Elle jure, s'époumone, depuis bientôt une vingtaine de minutes au dessus de sa table de dessin. Conceptrice de génie, mon cul ! Même pas foutu de résoudre un tout petit problème d’espace entre deux pièces d'un mécanisme ! Elle froisse la feuille dans un soupir lasse avant de lancer tout ses stylos à travers la pièce.
Le visage collé à son bureau, elle essaie de reprendre peu à peu le contrôle. Mais un élément vient chambouler toute l'équation en débarquant en trombe dans son bureau, vociférant comme un poissonnier. La jeune femme relève la tête et serre ses doigts sur un pot à crayons. Puis elle se retourne, le pot à crayons toujours à la main et vocifère « Cher collègue, n'avait vous jamais appris à FRAPPER À LA PORTE AVANT D'ENTRER ?»
Le pot à crayon craque et Sélène l'écrase contre le bureau dans un geste rageur. Elle prend une grande inspiration et retourne s'asseoir. Lorsqu'elle reprendra ses esprit, que la tempête sera passé, peut-être s'excusera-t-elle. En attendant, elle fait une grimace dégoûtée.

Non Sélène n'était pas vraiment elle-même, pas vraiment lucide en cet instant. C'était la rage qui la dominait entièrement, une rage, un accès de colère qu'elle regretterait amèrement par la suite. Mais, en l'instant, elle était juste... Furieuse. Furieuse que ses calculs n'aboutissent à rien de bien concret, furieuse de n'avoir pas pu dormir plus de deux heure en 36 heures, furieuse qu'un type aussi louche que le Dr Leyan pénètre dans son bureau de cette manière. Elle lui lança un regard assassin, ne pipa pas un mot. Elel voulait juste qu'il s'en aille, maintenant, qu'il dégage à tout prix de cet endroit, qu'il la laisse seule, le temps qu'elle se calme.
Mais il insiste, reste là et continue de parler. Sélène fait tourner son tabouret et le fixe sans ciller. « C'est bien là que réside tout le problème, Mr Leyan. Ils y en a qui travaillent. Et il y en a d'autres qui viennent pourrir votre travail. » Elle se lève, le visage hautain et siffle entre ses dents serrées « Sortez d'ici, allez crier sur quelqu'un d'autre et laissez moi travailler en paix. »
Elle détourne le regard, lance son crayon à travers la pièce et retourne à son oeuvre.

Le silence ne venait pas, l'homme furieux dans le sanctuaire de Sélène continuait de vociférer. La petite blonde ne cessa pas de fixer l'horloge au mur. Le temps passait sans altérer la situation ; Sélène poussa un soupir las. « Pourquoi chercher à me comprendre Dr Leyan ? » Lança-t-elle brusquement. Oui pourquoi, à quoi cela pouvait-il bien servir alors qu'elle même ne s'était pas lancé à l'assaut de son propre mystère. Avec une pichenette, elle remit le stylo là où il était quelques secondes plus tôt, au sol. Et elle lança un regard appuyé à son « confrère ».
La violence de ses yeux s'était éteinte, elle avait maintenant l'air simplement exténuée. « Sortez d'ici s'il vous plaît. »
Sa voix sonnait presque comme une supplique et dans un énième soupir, elle coinça sa tête entre ses mains.