Le temple d'Okeanos a toujours été un lieu calme et prospère. Le peuple de la mer n'y vient pas seulement prier, mais aussi s'y réfugier. C'était en quelque sorte le repère des esprits vagabond si l'on peut dire, dès qu'un individu se perd ou ne sait plus où aller, il se retrouve étrangement attiré par ici, comme si leurs pas ne pouvait les amener ailleurs. C'était en quelque sorte ce qui faisait la magie de ce lieu, ce qui le rendait aussi unique que divin. Apaiser les cœurs faisait probablement parti de ton travail de gardien, mais il fallait avouer que tu n'étais pas forcément le plus habile à cette tâche là. Il est vrai que tu portes ta bénédiction sur les habitants d'Okeanos, que tu as juré de te dévoué à les guider sur le droit chemin. Mais, il est aussi vrai que tu ne ressent pas d'affection particulière envers eux. Tu connais leurs visages, leurs maux et leurs prières mieux que quiconque, mais ils te sont tous étranger. Tu as juste été formaté de la sorte en grandissant au temple, écouter, rassurer, conseiller ne sont devenus que de simples réflexes, rien de plus.

Tandis que tu finissais de faire prêter allégeance à un enfant de huit ans venu accomplir son rite sacré, ton attention se reporta sur le son métallique provenant d'un peu plus loin. Tu souris à tes interlocuteurs, leur signalant qu'il pouvaient désormais partir. Ils suivirent tes conseils tandis que tu t'approchais de celui qui avait tant attiré ton attention.

C'est toi, Cain ? Il n'avait même pas besoin de porter son regard sur toi avant de te reconnaître. Il savait de toute évidence que tu serais le seul à venir l'importuner dans ce lieu sacré quand bien même il vaguait à des occupations tout autres. Aiden, tu serais presque capable de dire qu'aussi loin que tu te souviennes vous vous connaissez. Il a fait parti de ceux que tu as vu grandir & qui inversement t'ont vu devenir le maître de ces lieux.

Tu ne t'ennuies toujours pas dans ce vieux temple glauque et poussiéreux ? Il se jouait de toi d'une certaine manière, rien de bien méchant en soi. Tu ris vaguement. C'est vrai que à force d'être cloîtré dans cet endroit, tu ressemblais bien plus à un oiseau en cage qu'à un homme libre. Tu ne pouvais pas le nier, mais quelque part. Ça avait aussi été ton choix. Tu aurais pu laisser le premier venu s'occuper du temple & tu as décidé d'en garder l'entière responsabilité. Le considérant comme un héritage du précédent gardien.

« Je n'ai jamais le temps de m'ennuyer, Aiden.  Tu réponds du tac-au-tac, comme si c'était une évidence. Ca faisait longtemps que je ne t'avais pas vu. Tu t’étais décidé à rompre le contact avec tes veilles connaissances ? Ou justement je te manquais de trop après tout ce temps? »

Tu t'assieds à ses côtés, c'était pas comme si t'étais vraiment occupé contrairement à ce que tu prétendais.

« Généralement quand on te vois par ici, c'est que ton passé te hante. T'as trouvé quelque chose de nouveau ?  » Curiosité oblige. Tu connaissais parfaitement l'histoire d'Aiden ou justement son manque d'histoire. C'était ce qui avait amené à vous rencontrer & vous voir si souvent par le passé. Alors une telle réapparition soulevait évidemment la question.  

Aiden, c'est un peu le seul type encore en vie que tu considères comme un membre de ta famille quelque part. Il est le seul avec lequel tu n'as pas besoin de faire semblant. Toi comme lui vous êtes aussi perdu l'un que l'autre. Tu le sens qu'il se fige lorsque tu évoques ses recherches. Tu sais que ça a toujours été un sujet difficile, ne pas savoir d'où ou vient, ne pas connaître ceux qu'on aurait pu appeler mère ou père un jour. C'était tellement frustrant. Pourtant, contrairement à lui, tu as eu de a chance. Tu avais le temple. Et lui ? Tu ne saurais dire.

 Plus je cherche et plus le mystère grandit. Commença t-il. J'ai l'impression des fois qu'il n'y a plus aucune trace de mon existence passée, comme si quelqu'un avait cherché à l'effacer pour que je ne découvre jamais la vérité.  C'était étrange & tu comprenais désormais un peu plus sa frustration. Chercher en vain, chercher pour se perdre encore plus. Horreur. C'est pour ça que pour ta part, tu ne l'as jamais fait. C'était aussi pour cette même raison que quelque part tu admirais Aiden, il n'avait pas peur de retrouver la vérité & d'être déçue par celle-ci. Tout comme tout ceux qui cherchent la vérité derrière les siècles abandonnés. Tu fais mine d'y réfléchir un instant, comment pouvait-on disparaître de totalement ? Surtout à Okeanos. Avec la dictature on pourrait même dire que les murs ont des yeux en plus des oreilles, alors ne laisser aucune trace ? Invraisemblable. Il reprend.

 Mais j'ai une deuxième hypothèse, qui me parait plus cohérente. Je voulais t'en parler d'ailleurs. Tu te tiens prêt à l'écouter. Il est vrai que si tu pouvais l'aider, tu le ferais. Même si la seule chose que tu pouvais actuellement lui apporter était un simple avis ou une suggestion.

 Je ne suis pas certain d'être vraiment originaire d'Okeanos. Ah. T'y avais pensé aussi à vrai dire, cependant dans ton esprit bourgeonne aussi une autre option. Et je ne suis pas non plus certain que ce serait très apprécié si cela se savait, tu vois ce que je veux dire ? Évidemment que tu vois ce qu'il veut dire. Tu es le gardien du temple & le premier à mépriser quiconque vient de l'extérieur. Okeanos est un cocon & les intrus y sont mal vu. Venir d'ailleurs, c'est vénérer un autre dieu, c'est aimer & avoir juré allégeance à autrui. C'était devenir l'ennemi du parti, de la dictature, de vos croyances. Tu te demandes alors comment tu reconsidérait ton vieil ami sur le coup si c'était bel & bien le cas, mais la réponse s'impose d'elle même : rien de changerait. Tu t'es trop longtemps identifié à lui pour qu'il en soit autrement.

Tu peux me dire ce que j'ai fait au bon et généreux Dieu Okeanos pour mériter ça ?
Un regard fixe. Un sourire destructeur. Les mots te manquent pendant un instant. Il n'avait rien fait & s'était retrouvé seul, tout comme toi. Okeanos était un dieu qui semblait rire de votre malheur pourtant tu n'as jamais perdue la foi. Tu prends une inspiration, te détendant légèrement.

« Je suis convaincu que si notre Dieu Okeanos nous tient tant éloigné de la vérité c'est pour nous en préservé. Il doit lui aussi prier pour nous tenir éloigné de ce qui serait capable de nous détruire, commences-tu. Je suis persuadé que s'il se moque de nous c'est pour nous sauver. »

Tu empruntes au brun une vis traînant autour de toute son artillerie. Une pièce manquante à l'assemblage de son appareil, un peu comme ses souvenirs pour son entité. Il suffit d'une carte manquante pour que le château de carte s’effondre, n'est ce pas ?  Tu continues.

« C'est l'une des possibilités, l'idéal serait de pouvoir accéder aux registres d'Earthea et Caelestis pour en avoir la confirmation. » Cependant, un détail te gênait ce qui te valait de marquer une pause. Il est difficile de disparaître sans qu'on nous recherche en retour surtout dans les mentalités des deux autres nations. De plus, Okeanos était une véritable forteresse, pourquoi serait-il venu ici s'il vivait ailleurs ? Comme tout les autres, tu serais incapable de répondre.

« Enfin, je dis ça, mais je pense que dans ce cas là il y aurait aussi quelqu'un à ta recherche en retour. Je. Enfin. T'hésites ce qui te vaut de bafouiller légèrement. Je veux pas paraître défaitiste, mais je pense pas qu'on te recherche, je veux dire après tout ce temps on en aurait entendu parlé, non ? Je pencherais pour une troisième théorie. Je me permet de t'en faire part ; mais je me demande si tu n'est pas le fruit, si je peux dire, d'un ou une Okeanos et quelqu'un d'un autre domaine. Ca expliquerait bien des choses, tu ne penses pas ? »

C'était la seule explication que te venait naturellement à l'esprit. Ainsi, il n’apparaîtrait sur aucun registre qu'il soit d'ici ou d'ailleurs. Après tout, qui voudrait d'un enfant né de deux parties se trouvant dans un semblant de guerre froide depuis des décennies si ce n'est plus ? Personne.

Il semblait quelque peu ennuyé par ta dévotion sans faille envers ton Dieu. Mais, il n'en pouvait en être autrement, le temple était ta seule maison, c'était le seul endroit qui t'étais familier & le culte qui l'accompagnait avait été ta seule éducation. Tu as été formaté de la sorte, aimer Okeanos, parler en son nom, dire qu'il est le seul à vouloir veiller sur vous & le croire. Si tu ne faisais pas ça, alors tu serais considéré comme un produit défaillant. Tu ne pouvais pas aller à l'encontre de ta nature & de l'unique formatage que tu as connu. Tu étais fait de la sorte, tout comme Aiden était forgé par son manque d'histoire. Si toi tu ne pouvait t’empêcher de protéger le pilier de ton existence ; lui ne pouvait faire autrement que se tourmenter pour retrouver une première partie de sa réalité. Ce besoin naissant de savoir le comment du pourquoi. Cette frustration de ne pas savoir qui on est tellement. Tu peux la comprendre.

J'en sais rien. Rétorque-t-il après l’évocation d'une probable énième hypothèse à ses yeux. C'est vrai, vous auriez beau énoncé des idées plus ou moins réaliste, vous n'aviez rien sur quoi vous appuyer pour savoir si l'une était plus vraie que l'autre. C'était le noir total. 

Tout ce que je peux dire, c'est que je suis prêt à tout accepter sauf découvrir que je suis le fils d'un habitant de Caelestis. Une haine viscérale. Il devait maudire les Caelestis tout autant que tu haïssais les Earthea. Une rancune particulière vous habitait, pour certain elle était semblerait inhabituel; pourtant elle était tout ce qu'il y avait de plus naturel. Vous ne pouvez pas vous n’empêcher d'être fait de la sorte, c'était tout simplement ainsi. Demander pourquoi ou comment serait tout bonnement stupide.

 Et ça, tu sais ce que ça signifie, Cain ? Tu relèves la tête vers ton interlocuteur, tandis que ce dernier ôte le gant qui recouvrait le seul indice qu'il ait sur son identité. Neax. Neax. N.E.A.X ? Un prénom ? Un nom de code ? Impossible de savoir. Galiéa était une cité vivant dans le mystère. Elle gardait ses secrets aussi profondément enfouit que la ville dans l'océan.

Si tu sais quelque chose, il faut que tu me le dises.
Un silence de mort s'en suit. Si tu savais quelque chose ? Qu'est ce que tu pouvais bien savoir des multitudes de secrets que le système et même que votre dieu faisait passer sous silence. Tu ne sais que ce qu'on t'as apprit: Okeanos est grand. Tu ne comprend que ce que tu as vécu: que tu étais un poids pour ta mère. Tu ne connais que ce que tu as fait: croiser le chemin d'un jeune garçon a peine plus âgé que toi cherchant ds réponses.

« Malheureusement, commences-tu en posant ton regard dans le blanc des yeux du brun. L'ancien gardien ne me disais pas tout non plus, il aurait pu savoir quelque chose, mais, il se contentait juste de faire de moi un bon hérité. »

Ton regard dérive une nouvelle fois sur la main du mécanicien, puis s'envole vers la fresque du temple. Ah, les dieux s'étaient déjà entourés de tant de mystères, pourquoi fallait-il que ça continue avec les hommes aujourd'hui ?

« Okeanos ne nous répondra pas, hein ? Tu lâches un rire nerveux. Je parle en son nom & pourtant je ne l'ai jamais entendu. Je ne suis qu'une figure portant une particule de son nom, s'il voulait que j'en sache quelque chose, il aurait commencé probablement par répondre à mes prières. »

Tu te souviens avec amertumes de ces soirs où tu as prier pour connaître les raisons de ton abandon. Pour connaître ta mère autrement que par une photo, pour savoir si tu étais aussi indésiré que tu le pensais. Toutes ces questions sont cependant restée en suspens & ne trouverons certainement jamais de réponse.

« Tu as déjà recherché ce que pouvait être cette inscription ? Ton vrai nom ? Un proche ? Voir même un... Numéro de série ? »

Il y a beaucoup trop de questions pour peu de réponses et pourtant vous n'avez parfois pas le choix de vous contenter de ne rien savoir ou seulement une infime partie de ce que vous voulez. Il en a toujours été ainsi & les siècles abandonnés sont une première preuve de cette réalité.

Je me demande bien comment tu fais pour vouer ton existence à Okeanos alors que parfois, on pourrait croire qu'il nous a oubliés. Répliqua ton veil ami.
Comment ? Tu ne serais trop dire, tu n'as rien connu d'autre que la dévotion envers Okeanos, le temple est le seul endroit que tu connaisses vraiment. Alors, si tu devais répondre tu dirais que c'est naturel. Il vous a en effet peut-être oublié, mais ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ? Eh bien, tu gardes la foi, parce qu'autrement tu finirais probablement comme ces âmes en peine du district 666. Eh puis, s'il vous avait réellement oublié alors il en était de même pour Earthea et Caelestis vis à vis de leur propre peuple et le savoir détruirait l'équilibre maintenue jusqu'alors.

Qu'est-ce que tu entends par numéro de série ? Je ne suis pas un objet, Cain.
T'avais lancé ça de manière un peu hasardeuse à vrai dire. Mais, comme toi, Aiden devait connaître certains secret d'Okeanos. Personne n'en parle, comme si le sujet était tabou, mais bien des cœurs le savent, votre cité est celle qui renferme probablement le plus de secret. Il a l'air de comprendre où tu veux en venir.

 Tu crois que j'aurais pu être marqué comme les prisonniers qu'on jette à Lacum et qui ne revoient jamais la lumière ?
T'y a pensé, plus qu'un peu. Neax ; N.E.A.X, allez savoir ce que ça pouvait être. C'est le genre de nom qu'on a jamais entendu dans une vie, ce genre de nom qui ressemble plus à celui d'une opération que celui d'un proche. Tu as déjà fréquenté les pionniers, vu ce que certains sont advenu et tu sais que certains portent le nom de leur expérience. A vrai dire, tu souhaiterais pas que ce soit le cas pour Aiden, mais tu te dis que ce n'est pas impossible non plus. Tu soupires légèrement.

« Des objets, c'est pourtant quasiment de cette manière là que sont considérer les prisonniers, Aiden. »

Tu l'as vu de tes propres yeux, et un mécanicien de son envergure à déjà du le voir aussi. On ne le réalise pas forcément, pourtant ils sont utilisé tel de véritable rats de laboratoire au nom de la science. Alors, entre rats & objets, la frontière n'était plus très loin.

« Ce n'est qu'une autre idée, tu sais. Encore et toujours des suppositions. Tu ne pouvais faire mieux en attendant de véritable preuves et éléments de réponse. Mais, dans l'optique ou elle serait vrai, il y aurait deux raison à ta mise en liberté je pense. La première c'est que tu étais une expérience raté, la seconde...que tu es toujours un sujet d'étude et qu'on t'observe depuis tout ce temps. »

Des idées à faire froid dans le dos.

HRP : pardon je suis pas fière du temps d'attente & encore moins de ma réponse ;; ♥