Cela faisait quelques temps.
Quelques temps déjà que la forêt était dangereuse.
Elle l'était déjà probablement à sa genèse mais avec les pièges accumulés un peu partout par vous autres, chasseurs, elle devenait un véritable cercueil ambulant.

Voilà pourquoi vous deviez protéger les herboristes et autres habitants qui avaient à faire dans la forêt. Il t'était même arrivé de devoir escorter un habitant jusqu'en dehors de celle-ci pour qu'il puisse rejoindre l'aquaterra et se rendre à Galiea.

Usuellement, vous empruntiez les sentiers d'accrobranche, vous baladant sans danger, ou presque, parmi les arbres de cette forêt plus bleue que verte.
Mais cette fois-ci, il fallait être à même le sol, ramasser des fleurs et autres plantes aux vertus mystiques et guérisseuses.

Combien de fois avais-tu vu ta mère opérer de la même façon que la jeune Eireen aujourd'hui ?

Non sans un sentiment désagréable de nostalgie, tu lui fit signe avant de grimper dans un arbre. D'ici, tu aurais une vue panoramique sur cette mini clairière au milieu des bois, tu pourrais voir un danger arriver à des kilomèt...

UN PHACOCHERE ?

Qu'est-ce qu'un phacochère venait faire dans cette partie de la forêt ? Il s'était retrouvé à milles lieux de son habitat naturel. Et sa façon de courir, comme un dératé, comme s'il voulait chasser quelque chose. Ou plutôt quelqu'un, qui venait de se retrouver aux pieds de celle que tu devais protéger.

Un inconnu, qui soudainement, venait de mettre sa vie en péril ainsi que celle de l'herboriste qui n'avait rien demandé à personne. Seulement cueillir quelques plantes et fleurs.

Attrapant ta machette, tu sautais d'arbre en arbre avant de trouver l'angle parfait pour plonger sur l'animal dénué de raison en cet instant.

Qu'avait bien pu faire l'inconnu à cet animal ? L'avait-t'il blessé ?

Comme un éclair rose, tu atterrissais agilement sur l'animal, se ruant furieusement sur celle que tu avais promit de ramener entière.

Ton poids déstabilisa l'animal qui vous entraina dans un roulé boulé duquel tu t'échappa avant d'atterrir brillamment à moins d'un mètre de lui, genou posé au sol. Et tandis qu'il se précipitait vers toi, ta lame s'enfonça dans sa tempe, puis dans sa cervelle, avant de ressortir par l'arrière puis le haut de son crâne.

Ton bras entourant sa gueule, gémissant d'agonie, tu abrégeais ses souffrances en enfonçant ton poignard dans sa jugulaire. Murmurant quelques mots à l'égard d'earthea, pour qu'il accueille la bête qui venait de perdre la vie, tu laissais glisser sa carcasse au sol.

Te relevant et secouant ta lame pour en enlever le sang, tu te tournais désormais vers la cause de cette situation. Cet étranger.

— Qui es-tu ?

Comme pour te protéger, et protéger Eireen, tu décidais de garder le poing fermement fermé sur le pommeau de ta machette.

Ton regard vert se qualifierait de noir.

Et regardant le sol qui s'imprégnait d'un rouge carmin, tu poursuivis en t'adressant à la jeune femme.

— On ferait mieux de récupérer ces fleurs — elles étaient recouvertes de sang, presque toutes — du moins, ce qu'il en reste.

Un carnage.
Un carnage en ce lieu pacifique.

Tu y aurais gagné de la viande, elle y aurait perdu quelques fleurs et lui, que gagnait-il dans tout cela ?