Plus grand est l'ennui de la vie habituelle, plus sont actifs les poisons nommés gratitude, admiration, curiosité. Δ Stendhal
L'avantage de la nuit, c'était que le temple était réellement tranquille. Personne pour venir prier à des heures impossibles, personne pour nettoyer, personne pour "passer". Tout était calme. Bien sûr, il existait toujours un risque, mais il était tellement faible que Lyona ne s'en préoccupait même plus. Venue après avoir passé son après-midi sur le marché pour sa tante, Lyona espérait y trouver un peu de calme. Elle voyait beaucoup de choses, cette jeune femme. Ses yeux se promenaient partout. Mais le seul qu'elle ne pouvait voir, c'était Earthea lui-même. Pour autant, il était son plus grand confident, car elle était persuadée qu'il ne la jugeait pas. Vêtue d'une simple robe bleue nuit, un châle plus clair posé sur les épaules, elle pénétrait dans le temple discrètement, puis après avoir regardé autour d'elle, s'approcha de la grande statue en l'honneur du dieu. Elle s'assit à ses pieds et posa sa tête contre la jambe de pierre. Un long soupir vint perturber le silence religieux, et elle ferma les yeux. Puis Lyon les rouvrit quelques longues secondes après, un fin sourire étirant ses lèvres. Ses yeux regardaient le sol, mais elle n'y faisait pas attention.
─ Hey, Earthea... Vous pensez que toute cette animosité entre nos différents peuples finira par disparaître un jour ? Vous pensez que faire la guerre apporte réellement quelque chose ? Parfois je vois des gens se battre et quand je découvre pourquoi, je ne comprends pas. C'est comme si les gens n'étaient plus dotés de la compréhension et de la tolérance... En quoi nos différences devraient nous diviser ? Même si...
Elle redressa sa tête et ramena ses jambes contre elle.
─ Même si je peux comprendre qu'on se sente blessé si quelqu'un ne nous accepte pas. J'ai vu un homme récemment. Je sais qu'il n'est pas d'ici. Il est grand, imposant, il a des cicatrices de partout et il dégage quelque chose de très agressif. Mais je ne le trouve pas effrayant ni dangereux, est-ce normal ?
La blondinette releva la tête et son regard se posa sur ce qu'elle pouvait voir du visage du dieu.
─ Est-ce que je suis la seule à être curieuse, mais sans vouloir le juger ? Quelqu'un comme ça ne vient pas s'exiler ici sans raison valable, je crois. Et je ne pense pas que les gens soient fondamentalement mauvais...
Elle soupira, puis se releva. En fin de compte, elle délivrait à son dieu toutes ses pensées et ses questions, tout ce qu'elle n'arrivait pas à exprimer devant les autres. Cela lui permettait d'y voir plus clair, et de se sentir mieux, aussi.
─ Est-ce qu'il est ici pour lui, ou pour autre chose ? Il me rappelle Eiginn, un peu... quand je les regarde tous les deux, c'est comme s'ils avaient perdu quelque chose de très précieux. Même si le comportement est différent, ils ont un regard finalement assez similaire, et je pense que si Eiginn découvrait la vérité, il serait comme cet homme... un peu. Dites, Earthea...
Elle se plaça un peu plus loin, mais fit face à la statue, la regardant droit dans les yeux.
─ Est-ce qu'il y a une raison pour que les conflits existent ?
Le silence retomba. Aucune réponse, comme toujours, mais Lyona n'en attendait pas. Elle regarda encore la statue un moment, puis, les mains jointes, baissa la tête. Elle se déplaça à peine sur le côté et s'assit sur un banc, complètement absorbée par ses pensées.
Re: Confession || AndLyo écrit le Mer 5 Aoû - 3:28
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Le roseau se plie face au vent, mais il ne casse pas. →
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« C’est très simple, Alexander. Soit vous faites ce… petit travail pour moi… m’enfin ! Cela n’est pas très compliqué ! Vous serez couvert, je vous l’assure ! Personne ne saura que c’est vous. - Ma réponse n’a point changée, depuis la dernière fois. Lorsqu’un Samuels dit peut-être, alors il y a matière à discuter. Cependant, lorsqu’un Samuels dit non… non cela restera. »
L’homme s’approche d’Alexander, il se plante à deux centimètres de son visage. Andrea, alors âgée de seize ans à peine, ne comprend pas tout. « Cela restera non. » répète-t-il une fois, un tout petit peu plus fort. Mais il modère son ton tout de même, l’homme fier qu’il était n’allait pas se rabaisser à la colère… pas pour une personne de cette envergure. « Cela restera non jusqu’à ma mort. » Un éclat de rire pourfend alors la pièce. Andrea, cachée, n’osait plus – ne serait-ce que – respirer.
C’est durant la nuit noire que les monstres apparaissent. Vous savez… ces choses cachées sous votre lit ? Celles que vous tentez de camoufler… vainement. Et plus tu t’enfonces dans ton sommeil… et plus cela t’entraîne. « Meurs. Meurs. Meurs. MEURS ! ALEXANDER ! PUISQUE TU VEUX MOURIR, ALORS MEURS ! »
D’un geste vif, Andrea se releva. Sa main gauche attrapa son arc inconsciemment. Ce mouvement était devenu si naturel. Alors qu’elle n’avait pas encore eu le temps d’expirer : elle visait. La flèche était armée, bon sang ! Il s’en était fallu de peu. Elle resta ainsi quelques secondes, sans bouger d’un iota. « C'est comme si les gens n'étaient plus dotés de la compréhension et de la tolérance... En quoi nos différences devraient nous diviser ? Même si.. »
Ce n’est qu’une jeune fille. Une jeune fille qui… prie ? Peu importe. Respire. C’est bien. Doucement. Dans le fin fond du Temple Earthea… elle s’était endormie. Cela devenait un peu trop répétitif à son goût… et ces… rêves ? Dans la pénombre de cet endroit, capuche encore sur la tête, la corde de son arc s’était légèrement détendue.
En fait, elle s’était même mise à écouter cette voix qui lui paraissait si lointaine, inconnue mais… qui en même temps lui rappelait quelque chose.Après un rapide mouvement, l'origine de ces voix se retrouva assise sur l’un des bancs à son tour. Andrew, elle, assise sur le tout dernier banc du Temple – dans l’ombre. Cette jeune fille assise sur le tout premier banc du Temple, celui le plus proche de la sainte statue – dans la lumière. « Est-ce qu'il y a une raison pour que les conflits existent ? » C’était la question qu’elle posait.
Parfois, Andrea se disait stop à elle-même. Parfois, aussi, elle expirait. Et la flèche était déjà plantée dans une planche de bois. « Le manque de sommeil, je présume ? » Se contenta-t-elle de répondre au moment de l'impact. Mais merde ! Venait-elle de bouger ? Venait-elle de se déplacer sur le banc au moment précis où la flèche s'était échappée des doigts d'Andrea ? Et – déjà – la chasseuse s’avançait dans l’allée principale du Temple Earthea. Ses pas martelaient le sol d’un bruit sourd. Andrea avait-elle touché cette jeune femme ?