Les choses s’étaient faites si brusquement que je n’avais pas encore réalisé que j’avais tout perdu. J’étais à Earthea pour une durée indéterminée, et je n’avais plus rien. Le peu de choses qui me raccrochaient encore un minimum à mes origines étaient tout simplement parti en fumée dans l’explosion qui aura emporté tout Galiea. J’avais été évacuée rapidement, mais j’avais quand même eu bien peur, surtout quand j’ai observé, certes de loin, la ville aquatique s’effondrer dans les profondeurs de l’océan, avec à l’intérieur des centaines de personnes qui n’auront pas eu la même chance que moi. J’y avais également perdue mon travail, mais par chance, j’avais pu sauver quelques-uns de mes précieux carnets. Pas grand-chose, mais c’était mieux que rien, et je pourrais toujours en refaire certains. Ils ont fermé l’accès à Galiea. Soit disant car cela reste trop dangereux, puisque la ville est en ruine. Mais je ne veux pas laisser les derniers vestiges de notre cité sombrer au fin fond de l’océan, comme mes parents. Je ne veux pas simplement qu’on détruise tout ce qu’il en reste pour reconstruire par-dessus, parce que ça ne serait pas pareil, pas du tout. Alors ce matin, je me suis levée, encore un peu sous le choc mais plus calme qu’auparavant. Et je suis partie pour Galiea, espérant au fond de moi que ce n’est pas réel, et que j’irais retrouver mon petit jardin secret.

Je n’avais même pas encore quitté Earthea qu’on me bloquait déjà le passage, armes et barrières se dressaient devant moi. On croirait presque qu’ils ont quelque chose à cacher là-bas. Envoyant mon poing contre la barrière improvisée, je ne pus m’empêcher de râler.  « je ne vais surement pas attendre là à rien faire. Ça a pas sauter tout seul, et je vais pas laisser partir mon travail et tout le reste comme ça! »