Tu avais préparé ton entrée dans la ville comme un comédien entrant sur scène. Tu connaissais l'hostilité du peuple terrestre envers les étrangers et la forte concentration de prolétaires à l'intérieur des murs. Il était évident que la vue d'un touriste d'Okeanos tiré à quatre épingles viendrait provoquer chez eux une certaine haine. Tu avais donc opté pour une tenue plus décontractée, vêtu d'une tunique grossière surmontée d'un large pantalon de travailleur terreux. Tu avais coiffé tes longs cheveux en une tresse à l'aspect volontairement négligé.
Tu fis ton entrée en ville sans le moindre problème avec les autochtones, profitant pleinement de ton accoutrement. Animée par les multiples allers et venus des habitants et d'ouvriers en tout genre, la capitale prenait l'aspect d'une fourmilière à tes yeux. Toutes ces vies insignifiantes gravitaient autour de plusieurs noyaux et, parmi eux, un en particulier était la raison de ta venue, le Jardin d'Eve. Fidèle à tes principes, tu devais satisfaire ton cerveau, cet organe à l'appétit sans fin qui te réclamait encore et toujours plus de nourriture. Manger... Savoir... Au fond, peu importait l'appellation du moment que tu pouvais apprendre et utiliser une information. En somme, tu étais comme un prédateur, jouant avec sa proie, l'achevant parfois... Non, pas en ce jour.
Aujourd'hui, tu avais pour but d'approfondir tes connaissances de la surface. Par "surface", tu entendais les Terres détruites et non le simulacre qu'était Démétrio, cette illusion semblable aux district d'Okeanos. Un sujet en particulier t'intéressait, l'origine de Saleda, ta tortue naine. Sa salive te servait comme drogue et en en apprenant plus sur ton animal de compagnie, tu espérais découvrir d'autres utilisation à la substance. Maintenir Saleda en vie était nécessaire à ta santé tant physique que mentale. Si tu ne pouvais plus faire d'expériences, qui prendrait ta place ? Qui chercherait ta mère afin qu'elle paie ? La toxine de Saleda était essentielle et tu devais trouver quelqu'un qui en saurait plus sur elle.
A présent que tu pénétrais dans le Jardin, il ne te restait plus qu'à trouver un fruit bien mûr et le cueillir...