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ZorionMessages : 28 Date d'inscription : 23/05/2015
| | RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Mar 23 Juin - 16:04 Caelys & Yura Tu as toujours regardé de loin les gens qui gagnaient beaucoup d'argent. En te demandant comment ils faisaient, si c'était aussi simple que ce que cela paraissait. En rêvant d'être comme eux, un jour. Ta mère n'a jamais été riche. Elle avait des dettes sur le dos. Maintenant, ces dettes sont les tiennes, et tu n'as pas d'emploi. Dire que tu es désespéré un peu facile : ce n'est pas vraiment le fait de devoir de l'argent qui te pose problème. C'est la personne qui est ton créancier qui te pose problème. Toi qui a une peur bleue de l'eau, tu n'oublieras jamais que c'est lui qui a tenté de te noyer, quand tu étais enfant, te condamnant à craindre la noyade plus que tout autre chose - paradoxal, quand on habite dans un monde sous-marin. Quand tu regardes cet homme, présentant ses différentes merveilles sous le regard ébahi d'une foule dont les poches sont assurément plus emplies que les tiennes, tu te prends à espérer être un jour capable de te tenir devant lui, la bourse pleine, pouvant t'offrir ce dont tu rêves. S'il pouvait exister un objet qui te guérirait de ton mal, tu l'achèterais, peu importe le prix. Toutefois, tu doutes que quelque chose de ce genre existe. Tu es condamné à la médiocrité, Yura - et ce n'est pas comme si c'était un véritable problème. Être médiocre, tu en as l'habitude. Tu vis avec ta faiblesse depuis si longtemps, ce n'est pas comme si tu en souffrais encore. Enfin, si. Peut-être un peu. Tu n'as pas d'emploi, et tu sais que si tu ne trouves pas quelque chose à lui donner dans les prochains jours, il viendra jouer avec toi. Un vilain jeu dont tu n'as pas besoin d'imaginer les règles : le fait est qu'il s'amusera à tes dépens en exploitant ta faille, ça te suffit à te motiver. Ce marchand nomade qui vient vendre ses produits à Okeanos n'a pas l'air de prêter beaucoup d'attention à sa caisse. Il semble tellement concentré sur son auditoire, tous de potentiels clients, qu'il ne doit sans doute pas regarder beaucoup du côté des fruits de ses précédentes ventes. Tant mieux. Cela e donne une idée. Après tout, la richesse, il faut bien la partager, non ? Même si tu sembles calme en apparence, ton cœur se met à battre violemment. C'est un crime. Tu le sais. Ce n'est pas que tu t'en fiches ; si tu pouvais en faire autrement, tu ne t'en prendrais pas à lui. Mais tu as besoin de ces sous, certainement bien plus que lui, aussi ne dois-tu pas trop réfléchir. Essayant de contrôler au maximum ton corps parcouru de tremblements, tu t'approches discrètement de son étal, ne te distinguant pas des autres potentiels clients. Ces richesses sont si proches de toi, tu pourrais tendre le bras pour les cueillir. Oui, mais ses yeux capteraient certainement ton geste, et tu passerais un sale quart d'heure. Aussi t'éloignes-tu encore un peu, jusqu'à passer dans son dos. Tu n'es pas un professionnel. Voler des trucs, tu ne l'as jamais fait. Tu n'aurais jamais été tenté par le vol si tu n'avais pas peur des conséquences que tu pourrais subir si tu ne le rembourses pas. Il a tenté de te tuer, tout de même. Toi. Alors que tu n'avais rien à voir avec cette histoire. Il est peut-être temps que tu prennes tes responsabilités en main, Yura, et que tu commences à gagner un peu d'argent. La caisse est là, à portée de main. Ton rythme cardiaque s'accélère encore. Tu es un angoissé, Yura, c'est pourquoi tu attends un peu trop avant de t'emparer. Une seconde de moins, et tu aurais peut-être pu t'en sortir. Qu'est-ce qu'une seconde, dans une existence ? cela peut être une éternité. Mais ton éternité dure décidément trop longtemps, et quand tu poses les doigts sur l'objet de tes désirs, tu entends un bref toussotement derrière toi. Tu décides de ne pas te retourner. Juste de te figer, pris la main dans le sac. |
| | | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Mar 23 Juin - 17:03
La curiosité était payante. Elle remplissait le cœur des passionnés et les bourses de ceux qui la vendaient. Caelys était de ces deux catégories conjointes, pour son grand plaisir. Il parcourait le monde pour satisfaire son appétit de nouveauté et puis il vendait ses trouvailles à ceux trop couards pour aller parcourir le monde. C’était une parfaite dynamique, équilibrée selon son bon vouloir. Il était descendu à Okéanos pour plusieurs raisons, tout d’abord car il avait quelques petites choses à vendre dont il savait les habitants des contrées englouties friands. Ensuite car il avait prévu de faire un tour à la Bibliothèque Conscientia pour comparer quelques informations et éclaircir un mystère qu’il avait soulevé il y a peu. Et enfin, il voulait aussi aller se balader dans les districts Alpha et Beta, et pourquoi pas, si l’occasion se présentait, à Naturae, si l’envie lui prenait. Un grand programme qu’il avait là, et les sous qu’il gagnerait lui permettraient de financer tout ça. Caelys ne roulait pas sur l’or, mais surtout il n’emportait pas toutes ses économies avec lui, il n’était pas si fou. Elles étaient bien cachées quelque part dans son escargot qu’il n’avait pas pu emporter sous les eaux. Et gare à celui qui essayerait de le cambrioler en son absence, car il risquait de se retrouver avec des doigts, une main, voire une tête en moins, le nomade piégeant de tout côté la coquille de sa maison ambulante, qui d’ailleurs continuait à se balader en son absence. Mais il avait tout calculé, pour qu’à l’endroit où il referait surface, au moment même où il arriverait, il puisse voir poindre à l’horizon son escargot. Et si ce dernier n’arrivait jamais, tant pis, il s’en procurerait un autre ! La réelle liberté était d’être capable de se détacher de ses biens personnels après tout. Et puis il avait déjà perdu son escargot à plusieurs reprises, l’actuel était même le 3ème de cette année. Forcément, il perdait de l’argent à chaque fois, mais peu importe, tout ce qui lui était précieux, il le gardait en permanence sur lui.
Il en était à son deuxième jour de ventes et écoulait les babioles dénichées aux coins de ce monde tranquillement. Il y avait des produits divers qu’il chinait ailleurs mais aussi des petits trésors qu’il trouvait. Bien entendu, les plus intéressants, les choses les plus rares et précieuses, il les avait soit déjà vendues soit il les réservait à une petite liste de particuliers qui payaient bien. Cela ne l’empêchait pas de faire des affaires aujourd’hui, faisant tinter les pièces et résonner les histoires de ses explorations, pour fasciner les foules. La plus part de ce qu’il racontait était vrai, mais il lui arrivait aussi d’inventer, de fabuler, d’une manière qui pourtant sonnait juste. Ainsi, il était plutôt délicat de dire si ce qui sortait de la bouche de Caelys provenait de sa mémoire ou de son imagination. L’avantage quand on est un explorateur, c’est qu’on a l’œil vif. Aussi, le grand gaillard qui croit être discret avec sa tête constipée d’angoisse, on le remarque assez vite, même si on fait semblant de rien. Et puis franchement, qui passerait par derrière alors qu’on a l’occasion d’entendre de telles histoires devant de telles merveilles ? Le nomade profita de la fin d’une vente pour se retourner juste au bon moment. Il toussa légèrement pour notifier qu’il était là, qu’il avait tout vu, et regarda avec une grande satisfaction la réaction de son voleur. Figé sur place. S’en était hilarant. En repoussant doucement la main du jeune homme de sa caisse, il l’ouvrit, y rangea l’argent qu’il venait de gagner puis la referma avant de murmurer à l’oreille du voleur (se mettant sur la pointe des pieds pour le faire car l’autre était bien plus grand) « Surtout, ne bougez pas. Vous êtes parfait comme ça. » Sa voix était sucrée, presque musicale, quasiment teinté de joie. Mais à côté, il appuyait, en dehors des regards, une dague contre le rein de son détrousseur, petite menace silencieuse qui dura quelques instants. Puis il se retourna vers ses clients, leur offrit un grand sourire et une petite courbette « Mesdames, messieurs, les transactions sont finies pour aujourd’hui ! Mais je serais là demain, pour un ultime jour de vente, ce fut un réel plaisir ! » Et il remballa tout son matériel en trois mouvements, ayant prévu son étal de manière pratique et rapide. Le sac rempli de richesses pendant désormais sur son flanc, il attrapa sa caisse, non sans faire tinter les pièces avant de la glisser dans sa besace et de s’adosser contre le mur le plus proche, faisant face à celui ayant tenté de lui porter préjudice. « Franchement, j’ai connu mieux comme voleurs. Vraiment, je ne pensais pas qu’il y ait des gens aussi pressés de visiter la Prison Lacum, mais chacun ses plaisirs. » dit-il ses yeux bleus plongés dans ceux du jeune homme, un grand sourire peint sur la face, la voix chantante, sans que l’on puisse vraiment savoir si il était moqueur ou sincèrement étonné.
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| ZorionMessages : 28 Date d'inscription : 23/05/2015
| | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Mar 23 Juin - 18:05 Tu aurais pu bouger, mais tu ne sais plus où te mettre. C'est une expérience nouvelle qui s'offre à toi : comment réagir lorsque l'on est surpris à faire quelque chose que l'on ne devrait pas faire. Eh bah, ce n'est pas si simple. Prendre tes gens à ton cou serait très certainement la meilleure des solutions : plus tu mettras de distance entre cet homme et toi, et mieux cela vaudra. Cela dit, tu n'en es pas totalement sûr. Tu n'as pas particulièrement envie d'être un fugitif et si tu peux régler la situation autrement, alors ce serait pour le mieux. Enfin, c'est ce qu'on dit. En vérité, tu ne bouges pas parce que tu es tétanisé. Comme tu ne sais pas du tout ce que tu es censé faire, tu restes immobile alors que le vendeur encaisse ses dernières recettes, dévoilant par la même occasion tout ce qu'il a pu amasser jusque là, et cette monnaie étincelante te donne le vertige. Ce n'est certes pas tant que cela, mais pour toi, c'est une quantité énorme. Tu ne sais même pas si ta mère a déjà réuni autant d'argent un jour, à part peut-être à crédit. Tu es admiratif. Et dépité à l'idée de ne pas avoir pu te servir un peu. Tu n'aurais même pas tout pris. Juste un peu, juste de quoi rembourser un peu tes dettes et te payer de quoi manger, ce n'est quand même pas si méchant, non ? Mais aurais-tu véritablement fait preuve d'une telle retenue ? Pas sûr... De toute façon, tu as compris le message lorsque la lame glacée d'une dague s'est posée contre le bas de ton dos. Quand bien même cela ne constitue pas ta pire peur, tu n'as pas particulièrement envie de mourir, ni envie de découvrir s'il sait bien servir. Dans ton cas, tes aptitudes au combat sont à peu près nulles. Tu pourrais prétendre que c'est parce que tu n'en as jamais eu besoin : on ne se bat pas contre de l'eau, on se débat, et on se noie.
Tu attends donc patiemment qu'il reporte son attention sur toi. Il y a quelque chose qui te dérange, chez cet homme, c'est qu'il semble s'amuser de la situation. Se moquer de toi parce que tu t'es figé, ce n'était pas très sympathique... certes, c'était un peu caricatural, mais bon, est-ce de ta faute si, dans ce genre de situation, tu es un peu lent d'esprit ? En tout cas, tu as décidé qu'il s'amusait à tes dépens, et cela ne te plaît guère. Peut-être n'est-ce en fait que de l'étonnement, mais tu as l'habitude de voir les gens réagir bizarrement à tes actes parfois... comiques, disons-le franchement. Le regard sérieux, tu soupires, montrant à cet homme que son comportement t'agace. « Eh bien, j'en suis désolé. Mais je ne m'étais jamais essayé au vol avant, vous pourriez faire preuve d'un peu de compassion à mon égard. » Après tout, si tu avais été véritablement expérimenté, il aurait eu du souci à se faire. Son bel argent se serait déjà envolé... Ah, mais que tu es bête, Yura. Quelqu'un comme lui doit se douter que ses recettes attireront la convoitise, bien sûr qu'il est sur ses gardes. Comment as-tu pu croire que tu allais réussir ? Même un imbécile sait qu'il faut commencer par quelque chose de son niveau, et ne pas s'en prendre directement à un marchand. Une victime plus crédule aurait été plus sûre, et tu serais loin, avec quelques précieuses pièces dans la poche. Cela dit, une victime plus crédule ne te rapporterait sans doute pas autant. Tu écartes les bras, exposant tes paumes parfaitement vides dans une tentative pour prouver ton innocence. « Je n'ai rien volé, de toute façon. Vous voyez ? Rien de ce qui vous appartient ne se trouve sur moi, je doute que vous auriez assez pour m'envoyer en prison. Mais allez-y, mon garçon. Je serais ravi de me trouver un toit et un repas chaud pour la nuit. » Le toit, tu en as un, pas la grande classe mais ça suffit pour dormir au sec, même si les nuits tendent à être un peu froides et nécessitent de se terrer sous plusieurs couches de couverture. Mais un repas chaud, en revanche... c'est toujours un peu plus dur à trouver, quand on n'a pas de job. Tu n'as pas dit cela pour inspirer la pitié, juste pour lui montrer que la perception d'un péril est relative. Pour cet homme, se rendre en prison est certainement horrible. Pour toi aussi, par certains côtés, mais tu as tellement plus peur de te noyer qu'en comparaison, même l'univers carcéral, avec toutes ses dérives possibles, ne t'inquiète pas tant que cela. Au moins, il n'y a pas de risque pour que l'on tente de te noyer, si tu te cloîtres dans une cellule. Et tu serais à l'abri d'un créancier, ce ne serait pas plus mal. Il va sans dire que tu préfères tout de même être libre. C'est plus confortable. |
| | | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Mar 23 Juin - 19:57
Finalement, à y regarder de plus près, le jeune homme ne l’était pas tant que ça. Au contraire, il s’agissait d’un homme d’âge mûr. Ce qui était d’autant plus paradoxal car il venait de se faire attraper et de réagir comme un enfant en train de voler des bonbons. Et il ne semblait pas apprécier de se faire tourner en bourrique par Caelys, qui lui n’avait pas l’impression d’agir d’une manière différente à d’habitude. « Oui mais l’intention d’avoir voulu voler est déjà la preuve d’une âme corrompue, d’un triste destin poussé dans les tréfonds du crime ! Ô Tristesse et décadence. » lâcha-t-il de sa voix flûtée tout en observant son criminel. Il fit ensuite une moue et secoua la tête « en plus vouloir voler quelqu’un de plus jeune que soit…c’est terrible d’envier à ce point un succès que l’on aurait pourtant eut le temps de développer. » Si Caelys pouvait parfois être dur à suivre, c’est qu’il lui arrivait d’exprimer tout haut ce qu’il pensait. Il fallait réussir à attraper son fil de pensé, hautement excentrique, et particulièrement personnel. « Et certes rien de ce que vous portez n’est à moi, on ne fait pas exactement la même taille, cela serait flagrant, mais qu’est-ce-qui me prouve que vous ne l’avez pas volé à quelqu’un d’autre ? » Sans doute était-il vraiment innocent, vu sa maladresse et sa réaction sur ce qui venait de se passer. Mais cet homme avait attisé la curiosité de Caelys qui voulait l’étudier et le tester comme il le faisait pour n’importe quelle découverte.
Sa réaction sur la prison lui avait donné une impression étrange. Peut-être car un nomade ne pourrait supporter d’être enfermé et qu’il ne pouvait concevoir que quand on avait la liberté de fuir pour échapper à ce qui nous retenait, on préférait être enfermé derrière des barreaux. C’était insensé et impensable. Surtout que de tous les emprisonnements possibles, la prison du fond des eaux semblait être la pire. Le jeune homme s’étendit, les bras au-dessus de la tête, faisant craquer ses phalanges dans l’opération avant de regarder à nouveau son intrigante curiosité humaine et d’en faire le tour, baladant ses doigts sur les hautes épaules de l’apprenti voleur. « C’est curieux car j’ai entendu dire qu’une fois qu’on est enfermé à Lacum, on a une perpétuelle impression de se noyer, au point que beaucoup en deviennent fous. C’est pourtant pas quelque chose d’agréable je pense, mais chacun ses loisirs, je ne juge pas. » Caelys fit une petite pirouette sur lui-même et fouilla dans son sac un moment avant d’en sortir un bracelet ancien. Puis il regarda à droite, à gauche, vérifiant qu’il n’y avait personne regardant dans leur direction à ce moment. Et profitant des mains encore tendues de l’homme, il lui passa le bracelet autour du poignet et se recula. « Voilà, maintenant vous avez quelque chose qui m’appartient sur vous. » Il prit une expression horrifié. « Vous m’avez donc volé ! C’est intolérable. » Puis il revient à son étrange mimique habituelle, un demi-sourire peint sur le visage. « En tout cas si je le dis, tout le monde me croira, et ça sera un aller simple pour la case prison. Ça vous tente toujours ? » demanda-t-il en hochant la tête, le regard brûlant de curiosité et de malice, sans jamais avoir quitté son ton chantant.
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| ZorionMessages : 28 Date d'inscription : 23/05/2015
| | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Mar 23 Juin - 21:11 Tu espères avoir désamorcé la bombe. Un minimum. Tu sais très bien que tu as été pris la main dans le sac et que, si tu ne possèdes rien qui lui appartienne, c'est uniquement parce qu'il a été plus rapide que toi. Tu ne t'es certes pas rendu coupable d'un crime, mais tu as été surpris en train de le commettre, et nul doute que la parole d'un marchand qui réussi a du poids pour les autorités. Plus que celle d'un habitant du district 666 qui n'a aucun emploi connu et qui refuse obstinément d'avouer son vrai nom, comme s'il avait quelque chose à cacher... Bref, la situation t'est défavorable, toutefois, la façon dont il joue avec tes sentiments te porte sur les nerfs. Qui utilise des tournures de phrase aussi ampoulée, de nos jours ? Il est vrai que toi, parfois, tu te prends à utiliser des mots un peu compliqués, mais tout de même, ça reste ponctuel. Tu comprends que cet homme sait manier la parole et qu'il n'hésitera pas à s'en servir à tes dépens. Magnifique. Il trouve même le moyen de t'insulter de façon détournée, en comparant sa réussite et la tienne. Ah, oui, c'est vrai, toi t'es un vieux qui boit un peu trop et qui ne fait rien de constructif de tes journées, c'est tellement sympathique de sa part de te le rappeler. « Oh, ça, c'était bas. Est-ce une façon de parler à son aîné, franchement ? A quoi a servi votre éducation si on ne vous a même pas appris à respecter les vieux ? » Tu ne te considères pas comme un vieux, mais tu te doutes bien que tu dois en être un à ses yeux. Ton visage a des traits assez jeunes et ta coupe de cheveux n'est décidément pas celle d'un homme rangé, et tu n'as pas le moindre cheveu blanc - tout cela est à ton avantage. Mais tu sais très bien que, malgré tout, il est impossible de douteur que tu aies la trentaine. Et l'arrivée future de la dizaine supérieure fait ressentir : tu n'as pas de rides, mais ta peau n'a plus la même souplesse qu'autrefois, tes plis sont plus profonds. Et puis, c'est une question de carrure, aussi, à vingt-cinq ans tu ressemblais encore à un gamin. A trente, tu as commencé à avoir l'air d'un homme. Il continue de se jouer de toi, déformant volontairement ton propos. Toi qui essaies de le convaincre que la situation n'est pas si dramatique, il s'amuse à faire comme si tu avais dit toute autre chose. « Je vous ai dit que je n'étais pas un voleur. Si vous persistez à croire que les vêtements que j'ai acquis à la sueur de mon front ne sont pas les miens, alors vous avez de sérieux problèmes d'audition, mon garçon. » Surtout que tu ne mens pas : vu que tu n'as pas des masses d'argent, tu as vraiment sué pour les obtenir. Mais bon, que peut-il comprendre du vrai travail ? Il s'amuse à vendre, et sans doute que pour obtenir ses produits tout mignons, il se paie de jolies vacances dans des coins exotiques, en se donnant des sueurs froides à chaque fois qu'il escalade un minuscule rocher. La belle vie - il est assez mal placé pour te faire la morale. Bah, tu ne lui en vaux pas trop pour ça. Tu comprends qu'il puisse être suspicieux, et tu le supporterais s'il ne te regarderait pas de haut. Tu détestes les types comme lui, sûrs d'eux, qui considèrent que les gens comme toi sont de la vermine. Mais il va bien falloir que tu t'entendes avec lui, sinon, c'est la case prison.
C'est le terme « se noyer » qui te convainc que ce serait une très, très mauvaise idée de se faire arrêter. Lacum, c'est une prison sous-marine. Et si on a l'impression de se noyer, ce n'est peut-être pas qu'une image décrivant un sentiment d'enfermement et d'oppression. C'est peut-être... réel. Et quand tu penses à la noyade, tu te revois au fond de ce bassin, incapable de remonter, la tête sur le point d'exploser et les poumons en feu. Et tu pâlis. Plus jamais tu ne voudras revivre cela, plus jamais, l'eau, c'est le pire élément qui soit, c'est le mal absolu, il est hors de question que tu la laisses s'approcher de toi. Non, non, il faut que tu le convainques de ne pas t'envoyer dans cette prison où tu risques la noyade - réelle ou non. Tu as trop peur. Tellement peur que tu ne réagis même pas quand il te colle un bracelet autour du bras, avant de te signaler que, désormais, tu es en possession de quelque chose qui lui appartient. Qu'il te le donne n'a pas d'importance : il n'y a pas de témoins, c'est sa parole contre la sienne, et bien sûr, c'est la sienne qui l'emportera. Effrayé, tu retires le bracelet maudit de ton bras et le tend à son légitime propriétaire. « Non, non, arrêtez, vous ne pouvez pas. » Tu prends alors conscience que ta peur est un peu trop visible. Et il se demandera très certainement de quoi tu as peur, alors que tu as affirmé que la prison ne te faisait pas peur. Sauf que tu n'as pas la moindre envie qu'il découvre que tu crains l'eau, c'est franchement ridicule comme terreur secrète. Il dirait quoi, s'il savait que même un verre d'eau t'épouvante ? Il rirait encore plus qu'il ne le fait maintenant. Et autant tu peux supporter ses moqueries sans fondement, autant tu ne saurais supporter qu'il se moque de toi à cause de cela. « Je suis certain que nous pouvons trouver un arrangement, n'est-ce-pas ? Après tout, vous n'avez aucun intérêt à m'envoyer là-bas, cela ne vous rapporterait rien du tout. » Avec un peu de chance, ce marchand est cupide. Tu penses que, pour passer sa vie à vendre des trucs, c'est qu'on doit aimer récolter de l'argent. Sinon, ça doit être dur de se déplacer. Surtout en se rendant à Okeanos : il faut passer à travers l'eau, quelle horreur. Mieux vaut rester à sa place, ça vaut mieux. Et prier pour que l'eau ne s'infiltre jamais ici, tant qu'à faire. |
| | | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Jeu 25 Juin - 14:07
Ce que c’était drôle. Franchement, si sa passion pour le passé ne lui bouffait pas une grande partie de son temps, Caelys n’aurait eu de cesse de satisfaire sa curiosité pour les réactions humaines. En fonction des régions, des affiliations, des conditions sociales, les comportements changeaient du tout au tout. Par exemple, une telle situation aurait été différente, voire n’aurait pas pu se dérouler du tout dans le monde des cieux, simplement car les habitants de Caelestis préféraient, assez littéralement, jeter leurs pauvres par la fenêtre plutôt que de les avoir à proximité. Car c’était bien la pauvreté l'un des premiers motifs de vol. Oh, il y en avait bien d’autres ! L’envie n’était pas motivée que par le besoin, certains volaient par curiosité, les chasseurs de trésors par exemple, comme Caelys, avaient parfois une morale assez vague et une compréhension de la propriété toute personnelle. Mais ce n’était pas le cas de votre humble serviteur. D’autres volaient tout simplement car ils le pouvaient, ceux-là étaient peut-être les pires mais le nomade n’était pas là pour débattre, seul et mentalement, sur des questions morales telles que celles-ci.
La réaction face au bracelet fût mieux qu’attendue. Oh Caelys savait reconnaitre la peur quand il la voyait, il la connaissait étant donné qu’il la côtoyait régulièrement quand il partait à l’aventure. Maintenant la question était de trouver, de comprendre, la cause de cette peur. La prison ? Sans doute, l’enfermement était une des pires craintes des nomades, alors pourquoi n’en était-il pas de même pour les autres nations ? A moins que cela ne fut quelque chose de distinct ? Sa curiosité n’en brulait que plus. Même si il y a une réelle différence entre ce que l’on affirme (ne pas avoir peur de la prison) et le concret (avoir finalement peur de la prison), et la terreur qu’il voyait sur le visage de son voleur semblait être toute autre. Il hésita un instant à balancer une suite de mots provenant de sa phrase précédente pour essayer de comprendre où ça avait coincé. Enfermé, Perpétuelle, Noyer, Fous…et tous les autres, qui sait, les phobies étaient parfois bien étranges. Mais l’autre avait parlé d’arrangement et un sourire était né sur les lèvres du Nomade. Non pas qu’il était cupide et avide d’argent, non, mais car ce genre de petites choses étaient parfaites pour tester les limites, et aujourd’hui il se sentait l’âme d’un aventurier de la sociologie. « Un arrangement mon cher voleur ? » Oui l’autre l’appelait mon garçon alors forcément Caelys lui offrait à son tour un petit surnom. « Certes, bien entendu, effectivement, un arrangement est possible. Mais qu’avez-vous à m’offrir, vous qui n’avez rien au point de vouloir me voler ? » Car le jeune blond n’en doutait point, son offenseur faisait partie de la première catégorie de personnes qui volaient, les pauvres pour survivre. Et quand on est pauvre on a rarement l’occasion d’offrir un pot de vin, si c’était ce que l’autre sous-entendait.
Caelys l’observait toujours avec ce même sourire. Il prit une mine pensive, tapotant son menton de ses doigts avant de claquer de ces derniers. « J’ai une idée ! » Plongeant sa main dans son poncho coloré, il en sorti la dague qu’il avait utilisée tout à l’heure, un bel objet, au manche en fer peint, la lame bien aiguisée, à l’image de son propriétaire. Et il la mit dans la main libre de son voleur, l’autre étant encore prise par le bracelet qu’il n’avait pas repris. « Voilà, maintenant c’est vous qui avez l’avantage. Plus d’arrangement sans sens. Vous pouvez m’agresser et me prendre tout ce que j’ai ! » Caelys n’avait cessé de sourire et sa voix était encore plus chantante que précédemment. « En plus personne ne nous regarde, c’est parfait ! Par contre essayez de ne pas vous couper, la lame est empoisonnée. » Vrai ou faux ? Ca, il n’y avait que le Nomade pour le savoir, en tout cas, malgré ses mimiques, il était plutôt convainquant, même si son numéro semblait sorti de nulle part. « Toutefois, si vous n’avez pas envie d’être, en plus d’un voleur, un meurtrier, vous pouvez accepter l’offre que je vais vous faire, cette dernière vous permettant de repartir avec l’entier contenu de la boite que vous avez voulu me voler, et le bracelet avec, c’est cadeau. » Les yeux bleus du jeune homme brillaient, plongés dans ceux de son vis-à-vis, un peu plus haut. Il avait l’air sérieux, mais c’était peut-être dur à dire étant donné sa joyeuse attitude. « Vous n’aurez les détails de l’offre que quand vous aurez fait un choix, cela dit » oui, sinon ce n’était pas drôle du tout. « Alors, qu’allez-vous faire, mon cher voleur, ou devrais-je déjà vous appeler mon cher assassin ? »
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| ZorionMessages : 28 Date d'inscription : 23/05/2015
| | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le Ven 26 Juin - 10:57 Tu ne te fais pas trop d'illusions sur le jeune homme sur lequel tu es tombé. Cela a l'air d'être un sacré cas, et si tu n'étais pas en si mauvaise posture, tu le qualifierais volontiers de boulet. Sa façon de s'exprimer avec trop d'élégance au vu du contexte, ses fausses menaces et ses réflexions tordues et acides font de lui quelqu'un de tout simplement insupportable. Tu aurais volontiers envie de l'envoyer balader, mais tu ne peux pas : tu espères bien trouver un arrangement, et ce n'est pas en lui disant ses quatre vérités que tu vas y réussir. De toute façon, il en ferait de même avec toi, soulignant le fait que tu n'es qu'un pauvre raté, vieux par dessus le marché, et que c'est un miracle que tu ne sois pas (encore) alcoolique. D'ailleurs, en parlant de cela, ton gosier te paraît bien sec, tout à coup. Et ce n'est pas de l'eau qui saura te désaltérer, bien au contraire. Mais bon, lui demander de satisfaire ta soif serait peut-être un peu trop, alors tu préfères ne rien dire et le laisser parler. Le problème, comme il te le fait remarquer, c'est que tu n'as rien à lui proposer. Il n'a rien à gagner à te tendre la main, rien à perdre non plus. Mais bah, c'est bien un marchand, cupide comme tous le sont : faire preuve d'un peu d'humanité, ça ne leur dit rien du tout. Tu serais prêt à parier que, si tu étais en train de te noyer, il ne te viendrait pas en aide, ce qui serait absolument criminel et ignoble. Bref, tu as tout pour le détester. Cela dit, tu l'écoutes, puisqu'il a une idée. Une mauvaise idée. Ta main se referme sur une dague fort belle, que tu ne pourrais sans doute pas te payer, et il te met au défi de le tuer - tout en précisant que la lame est empoisonnée, mais tu n'es pas sûr qu'il ne te ment pas. Tu le fusilles du regard. Jusque là, tu le trouvais agaçant, mais là, il se montre carrément insultant à ton égard. Il mériterait très certainement que tu la lui plantes dans la chair, la fameuse dague. Tu supportes déjà mal qu'il te considère comme un voleur, alors en plus un meurtrier ? Tu pourrais éclater de colère, très certainement, si ce n'était pas dans ton tempérament d'essayer de garder ton calme en toute circonstance. Et de toute façon, tu crèves de trouille en cet instant.
Le vendeur semble enfin un peu plus sérieux, ce qui t'arrange bien. Tu inspires profondément, essayant de calmer la peur qui te dévore, sans pour autant pouvoir la chasser totalement. Le seul fait que, peut-être, tu peux trouver un arrangement avec cet homme et donc éviter la case « j'ai l'impression de me noyer en prison », parvient à apaiser légèrement les battements de ton cœur, mais tu ne doutes pas que ton visage conserve une expression anxieuse. « Je ne suis pas un voleur, encore moins un meurtrier. » Et tu lâches la dague qu'il t'a tendue sans faire attention à la façon dont elle te retombe. Elle pourrait te blesser, tu t'en fiches. Si c'est une lame empoisonnée, tu souffres, mais tu n'as pas peur de la douleur. La mort n'est rien comparée à la perspective d'avoir les poumons plein d'eau et la tête comme un ballon par manque d'oxygène. Tout ce qui t'importe, c'est d'éviter la noyade, pas compliqué, n'est-ce-pas ? En comparaison, le reste te paraît bien dérisoire. « Tout le contenu du coffre ne m'intéresse pas. J'ai pas besoin de grand-chose. » Tu ne dis rien sur le bracelet, vu que tu n'as aucune idée de la valeur que celui-ci peut avoir, tu n'as pas l'œil pour en juger. Si c'est de la pacotille, tu n'as aucune raison de la refuser, ça te fera toujours un cadeau facilement trouver. Et si cela a de la valeur, tu pourras toujours le donner à ton créancier pour qu'il le revende. Bref, c'est peut-être même la seule chose qui serait susceptible de t'intéresser, mais tu préfères ne rien en dire. Tu ne peux pas prétendre que tu ne veux rien. Déjà, prétendre que tu n'as pas besoin de grand-chose est un mensonge, le but est simplement de préserver un minimum ta fierté et essayer de lui foutre dans le crâne que non, tu n'es pas un voleur. « Tes termes seront cependant les miens, et je ne te force pas à me donner quoique ce soit. Alors je t'écoute. » Peut-être cela décevra-t-il ton marchand, mais que veux-tu, tu n'es pas un meurtrier et tu ne le seras jamais. Attenter à la vie de quelqu'un est affreux. Quelqu'un comme toi, qui a failli perdre la sienne à cause d'un autre, tu ne seras jamais capable de tuer quelqu'un. |
| | | Re: RED-HANDED ▬ Caelys écrit le |
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