Après Caelestis, après tout ce temps passé loin du calme des terres reculés, Bethsabée avait enfin arrêté son périple pour une journée, sur l'île des constellations. Elle aimait les étoiles, leurs lumières disparates et lointaines. Et cette immensité qu'offrait un ciel sans lune ni soleil. Elle se trouvait noyée entre la réalité et le fantasme sur le bord d'un précipice, les yeux dans le vague.
On prononce son nom, juste derrière elle, et délicatement le jeune femme se retourne. Pas complètement, juste assez pour apercevoir le visage appartenant à la voix. Un sourire, les lèvres closes. Les bijoux sur ses bras et ses poignets tintent tandis qu'elle s'assied par terre. Elle se souvenait soudain à qui appartenait le visage et la voix.

« Lucyas. Je suis ravie. »

Vrai ou faux, elle esquisse un sourire bienveillant, disposant à côté d'elle son châle. Ses jambes pendent légèrement dans le vide et sa main tapote l'herbe juste à côté.

« Viens t’asseoir. Et ne soupire pas tant, tu vas t’essouffler.»

Bethsabée rit, un rire clair et tout à fait charmant.

Bethsabée continuait de sourire. Un sourire qui n'était ni joyeux, ni heureux, juste mystérieux. Comme si elle était la détentrice de quelque chose d'essentiel, une information incroyable. Comme si elle savait.
Elle avait toujours plus ou moins saisit l'essentiel du caractère des gens qu'elle croisait, sans trop y réfléchir. Et Lucyas n'échappait pas à la règle. Mais elle s'abstenait d'en dire quoi que ce soit. Il n'était pas le seul qu'elle lisait. Elle les lisait tous, tous les autres, tous les hommes. Une aptitude qui l'aidait beaucoup dans ses pérégrinations et dans ses prédictions. Pas un son ne sortait de sa bouche, elle se contentait de sourire, offrant de temps à autre la délicatesse d'un pincement de lèvre
« Du moment que ce n'est pas moi. »
« Tu es dur avec moi petit homme, ça me rend triste. » Elle se para d'une moue boudeuse, dégageant une nouvelle fois ces mèches rebelles qui venaient se placer devant ses yeux. « Les gens viennent d'eux-même me voir. Il n'y a pas de victime, que des hommes en quête d'une vérité.»
Elle rit, amusée. Rien n'était jamais sérieux pour Bethsabée. Et là était tout le drame et la beauté de ce qu'elle était. Ni enfant, ni adulte.
« Tu fais pareil. Tu viens, tu t'assied à côté de moi, tu m'écoutes parler et tu cherches la vérité derrière tout ce que je peux raconter, ma vérité.. Je trouves ça très séduisant.»
Elle retrousse sa lèvre, fronce le nez et finalement, pose sa tête sur l'épaule du jeune homme.

Beth fixait les étoiles, respirant calmement. La voix de Lucyas était étonnament soporifique.Ou peut-être sa fatigue venait-elle simplement du fait qu'elle ne dormait plus depuis trois jours. Ses paupières tombèrent, obsurcissant le monde. Ele continuait d'écouter tranquillment, sans intervenir. Son sourire restait le même. « rien ne marche jamais comme toi de toutes façons »

Elle poussait un soupir, les yeux toujours fermés. Puis, lasse elle se redressa et étira au dessus de sa tête ses bras. Avant de reprendre sa place contre le Nomade.

«  Il n'y a que toi pour croire que tous les hommes qui se présentent à moi espère une nuit... certain préfère les hommes. » Elle pouffa, amusée par sa propre blague. Elle se rapprochait doucement, finissant par enfouir son visage dans le cou de Lucyas. « Préfères-tu donc les hommes Lucyas ? »

Elle était juste très fatiguée.

Bethsabée se mit à bailler, cachant sa bouche grande ouverte dérrière sa main dans un accès de politesse. «  si je semble fatiguée, c'est que je le suis. »
Elle l'écouta parler, lasse, la tête posée sur son épaule, en quête de chaleur humaine, parce qu'elle sentait le froid de la nuit éternelle qui régnait ici s'insinuer entre les plis de ses draperies. La voyante reserra ses doigts sur l'étoffe pourpre qui composait en partie son jupon et soupira.

« oui je suis un homme, n'est-ce pas flagrant Lucyas ? » lança-t-elle en passant la main sur sa poitrine. « Pourquoi irais-je dans un endroit où je devrais porter un masque te cacher mon visage ? » Bethsabée relève son buste, les yeux ronds « Et puis il paraît que le pollen recouvre tout, je trouve ça dégoutant. »

Elle finit par se redresser totalement, s'asseyant tout à côté de Lucyas.

« Non, non, je dois retourner sur Caelestis dans quelques jours, mon passage ici n'était qu'un simple détour. Pour prendre le temps. » Elle sourit aimablement, réarrangeant avec délicatesse quelques boucles blondes. « Et puis tu grimaces tellement en me parlant de cette foret que ça ressemble à un traquenard. Me détestes-tu tant que ça Lucyas ? »

Le sourire carnassier de Beth luisait dans la pénombre de la nuit sans fin qui régnait sur cette île. Oublier le masque hein...
Elle ne put s'empêcher de pousser un petit soupir satisfait. Même avec toute la haine du monde, elle savait qu'il ne pourrait jamais la détester. Pas elle, oh non. Et, somme toute, même Esel, personne n'arriverait jamais à la détester autant qu'elle se déteste.À lui vouer la même haine qu'elle se porte depuis qu'elle est née.
Bethsabée continuait pourtant de sourire, inlassablement, comme le chat d'une certaine histoire, même si elle était folle.

« Ce cher Esel.... Il a toujours un aussi beau visage. » Elle prit un rêveur, riant délicatement derrière sa manche brodée. « Je crois bien qu'il me hait encore. On a discuté. Mais je n'ai pas tellement envie de te raconter... Je suis fatiguée et mes talents de conteuse s'épuise avec mon énergie. »

Elle baillait, étirant ses bras au dessus de sa tête. Puis délicatement, ses doigts attrapèrent l'ombrelle dont elle se servit pour se relever.

« Et si nous allions dormir tous les deux Lucyas ? » Elle sourit, lui tendant la main.

Beth sourit et partit chercher de quoi dormir tranquillement et au chaud, dans son escargot qui, lui, était tranquillement immobile, accroché à un arbre. Elle s'endromir si vite qu'aucune réflexions ne réussit à sortir de sa bouche. Elle se contenta d'un vague soupir et d'un baiser envoyer à la va-vite.

Elle dormit d'un sommeil lourd, parsemé de rêves étranges, à la fois merveilleux et effrayant. Mais quand Lucyas se leva, elle dormait encore à poings fermés, ensevelie sous ses couvertures, pas longtemps ceci-dit. Quelques minutes alors qu'il s'était éloigné, Beth ouvrit les yeux, et releva son buste pour finalement s'asseoir en tailleur. La couverture glissa le long de son dos ; elle était nue. À peine vêtue d'un sous-vêtements en tissus prune. Et pas gênée pour un sou.
Les cheveux en fouillis, la bouche pâteuse, elle fixait les étoile, triste. Véritablement triste. Beth sentait qu'il était temps de s'en aller.
Mais trop tard pour partir sous le nez de Lucyas, déjà de retour de son petit tour.
«  n'aurais-tu pas pu me laisser le temps de m'en aller en douce ? » elle tourne la tête, ses cheveux cache la plupart de sa nudité mais  pas toute. Elle sourit, mutine, le visage endormie. Jolie poupée.

Bethsabée rit, gaiement, un rire clair et sincère qui s'échappe de sa bouche où ne sort pourtant jamais rien de sûr. Elle rémène ses cheveux sur le côté, rendant visible la peau rose de son aréole droite. Elle fixe les étoiles qui jamais ne s'éteignent, lasse d'être restée trop immobile, trop longtemps. Ses doigts délicats attrapèrent la pomme au vol, et elle mit quelques secondes avant de croquer dedans. Pas un merci, juste un sourire en coin. « Au revoir, Lucyas. J'ai hâte de te revoir. »
Vrai oufaux, son visage restait fixé sur les étoiles, ainsi ne lui lança-t-elle même pas un regard, même pas quand il lui toucha la tête.
Bethsabée soupira, mordant une nouvelle fois dans la pomme. « Il ne reste plus que toi et moi Didi... »
Là voilà qui se mettait à parler à son escargot. Elle sourit et lança la pomme dan sle vide, avant de se lever et de repartir elle aussi, continue son chemin de croix.