et — tu es heureux ainsi ? Comblé ?
C'était là la réelle question. Si ta liberté était dehors, ton bonheur était ici.
Ca te faisais peur. Tu savais qu'il faudrait que tu abandonnes une partie de toi même pour être libre.
Etait-ce ça la liberté ? S'abandonner ?
Il fallait que tu trouves un juste milieu. Un juste milieu entre ton bonheur et ta liberté. Et ce juste milieu résidait dans les missions que te confiait Zackary.
Tu voudrais en avoir plus. Tu en demanderais plus. Et peut-être partirais-tu avec Lucyas.
— Rien ne te manques ? — Rien ne te fais envie qui soit en contradiction avec ta vie, ta liberté ?
Tu ressentais quelque chose pour lui. Quelque chose comme une profonde admiration, et une amitié naissante.
Comme si son aura et la tienne étaient faites pour se mêler. Comme si vos désirs profonds étaient les mêmes.
Atlas était vaste tout comme l'était ta curiosité, ton désir d'aventure.
Mais comme il l'avait si bien dit, la différence se situait dans votre mode de vie. Tu avais un foyer, il n'en avait pas.
— Quand je partirais en mission — tu viendras avec moi ?
Lucyas était comme un guide, presque un ami. Vous vous ressemblez tant. Comment pourriez vous ne pas vous entendre ?
|
| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Mar 30 Juin - 23:54 Tu t'humectas les lèvres.
— Plus que je ne l'ai jamais été, et ta voix s'était faite claire.
Tu relevas fièrement la tête, et ton regard se fit ardent.
— Hestia, tu commenças, cherchant les mots appropriés. Ma vie repose dans ces explorations et ces découvertes –
Tu t'arrêtas, par peur de t'emporter ; déjà, quelque chose bouillonnait en toi, et tu n'arrivais pas à te calmer.
— Je vis de mes voyages, tu avouas finalement.
Tu n'étais qu'un homme de passage, Lucyas, sans destination précise, et peut-être était-ce ce qu'il te manquait.
Tu avais beau être un explorateur, tu ne savais jamais où aller : tu préférais te perdre pour te retrouver, bien qu'en quelques morceaux – et souvent désarçonné. Tu voyageais pour vivre et te perdais pour survivre.
— Peux–tu en faire de même ?
Pouvait–elle abandonner sa patrie et sa famille pour goûter à ta liberté ? Tu ne savais pas. Tu ne voyais plus.
— Peux–tu délaisser Earthea, ton dieu qui t'es pourtant si cher ?
A chaque question, tu te rapprochais ; tu voulais entendre sa réponse, qui était à présent la seule chose qui t'importait.
— Je ne te demande pas de faire comme moi, Hestia, et ce fut un murmure.
Elle était si différente et pourtant si semblable – tu ne comprenais pas, Lucyas, mais tu savais que tu ne la forcerais pas. Une liberté s'attrapait par les doigts et non par de simples tentations.
— Je ne te demande pas de t'abandonner pour te retrouver.
Ça, tu ne pouvais pas.
— Je te demande de comprendre –
Tu brûlais, Lucyas.
— tu ne voyages pas seulement, et tu te raclas la gorge. Tu t'en imprègnes.
Tu n'avançais plus – tu avais tant de mots en tête, et pourtant si peu de moyens afin de les formuler.
— Tu deviens. Tu le vis.
Tu en étais presque fébrile, Lucyas, à parler de liberté.
— Je peux t'accompagner, tu repris.
Tu ne baissais pas les yeux.
— Je peux aussi te faire découvrir d'autres choses – si tu le souhaites, et de nouveaux lieux.
Tu réajustas ton masque, redressas le dos ; tu sentais déjà la fatigue t'envahir.
— Mais je ne fais pas ça gratuitement.
Était–elle prête à te suivre ?
— Je ne veux pas d'argent.
Tu n'en avais que faire, des pièces d'or ; tu ne montrais pas de nouveaux paysages. Mais elle te comprenait. Tu en étais certain.
— Ce sont des secrets que je délivre, et il n'y avait rien de plus important à tes yeux.
- ♥:
pardon c'est caca voilà ;;
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| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Sam 11 Juil - 14:12
Délaisser Earthea. Délaisser ta patrie. Délaisser ton dieu.
En étais-tu seulement capable ?
Partir un jour, sans retour certain. Regarder ces visages familiers une dernière fois avant un long et tempêtueux voyage, un voyage des plus inattendus. Car c'est tout ce que tu attends, tout ce que tu souhaites, pouvoir découvrir le monde, à chaque jour une découverte.
En vérité, tu te lasses de ces paysages arborescents qui te sont pourtant si chers, tu te lasses de voir toujours les mêmes visages, tu te lasses de sentir toujours les mêmes odeurs.
Instable, téméraire et pourtant indécise.
Bien que Lucyas te dépeignait tout ce qui constituait tes rêves les plus fous, tes obligations envers ta famille, tes amis et ton dieux t'enracinaient ici. Que penserait ton père de tout cela ? De cette envie soudaine d'aventure au risque de te perdre à jamais ?
Il avait déjà perdu sa femme, falais-t'il lui infliger à nouveau la perte de sa fille ?
Ce serait égoïste de tout abandonner. Purement, simplement.
Pourtant, ce n'était pas ce que te demandais Lucyas. Il ne te demandait qu'à le comprendre. Mais tu le comprenais. Très bien même. Tellement que ton corps et ton âme te criaient de partir avec lui quand ta raison t'ordonnait de rester — ou du moins — de revenir.
— J'aimerais partir, m'évader, découvrir, — tu t'arrêtais une seconde, un sourire doux naissant aux creux de tes lèvres — ça me plairait beaucoup.
Suivre le soleil, avoir le vertige, perdre le sommeil.
Encore fallais-t'il convaincre Zackary de te laisser partir en mission, trouver des excuses pour pouvoir découvrir le monde, sortir de ton territoire pour te perdre puis te retrouver. La peur se mêlait désormais à l'excitation.
Qu'est-ce qu'une vie si on ne fait que répéter les mêmes gestes chaque jour, aliéné par un quotidien à des allures de fordisme — sans être trop extrême ?
Je voudrais au delà des falaises, sentir le danger et que ça me plaise.
Tout n'était question ici que de désirs et de pulsions nouvelles, tu voudrais les assouvir.
— Au risque de te décevoir, — dis-tu d'un ton calme et posé — je n'ai que très peu de secrets.
Si ce n'est aucun. Tu es un livre ouvert. Tout le monde connaît tes secrets avant même que tu ne les connaissent toi même.
Tous tes secrets. Sauf cette flamme brûlante dans ta poitrine, qui t'ordonne de découvrir, nourrir ta curiosité. Tes désirs.
Ca, personne ne les connait.
Peut-on pourtant considérer que ce sont des secrets ?
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| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Jeu 16 Juil - 15:03 Tu haussas un sourcil, intrigué.
— Qu'est-ce qui te retient, alors ?
Tu n'étais pas idiot, Lucyas : l'affection qu'elle portait aux voyages et à la liberté était si sincère – et pourtant elle hésitait.
— De quoi as-tu peur, Hestia ?
De quoi avais-tu donc peur, Lucyas ? Que redoutais-tu ?
— Qu'attends-tu pour partir ?
Tu t'arrêtas et levas la tête : tu connaissais déjà la réponse, tu le savais. Mais tu n'arrivais pas à comprendre : tu n'avais jamais eu de foyer, Lucyas, et en parler ne te procurait aucune sensation de nostalgie ou de familiarité. Ça, tu ne connaissais pas. Tu n'avais jamais eu.
Peut-être était-ce la chose qui vous différenciait tant entre vous : tu n'avais jamais eu à endurer la responsabilité d'une famille, d'un chez-soi ; dès ton plus jeune âge, tu avais goûté à l'indépendance. Et la liberté. Et tu ne pouvais vivre sans.
— Ce n'est pas grave, répliquas-tu doucement.
Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle se dévoile : toi-même tu avais préféré t'envelopper dans tes descriptions que te présenter correctement. Tu ne lui en voulais pas.
— Tu m'as déjà confié un de tes secrets, et tu soupiras.
Tu en avais fait de même, mais quelque chose manquait.
— Ce désir, cette envie – c'est suffisant. Ça me suffit.
Et pourtant tu te sentais faiblir : il y avait quelque chose qui t'échappait des doigts, Lucyas, que tu tentais de réprimer ; mais tu le sentais. Plus fort. Plus grand.
— Mais est-ce que cela te suffit ?
Tu discernais déjà la fin – et tu perdis le souffle un instant, titubas : il fallait qu'elle te réponde. Puis tu t'en irais.
— Je reviendrai, tu assuras, et peut-être pourras-tu alors me faire part de ta décision.
Ton masque te semblait à présent bien trop lourd à présent, mais tu ne fléchissais pas. Tu ne te le permettais pas.
— Je te ferai alors part de la mienne.
Tu ne connaissais plus sa réponse, maintenant. Tu ne connaissais pas la tienne.
Peut-être redoutais-tu son choix ; tu n'étais seulement qu'un inconnu, Lucyas, venu conter ses histoires, qui repartait sans attendre : tu n'étais qu'un vagabond, errant sans fin. C'était donc cela que tu appréhendais.
Te perdre pour ne jamais te retrouver. Tu avais peur, Lucyas – peur de t'égarer et ne jamais t'arrêter : du haut de tes maigres vingtaines d'années d'existence, tu tremblais.
Tu n'étais plus roi – peut-être ne l'avais-tu jamais été, au final : tu craignais la fin.
Tu n'étais qu'un vagabond. T'arrêterais-tu un jour ? C'était là ta plus grande question. C'était là ta plus grande peur.
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| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Ven 17 Juil - 17:16
Je ne sais pas si j'ai la force de supporter ça.
C'est ce qui te retiens. Ta famille. Ta patrie. Tu ne peux pas fuir. Tu n'es pas libre Hestia.
Pourquoi ça fait tellement de bien, mais tellement de mal?
Il faut que tu te libères, que tu brises ces chaînes. Ton coeur est à la découverte, ton âme est à l'aventure, il n'y a plus que ta raison et ton empathie qui te retiennent.
Hestia, prends ton envol.
— J'ai peur de faire du mal aux personnes que j'aime — ta voix était tremblante — j'ai trop connu la perte pour l'infliger à quelqu'un a mon tour.
Le voilà ton talon d'Achille. Il t'es impossible de devenir la perte de quelqu'un, ayant perdu ta mère. Tu t'en voudrais trop.
Tu n'es pas assez égoïste, pour partir du jour au lendemain. Tu avais vu le mal que ça pouvait faire entre Svein et Zackary. Si tu partais, comment pourrais-tu revenir ?
Ton corps en tremble rien que d'y penser.
— Cette envie, ce désir, ne me suffira jamais — ce désir est insatiable — mais je n'ai pas la chance de pouvoir faire ce que je veux.
C'était la première fois que tu voyais ça sous cet angle. Tu t'étais rendue prisonnière de tes désirs. Partir, voyager, pourrais-tu seulement le faire un jour ?
— Finalement — tu te mordais la lèvre — je ne suis pas libre.
Tu partirais, mais toujours en sachant que tu reviendrais. Tu partirais, quelques jours, quelques semaines.
Mais tu reviendrais toujours. Lucyas avait vu clair en toi. Il t'avait mieux cernée que tu ne l'avais fait toi même.
Et c'était déjà la fin de cette rencontre. Troublante.
Tu étais encore plus perdue qu'avant. Hestia, que désires-tu vraiment ?
Je ne sais pas, je ne sais plus.
— Quand tu reviendras — ton coeur se brisait — je ne serais toujours pas libre.
Tu espérais pourtant l'être.
— J'espère pourtant découvrir le monde — tu portais ta main contre ton coeur — mais je ne peux pas quitter les miens.
Ceux qui étaient ta famille, qu'elle soit de sang ou non. Ces liens que tu avais mit si longtemps à construire.
Pourrais-tu les détruire ? Egoïste.
Arracher tes racines. Impossible.
Ca te faisais peur. Soudainement, tu pouvais sentir le poids des chaînes, te traînant jusque dans ta tanière.
Ces chaînes, il allait falloir que tu les rallonges pour te permettre de voyager. Et ça te faisais peur. En aurais-tu la force.
Voyager, partir, mais toujours — toujours — revenir.
— Si tu en as toujours envie — après toutes tes hésitations — je voyagerais avec toi. — mais tu reviendrais — Et je te montrerais ce que c'est que d'avoir des racines en retour. — pour qu'il puisse mieux te comprendre — Si tu en as envie.
Vous êtes si différents et pourtant si semblables.
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| LucyasMessages : 118 Date d'inscription : 11/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Lun 20 Juil - 12:33 Sa voix semblait se briser à tout moment – et finalement, tu avais compris.
Ta liberté ne lui était pas accessible : tu n'avais fait qu'accentuer son désir qu'elle ne pouvait nourrir sans quitter les siens. Sans abandonner son dieu. Son envol ne pouvait avoir lieu – pas comme tu l'avais espéré, et tu savais que tu ne pouvais plus l'aider.
Elle n'était pas prisonnière : dans ces chaînes qui semblaient la retenir, tu y voyais ses raisons. Tu ne pouvais comprendre, mais tu voulais essayer.
Ces chaînes qui n'étaient que responsabilités et famille : tu avais oublié ça, Lucyas. Tu n'étais pas certain de les voir attachées à tes pieds, ces chaînes. Tu n'étais pas certain de les vouloir.
— Je vois, ta voix se faisant plus douce.
Elle avait fait son choix. Tu n'avais pas fait le tien – tu hésitais, Lucyas, car tu avais enfin compris ce que signifiait le coût d'une famille : de l'incertitude. Un désir d'indépendance. Mais toujours – toujours revenir. Était-ce quelque chose que tu désirais, Lucyas ?
Tu ne savais pas. Tu ne savais pas : pouvais-tu passer chaque jour à rêver de ton envol qui ne viendrait jamais ? Pouvais-tu te questionner sur ta propre identité ?
Lucyas, peut-être n'étais-tu qu'un lâche, au final. Ce que tu ne savais pas, tu évitais : tu préférais oublier et ne jamais y remédier. Et pourtant il fallait que tu choisisses, toi aussi – une famille, ou tes voyages. Déjà, tu sombrais. Tu te noyais dans ton indécision.
— C'est d'accord, finis-tu par dire, pinçant tes lèvres.
Pourtant, tu ne le promettais pas. Tu avais peur de ne pas réussir à te décider : tu ne lui faisais pas une promesse, mais une possibilité. Ce n'était pas de sa faute – il était juste trop tôt pour que tu te prononces.
— Je ne sais pas quand je reviendrai, par contre.
Ça, tu ne pouvais le refuser. Tu savais qu'un retour à Earthea était nécessaire : tu avais besoin de temps, Lucyas, de voyager un peu plus, et enfin, tu lui ferais part de ton choix. Tu ne pouvais la laisser sans réponse.
— Mais – montre-moi ce que c'est, d'avoir quelqu'un vers qui revenir, murmuras-tu finalement.
Tu avais succombé.
— ou quelque chose.
Mais tu ne t'enracinerais pas. Tu le savais.
Tu voulais juste comprendre, voir – cette chose qui te fascinait et te rebutait à la fois : c'était un mystère que, en tant explorateur, tu te devais de déchiffrer. D'éclaircir. De découvrir.
— Il est temps pour moi d'y aller, Hestia, fis-tu en te redressant.
Tu ne pouvais rester ici trop longtemps.
— N'oublie pas ton choix.
Déjà, tu avais disparu. |
| Hestia WinklerMessages : 420 Date d'inscription : 18/05/2015
| | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le Mar 21 Juil - 18:49
Il partait. Tout était fini.
Mais ces mots raisonnaient dans ta tête et faisaient battre ton coeur.
Il reviendrait, et tu lui montrerais ce que c'était que d'avoir des attaches. Tu essayerais, mais tu n'y voyais plus d'intérêt. Tu n'avais pas envie de l'enchaîner comme tu pouvais l'être. Tu ne voulais pas briser ses ailes.
— Je n'oublierais pas — murmurais-tu, comme pour t'en convaincre toi même
Tu l'attendrais, cet homme intriguant et intrigué.
Tu n'es plus certaine Hestia, plus certaine de ce que tu désires.
Partir ou rester ? Pourquoi pas les deux ?
Il faudrait que tu trouves ce juste milieu avant qu'il ne revienne. Il faudrait que tu te décides avant qu'il ne revienne.
Mais tu n'avais qu'une envie en cet instant. Il fallait que tu trouves cette fleur. Cette fleur pour rendre hommage à ta mère.
Tu la dessinais, sous toutes ses coutures, de tous les angles, Yali allait avoir besoin de détails pour pouvoir te la tatouer correctement, et tu n'avais pas envie de devoir retourner sur la surface, ni de te faire tatouer un autre jour, ça devait être fait aujourd'hui.
Alors tu t'appliquais.
Remerciant intérieurement Lucyas, pour t'avoir ainsi ouvert les yeux. Car Hestia, tu es prête à prendre un nouvel envol.
Alors ouvre tes ailes, lances toi.
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| | | Re: /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas écrit le |
| | /fini/ le palais des autres jours ⌁ lucyas | |
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