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▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon.

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Onisim I. Svyatoslav
Onisim I. Svyatoslav
Messages : 86
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▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Sam 25 Juil - 16:08


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_ngw5wogB4w1rcbfsfo1_500

La société d’Okeanos c’est un peu comme une espèce d’immense carousel pété par des vandales où les chevaux en bois ont des croix nazis inscrit au couteau dans leur oeil gauche. Grosso merdo, de loin, ça semble bien beau mais quand on regarde la chose avec précision, ça colle la gerbe au creux des reins. Bah toi, t’es un peu comme ça. Une merveille de technologie qu’on pourrait foutre en vitrine dans une maison close 2.0 pour ces petits branleurs de geeks de l’augmentation et de la reproduction humaine. Sauf que tu es laid. Affreux. Difforme. Disgracieux. Hideux et repoussant.

La seule chose que tu ramenais dans ta baraque, c’était pas des femmes mais des problèmes. Alors du coup, t’as pas tellement envie de te retrousser seul chez toi. Finir seul dans un état, vomissant dans la cuvette des chiottes car tes vérins hydrauliques ont besoin d’une révision et que tu traines pour faire une révision à l’Officinarum. Alors dans la mesure où ton patron t’avait collé une mission dans les pattes aujourd’hui, autant que tu clos cette journée aqueuse sur une note un poil positive. C’était pas que la misère humaine et les voleurs te filaient le cafard mais un peu.

Et du coup, tu avais aussi Kuon dans les pattes. Enfin, ça, c’était une note un peu plus positive objectivement. Tu l’aimais bien et surtout, tu la dépassais d’environ 30 centimètres, alors c’était plutôt bon pour l’égo. 158cm contre 192cm, ça faisait une belle différence. Et puis, comme à chaque fois que vous faisiez une mission, t’avais la dalle ou t’avais soif. Alors tu profitais du fait que tu la dominais physiquement pour lui faire faire les courses pour vous deux. Sauf que c’était pas trop ça, et finalement, t’avais la flemme de bouger ton cul. Alors vous finissiez la mission et tu payais ton verre, histoire qu’elle boude pas trop. Après, ça partait en couilles et en franche rigolade.

C’était donc d’un pas à l’unisson que vous vous dirigiez vers le Casino Indicum. Ouais, c’était un lieu un peu « hype » et où le moindre cocktail coûtait environ 20 pièces d’or. Il y avait la possibilité d’acheter trois bouteilles de rhum avec un cocktail mais le cadre passait. Puis c’était quand même mieux que ton appartement en bordel, et moins intime. Ça convenait parfaitement à votre relation, en soit. La rédaction du bilan de la mission ? Tu ferais ça chez toi demain matin avec la gueule de bois ou ce soir si tu rentrais un poil plus tôt. Cela fut dans cette pensée que les gorilles en costard vous ouvrirent les portes de l’énorme Casino.

Heureusement que vous étiez quand même en civil. Non car une milice gouvernementale secrète en uniforme ça sonne assez mal. Même si bon, avec tes bras bioniques visibles - à cause de ta chemise bleu nuit en nid d’abeille aux manches retroussées - et les quelques systèmes électroniques sous ta peau qu’on percevait le long de ton cou tu ressemblais assez à une bête de foire comme ça. Pas besoin d’un uniforme en plus pour que les gens te jettent des regards malsains. Ouais, avoir un flingue sur la tempe car tu étais différent, tu connaissais ça. T’installant à l’énorme bar en bois du casino, sur cette chaise haute tu ressemblais encore plus à un putain de géant.

Bon, Miss, tu prends quoi ? J’allonge. 

Tu tirais tes cheveux en arrière comme tu faisais habituellement avant de joindre un sourire sincère à la demoiselle. De toute façon, tu ne faisais rien de ton argent alors autant qu’il dégage dans la boisson. Tu te fichais de l’épargne et tu savais pertinemment qu’un beau jour tu allais crever comme une sale baltringue parce ton coeur aura eu un dysfonctionnement. Et que lui, il était impossible de le rendre bionique. Tu étais perdu, avançant alors dans le mauvais sens. Regardant autour de toi, tes deux prunelles goudronneuses se stoppèrent sur la population qui crachait leur argent dans ces difformes avaleurs à fric. Il fallait être bien con.

T’auras besoin d’aide pour prendre ton sous-marin ce soir ? Histoire que tu déambules pas dans les couloirs polypus toute la nuit. 

Ouais, t’aimais bien lui balancer des pics, mais toujours avec le sourire. Taquin. Presque, mielleux.

Serveur, la demoiselle à choisi ce qu’elle allait boire, je pense.   



lorem ipsum




Kuon
Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Dim 26 Juil - 1:28
those who play blackjack


Kuon avait pour collègue un type du nom d’Onisim I. Svyatoslav. Nom qu’elle n’avait jamais été capable de prononcer dans sa totalité au demeurant. Il fallait dire aussi qu’elle ne s’y était jamais penchée très sérieusement. Elle se contentait de l’appeler Onisim, ou Oni plus tard dans la soirée. C’était un gars assez singulier. Le genre de type qui nous ferait volontiers changer de côté dans les couloirs Polypus, et contre qui on n’aimerait surtout pas se battre. Dans le cas de Kuon, elle n’y songeait même pas. Elle y laisserait sans doute quelques dents au passage, et puis de toute façon elle n’aimait pas se battre. Oui, Oni était un peu spécial. En un sens, elle s’en moquait pas mal qu’il ait des membres bioniques ou du métal sous la peau. Elle n’avait jamais été très regardante sur le physique des gens, et surtout pas de ses collègues. Le plus important était encore qu’ils se concentrent sur leur mission, protéger Okeanos. Le physique ne comptait pas, seul le sang avait de l’importance. Elle trouvait même que ces gros bras musclés donnaient un certain attrait à l’énergumène.

Ce soir là, ils avaient fini un peu tard, comme presque tous les soirs en fait. Kuon ne comptait pas ses heures du moment qu’elle exécute correctement sa tâche, et elle entrainait régulièrement ses partenaires d’enquête au delà des heures réglementaires. Quoi qu’il en soit, l’affaire avait été menée à bien, ils étaient tranquilles pour la soirée, et cela la soulageait sincèrement. Elle détestait rentrer se coucher la tête pleine d’interrogation sur ses investigations du jour. Quoi de mieux d’ailleurs pour se vider l’esprit qu’une petite virée autour d’un verre ? Pour fêter leur succès, les deux agents avaient opté pour une petite sortie au Casino Indicum. Ainsi la jeune femme et l’homme bionique se dirigeaient vers l’établissement d’une marche cadencée. Campée sur ses courtes jambes, Kuon avançait d’un pas rapide pour rester à la hauteur de son camarade. Elle détestait cheminer derrière, parce qu’il était un homme, parce qu’il lui mettait un triple décimètre dans la vue et qu’elle en avait déjà marre de devoir lever la tête ou reculer de trois pas pour pouvoir le regarder dans les yeux en parlant. Si elle pouvait au moins marcher d’un pas égal, c’était la moindre des choses.

Le casino était un lieu bruyant. Le bruit métallique des pièces d’or qui glissaient plus souvent dans les machines voraces qu’elles n’en sortaient créait un joyeux tintement. Mêlés aux voix et aux cris, on ne s’entendait que difficilement dans cet univers tamisé et mordoré. Kuon ne jouait jamais. Elle n’aimait pas la tête de ces types qui jouaient au blackjack, ils transpiraient trop la tromperie et le mensonge. Ça lui faisait hérisser les poils sur les avant-bras. Elle n’aimait pas non plus cette idée de confier son argent au gré du hasard, ça n’apportait jamais grand chose, si ce n’est la désagréable impression d’avoir perdu. Kuon détestait perdre. D’un autre côté, c’était plaisant parfois de sortir des petits bars du coin pour s’offrir une soirée dans un lieu d’envergure toute autre. Bien sûr, la boisson avait un coût ici, mais ce n’était pas comme si la police secrète payait mal ses agents. Par ailleurs elle n’était pas dépensière, et avait de larges économies derrière elle.

Elle suivit Onisim d’un pas plus mesuré une fois à l’intérieur. Elle aimait bien le bruit feutré du tapis de velours rouge sous ses pas. Cette endroit avait un côté chaleureux qu’elle affectionnait particulièrement, même si le chahut et les jeux de lumière la soûlait presque aussi sûrement que l’alcool. Ils rejoignirent le bar, un peu à l’écart des jeux, et s’installèrent côte à côte sur un tabouret.

Bon, Miss, tu prends quoi ? J’allonge. S’enquit Onisim.

Kuon acquiesça avec reconnaissance. Comme souvent, il payait le premier verre, comme pour se faire pardonner certains écarts durant l’enquête. Elle saisit une carte qui trainait sur le plan en bois et plongea dans la multitude de cocktails qu’elle proposait.

T’auras besoin d’aide pour prendre ton sous-marin ce soir ? Histoire que tu ne déambules pas dans les couloirs polypus toute la nuit.  

Il s’esclaffa. Kuon releva dédaigneusement une mèche de cheveux qui barrait son front, toujours plongée dans sa lecture. Elle fit mine d’ignorer la remarque de l’homme, le temps de faire son choix. Celui-ci étant fait, elle referma d’un geste sec la carte et la laissa retomber sans plus d’émotion sur le bar. Onisim en profita pour appeler le barman. Elle leva ses yeux vers lui, prenant son air sérieux.

Imbécile. Rétorqua-t-elle sans méchanceté. Je me suis décidée à faire attention, ce soir je rentre sobre et sans ton aide, je ne bois qu’un verre, et après ce sera grenadine à l’eau.

Elle rit intérieurement de sa propre assurance. C’était à peu près ce qu’elle disait à chaque fois, et à chaque fois elle se retrouver à hurler son amour aux passants à des heures forts tardives, perdus dans Galiea. Evidemment elle ne s’arrêterait pas au premier verre, et même si elle avait l’idée de le faire, sans doute l’inviterait-on à réétudier la question assez rapidement. Elle soupira, repoussant ces considérations à plus tard. Le serveur s’était approché et lui lançait un regard inquisiteur.

Je prends un Tequilla Sunrise. Lança-elle, avant de s’avachir sur le bar, baillant longuement. La journée a été longue. Au fait, qu’est-ce que tu te fais pardonner avec ce coup-ci ?
Onisim I. Svyatoslav
Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Dim 26 Juil - 16:07


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_n64z5iDDUm1tp8zu6o1_500

Le pardon est une chose qu’il fallait apprendre au vu des temps sombres et aqueux qui entourait le peuple d’Okeanos. Le savoir engendrait le pouvoir et la rédemption était l’abolition d’une vie de péchés et de tortures. Toutefois, il y avait des choses plus ou moins compliquées à effacer avec le temps. A force de perdre le fil, tes cicatrices n’étaient toujours pas recousues. Devenir une machine de pénitence au sein d’une Dictature que trop peu de monde comprenait réellement. Ce voile toujours présent que, seulement quelques personnes appréciaient. Il fallait être fou pour apprécier les chaines rouillées qui reliaient les âmes, les amenant peu à peu dans les méandres d’un avenir sans but.

Mais tu faisais ton boulot avec plaisir. Celui du passeur entre le monde des humains et celui des morts. Tu amenais les âmes décantées vers leur propre tombeau, gardant les piliers de cette immense cité au plus propre et somptueux état. Tu protégeais ceux qui sont cher à ton coeur. Amenant la Justice dans les endroits les plus sombres des grottes intelligibles des flots et des rivages espacés. Enfin, ce soir tu amenais surtout de l’alcool dans ton sang quitte à te foutre deux doigts dans la bouche en rentrant au sein de ton chez toi. Cela sonnait terriblement mal à l’oreille mais c’était la vérité.

Tu observais le serveur d’un oeil tandis que tu regardais tour à tour la carte ainsi que la demoiselle. En soit, tu faisais le tour du triangle social équilatéral qui t’entourait. Plaçant ta main bionique au dessus de ton menton, cette première se décala vers ta joue gauche, massant légèrement la barbe que tu n’avais pas rasé ce matin. Réflexion. Méditation. Observation et remarque mentale. Tu choisissais globalement quoi choisir avant de relever ton visage vers le domestique. Le mec avait un bâton dans le cul et semblait être déjà impatient de voler ton argent comme le pouvait le faire ses créatures aux crocs ivoires dans les livres pour enfants.

Rajoutez un Whisky à la commande. 

Un coude rougeâtre contre la banque en ébène, tu tournais ton attention première vers ta collègue de travail.  Etalée comme un escargot de voyage nomade, un énième sourire se figeait contre ton faciès en la voyant. Oui, la journée fut longue pour dire vrai. Une journée qui avait dépassé les 8h hebdomadaire. La Loi d’Okeanos n’était pas tellement respecté par les défenseurs de cette première mais bon, au moins, les heures supplémentaires étaient grassement payés en temps et en heure. Toutefois, la fatigue musculaire se sentait en fin de journée. Enfin, pour elle. Toi, tu ne ressentais pas cette sensation. Du moins, ce n’était pas le même genre de sensation que tu ressentais. Tu ressentais plus une espèce de chaleur distinctif des circuits trop sollicités. Ou bien, quelques mécanismes qui se déréglaient avec le temps. Tu partais en révision, parfois.

Trop longue à mon goût, ça tape sur le moral les heures sup’. 

Tu engendrais une légère pause tandis que le serveur amenait les dessous de verre contre la banque.

Merci. Et je me fais pardonner les conneries que je lâcherai ce soir après quelques verres. 

Oui, tu préférais être prévoyant. Mais pour être tout à fait honnête, tu te faisais aussi grandement excuser le fait que tu pouvais être lourd - Au sens littéral comme au sens figuré. - lors des missions que tu effectuais avec la demoiselle à la crinière goudronneuse. Et puis, boire avec elle restait un moment de détente assez particulier et plaisant. Tandis que tu l’attrapais par le col arrière, la remettant un poil plus droite avec une certaine facilité déconcertante mais une étrange douceur, le serveur arrivait, disposant alors vos deux verres d’alcool fort ainsi qu’un bol de pistache finalement préparés par les soins de la cuisine arrière.

Un peu de tenue, tu ressembles à ces sauvages de la terre d’Earthea. 

Ce n’était pas dit avec méchanceté mais encore une fois, comme une simple taquinerie significative que tu l’appréciais. Farfouillant dans la poche arrière de ton pantalon ivre et cruel assombri par la teinte d’un indigo brut et non délavé, tu en ressortais ton propre porte-feuille, donnant alors une certaine avance monétaire au serveur qui repartait, signe qu’il avait compris que vous occuperiez ces deux tabourets pendant quelques heures.

Levons nos verres à notre double vie, notre fatigue, notre salaire et notre future gueule de bois. 

Car oui, tu savais pertinemment qu’elle n’allait pas boire seulement « de la grenadine à l’eau » après ce premier verre. Mais bon, comme on disait : L’esclave loyal apprenait à aimer le fouet de son maitre. Alors que cela ne tienne, tu connaissais la sensation du fouet. C’était le mauvais côté de la chose.

Ça donne quoi la vie hors boulot en ce moment ? T’arrive à gérer ? 



lorem ipsum




Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Dim 26 Juil - 22:31

Onisim commanda un whisky, un truc de bonhomme quoi. Kuon aimait les boissons sucrées, surtout en début de soirée. Plus tard dans la nuit, elle buvait tout ce qu’on lui donnait, que ce soit de l’huile de friture ou du rhum. Les cocktails étaient de loin ce qui lui plaisait le plus. Toujours étalée sur le bar, le menton posé sur ses poignets, elle écoutait son collègue se plaindre de la longueur de la journée. Elle se contenta de hausser les épaules. Le moral n’y était pas de toute façon. Elle se sentait presque plus à l’aise à travailler qu’à rester chez elle à ne rien faire. Surtout en ce moment. Suzuki était parti enquêter depuis un bout de temps à l’étranger. Elle se sentait bien seule le soir, et l’appartement était un vrai capharnaüm. Elle n’osait même pas imaginer la tête de son ami à son retour à la maison. Songeant à cela, elle se dit qu’elle ferait mieux de ranger une fois pour toute, sachant pertinemment que ça ne serait pas fait.

Oui, en l’absence de son colocataire, Kuon se laissait complétement aller. Plus que d’habitude en tout cas. Ses cheveux n’étaient pas peignés et emmêlés, elle n’avait pas pris un repas correct depuis près d’une semaine, ne se nourrissant que cornflakes directement dans le paquet. Le soir, pour échapper à la solitude, elle sortait plus, et fatalement, buvait plus. Une vraie gamine incapable de se gérer si on ne le faisait pas pour elle. Onisim était un de ses « passe-temps » favoris. Pas qu’elle le considérait comme un objet, loin de là, elle appréciait sa compagnie. Lui ne se prenait pas la tête comme certains pédants de la police, des ringards obsédés par les chiffres et les apparences. S’afficher dans un bar quand on mène double vie, c’est pas sérieux disait-on.

Merci. Et je me fais pardonner les conneries que je lâcherai ce soir après quelques verres.

Elle avait l’habitude, il n’avait plus besoin de s’excuser pour ça, d’autant qu’elle n’était pas mal dans le genre. Kuon se plaisait à tripoter ses bras mécaniques après quelques tournées. L’alcool la rendait étrangement joyeuse et bavarde, en comparaison à la froide jeune femme qu’on pouvait fréquenter en journée. Relevant les sourcils à l’approche du barman, elle fixa avec envie le verre qu’il tenait quand on la tira vers le haut, la soulevant presque de son tabouret. Onisim venait se saisir son col et l’obligeait à se redresser. Elle hoqueta de surprise, oubliant un peu trop souvent que son camarade était un peu plus fort que la moyenne. Pourtant il ne la brusqua pas, la reposant avec délicatesse sur son siège.  

Un peu de tenue, tu ressembles à ces sauvages de la terre d’Earthea.  

Sa collègue le snoba, boudeuse. La comparaison lui déplue. En aucun cas elle ne voulait ressembler à cette bande d’indigènes qui vivaient dans les cavernes. Vexée, la jeune femme s’installa bien droite, les jambes sagement croisées. Le serveur déposa une boisson devant elle, et un second devant son camarade qui leva son verre. Kuon l’imita et cogna sa coupe contre celle d’Oni, dans un joyeux tintement qui annonçait le début des festivités.

Levons nos verres à notre double vie, notre fatigue, notre salaire et notre future gueule de bois.
Parle pour toi. Rétorqua Kuon sans grande conviction. Elle savait qu’elle n’en aurait pas plus au moment de commander un second verre.
▬ Ça donne quoi la vie hors boulot en ce moment ? T’arrives à gérer ?

Kuon haussa les épaules à nouveau, grimaçant légèrement. S’il savait. D’un autre côté, il devait bien se rendre compte vu la touffe échevelé qui se dressait sur son crâne.

Hrm. Suzuki est pas là, on va dire que je survis comme je peux. La cuisine ce n’est pas mon truc.  

Le ménage non plus visiblement. Avait-elle seulement déjà manié une brosse à cheveux dans sa vie ? Suzuki allait jusqu’à la coiffer le matin. Elle était si dépendante des autres que c’en était déplorable.

Tu me connais, je suis pas très autonome, pas vrai ? Ironisa-t-elle en portant ses lèvres à sa paille pour avaler une gorgée du liquide sucré. Et toi alors ? Je t’ai jamais demandé comment tu vivais en dehors du boulot, c’est comment d’être… comme tu es ?

Onisim I. Svyatoslav
Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 27 Juil - 2:38


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_mmntttqoWq1s5zv6co1_500

Hum.

Objectivement, elle n’avait pas le morale au beau fixe. Cela lui ressemblait et à la fois, cela ne lui ressemblait pas. Elle n’était pas non plus le meurtre incarnée comme la gentillesse incarnée. Tu ne la connaissais nullement en profondeur même si elle restait une collègue de boulot parfaite d’un point de vue professionnel. Si elle n’allait pas bien, il devait avoir une raison. Et boire lorsqu’on n’avait pas les idées claires n’était pas l’une des meilleures choses à faire. Cela donnait à l’alcool un goût amer, un goût d’oubli. Un goût de non plaisir. Un goût maussade qui forçait à finir son boire pour boire.

Au vu de sa réponse première, tu avais hausser un sourcil. Ainsi, la suite te confirmait qu’il y avait un problème et tu en connaissais la source première : Son colocataire. Concernant ta propre personne, tu ne le connaissais absolument pas personnellement. Mais elle t’en avait déjà parler durant les missions et les coups à boire. Tu ne savais pas grand chose de lui hormis qu’il s’agissait de son colocataire. Oui, en fait, tu ne savais rien de lui. Tu ne savais pas s’il s’agissait de son petit ami mais en même temps d’un colocataire ou encore bien d’un frère voire son meilleur ami. Bref, tu étais dans le flou total mais au moins, tu percevais un poil mieux la situation.

Je connais rien non plus à la cuisine, j’crame des pâtes. 

Oui, tu n’étais pas débrouillard pour un sous dans la mesure où l’entièreté de ta vie fut une succession d’opération et nullement une enfance normale. Toutefois, en cinq ans tu avais bien appris à repasser, grossièrement, certes, mais tu savais le faire. Mais la cuisine, ça ne marchait pas. Quand tu ne faisais pas éclater un oignon sous la pression de tes mains bioniques sans le vouloir, c’était le couteau que tu te plantais dans le doigt, déréglant alors l’intégralité de tes circuits, rendant l’une de tes mains totalement inactives. Par conséquence, tu devais stopper ton opération et soudre une nouvelle fois les circuits entre eux durant quelques heures. En soit, c’était une belle galère à chaque fois que tu voulais faire un truc un temps soit peu compliqué.

Buvant une deuxième gorgée de ta boisson fortement alcoolisée tu fronçais les sourcils à l’écoute de ses propos. Tu commençais à comprendre réellement qu’il y avait un problème. Posant délicatement ton verre sur le dessous en bois prévu à cet effet, tu faisais glisser l’un de tes froids doigts andrinoples au sein du contour du dit verre, un léger bruit aigu crispant perçant alors tes deux oreilles humaines. L’une des rares parties de ton imposant corps qui subissait encore quelques douceurs lorsqu’on le caressait. - Chose qui était fausse puisque ton corps était truffé de capteurs plus sophistiqués les uns que les autres -

Arrête tes conneries. Tu manies une arme, tu es débrouillarde. 

Objectivement, le Patron ne prenait pas des bras cassés pour être la colonne vertébrale de la cité des océans et des plus grandes mers de ce monde. Pour dire vrai, tu n’aimais pas les gens pessimistes même si tu avais une tendance à l’être toi-même après quelques coups dans le nez. Mais il fallait dire que tu voyais les choses d’une vision souvent bien différente des autres au vu de tes mésaventures. Parfois, tu aimerais être l’handicapé que tu aurais dû être. Enfermé dans un fauteuil roulant à vie, ne pouvant rien faire de tes deux bras et de tes deux jambes. C’était peut-être ça, la belle vie.

C’est pas parce que tu sais pas faire la bouffe, que tu te laves une fois tout les trois jours même si c’est dégueulasse, que tu sais rien faire de tes dix doigts, et surtout, que tu piges pas ta place dans l’univers que tu n’es pas autonome ou je ne sais pas quelle connerie.

Tu prenais une grande inspiration avant de lui foutre un coup derrière la tête. Pas grand chose  en terme de physique pure mais le contact du métal andrinople et des os crânien engendrait toujours une déflagration sonore que tu appréciais grandement. Elle déconnait, c’était certain. Et pour dire vrai, tu avais presque l’impression de faire la morale. Et tu n’aimais pas ça. Et ça t’énervait plus qu’autre chose. Mais tu avais l’impression que quelque chose n’allait pas, que cela allait mal. Sans pouvoir y faire grand chose.

Me concernant, c’est chiant d’être comme je suis. Mon appartement est sûrement tout autant en bordel que le tien. Tous mes miroirs sont éclatés car je supporte pas de me voir dedans. J’ai des cartons qui traine depuis des années avec mes affaires personnelles à l’intérieur que j’ai toujours pas ouvert depuis mon dernier déplacement et que j’ouvrirais sûrement jamais. Je dois toujours faire attention où je m’assieds de peur de briser la chaise sur laquelle je pose mon gros cul rouge. Quand je suis chez moi, je lis toujours le même putain de bouquin de merde sur les augmentations humaines et la robotique, en sirotant toujours cette même putain de bouteille de merde de whisky la moins chère de l’épicerie en bas de chez moi. 

Tu engloutis ton verre d’un trait, rappelant d’un geste de la main le serveur. Signe de remettre de l’alcool dans le verre.

De loin et en apparence, je suis beau. Mais à l’intérieur et au plus proche, je ne suis rien d'autre qu’un réveil cassé irréparable.   




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Kuon
Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 27 Juil - 13:47

Kuon s’esclaffa. Comment pouvait-on cramer des pâtes ? Mettait-il seulement de l’eau dans la gamelle. L’image l’amusa, elle songea qu’elle n’était pas la seule à manquer d’expérience dans la vie quotidienne. Il but comme pour effacer cette pensée. La jeune femme l’imita. Le cocktail n’était pas mauvais, et le goût du sirop ne masquait pas celui de l’alcool. Tant mieux, de cette façon elle avait vraiment l’impression de boire. Elle aspira une longue gorgée, grimaçant quand Onisim fit crisser son verre du bout de son doigt. Le son lui vrilla les oreilles. Elle tendit la main pour agripper l’index, lui intimant d’arrêter de malmener ses tympans.

Arrête tes conneries. Tu manies une arme, tu es débrouillarde.  

Elle était débrouillarde dans son travail, simplement pas dans sa vie personnelle. Bien sûr Oni ne le voyait pas puisqu’ils ne se fréquentaient pas en dehors de la police et des bars. Il lui balança une nouvelle pique qui ne manqua pas de la vexer à nouveau. A ce train là il allait devoir lui payer plus de verre. Elle n’était pas une femme sale, elle se lavait toujours. En revanche il ne fallait pas lui demande d’être coquette. Elle n’aimait pas les jupes, ni les talons. Oui elle détestait avoir les jambes nues au travail. Elle affectionnait particulièrement son petit tailleur-pantalon noir, le petit côté masculin lui permettait de ne pas trop  se démarquer de ses collègues masculins. Elle allait répondre quand Oni lui colla une petite frappe entre les deux oreilles. Prise de court, elle vit des paillettes pendant un instant, sonnée. Un gros « clong » significatif résonnait dans les os de son crâne comme dans la caisse d’un diapason.

Onisim se décida enfin à répondre à sa question, alors que sa camarade se frottait douloureusement l’arrière de la tête. Au final, il n’était pas très différent d’elle. Elle repensa à cette cicatrice qu’elle détestait tant, sur son flanc, et au nombre de fois où elle avait fondu en larme en se voyant nue dans un miroir. La vie de son collègue était un bordel indescriptible, le genre de bordel que Kuon connaissait bien. A quoi ressemblerait son quotidien si elle n’avait pas rencontré Suzuki ? S’il n’était pas là pour la gérer, elle serait en roue libre en permanence, elle passerait ses nuits à décuver dans des ruelles. La preuve étant que s’il partait, elle ne savait plus rien faire. Elle ne se laissait pas aller parce qu’il lui manquait, non, elle n’était pas dépendante de lui en se sens, elle avait juste besoin de son ami pour mettre de l’ordre dans son existence comme une gamine sans autonomie.

Il se fit resservir. Kuon sirotait toujours son verre avec une lenteur religieuse, laissant le liquide couler dans sa gorge. Lorsqu’elle eut terminé, elle recommanda la même chose en glissant un billet pour les deux consommations. Tandis que le barman secouait vigoureusement le shaker, elle picora une pistache, pensive, étudiant Onisim.

▬  Tu sais, je me lave tous les jours… commença-t-elle, évasive. Mais je suppose qu’on a tous nos tracas. Les miens doivent te sembler bien futiles, mais je suppose qu’on doit vivre avec. J’ai eu la chance de rencontrer la bonne personne.

Du bout du doigt, elle effleura son bras mécanique alors que le barman déposait sa coupe à nouveau remplie devant elle. De sa main libre, elle la saisit et aspira une nouvelle gorgée du coin de la bouche.  

Qui aurait cru qu’une baraque comme toi ne s’assumait pas. Ironisa-t-elle. Mais si tu n’étais pas comme tu es, tu aurais pu être chiant, et on en serait pas là, alors dis toi que ça aurait pu être pire.

Elle avait balancé sans méchanceté. Elle ne savait même pas comment Onisim avait été amené à obtenir un corps pareil. Elle ne lui avait jamais demandé, mais en un sens elle se doutait qu’il ne lui dirait pas. De toute façon les histoires des gens ça ne l’intéressait pas, ils avaient trop tendance à lui demander la sienne, après s’être confié. Elle ne voulait pas parler. La jeune femme aux cheveux corbeau lissa légèrement sa tignasse, chassant ses mèches pénibles qui retombaient constamment devant ses yeux. Ses doigts s’enlacèrent autour de son verre qu’elle leva en direction de son collègue.

A nos déboires !  On est mieux quand on y pense pas, alors buvons pour les oublier.

Elle trinqua et avala un longue gorgée sans sa paille cette fois. Secouant sa cheveulure ébène, elle s’accouda sans grâce au comptoir en soupirant, fixant son verre, le regard vide.

Dire que j’avais dit que je n’en boirais qu’un… comme tous les soirs. Elle rigola et assena un petit coup de poing à son camarade, se faisant mal au passage.  C’est ta faute, tu me pousses au vice !

Onisim I. Svyatoslav
Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 27 Juil - 15:24


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_muiknxDFj01r8l821o1_500

Après contrecoup et réflexion mentale, tu avais peut-être un peu vite craché ton venin de vieux serpent aquatique. Le pavé que tu venais de pondre ressemblait aux paroles d’un ancêtre et antique vieillard qui regrettait sa vie d’avant. Quelque part, c’était pas faux. Mais bon, tu n’aimais pas ça, le contrecoup faisait légèrement mal même si c’était ta pensée la plus profonde. Pourquoi ? Car au plus profond de ta propre personne tu avais l’impression d’avoir une fuite d’huile. Tu n’oubliais jamais que tu étais un être cassé. Brisé. Détruit. Sans aucune chance de survie en dehors d’Okeanos, cette foutue ville sous marine.

La ville d’Okeanos était une belle farce d’un point de vue logique. Pour beaucoup, cette immense métropole était un cocon gargantuesque en dehors des problèmes des autres légions et nations. Sauf que non, en réalité, il s’agissait d’une prison. Un mirage. Une fausse suite VIP pour réussir à faire croire à une population abrutie qu’être au fond des océans était la façon la plus sûre de ne pas mourir. Une issue de secours à 9000 kilomètres sous les mers. En y réfléchissant seulement deux secondes, il avait un problème. Oui, il s’agissait du plus grand tour de magie du monde. L’illusion de la sécurité.

Ouais, ça aurait pu être pire, j’aurais pu naitre handicapé et finir mes jours dans un fauteuil roulant… 

En fait, c’était la vérité pure et simple. Mais elle était suffisamment déguisée et masquée pour faire croire à une douce ironie de ta propre personne. Pour dire vrai, tu aimais bien faire ça. Commenter ta véritable existence d’une certaine manière à faire croire que ta fausse vie aurait pu être bien pire qu’elle ne l’était faussement. Alors ouais, tu avais bien un dossier du gouvernement dans l’un de ses innombrables cartons intitulé : « Historique de couverture d’Onisim I. Svyatoslav. ». En somme, c’était ce que tu devais cracher lorsqu’on te demandait d’où tu venais et comment tu avais eu ce corps. Et malgré le fait que tu connaissais par coeur cette foutue histoire, tu ne la racontais jamais, tu l’évitais.

Tu levais pour la deuxième fois ton verre, cette fois-ci remplie de nouveau, vers les cieux. Ces cieux aqueux au dessus de la tête et toute cette pression qui vous ferez normalement éclater l’encéphale en remontant alors à la surface. Tu avais donné ton corps à la science, alors pourquoi pas ta façon de pensée ? Tu n’étais pas le futur. Loin de là. Le sourire sur tes lèvres, tu trinquais encore une fois. Généralement, tu savais qu’à partir du deuxième verre, l’atmosphère commençait à être un poil plus légère. C’était le chant des sirènes qui t’ensorcelait. Au fond de cette mer nauséabonde de Whisky, elles nageaient, t’attirant à boire toujours plus.

Engendrant la première gorgée de ce deuxième verre, tu souriais avant de lâcher un petit rire face à la réplique de la douce demoiselle à la crinière goudronneuse. Après l’ivresse vient la migraine. Tu l’avais dit et tu le savais que cela allait être son deuxième verre. Elle avait une réputation de bonne buveuse au boulot, d’où son surnom, d’ailleurs. Et une réputation, ça s’entretient, comme un enfant qu’on cajole avec le plus grand des délicatesses. Alors plus rien ne t’étonne dans ce monde qui tourne finalement assez mal, la cause à qui ? À quoi ? Tu ne le savais véritablement mais pour dire vrai, tu t’en foutais ce soir. Regardant la demoiselle émettre un coup de poing contre ton épaule caché pour ta chemise, tu souriais. Aucune sensation. Comme souvent.

T’vas te faire mal ! 

Et le pire, c’est que c’était vrai, il y avait moyen de se casser les os de la main avec cette merde. Le nombre de fois où tu avais vu un débile un peu trop chaud te foutre un coup de poing dans le bide avant d’hurler au scandale. Objectivement, tu avais les abdominaux les plus secs et durs d’Okeanos. Ça plaisait ou cela ne plaisait pas, en bref, tu étais aussi athlétique qu’un mec prenant diverses protéines. Sauf que toi, tu n’avais aucunement de sport à faire. C’était l’un des rares plaisirs de la vie d’un mec comme quoi, défait. Tu attrapais finalement la main de la demoiselle avec laquelle elle venait de te frapper, tes mains bioniques. Beiges et andrinoples. Froides. Glaciales. Sans vie. Attrapant alors la chaire chaude et frêle d’un être humain.

Regarde. 

Tu lui fermais alors le poing et plaça alors ses phalanges contre les tiennes, ton poing métallique tout aussi clos. Si ce monde ne tournait pas rond, c’était car tout le monde pensait en être le centre. La première chose qu’on pouvait voir par rapport à ce geste, c’était la différence de taille. La différence de taille de vos mains. Non, ce n’était pas du vice. Non, ce n’était pas un problème. C’était juste une équation et sa résolution se trouvait dans vos verres respectifs.

Ma main fait deux fois la tienne. Et en poids, sûrement quatre fois plus. Tu penses pas que le vice ça serait plutôt moi plutôt que de boire un peu trop ? 

Finalement, tu lui lâchais la main, lui tapant doucement comme si tu faisais un « check » de jeunes. Après tout, vous étiez jeunes, il ne fallait pas l’oublié. Il y avait bien pire dans la vie que de boire durant un soir sans faire chier personne. Mais un jour cela viendra.

Ne t’inquiète pas pour nos vices, je m’inquiète beaucoup plus pour les enculés qu’on balance en cage à la prison Lacum. Et puis, c’est quoi le vice ? Boire, un coup d'une nuit ? Se foutre de la gueule d’un mec robotisé à plus de 90% ? Non, c’est juste vivre. T’arrive à vivre, toi, sans ton colloc’ ou t’auras toujours besoin de lui ? 

Sourire amical.



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Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 27 Juil - 18:06


Effectivement, elle s’était fait mal. Elle aurait du se douter que taper un peu fort dans ce membre mécanique n’était pas la meilleure des idées. Kuon secoua sa main endolorie, grimaçant de douleur. Les articulations avaient craqué sinistrement au moment du choc. Il fallait dire qu’avec sa force de hamster courbaturé, elle ne risquait pas de lui faire mal. Y avait-il d’ailleurs une seule personne sur Atlas capable de lui tenir tête ? Elle en doutait. Pas à main nue en tout cas. Il devait bien avoir des défauts, mais ils ne devaient pas être utilisable dans le cadre d’un combat au corps à corps. De toute façon, quel intérêt aurait-elle eut à y réfléchir. Elle ne comptait pas lui faire de mal, et ne le pouvait sans doute pas. Onisim saisit sa main. Elle se laissa faire, le bras mou, tandis qu’il englobait ses doigts dans son immense main bionique. La jeune femme frissonna au contact froid du membre bionique contre sa peau. Il plaça son poing face au sien et les compara. Elle était obnubilée par la prothèse métallique. Rouge et ocre, elle semblait terriblement organique et pourtant… Sa taille et sa force, pour l’avoir vu en action, n’avaient rien d’humaine. Il aurait pu broyer les os de l’agent de police simplement entre son pouce et son index. Il relâcha son poignet et cogna son poing contre celui de sa collègue dans un salut amical.

Ne t’inquiète pas pour nos vices, je m’inquiète beaucoup plus pour les enculés qu’on balance en cage à la prison Lacum. Et puis, c’est quoi le vice ? Boire, un coup d'une nuit ? Se foutre de la gueule d’un mec robotisé à plus de 90% ? Non, c’est juste vivre. T’arrive à vivre, toi, sans ton colloc’ ou t’auras toujours besoin de lui ?

Elle soupira, aspirant une gorgée d’alcool en faisant mine de réfléchir. Penchée sur son verre, elle écarta une mèche de cheveux qui lui chatouillait le nez avant de s’en retourner vers Oni, un petit sourire aux lèvres.

Je pense que oui. J’aurais toujours besoin qu’on soit après moi. Ça a quelque chose de rassurant de savoir qu’il y aura toujours quelqu’un pour veiller sur moi, quelques soient mes bêtises. La dernière fois qu’on m’a laissé gérer quelque chose seule, j’ai fini à l’hôpital… Enfin, laissons Suzuki là où il est, il serait déjà suffisamment en pétard de me voir ici.

Elle frissonna  à l’évocation de l’incident d’il y a trois ans. Les joues rosies, elle avala vite un peu de cocktail pour chasser le goût amer de ce souvenir. Pourquoi fallait-il toujours qu’elle y repense aux moments les moins opportuns ? D’un côté, elle avait rencontré Suzuki grâce à cet évènement. Il avait marqué un tournant important dans sa vie. Regrettait-elle ce changement ? Devait-elle accepté d’avoir sacrifié accidentellement quatre vie et bousillé plusieurs autres et assumer d’être plus heureuse à présent ? Cette idée lui colla un haut-le-cœur.

Sa réflexion fut entravée par des cris de triomphe qui emplirent soudain la pièce. Un homme pleurait de joie devant l’une des machines à sous qui crachait un flot de pièces d’or en clignotant dans tous les sens. Un chanceux songea-t-elle, un type rare en lui-même. Elle l’observa remplir son seau avec ses gains et quitter le casino d’un pas bondissant. Affligé par la futilité de ces types, à danser pour quelques ronds métalliques, elle s’accouda sur le comptoir en finissant son verre d’une traite.

N’empêche, articula-t-elle en secouant plusieurs fois la tête pour chasser la brûlure de l’alcool dans sa gorge. Je crois que t’es un gars bien. Ça m’étonne que tu n’ais pas trouvé quelqu’un pour mettre de l’ordre dans ta vie. Parfois il suffit de tomber et de voir qui t’aidera à te relever… Bon dans ton cas il faudra une dizaine d’hommes, peut-être bien quinze même.

Tournant la paille dans le verre vide, elle rigola doucement, fermant les yeux. Elle sentait la douce chaleur de l’alcool s’emparer de son corps, la rendant plus bavarde, plus sincère peut-être. Elle attrapa au vol le barman qui passait devant elle et lui commanda un whisky. Elle ne prenait pas d’alcool fort pur habituellement, mais le liquide couleur miel dans le verre d’Oni l’attirait. Elle se fit servir et trempa prudemment le bout des lèvres dans le verre. L’alcool lui brûla les lèvres. Elle saisit le verre et le vida d’un coup en grimaçant sévèrement.

Comment tu peux boire ça ? Demanda la jeune femme en tirant la langue, désignant son verre vide.


Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 27 Juil - 20:54


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_mgem15Z7VU1rslcoko1_500

Tu étais perdu d’avance encore une fois. Mais au moins, tu avais eu ta réponse. Laquelle ? Celle de savoir si cette petite était autonome ou pas. Revoir ton jugement à son propos ? Non, nullement besoin. Les réputations se faisaient et se défaisaient avec un certain plaisir. Faire le caïd pour une bille ? Non, c’était pas ton genre, loin de là. Tu préférais partir comme un samouraï, le katana sur la main. L’honneur en tête. Mais la petite avait peut-être raison, avoir besoin d’une personne derrière soin était un gage de sureté. Un gage de sureté que tu ne pouvais pas avoir. Tu l’enviais ? Peut-être.

Ici, les gens différents ça inquiète. Tu ne connaissais pas l’existence de la demoiselle alors à l’évocation du mot « Hôpital » un sourcil s’arqua. Cela pouvait bien être pour un lavement d’estomac comme pour un problème beaucoup plus grave. Tu exagérais peut-être intellectuellement la lourdeur de ses propos mais au vu du ton qu’elle avait, ce n’était pas pour les dents de sagesse. Que la catin de hier devienne la princesse d’aujourd’hui. En soit et plus précisément, qu’importe ce qu’elle avait pu faire dans le passé, tu t’en foutais. Tu ne la connaissais pas il y de cela plusieurs années alors qu’importe. Tu détestais avoir un jugement sur les actes des gens. Vraiment.

Quinze ? Une légion entière.

Tu exagérais, mais tu aimais le croire. Tu aimais croire que tu étais un homme puissant et imbattable. Alors oui, tu n’avais pas peur des coups de poing mais tu avais peur des coups de couteau et des balles comme chaque être humain. Ton corps était conçu comme celui d’un être humain mais ça, encore fallait-il le comprendre. Pour en revenir à la policière, tu savais aujourd’hui que son colocataire était une branche. Une branche sur lequel Kuon s’appuyait presque quotidiennement, elle en avait besoin et tu le comprenais, toi, tu étais ce vieux singe assis sur sa branche. Tu ne t’en servais pas pour avancer. Et puis quoi encore ?

Tandis que tu buvais une gorgée du fin liquide ambré reposant au sein de sa cage transparente, l’amenant à moitié de son poids initial, que l’avarice et la chance gagnèrent en même temps. Grognant légèrement, montrant les crocs comme tu le faisais souvent, - tic - tu prenais appuie sur ta main gauche avant d’effectuer une rotation à 180 degrés vers la source de déflagration sonore. Le spectacle te filait allègrement la gerbe. Tu n’aimais pas voir ça. Les gens heureux. Tu avais toujours eu du mal et tu savais pertinemment que tu en aurais jusqu’à la fin de ta chienne de vie. Paix à son âme et à son esprit corrompu. Tu pensais qu’Okeanos le jugerait en conséquence de ces actes.

Tu te retournais immédiatement, faisant abstraction de ces bruits malsains, finissant sans t’en rendre compte ton verre un peu avant la demoiselle. L’alcool montait délicatement au sein de ton enveloppe corporelle mais surtout et plus précisément, au niveau de tes joues. Tu avais du mal à ressentir la chaleur au niveau de ton corps même si l’intérieur bouillonnait. C’était une étrange sensation, comme celle d’une explosion absorbée par un trou de verre. Enfin, du moins, tu supposais. C’était dans la rédemption que tu trouveras ta véritablement voie Reportant par conséquence ton attention première vers la demoiselle aux formes alléchantes. Oui, l’alcool désinhibait. C’était bien connu.

Si je tombe encore une fois, Kuon, je crois que je ressemblerai entièrement à un robot si tu vois ce que je veux dire.

Pour illustrer tes propos, tu désignais à l’aide de ton index rubigineux ton crâne. Ouais, il ne fallait pas croire que tu ne tenais pas à la dernière partie de ton corps où il restait un brin de peau humaine. En vérité, si tu n’avais pas répondu sur la question de la femme parfaite juste avant ta plaisanterie sur les légions d’honneur. Oui, tu préférais ne pas connaitre la femme de ta vie avant un bon moment. Enfin, si Kuon parfait bien d’une femme. Du moins, c’était ce que tu en avais compris de ces propos. La regardant commander un verre du même breuvage que toi, tu savais pertinemment que cela n’allait pas le faire. Une femme qui buvait du whisky ? Non, pas dans ton monde. Pas que cela ne devait pas être fait, mais c’était grandement moins sexy qu’un cocktail.

Et finalement, tu éclatas de rire. Le genre de rire franc et vrai. Nullement un rire luciférien ou encore bien vipérin pour se moquer d’elle. C’était un bon rire chargé d’alcool. L’alcool rendait les gens vrais. Et aujourd’hui, à ce moment précis, il s’agissait d’un véritable moment d’authenticité. La regardant, sa mine maussade, elle n’aimait pas ça. Oui, au vu de la gueule qu’elle tirait, elle n’aimait véritablement pas ça. Te calmant doucement, tu attrapas le verre de la demoiselle à l’aide de deux doigts et rejoint le tien avec ton autre main. Sifflant le serveur, ce dernier se retourna, le visage mauvais.

Deux whisky.

C’était sec mais humble à la fois, tu tirais un énième billet de la poche arrière de ton pantalon avant de revenir vers ce petit bout de femme au visage encore sûrement crispé.

Vomi pas, hein. Ou ravale, au pire. 

Tandis que l’esclave loyal derrière la buvette pour adulte remplissait encore une fois les verres, vous surveillant du coup d’oeil - L’établissement avait quand même une certaine réputation - tu le remerciais rapidement avant de tapoter dans le dos de la demoiselle. Oui, tu étais tactile comme mec, finalement. Mais là, c’était plus pour qu’elle puisse s’en remettre. En même temps en une soirée, tu lui avais foutu un coup derrière la tête, éclater les phalanges et tapoter le dos. Bref, tu te faisais plaisir, même si elle devait avoir un peu mal de partout.

Le whisky, ça se savoure. Pas cul sec. C’est de l’or liquide, pigé ?

Tu portas le tien à tes lèvres, ton corps tourné toujours vers la demoiselle.

T’es une fille bien aussi, Kuon. Mais toi comme moi savons pertinemment que nous sommes des solitaires. On s’ouvre pas facilement. Souviens-toi lorsqu’on commençait les missions ensembles au boulot, ça causait pas beaucoup et c’était plutôt morose. On est fait pour trainer avec les gens de notre espèce, comme une sorte de sélection naturelle. D’évolution.

Le visage ferme. La voix ombrageuse. C’était l’expérience qui parlait. C’était l’enfant meurtri, éduqué par le Gouvernent qui parlait. C’était ce corps parfait qui parlait. Ce n’était pas Onisim.

Loin de là.



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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 27 Juil - 23:15


Onisim éclata de rire. Vexée, Kuon replongea son nez dans le verre vide, fixant le reste de liquide ambré qui tapissait le fond du récipient transparent. Elle releva la tête, horrifiée lorsque son camarade réclama deux nouveaux whiskys. Il ne comptait tout de même pas lui en faire boire un second ? Et pourtant si. Elle grimaça à la blague.

T’es dégueulasse.  Elle rit bêtement avant de lancer un regard dubitatif aux verres pleins qu’on venait de vous servir.

Oni lui tapota l’épaule. C’est lui qui allait la faire vomir à force de la brutaliser ainsi. Concentrée par l’alcool en face d’elle, elle n’écouta qu’à demi le discours de son collègue sur le whisky. De l’or liquide ? Kuon n’aimait pas les trucs dorés, c’était encore trop riche pour elle. Il avala une gorgée. Le visage crispé par l’écœurement,  elle enroula ses doigts fins autour du verre frais et le porta prudemment à ses lèvres. Elle prit une gorgée et reposa le récipient sans délicatesse, agitant ses cheveux avec une mou dégoutée. Non, vraiment elle n’aimait pas ça. Elle laissa glisser le verre jusqu’à Oni, lui indiquant qu’elle le laissait finir. Montrant sa coupe au barman, elle lui indiquait qu’elle souhaitait reprendre un cocktail, agrémentant ses paroles d’un nouveau billet qu’il s’empressa d’encaisser.

▬  Désolée, c’est vraiment trop fort pour une fille fragile comme moi. Dramatisa-t-elle en se tournant vers Oni.

T’es une fille bien aussi, Kuon. Mais toi comme moi savons pertinemment que nous sommes des solitaires. On s’ouvre pas facilement. Souviens-toi lorsqu’on commençait les missions ensembles au boulot, ça causait pas beaucoup et c’était plutôt morose. On est fait pour trainer avec les gens de notre espèce, comme une sorte de sélection naturelle. D’évolution.

▬  Tu es sûr que nos motivations son bien les mêmes ? J’ai toujours été timide et maladroite, l’enfance. Tu ne m’as jamais semblé réservé. Est-ce que tu crains le regard des gens ?

Le barman déposa le cocktail devant la jeune femme qui l’ignora un instant, concentrée sur l’expression d’Oni. Elle n’y avait jamais vraiment songé, mais comment les gens pouvaient-ils bien le voir lui ? Et comment le vivait-elle ? Elle n’avait jamais eu le problème de se soucier du regard de son peuple. Petite, discrète et silencieuse, elle passait inaperçu, contrairement à Onisim qui devait trimbaler son énorme corps improbable partout avec lui. Avait-elle été choquée en le rencontrant ? Elle n’était pas sûre de s’en souvenir. Elle était tellement inexpressive qu’il était souvent difficile de connaître ses sentiments. Rien ne passait par le visage.

A Okeanos, on voyait des tas de choses étranges. Le progrès faisait partie du quotidien. Chacun pouvait librement inventer, créer, si bien que les bizarreries on en croisait partout dans la cité. Sans parler de ces énormes êtres plus ou moins difformes qui nageaient parfois autour de la ville. En revanche, les humains améliorés, modifiés, ça ne courrait pas les rues. Il y avait bien quelques prothèses bioniques qui se promenaient ici et là, rendant services à des amputés chanceux. Onisim était une singularité de Galiea, sans l’ombre d’un doute. Cela faisait de lui l’un des citoyens les moins chiants de la ville.

Tournant la paille dans l’alcool coloré par le sirop, Kuon se demandait s’il existait un poisson capable de nager dans le rhum. Question idiote. L’alcool lui montait à la tête. Elle éclata de rire pour rien. Elle riait toujours pour rien quand elle buvait.

Regarde-les ces idiots, à jeter leur argent dans des machines, à la gueule du destin. Le frisson du hasard qu’ils disent. Ils feraient mieux de financer la police, c’est quand même grâce à nous qu’ils peuvent dépenser l’argent qu’on ne leur a pas piqué. Elle aspira une gorgée. Cette société me tue, mais qu’est ce que je l’aime. C'est con hein ? Mais je m'y sens bien.

Elle observa son voisin, tournée vers lui, la tête reposant sur la paume de sa main.

C'est eux notre espèce, ça fiche les boules de l'admettre, mais c'est eux. La boule pleine de peau qui te sert de peau en témoigne.

Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Mar 28 Juil - 17:02


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_nblpap3CtV1titzlso1_500

Une erreur ? Non. Au moins, ton verre te revenait de droit et tu buvais ce que tu venais de payer. Mais il était triste de voir qu’elle ne supportait pas cet alcool que tu appréciais tant. Les goûts et les couleurs, de toute façon. Ses reins lui diront merci dans quelques années à la différence des tiens qui souffraient en permanence. Sans rien dire. Acceptant les nombreux liquides. Similaire à l’esclave bohémien qui voyait le fouet comme son meilleur ami. Sauf que cette fois-ci, Kuon te jetait le fouet à la gueule, refusant son pouvoir séducteur. Tu avais donc pris sous ton aile ce verre légèrement entamé. Comme un baiser indirect.

Tu avais perdu une chose entre ici et là. Tu attendais, mais aucun signe, hélas. La demoiselle a la gorge enflammée subtilisa ton nouveau verre du liquide ambré, -  être un homme, cela prenait du temps - par un deuxième cocktail. Elle menait toujours cette légère avance en terme d’alcool dans le sang, et il ne fallait pas qu’elle te plante, plongeant en ne voyant pas l’obscur devant la scène. Car oui, toi, tu entendais déjà ton heure venir. Alors tu profitais de chaque seconde de cette chienne d’existence qui te menait par le collier, par la chaine rouillée du Gouvernement.

Tandis que tu revenais peu à peu vers l’un des deux verres d’alcool se positionnant en face de toi, te narguant, tu attrapas d’abord le tien, en bu une bonne gorgée et le reposa. Soit tu subis soit tu mets les coups. Il fallait voir le monde avant d’être rappeler par le Dieu Okeanos. Mais tu préférais être là, enfoui dans la misère et la richesse, le film de ton existence brisé et brûlé par l’alcool et la gangrène. Tu étais la copie conforme d’un monstre qui ne cherchait que son propre petit confort. Effaçant tes sens à l’aide d’un verre de trop.

Elle éclata de rire. Comme toi, c’était chacun son tour. Une danse osée et colorée par les différentes bouteilles d’un bar un peu trop précieux pour ta propre personne. Tu haussais un sourcil en voyant cette réaction assez particulière avant finalement de sourire. Tu mettais ça sur le compte de l’alcool sans chercher véritablement à comprendre pourquoi et comment. L’expérience parlait à ta place pour une fois plutôt que ce foutu corps. Tu ne faisais pas parti d’un projet beaucoup plus grand que toi. Tu dormais comme un narcoleptique. A moitié éveillant et à moitié dans les vapes, tu comprenais que tu étais sur un nuage en voyant Kuon. Le pousse-au-crime tapait sur ton système nerveux et l’information se retrouvait déformé. Alors tu rirais toi aussi, pour rien, plus calmement.

Pourquoi financer quelque chose dont-ils ignorent l’existence ? Un esprit limité est facilement manipulable tandis qu’un esprit ouvert est une forteresse dont les soldats sont absents. Nous, nous marchons dans les pas dOkeanos car nous suivons les préceptes de la sainte religion. Ils comprendront lorsque l’ultime bataille éclatera. Seul la mort les séparera de leurs machines avides d’argent. Nous, seul la mort nous séparera de notre arme de service, dans les explosions et la brume. Un monopole différent du bon goût. L’Univers appartient à Okeanos et à notre nation, et quiconque le nie ou le refuse est un ennemi qui doit être écraser sous la botte de la nation.

Tu ressemblais grandement à un fou furieux religieux en balançant ce pavé. Mais au sein de cet immense Casino Indicium, ce dernier ne contenait pas seulement le peuple d’Okeanos. Bien au contraire.  Un simple coup d’oeil et tu remarquais des membres des autres nations. Que cela soit les sauvages. Les bourgeois et enfin, les perdus.  Toussotant légèrement, tu finissais d’une traite ton premier verre d’alcool sans rien dire de plus. Cela ne servait à rien de dire plus. Objectivement, tes paroles engendraient la peur pour beaucoup. Finalement, tu désignais d’un doigt ocre un membre de Caelestis derrière sa machine à sous.

Regarde le. Membre de Caelestis. Riche. On le reconnait grâce aux plumes sur son costume. Toutefois, il ne comprend pas qu’il ne suffit pas de se mettre une plume dans le cul pour ressembler à un coq.

Tu lâchais un léger rire suite à ta remarque avant de finir le verre que la demoiselle t’avait remis. D’une traite comme elle avait fait pour son premier. Tu repensais à ses propos. Objectivement, elle n’avait pas tord. Tu étais un humain avant d’être un membre de la nation des mers. Vous êtes tous similaires. Le même sang. Le même objectif : La survie.

Tu sais, je n’ai pas que ma tête comme morceau restant de mon ancienne vie, de ma « peau »…

Finalement, tu te levais de ton tabouret dans un lourd bruit. Mécanique.

Et je vais te le prouver en allant pisser de suite, commande moi un autre verre, s’il-te-plait.

Oui, l’alcool ça tapait.




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Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Mar 28 Juil - 23:38


Charmant... Souffla Kuon alors que son partenaire quittait son tabouret. Oui, elle était véritablement ravie de savoir qu’il y avait encore une part organique dans ce corps robotique, comme un îlot toxique au cœur de la mer au fond de laquelle ils vivaient. Blague à part, elle lui souhaita un bon pipi en ricanant avant de s’en retourner à son cocktail qu’elle se mit à siroter pensivement, écoutant les pas de géant de son collègue s’éloigner sur le moelleux de la moquette. La paille en bouche, elle aspirait de temps à autre une petite gorgée qu’elle laissait couler dans sa gorge, les yeux fixés sur les bouteilles alignées derrière le bar. Le serveur faisait des allers retours, piochant à chaque fois dans les étagères. Il mélangeait habilement les liquides à la demande des clients attablés autour du comptoir en demi-cercle. Derrière les alcools, des miroirs permettaient au consommateur de se voir. Pourquoi ? Quel était l’intérêt de se regarder boire ? Kuon n’était pas sûre de comprendre. Elle vit en revanche que ses joues avaient rosies sous l’effet du breuvage, et qu’avec sa chevelure hirsute, elle avait l’air d’une sacrée pochtronne. Son reflet la fit rire. Elle avala le reste de son verre et le repoussa vers le centre du bar.

Je vous resserre ? S’enquit le barman en s’arrêtant devant elle, une bouteille à la main destinée à remplir le verre d’un homme trois tabourets plus loin.
S’il vous plait. Répondit la jeune femme en lui tendant son verre. Et remettez un whisky pour Monsieur. Ajouta-t-elle en désignant le siège vide. Le serveur acquiesça, débarrassa les deux verres et s’en alla servir le type qui semblait s’impatienter. Il revint un instant plus tard et vida le contenu de son shaker dans une coupe propre qu’il agrémenta d’une tranche de citron vert. Il versa une nouvelle rasade du liquide couleur miel à l’attention d’Onisim. Kuon glissa un billet hors de sa poche que le barman empocha avant de s’éloigner, essuyant machinalement un verre sur un pan de son tablier noir. Ça lui donnait un air plus distingué, le noir, à l’image de l’établissement en soit. C’était bien loin du type qui servait dans le petit pub miteux qu’il y avait en bas de chez elle, et qu’elle fréquentait en l’absence de Suzuki quand elle n’avait personne avec qui sortir. Un petit bar poussiéreux comme prisonnier d’un autre temps, où les hommes buvaient des bières en gueulant fort et en se tapant dessus à l’occasion.

Kuon n’habitait pas les beaux quartiers de Galiea, ni les mieux fréquentés. La police payait bien, mais pas suffisamment. Bien sûr, avec leurs deux salaires, Suzuki et elle auraient pu louer quelque chose de plus grand, et de mieux placé. Cependant Kuon n’était pas chez elle, bien qu’elle participe au loyer, elle considérait toujours qu’elle vivait chez son ami, elle était son invité. Et puis elle aimait bien leur petit appartement, il avait quelque chose de chaleureux. Certes il y avait un peu de bruit parfois, les cloisons étaient très fines, mais elle aimait ça. Ça la rassurait le soir quand son colocataire rentrait tard et qu’elle se couchait avant lui de l’entendre rentrer dans la salle de bain. Elle écoutait couler l’eau de la douche à travers le mur et ça l’endormait. Parfois elle lui parlait même, et il lui répondait. Elle se fichait de l’intimité du moment qu’il ne voyait pas son flanc gauche. Ils étaient passés au delà, et Kuon n’avait jamais été pudique.

Il n’empêche qu’Onisim prenait son temps. C’était si difficile que ça de baisser sa braguette avec une main bionique ? N’ayant toujours pas toucher à son verre, elle tournait sur son tabouret comme une enfant, étudiant au passage le type que son collègue lui avait désigné comme étant un citoyen du ciel. C’est vrai qu’il avait une sale tête, comment ne l’avait-elle pas deviné plus tôt ? Elle était profondément irritée de voir des étrangers sur leurs terres, ou plutôt dans leur mer. L’oxygène d’Okeanos devrait être réservé aux vrais hommes des profondeurs, pas à ces nantis sans ambitions autres que de jeter leur argent à la figure des machines en acier. C’était répugnant. Elle loucha sur l’homme un long moment, l’observant se pavaner devant une table de poker en discutant sur un ton de conversation avec le croupier qui n’écoutait pas. Il critiquait le jeu comme un type qui a l’air de s’y connaître sans jamais avoir posé ses gros doigts sur un as de trèfle. Pathétique.

Des pas lourds au loin annonçait le retour d’Onisim. Elle tourna d’un demi sur le tabouret pour le voir arriver, poussant le verre plein vers lui. Il reprit sa place au bar. La jeune femme se demanda quel était le degré d’alcoolisation dans l’urine de l’agent de police. Moyen sans doute, peut-être l’équivalent d’un vin. Il était encore tôt après tout. Elle songea que pour se poser ce genre de question, elle devait commencer à ressentir plus amplement les effets de l’alcool.

Alors on a fait un bon gros pipi ? Taquina-t-elle en soufflant dans sa paille comme une enfant qui fait des bulles. J’aurais pensé qu’avec un corps pareil, tu aurais une vessie avec une contenance supérieure à la moyenne. Je suis déçue. Elle secoua ses cheveux dans un éclat de rire. Je vais t’attendre un peu quand même, c’est déjà mon quatrième, tu vas encore devoir me ramener sur tes épaules.

Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Mer 29 Juil - 16:33


▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_nmgtfiAzpw1s6l50qo1_r1_500

C’était dans une marche presque perturbée que tes sens naviguaient plus ou moins dans un liquide cérébro-spinal alcoolisé. Oui, cela était follement perturbant mais tu connaissais ça. Depuis pas mal de temps. Et si les scientifiques voyaient dans l’état dans lequel tu allais finir aujourd’hui, ils hurleraient fortement au scandale. Un monstre de plusieurs millards de pièces d’or qui bousillaient son avenir dans un énième verre de whisky. Où était le problème ? Sûrement dans le fait que le Gouvernement ne t’avait nullement crée pour cette tâche aussi vaine et malsaine. Boire, boire, boire et encore boire. Pisser. Vomir. Recommencement. Le serpent se mordait la queue.

Clignant plusieurs fois des yeux, passant ta main sur tes paupières, les massant délicatement, tu grognais en poussant maussadement la porte des toilettes pour hommes. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs et c’était finalement dans un lourd pas que tu disparaissais au travers d’un urinoir solitaire, entouré par la solitude complète de la vie. Et dans la mesure où tu commençais à boire un peu trop d’alcool fort, tu vacillais légèrement vers l’avant. Et pour dire vrai, il fallait une foutue concentration pour viser la petite dosette à la menthe d’Eathea qui permettait de pas sentir la chaude urine que tu déversais aujourd’hui en même temps que ta subtilité mal placée. Ouais, c’était dur.

Putain… 

L’alcool faisait pisser, c’était un vecteur bien connu et pour dire vrai, t’avais une vessie aussi petite que le cerveau d’un sauvage du peuple de la terre. Pour le bien suprême de votre nation, il fallait clore l’existence des trois autres nations. C’était sur cette pensée que tu remontais prudemment ta braguette. Car si le restant de ton corps était fait d’acier, ce que tu tenais entre tes deux mains ne l’était absolument pas et s’en retrouvait plus que vulnérable. Surtout dans un état second. Sautillant sur place pendant quelques mili-secondes, ton imposante enveloppe corporelle se dirigea vers les éviers.

Car oui, ton corps métallique était imperméable à l’eau. Du moins, à une quantité plus ou moins correcte. Il fallait que tu fasses attention mais tu pouvais prendre un bain sans craindre un problème quelconque. La technologie te permettait d’obtenir cette espèce de nonchalance en percevant ce monde. C’était machinalement et sans mauvais jeu de mots que tu te lavais les mains. Eau froide. Savon. Eau froide. Sécheur mécanique qui faisait à chaque fois le même putain de bruit qui déchirait les tympans. La technologie savait reconstruire un corps mais nullement foutu de construire ce genre d’engin silencieux. Le monde ne tournait plus rond, c’était une bien belle certitude.

Et c’était finalement le sourire aux lèvres, une main dans la poche de ton pantalon que tu repartais de cet endroit le corps plus léger. L’objectif premier était de percevoir de nouveau Kuon dans cette marée avide d’argent, de luxe et d’avarice première. Pas que ton esprit te jouait vaguement des tours mais il était toujours compliqué de trouver la place qu’on devait avoir au sein du monde. Après quelques recherches bien vaines, tu retrouvais enfin ton siège, soufflant presque bruyamment. Ton oeil, tu perçus ton verre et de l’autre, tu regardas rapidement Kuon, les joues andrinoples par l’alcool qu’elle avalait depuis le début de la soirée.

Ouais, il était bien jaune. 

Tu prenais une première gorgée du liquide, brûlant légèrement ta gorge.

Eh non, tous mes organes sont normaux, 100% naturel et bio. Je reste humain comme tu l’as dit. Merci pour le verre, au fait. 

La regardant faire des bulles, tu souriais encore une fois. A chaque fois que tu buvais avec elle, au bout d’un certain temps, cela partait en couilles. La rigidité et la froideur des deux camps disparaissaient pour voir apparaitre deux grands gamins d’une vingtaine d’années. Plus de pression sociale. Plus de barrière. Juste une franche part de rigolade qui amenait généralement à un réveil compliqué dans la douleur. Mais tu aimais boire avec elle, c’était une certitude. Le verre entre tes doigts sanguins et d’un brun clair, tu faisais légèrement tourner le fin liquide jaunâtre ombreux sur lui-même, formant alors un léger tourbillon dans lequel ton esprit fut aspiré pendant quelques secondes avant de revenir vers la demoiselle.

Théoriquement, j’ai plus d’alcool dans le sang que toi. Je bois de l’alcool pur… J’suis à combien, moi ? Troisième ? J’suis sûr que j’en suis à mon quatrième en fait, tu veux me faire boire ! 

Ça, c’était la théorie. Pour dire vrai, tu voulais juste ne pas avoir l’air d’une gamin qui buvait moins et surtout, tu avais le mauvais réflexe de ne jamais compter le nombre de verre que tu buvais. Tu préférais voir sur le moment si ton estomac supportait ce qu’il avait dans le ventre.

Par contre, si tu montes sur mes épaules, je tombe. Pas que t’es lourde ou quoi, hein. Mais je crois que mon centre de gravité penche légèrement vers l’avant. 

Oui, l’alcool tapait comme déjà dit. Tes propos étaient moins construits et finalement tu rougis au vu de ce que tu venais de sortir. Une teinte qui se mariait à merveille au carmin du reste de ton corps. Certes, il ne s’agissait pas de grand chose mais la gêne était bien présente.

Je pense que la réelle question pour ce soir, ça va être, qui ramène qui ? 

Sans prévenir, tu attrapais le verre de la deuxième, lui ôtant la paille de son visage avant de le saisir et de mettre cette dernière entre tes deux commissures enflammées. Aspirant un léger filet du contenu, tu grimaças immédiatement dans une légère moue. Dans un étrange délicatesse, tu ôtais la paille de tes lèvres à l’aide de deux doigts avant de reposer le verre de la demoiselle à la crinière défaite en face d’elle.

Comment tu peux boire ça ? 

Réciprocité.
Situation inversée.



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Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Jeu 30 Juil - 16:12

Théoriquement, théoriquement, la théorie n’était visiblement pas son truc. Ne savait-il pas qu’on adaptait les doses en fonction de l’alcool ? Ce n’était pas parce que sa tequilla était diluée deux fois dans la grenadine et le jus d’orange qu’il n’était pas présent. En d’autres termes, ils en étaient au même stade. La différence résidait dans leur morphologie. Avec son petit corps chétif, Kuon était plus vulnérable face aux assauts de l’alcool. Suivant cette hypothèse, la personne qui raccompagnerait son camarade serait techniquement Onisim. Cela dit, il fallait prendre en compte un second paramètre, la condition d’Oni. En tant qu’homme bionique, quelle était sa résistance à l’ivresse ? Kuon n’avait jamais été en état de comparer, car ses idées s’évanouissaient systématiquement dans une fleur de vapeur passé une certaine heure dans la soirée.  

Pendant qu’elle réfléchissait à tout cela, Oni s’était saisit de son verre, lui arrachant la paille de la bouche. Quelques gouttes du liquide orangé volèrent jusque sur ses lèvres qu’elle lécha en fronçant les sourcils. Comme elle un peu plus tôt, il ne sembla pas apprécier les saveurs édulcorées du cocktail. Un truc de nana sans aucun doute. Rien que le nom, Tequilla Sunrise. Une appellation romantique pour des jeunes femmes comme elle. Elle s’imaginait sur une plage bordée par l’océan d’alcool translucide dans lequel plongeait un soleil cuivré. Jolie métaphore. Elle n’en retint que l’océan d’alcool.

Laisse tomber, tu ne peux pas comprendre, c’est une boisson de fille. Elle lui reprit son verre et avala une longue gorgée comme pour illustrer ses propos. On a pas la constitution pour boire des trucs secs comme vous les hommes, mais pour que ce soit juste, et que vous ne soyez pas les seuls à vomir et nous à ramasser, on dilue le tout dans un truc qui adoucit. Moi c’est la grenadine. Tu devrais essayer avec de l’huile de vidange, ça serait peut-être plus à ton goût. Ironisa-t-elle en tapotant sa carlingue du doigt.

Elle eut un petit rire. Se rejetant en arrière sur son tabouret, elle le fit tourner sur lui même, observant son entourage à mesure qu’il tournait, et ralentissait, jusqu’à s’immobiliser complètement face à son collègue. Elle le dévisagea un instant, une moue maussade sur le visage.

Je t’embête avec ton corps, mais je me rends compte que c’est peut-être blessant pour toi. Est-ce que ça l’est ?

Elle n’avait jamais posé la question. Ce n’était pas vraiment son genre de faire dans le sentiment après tout, et c’était encore plus vrai depuis qu’elle était dans la police. Kuon n’avait jamais été très empathique, mais elle avait carrément supprimé toute forme de compassion. Eprouver de la pitié pour les personnes qu’elle pourchassait était sans intérêt. Elle avait appris assez rapidement que faire confiance à ces gens était vains, et que seul l’égoïsme et l’insensibilité lui permettraient de survivre dans cette industrie. Ça n’avait pas été compliqué. Enfant, elle était timide et ne parlait presque à personne. Quand on la blessait, elle ne faisait que se rassembler au maximum, se rouler en boule comme dans une carapace pour attendre que ça passe. La jeune femme était toujours partie du principe que tout le monde fonctionnait comme elle, dans le déni des émotions des autres. Etrangement l’alcool la rendait étrangement mélancolique, si bien qu’elle avait soudain envie de connaître le ressentit d’un homme bionique.

Il y eut un bourdonnement sourd. Kuon sursauta et faillit dégringoler de son tabouret. Elle se raccrocha au rebord du comptoir, le cœur battant. Elle n’aimait pas les bruits soudain, ça lui rappelait de trop un certain jour de 1012. La musique s’était mise en route de l’autre côté du bar. Un truc criard et rythmé, le genre de musique entrainante qui vous faisait tapoter du pied convulsivement. Ou du doigt. Kuon tapota du doigt, parce que perchée comme elle l’était sur son siège, son pied était loin de toucher le sol. Elle avala une gorgée de grenadine à la tequilla en observant des gens qui s’avançaient sur la piste de danse. Elle lâcha sa paille et se laissa glisser sur le sol. Depuis le temps qu’elle était assise, ses jambes fourmillaient d’envie de bouger.

Je vais danser. Annonça-t-elle. Elle hésita à l’inviter, mais préféra lui laisser le choix de la suivre ou non. Bois pas dans mon verre, t’entend ?

Elle s’éloigna en titubant un peu. C’était pas vraiment sa faute, le sol ondulait sous ses pas. Pas très pratique pour marcher. La jeune policière se demanda comment faisaient toutes ces femmes avec leurs échasses vernies. Elle préférait être bien à plat au fond de sa mer, elle. Sa marche sinueuse la mena jusqu’à la piste. Elle se fraya un passage en trébuchant plus qu’autre chose entre les corps en mouvement et se mit à les imiter. Etrangement, Kuon aimait danser. Du moins ça ne l’avait jamais dérangé, elle trouvait ça plaisant. Tandis qu’elle se trémoussait au hasard, un type l’aborda. Elle le reconnu presque immédiatement. C’était le pseudo-coq de Caelestis. Il lui adressa un sourire alcoolisé. Elle s’attendait presque à y découvrir des dents dorés tant il puait la fortune. Elle fit un pas en arrière, il fit un pas en avant.

Bonsoir Miss. Vous dansez ?
Pas avec vous.
Enfin ne soyez pas timide, je vous offre un verre, un champagne peut-être ?
Il chopa deux coupes remplies du liquide pétillant à un petit serveur manchot qui passait par là et en tendit une à la jeune femme, trinquant au passage. Elle lui adressa un regard glacial et s’éloigna, serrant la pied fin de la coupe entre ses doigts. Il lui emboita le pas et agrippa son épaule de sa grosse main toute lisse. Une main de quelqu’un qui n’a jamais vraiment travaillé. Un frisson de dégout parcouru son échine. Elle se dégagea vivement.
Lâchez-moi, connard ! Fulmina-t-elle.
C’est ainsi que vous traitez les gentlemen ? Voyons, ne rechignez pas, vous et moi sommes ici pour passer une bonne soirée pas vraie ? Susurra-t-il en passa cette fois son bras autour des hanches de Kuon qui faillit perdre l’équilibre. Elle lui asséna un violent coup de talon sur le bout du pied. L’homme grogna mais ne relâcha pas sa prise.
Allons mademoiselle. Dansons voulez vous ?



Onisim I. Svyatoslav
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Dim 2 Aoû - 10:52

▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. Tumblr_lt3vfw3Qam1qdxux9o1_400

Une boisson de femme. Oui, sûrement. Les femmes aiment le rose et les garçons aiment le bleu. Enfin, en vérité, toi, c’était le rouge et le beige. Et surtout, apparement, ta boisson préférée était l’huile de vidange. Oh, oui, tu la connaissais cette mauvaise blague. La douce colombe à la crinière noiraude n’était pas la première à la faire et sûrement pas la dernière. Mais pour dire vrai, cela te faisait rire. Et puis, pour être totalement honnête, cela avait un goût véritablement dégueulasse. Mais tu avais un verre de trop dans le nez mais bon, les reins avaient pas réellement appréciés et le passage à l’urgence de nuit non plus pour dire vrai. Mais c’était un souvenir que tu gardais pour toi, et surtout, les gens avec qui tu étais lors de cette soirée aussi.

Et puis, tu avais ri. Parce que c’était drôle dans la situation et surtout car c’était plutôt correctement amené, nullement une bête insulte qu’on te lançait. Généralement, la minute d’après, le mec avait ton poing tatoué sur sa face. Pour la vie. Car oui, la puissance d’un coup de poing d’un mec faisant 234 kilos et faisant 192cm ça faisait plutôt mal. Ça brisait quelques dents et certains os de la mâchoire. Mais pour en revenir à la situation présente, la demoiselle avait repris son verre, observant d’une si belle rotation à 360 degrés le monde l’entourant. Mais bon, tu n’avais toutefois pas réagit à sa pique, simplement repris une gorgée de ton liquide ambrée, le sourire aux lèvres, hochant nonchalamment ta lourde tête.

Ainsi, il y avait eu le questionnement. Le doute. L’opinion. L’illusion de croire qu’on pouvait te toucher sur ça. Objectivement, cela te touchait, oui.  Par le fait que Kuon s’interrogeait sur ta condition et sur les barrières à franchir avec toi, c’était bon signe. Alors oui, tu ne supportais pas ton corps mais tu vivais avec. C’était comme ça et certainement pas autrement. De toute façon, tu ne pouvais rien y faire alors que cela ne tienne. Il y avait toutefois de nombreux points positifs à la télévision mais bon, tu avais toujours du mal à peser le pour et le contre, après tout, tu n’avais pas réellement eu le choix de ce foutu corps.

Non, ne t’inquiète pas, Kuon, ça va…  

Et puis, finalement, il y avait eu ce bruit singulier. Un bruit assez singulier puisqu’on se trouvait, à la base, au sein d’un casino. Un bruit qui t’avait fait hausser un sourcil. A croire que les directeurs de ce foutu établissement ne reculaient devant rien pour fournir de l’amusement à ces gens, perdus. Des gens paumés qui couraient dans tous les sens, pensant être au bon endroit au bon moment. En vérité, tu étais aussi paumé que ces mêmes personnes. Mais bon, tu refusais de l’admettre. Tu refusais de croire que tu étais comme eux. Humain. Malsain. Maussade. Mal. Obscur. L’alcool était une drogue dure. Le refus aussi.

Finalement, tu essayais de rattraper la douce comme tu le pouvais, mais, sans que tu n’aies eu le besoin ni le temps de la toucher, elle s’agrippa juste assez contre le rebord pour ne pas tomber à la reverse. Heureusement, il serait un peu triste de finir la soirée dans la pièce des urgences, décuvant à moitié, tenant un crâne fendu en deux. Un frisson te parcouru l’épiderme du peu de peau qui te restait, avant que tu t’étonnes de voir ton interlocutrice disparaitre de son tabouret avec une certaine maladresse. C’était compliqué pour tous au bout d’un moment. A croire que la Téquila tapait autant que le Whisky, en vérité. Tu avais directement compris la raison de son déplacement et ses paroles te firent comprendre encore bien plus vite : La piste de danse instaurée au milieu des machines à sous.

Je garde ça au chaud, aucun soucis.  

Encore une fois, tu avais dit cela avec le sourire. Et non, tu n’allais pas bouger d’un seul boulon. D’une : Tu ne savais pas bouger ton corps sur une piste de danse. De deux : Un robot qui danse sur une piste ? Non, ça rendait mal et surtout, on te lâchait la mauvaise vanne de faire la danse de robot. Alors oui, c’était drôle une première fois mais tu avais bien vite compris que ce monde n’était pas pour toi. Tu préférais la musique classique de toute façon, cela sonnait à merveille lorsque tu regardais à travers tes fenêtres les tréfonds des abysses, un verre presque vide à la main, pensif.

La mort s’en battait les couilles de ta vie, que tu aies fait ton sac ou non, elle viendra quand même te prendre. Et c’était dans cette froideur de la vérité que tu te surprenais presque à laisser glisser tes deux prunelles sur la demoiselle, te retournant face à la piste de danse, le fond de ton verre à la main. Tu l’observais comme un vautour des terres du ciel, te mordillant presque la lèvre inférieure sans t’en rendre compte réellement. Ton regard, bien qu’insistant se perdait dans la foule, observant chaque mouvement de la demoiselle à la crinière légèrement ondulé par ses mouvements. Tu fixais ses formes, ses traits, sa présence et son aura. Presque… Avec envie ?

Tu m’étais cela sur le compte de l’alcool et c’est ce que tu dis en demandant un énième verre au barman qui te l’apporta dans un léger soupire. A croire que ce mec n’aimait pas que très moyennement son boulot. Mais il fallait pouvoir mettre de la sauce sur ses pâtes, après tout. Et en parlant de sauce, il y en avait bien un que tu venais de percevoir et qui aimerait en repartir un peu de partout, de cette fameuse sauce. Attrapant ton verre, glissant un billet que tu ne comptais plus, tu regardais la scène au loin. Sans rien faire. Sans rien dire. Les sourcils froncés.

La scène se déroulait devant tes yeux. Comme une bande annonce de cinéma. Comme un trailer dont la suite allait sortir dans quelques temps. Deux coupes de champagne. Une femme agacée et un homme en manque. Et même si la réaction de la policière te fit sourire, tu bus cul sec ton nouveau verre, l’alcool te brûlant les lèvres avant de te lever de ton tabouret d’un pas lourd. Déposant d’un coup sec le verre, le figurant légèrement, tu t’essuyais rapidement les lèvres avant de te mettre doucement en marche.

Ces enfoirés du peuple du ciel…  

Le poing bionique droit se resserrant peu à peu, le pas lourd et la mine déterminé, tu t’approchais du petit couple de quelques mètres avant de prendre une légère. Finalement, tu pris un certain élan, te trouvant sur le côté gauche de la personne, lui assénant un puissant coup de poing au niveau de la mâchoire d’une rare violence. Le corps du membre du peuple du ciel se retourna sur lui-même, bousculant Kuon par la même occasion dans une légère gerbe de sang avant qu’il ne tombe au sol lourdement. Tu n’avais pas perdu ton crochet du droit, c’était déjà ça. La réaction fut de la foule fut immédiate. Hurlement, retrait. De loin, tu pouvais déjà voir les agents de sécurité venir te foutre une bastos’ dans la gueule.

Kuon. On dégage.  

En simplement quelques secondes, tu te retrouvais devant deux énormes gorilles en costume, t’encerclant.

Très bien les gars, on va partir, dans le calme. Pas d’effusion de sang, ok ? 

Les deux mains - dont l’une teintée par le sang - en l’air, tu soupirais. Ouais, parfois, tu avais l’alcool mauvais.



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Kuon
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Re: ▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon. écrit le Lun 3 Aoû - 19:14

Prisonnière des bras du type, Kuon s’attachait à lui écraser généreusement les oreilles, regrettant pour la première fois de sa vie de ne pas porter de talons aiguilles. Elle qui détestait les échasses comprit tout à coup leur intérêt martial. La légère pression de ses petites chaussures plates ne sembla pas décourager l’emplumé qui commença à danser, la jeune femme prisonnière entre ses bras. Soudain, il poussa un grognement sourdement et fut projeté vers l’avant, manquant de faire tomber l’agent de police qui tituba. L’homme venait de s’effondre à ses pieds, un mince filet de sang glissant hors de sa bouche et les yeux rendus vitreux par la douleur. Elle se retourna, perplexe, pour tomber nez à nez avec Onisim, le poing écarlate et la mâchoire déformée par un rictus de triomphe. Elle allait le remercier mais les cris outrés de la foule l’en empêchèrent. Les aristocrates prétentieux et fragiles, n’ayant jamais vu tant de violence, s’offusquait d’un tel manque de politesse et montrait Oni du doigt comme un être effrayant. Ils s’étaient tous reculés de deux pas, au cas où la bête déciderait de s’en prendre à eux aussi.

Kuon. On dégage.

L’annonce prit la jeune femme au dépourvu. Elle mit un peu de temps à comprendre la raison de ce départ soudain. Des colosses en costume noir se précipitaient déjà vers eux. Elle se tourna une dernière fois vers le type à terre et lui balança un coup de pied idéalement placé entre les deux jambes avant d’emboiter le pas. Elle se stoppa après quelques mètres, avisant la coupe de champagne qu’elle tenait toujours entre les doigts.

Merci pour le champagne au fait ! Lança-t-elle en levant son verre vers le blessé, un petit sourire aux lèvres.

Cependant, la pression des gardes se faisait quelques peu pressante, aussi couru-t-elle rejoindre son collègue, encerclé par quelques videurs au visage impassible. Onisim les observait, sur ses gardes, les poings en l’air. A petit pas, Kuon le rejoignit face aux colosses qui leur barrait la sortie. Elle s'avança d'un pas vers eux, posant une main sur sa hanche d'un air faussement présomptueux.

Vous tenez vraiment à vous frotter à ce gars ? Il a déjà affronté une bestiole des profondeur à mains nues... à votre place si vous tenez à votre crâne, je nous laisserais passer. Mentit-elle, fixant dans les yeux les deux bonhommes.

Ils semblaient voguer dans un brouillard d’alcool. Cette image l’amusa, mais elle tâcha de garder son sérieux, de peur d’ôter toute crédibilité à son histoire qui en était déjà dépourvue. Les gaillards se consultèrent du regard, dissimulant leur doute derrière leurs lunettes noires. Elle fronça d’autant plus les sourcils, l’air insistant, et comme ils ne se décidaient pas, finit par saisir la main propre d’Oni pour l’entrainer à travers le barrage. Ils n’opposèrent pas de réaction à se passage en force. Lorsqu’elle fut hors du Casino, elle se mit à courir – pas très droit, renversant au passage un peu de champagne. Les videurs ne changèrent pas d’avis et ne s’engagèrent pas à leur poursuite. Une fois en sécurité, elle se laissa glisser sur le sol, au beau milieu des couloirs Polypus et avala une longue gorgée de champagne. Les bulles lui chatouillèrent le fond de la gorge.


Il n’est pas mauvais en plus ! Silence. Elle dévisagea Onisim avant de murmurer. Merci pour ce que tu as fait. Ce type était un peu trop collant… Mais tu n’étais pas obligé de l’assommer, on se trouve à la rue si tôt dans la soirée… et je n’ai même pas fini mon verre. Elle posa la coupe vide à côté d’elle. Les hommes décidément, tout dans les poings, rien dans le ciboulot.

Elle soupira. Prenant appui à la paroi de verre, elle se releva tant bien que mal. Les couloirs Polypus tournaient, tournaient, tournaient autour d’elle. Elle éclata de rire.

N’empêche, je peux pas croire qu’ils aient gobé mon histoire. S’esclaffa-t-elle, aux anges.

Kuon tituba jusqu’à Oni et s’agrippa à son bras pour ne pas tomber. Elle aimait cette sensation alcoolisée de planer autour du monde sans rien comprendre. Elle se sentait plus libre, et c’était tellement plus drôle que de marcher droit. À bas les trajectoires rectilignes uniformes. Elle tendit le bras en direction des tréfonds des couloirs, droit devant elle.

En avant, trouve moi un autre endroit pour finir cette fichue soirée.


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▬ « Il y a une sorte de désespoir hystérique dans ton rire. » Feat Kuon.

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