Nebula
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distant hills wear a shroud of grey — beoloup

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Scipio
Scipio
Messages : 105
Date d'inscription : 30/06/2015
distant hills wear a shroud of grey — beoloup écrit le Mer 2 Sep - 16:46
distant hills wear a shroud of grey


Depuis son départ, il avait perdu le fil et tout n'était plus qu'approximation. Mais ce dont il était sûr, c'est que le temps semblait être une éternité. Peut-être ne croiserait-il pas une seule troupe avant un mois, deux mois. Il lui fallait être patient.

La cohorte d'immigrés tambourinant aux portes d'Earthea ne désenflait pas, mais il n'était plus là pour l'accueillir. Il avait quitté sa résidence en n'emportant que le strict minimum : certains de ses actifs, de l'argent liquide, quelques précieux livres —il avait abandonné ses papiers de diplomate sans un regard en arrière—, du nécessaire de médecine. Le jour de ses vingt-et-un ans, Scipio avait pris un unique sac et quitté l'écrin de cette nation dont il était un des vaillant portes-paroles. Mais qui n'avait finalement jamais été sa patrie.  Depuis combien d’années n’avançait-il plus que pour un devoir qu’il abhorrait déjà en secret, qu’il avait toujours abhorré en secret depuis qu’il le servait ?
Il n'avait ni causes, ni convictions. Il avait déjà réussi à s'en sortir seul ; il pouvait bien recommencer. Il savait exactement ce qu'il voulait faire, c’était là, devant ses yeux.

Scipio, pour la première fois de sa vie sûrement, se sentait léger. Si léger qu'il en avait peur, mais c'était bien trop tard pour reculer.

Il regretterait probablement la sécurité de sa maison. Peut-être même les parois oppressantes du pays glauque et vert qui avait précipité sa descente aux enfers. Mais au fond de lui, il savait que tout cela serait vite oublié. Il n'était en guerre contre personne. Il avait tourné le dos à une possibilité pour s'en ouvrir une autre, qu'il sentait plus pleine et vers laquelle son cœur le poussait à toute force. Et puis il y avait quelque chose d'autre, quelque chose d'ineffable sur laquelle il n'arrivait pas à mettre le doigt, une idée qu'il poursuivait sans savoir ce qu'il cherchait exactement.

Il avait décidé d'affronter son manque de courage. C'était tout ce qu'il y avait à dire.

La plaine était immense, vallonnée, parsemé de grands cailloux qui imprimaient la nuit de leurs grandes ombres paternelles. Le garçon frissonna. Il inspira profondément l'air glacé, et grimaça aussitôt quand il brûla ses poumons fragiles. Les nuits étaient encore fraîches, et il ne s'était pas beaucoup couvert. Il flatta l'encolure du Bromhure qui le portait, la cadence de ses pas pesants rythmant la marche. La monture secoua la tête. Ils avaient fait du chemin, tous les deux. L'ex-diplomate avait amassé une coquette somme grâce à son travail, mais il préférait ne pas s'attarder dans les villages où il s'arrêtait. Anonyme et silencieux.
Le lourd silence perdurait, ponctué par le trépignement du Bromhure. Le garçon ramena ses cheveux derrière sa nuque et scruta les alentours plongés dans l'obscurité. Il rêvait d'un bain chaud lorsqu'il perçut un mouvement dans l'ombre d'un rocher. Il resserra sa prise sur les rênes, prêt à fuir.

La suite arriva à toute allure : une masse noire surgit sur le chemin et la monture de Scipio cabra. La panique submergea ses sens, il voulut tourner mais ne discerna pas l'obstacle, quel qu'il fut, coupable de leur chute. Il se reçut méchamment sur le côté, avec le sac de provisions et ses livres, et eut tout juste le temps de mettre ses mains en rempart pour sa pauvre tête projetée en avant. Il se retourna, déboussolé.

Tout ce qu'il vit fut la bête, tout crocs dehors, qui se ruait sur lui.
Beowulf
Beowulf
Messages : 62
Date d'inscription : 14/07/2015
Re: distant hills wear a shroud of grey — beoloup écrit le Dim 27 Sep - 4:53
La troupe s’était posée pour la nuit. Un grand feu un milieu de la plaine, les protecteurs en alerte, tout le monde veillait au bien-être de chacun. Des tensions persistaient toujours depuis la réunion sur l’île des constellations et même s’il avait gagné la confiance de la plupart des nomades, il sentait que quelques regards se voulaient insistants sur sa personne. Évidemment il n’aurait pas la confiance de tout le monde si facilement. C’était normal et il ne pouvait rien y faire. Cela dit, la léthargie n’était pas une bonne chose non plus. Il savait que beaucoup pesait sur ses épaules et sur celles des nomades. Il avait assisté en personne à la colère des dieux et le résultat était la perte de leur chef. Chef qui ne lui avait légué qu’un journal contenant l’âme des nomades. Tout ce qu’il y avait à savoir sur les siècles abandonnés était inscrit dans cet unique journal de bord. Journal qu’il passerait à son tour à la prochaine en liste pour le poste de chef, la fille de Heze.

Il avait profité du calme apparent pour s’évader un instant du campement, profitant de la nuit sans nuages pour se guider dans la plaine entre les rochers parsemés maladroitement. Arme à la ceinture, il guettait le mouvement des créatures cachées dans l’ombre des menhirs. L’air frais lui emplissait les poumons, provoquant une douleur qu’il accueillait avec plaisir. La sensation l’aidait à se raccrocher à la réalité, à saisir l’instant précis. Tout s’était bousculé récemment. Entre la colère imminente d’Okeanos et les ennemis naturels qui se dressaient sur la route des nomades, il y avait un autre ennemi. Caelestis et leur mauvaise manie de mettre leur nez partout comme si cela les concernait. Cette attitude ne le gênait vraisemblablement pas lorsqu’il était complice du crime, mais avec le recul et l’insistance de la nation à vouloir avoir main mise sur tout, il avait compris à quel point l’institution était désuète et vivait sur les vestiges d’une gloire passée. Chacun devait être apte à se défendre et de ce qu’il avait vu, ils étaient tous apte à gérer leurs propres crises. Peut-être était-ce là une vaine tentative de rester pertinent.

Des ombres eurent tôt fait de le sortir de ses rêveries. Une silhouette humaine se dessina, dos à lui, sa monture au sol et une créature se ruant sur lui. Comme un éclair le traversant, comme une habitude ou encore un automatisme, il se mit à la course pour se jeter sur la tête, la lame lui transperçant le cou et d’un geste brusque, lui trancha la gorge, arrosé lui comme l’autre d’une gerbe de sang alors que le prédateur gigote au sol avant de finalement s’arrêter. Haletant après cette surcharge d’adrénaline, il s’adresse à l’inconnu. «Vous allez bien?»
Scipio
Scipio
Messages : 105
Date d'inscription : 30/06/2015
Re: distant hills wear a shroud of grey — beoloup écrit le Dim 27 Sep - 22:34
distant hills wear a shroud of grey

Le choc fut si violent que Scipio sembla propulsé dans un autre espace temps durant les seconde que durèrent l'affrontement. Ce n'est que lorsqu'il recommença à respirer qu'il sentit l'odeur du sang maculer son visage et sa tunique. Scipio avait celle-ci en horreur, bien que ça ne l'effrayait plus maintenant. Il essaya d'ignorer le craquement désagréable qu'il avait entendu en chutant. Scipio mit un moment à enregistrer qu'on lui avait posé une question, et reprit son souffle avant de bredouiller « Oui. Rien de cassé. »

Il appella sa monture, un unique sifflement résonnant dans la nuit - un silence étourdissant lui répondit. Pestant un peu contre lui-même, l'ex-diplomate se redressa sans prendre la peine d'épousseter la poussière sur ses vêtements. Il se mit soudainement à douter de son affirmation précédente en sentant une douleur sourde au niveau de l'articulation de son bras. Il ne manquait plus que ça. Le bon sens sembla le ratrapper alors qu'il balbutia un bref remerciement, rassemblant ses maigres affaires éparpillées au sol. Le Bromhure avait fui avec le reste, terrifié par l'apparition du prédateur. Tout s'était pourtant bien déroulé jusqu'ici... mais Scipio n'avait même pas le coeur à s'en plaindre. Il était bien trop soulagé.

Cet homme était marqué au fer, juste au niveau du cœur.

Scipio avait vu beaucoup de chasseurs et d'habitants partir et ne jamais revenir. Pour lui, ils avaient trouvé une existence meilleure, puisqu'il n'étaient jamais revenus ; leur vie lui semblait fabuleuse. Et maintenant, le moment de vérité était arrivé. L'un d'entre eux se tenait devant lui,

et son anxiété remontait à travers sa gorge.

Mais, c'était sûrement la plaine et ses bruits qui le rendait si nerveux – il avait toujours été un admirable trouillard. Il n'était même pas sûr d'avoir une réponse favorable, mais la pensée de ce qu'il allait prendre s'il rentrait le conforta dans sa décision.

« Je... Je... Vous êtes un Nomade. » Lapalissade. « Est-ce que... vous pourriez me guider jusqu'à votre troupe ? »

Ici et maintenant était le début de quelque chose de nouveau. Un changement.
Un choix.

Mais il est toujours délicat pour un diplomate de sortir de la zone de confort de ses papiers officiels.

« Je n'y arriverais pas tout seul. »
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Re: distant hills wear a shroud of grey — beoloup écrit le

distant hills wear a shroud of grey — beoloup

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