Il est d'usage, lorsqu'on visite une autre nation, de ramener des souvenirs à offrir. Cependant, la solitude que te confère ton job ne te permet pas d'avoir des relations assez stables pour que tu puisses te permettre d'offrir des merveilles d'autres lieux. Alors puisque tu ne comptes tout de même pas revenir les mains vides, et que Caelestis est un endroit plein de ressources, tu sais exactement ou tu vas te faire plaisir. Les boutiques d'armes non loin des Usines.

Il faut admettre que tu es plus du type armes à feu, d'habitude. Elles sont plus courantes dans Galiea, et presser sur la détente est un acte beaucoup plus détaché et bien plus facile qu'enfoncer une épée ou que de trancher le cou d'un homme. Le canon contre la tempe, une dernière parole, et bang bang. Le corps finira sous l'eau pour nourrir les poissons carnivores, ou dans les labos glauques du Docteur Draay. Cependant, ici, le travail d'orfèvre des forgerons ne te laisse pas indifférent, et tu comptes bien rendrer en Okeanos avec une arme blanche.

Cependant, tu es loin d'être un expert en la matière. Tu sais ce que tu veux, à peu près. Une épée, pas de lance ou de hache. Une épée légère, assez pour être maniable à une main. Sauf que pour l'instant, t'es juste devant les vitrines, l'air perdu. Ah, si quelqu'un pouvait te filer un coup de main, la, maintenant.

Tu aurais pu passer des heures devant la vitrine comblée du magasin. Des heures a regarder, observer, scruter, hésiter. Certaines t'ont déjà tapé dans l’œil et tu aimerais pouvoir t'en aller avec toutes, mais tu sais qu'une épée, c'est comme une compagne. Elle doit être parfaite, belle, et surtout unique. Tu pourrais t'y perdre encore des lustres, mais quelqu'un vient te sortir de ton focus. Une habitante de Caelestis, très probablement.

"Oh, bonjour. Vous visez juste, je suis de passage dans la région, et j'aimerais rapporter une épée chez moi. Je ne suis pas sur de l'utiliser tout les jours, je pense qu'elle servirait plus d'apparat, de décoration. Pourtant, j'aimerais pouvoir m'en servir en cas de dernière nécessité."

Tu n'avais peut être pas besoin d'en faire des tonnes. Il était peu probable que devant la vitrine d'une armurerie, tu ai soudainement envie d'acheter des pastèques ou de la brioche. Pourtant, c'est ton genre d'en faire toujours des tonnes, pas vrai ?

"Je ne suis vraiment pas expert en armes blanches, je pense que quelqu'un qui a l'air d'être experte comme vous pourrait m'aider, non?"

Pendant qu'elle parle, ton regard se fixe sur sa lance, puis son armure. Elle est resplendissante, et tu peux presque voir ton propre reflet dans le métal. C'est très absorbant, tu dois bien l'admettre. Lorsque la demoiselle se déplace pour t'ouvrir la porte, tu restes planté la quelques instants. Il serait, d'après ton expérience,  plus logique que tu lui tiennes la porte, et pas l'inverse. Mais elle a l'air si joyeuse que tu ne peux pas te permettre de râler. Tu penches la tête, la remercie et entre dans le magasin, les yeux gros comme le ventre. Si tu pouvais, tu prendrais tout.

Parce que tout brille, tout est rutilant et l'impression de voir ton propre reflet plus tôt n'est plus une impression, mais un fait.

"Comme je l'ai dis, je ne m'y connais vraiment pas. Je risque d'être un fardeau, j'espère que vous en êtes consciente, aha. Je ne suis qu'un pauvre laborantin d'Okeanos."

Parce que oui, t'allais pas dire que t'es le chef de la police secrète. Surtout en achetant une arme, ça paraîtrait très suspect, et tu aimerais éviter d'apporter la honte sur ta nation pendant un voyage à l'étranger.

"Pardonnez moi si c'est indiscret, mais je suppose que vous faites parti de la garde royale, non? Je me demande ce que ça fait, d'être à un poste aussi important."

Générale, hein ? Elle est mieux gradée que ce que tu pensais. Il ne faudrait pas faire une remarque déplacée, encore moins qu'avant, alors.

"Absolument pas. Chacun ses croyances et chacun ses manières de faire. De toute façon, je ne suis qu'un laborantin, je pense en avoir déjà parlé. La politique d'Okeanos, moi, elle ne m'intéresse pas vraiment."

Pas de remarque déplacée, mais mentir, oui. Pour protéger ta couverture. Mais pour la protéger encore mieux, le meilleur moyen, c'est de détourner le sujet de conversation sur l'épée que la rousse pointait quelques instants plus tôt. Elle a raison, cette épée est magnifique. Mais tu te vois mal accrocher un emblème de Caelestis dans le bureau du chef de la police secrète d'Okeanos, malheureusement.

"Elle est très belle, je dois l'admettre. Néanmoins, n'étant pas moi même un croyant de Caelestis, j'aimerais éviter de devoir répondre de haute trahison à Okéanos à cause d'une arme. Les gens la bas ne plaisantent pas avec la patrie. Une autre, moins... Caelestienne?"

T'es bien placé pour le savoir, c'est toi qui maintient la tête sous l'eau de ceux qui fricotent un peu trop avec l'ennemi.

Tu poses ton regard sur l'arme proposée. Tu dois bien admettre qu'elle est vraiment magnifique, et qu'elle n'a aucune vraie marque Caelestienne. Tu passes doucement le bout de tes doigts sur la garde de l'arme, et tu fais mine de réfléchir quelques instants.

"Elle est vraiment belle, en effet. Il ne me semble pas qu'elle soit vraiment trop lourde, si? Peut être faudrait il que je l'essaye. Votre oeil d'expert doit être bien plus habitué que le mien pour ça."

Tu attrapes délicatement l'arme, et tu la détaches de son support. Elle est lourde, certes, mais tu devrais pouvoir t'y faire. Ta main s'adapte bien à la poignée, Tu manies convenablement l'arme, et tu as ce petit quelque chose en toi qui te dit que c'est la bonne.

"Je pense la prendre. Elle est à mon goût, agréable a prendre en main, et dans mes moyens. Vous avez l'oeil, mademoiselle. Mademoiselle quoi, déjà ?"

Instinctivement, tu te penches pour lui faire le baise-main. Tu es quelqu'un de bien éduqué, et même si tu ne connais pas les coutumes locales, il ne te semble pas avoir causé d'incident diplomatique. Il est bon que tu montres toute l'humilité et la politesse des habitants d'Okeanos à l'extérieur.

"Chronos."

C'était plutôt simple, de ton côté. Pas de long nom à consonance étranges, un simple nom. 7 lettres qui désignaient à la fois un simple laborantin et l'implacable chef de la police secrète. Ce qui liait les deux, c'était l'absence de remords. Il faut tromper les gens pour se couvrir, et il faut se couvrir pour ne pas se faire tromper.

"Mais je ne pense pas que vous ayez déjà entendu parler de moi, aha. Je ne suis pas le genre à briller dans les dîners mondains. On m'invite parce que je suis agréable avec tout le monde!"

D'un côté, ce n'était pas complètement faux. Il fallait bien être souriant et caresser dans le sens du poil pour en apprendre plus. Mais parfois, c'était naturel. Comme dans la situation actuelle, en fait.

Tu manies une dernière fois l'épée, pour être bien sûr que c'est bien celle qui t'intéresse, et tu accompagnes la demoiselle jusqu'au comptoir. Il fallait bien payer l'arme, et ton salaire de chef de la police était largement suffisant pour te permettre des petits coups de folie comme celui ci.

"Et bien si vous vous sentez de me donner deux trois cours d'escrime, je ne dirais pas non. Je ne suis qu'un simple habitant d'Okeanos, j'ai bien peur de me planter l'épée dans la jambe sans faire exprès aha."

Même si tu n'es pas un simple habitant, tu n'es vraiment pas habitué aux armes blanches.

"Je payerais le prix nécessaire pour que vous m'appreniez les rudiments du combat à l'arme blanche, mademoiselle!"

Bien! Déjà, t'as pas fini avec une épée dans les fesses. Entre nous, ça aurait été une situation plutôt gênante. Et puis le bon côté, c'est que tu viens d'acheter une arme plutôt cool avec laquelle t'enverra des petits messages aux parasites qui volent Okeanos. Comme un bras de leur second en cuisine, ou pire.

"Je n'en doute pas. L'aller retour Okeanos-Caelestis ne sera qu'une formalité, si c'est pour apprendre l'escrime avec quelqu'un d'aussi doué que vous. Un vrai plaisir, en tout cas!"

Une fois la lame rangée, tu jettes un dernier coup d'oeil autour de toi. Tout ça manque de technologie mais, tu dois l'admettre, c'est une petite boutique des plus pittoresques, comparée aux grands magasins qu'Okeanos peut offrir.

"Je ne suis pas vraiment habitué aux technologies d'ici. Comment pourrais-je prendre des nouvelles de vous, mademoiselle? Par lettres?"