Musique - Tu t'y attendais à ce jour, ce jour où ses funérailles auraient lieu. Ta médecine ne pouvait le soigner totalement ; tu étais son médecin traitant jusqu'à ce jour, dorénavant tu ne l'es plus. Cet homme que tu tentais en vain de rallonger ne serait-ce qu'un peu son espérance de vie, s'était éteint. Ce n'était pas le premier et ne sera ni le dernier, mais cela n'empêche pas cette vive douleur naissante à l'intérieur de ta poitrine. C'est le cœur lourd et la boule à la gorge que tu te pinces légèrement les lèvres à l'aide de tes dents, observant le peuple de Caelestis déposés leurs offrandes près du corps.

Serrant légèrement le bouquet de rose entre tes doigts, tu observes les pétales rouges et blanches, humant le parfum délicat qu'elles dégagent. Un doux sourire se dessine sur tes lippes rosées, puis tu t'avances avec assurance vers le cercueil en passant à côtés de ces personnes vêtues de noir, contrairement à toi qui est vêtue que de rouge. Oui, tu avais osé. Tu avais osé porter une robe rouge pour des funérailles, tu es cette touche de couleur dans ce sinistre décor ; mais le rouge était sa couleur, alors tu voulais la porter lors de ses funérailles. Les roses rouges le représentent lui et l'amour qu'il donnait à sa fille, les roses blanches sont pour la pureté de son cœur et sa princesse adorée.

Déposant délicatement le bouquet près des autres offrandes, tu tires deux roses ; l'une rouge et l'autre blanche. Tu t'avances vers le corps, contemplant ce visage endormi de cet homme. Ah si seulement il était endormi. Le sourire que tu arborais s'était envolé et finalement, tu te permets sans qu'on te donne la confirmation de glisser les deux roses entre ses mains posées contre son torse. Tu t'étais permise quelque chose qu'on n'ose pas faire à une personne défunte ; de plus, tu n'es pas de ce peuple. Pourtant, c'était bel et bien toi qui avait tenté de le garder en vie le plus longtemps possible, alors tu avais le droit de faire ce geste d'une certaine façon, même si aux yeux des autres ce serait probablement mal vu, mais tu t'en moques bien.

« Tu aurais pu vivre un peu plus longtemps. » Souffles-tu alors que tu sens ton corps trembler légèrement, baissant la tête vers ta poitrine, tes lèvres tremblent doucement. Pourtant tu ne souhaites pas craquer, non, pas devant lui, tu ne peux pas. Tu relèves la tête, tentant d'esquisser un sourire moqueur. « Les dieux se moquent réellement de nous. » Posant à nouveau tes pupilles dorées sur ce corps dépourvu d'âme, tu t'approches à nouveau en te penchant légèrement par-dessus le cercueil.

Glissant l'une de tes mains dans sa chevelure écarlate, tu remontes doucement ses cheveux comme il avait l'habitude de le faire et tu déposes tes lèvres sur son front dégagés de mèches gênantes. Froide, sa peau est froide dû à ce coeur qui ne bat plus. Tu te redresses finalement, caressant une dernière fois sa joue en esquissant un doux sourire. Puis tu te recules rapidement en descendant vivement les marches, les larmes se déversant finalement sur tes joues lorsque tu te retrouves de l'autre côté de la salle. C'est le corps tremblant, que tu portes une main devant ta bouche, ayant également les yeux fermés qui déversent la tristesse se trouvant au fond de ton cœur.

❀ the ghost of you, it keeps me awake

Leurs cœurs mouchetés de noir. Leurs cœurs déchirés, piétinés.

D'un pas aphone, tu te figes devant cette tombe, devant toutes ces personnes. Ils étaient éplorés, songeant à un être perdu. Ces gens regrettent le passé.

Tu fixes la pierre grise, des larmes roulant piètrement sur tes pommettes enflammées. Tu tiens une fleur, une fleur sans parfum. Une fleur éteinte, une fleur pleurante. Ils geignent et hurlent, ils pleurent et se raidissent. Ton visage se crispe et ta chevelure s'écroule sur ton front, tu te lamentes.

Un pétale de rose tombe à tes pieds, tu le ramasses. Toi qui ne le connaissais pas, lui qui ne te connaissait pas, tu veux te rappeler, te rappeler de sa présence ce jour-là. Tu rouvres ta main, il s'envole.

Il était comme leur espoir.

Ta fleur favorite, ta fleur féminine se froisse elle-aussi, comme si elle te comprenait, comme si elle voulait te comprendre. Les yeux meurtris et le visage mouillé par la mélancolie ; tu t'avances discrètement, loin de leurs regards mourants.

Le regard baissé vers le sol noir, tu t'agenouilles et tu déposes cette rose. Livide, écoutant leurs sanglots, tu te braquais et tu te questionnais. Tu aurais préféré que la pâle Mort te prenne à sa place.

Que Caelestis entende nos prières

edge & co.

rest in peace ✻✻✻ La douleur envahissait son ventre, la culpabilité bloquait sa gorge comme un noeud. Edge avait le moral dans les talons. Sobrement vêtu comme il ne l’était jamais, il s’avançait vers le temple de Caelestis avec un gerbe de fleur à la main. Il n’était en rien responsable de la mort de cet homme qu’il connaissait que très peu et pourtant, il en portait le fardeau comme s’il avait été celui qui avait tué le gardien. Ce n’était évidemment pas le cas, mais ça importait peu. Rare était les fois où Edge n’arrivait pas à voir les choses du bon côté, mais cette fois en faisait partie. Il ne connaissait pas particulièrement le gardien. À vrai dire, il avait discuté avec ce dernier à quelque reprise, mais sans plus. Et pourtant sa mort le peinait, personne ne méritait de mort avant son heure et le forgeron ne pouvait pas croire que l’heure de Rizzen était venue si tôt. Son ultime marque de respect ne fut cependant pas la fleur qu’il déposa en tentant de camoufler les larmes qui coulaient sur ses joues. Non, c’était le silence qu’il observait religieusement, sachant bien que c’était probablement ce que le gardien du temple aurait voulu de lui dès le départ, lui qui n’avait jamais semblé apprécier le trouble au calme qu’était Edge. Alors il pouvait bien lui faire ça, respecter ce qui lui semblait comme une volonté, peut-être une leçon à apprendre.

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