Le monde d'en haut. Aux yeux de la chef sentinelle, ils n'étaient que prétention, pouvoir, suprématie et elle en passait. L'harmonie, l'humilité, l'humanisme, autant de choses qu'elle ne pensait pas trouver là haut, et elle n'irait pas. Son fort intérieur en était quelque part persuadé, et si un jour, elle y allait, ce ne serait probablement pas en amie. Elle couvrait déjà un traitre de ce peuple, et leur lien n'avait pas dépéri, alors qu'autrefois, il était un très haut gradé et qu'ils s'étaient si souvent battus, alors les hommes des cieux, elle en connaissait un rayon, mais peut-être pas comme il fallait. Peut-être que comme elle et ses hommes, ils ne faisaient que leur devoir. Le sien était de veiller, de protéger et de surveiller Demetrio et tout intrus s'y octroyant le droit de passage. Tout comme sur Earthea. Son travail ne lui laissait jamais de répit pour une possible vie privée. C'était ainsi.

Aussitôt cet homme entré dans la capitale souterraine, elle l'avait gardé à l’œil dans les hauteurs. Le singe humain, la petite rouquine aux yeux de rapaces, aussi souple d'un petit marsupial et qui en dépit de son petit gabarit très féminin, avait su s'imposer comme une évidence aux yeux de ces autres hommes et femmes de son domaine. Et lui, cet homme brun , en bas, stressait justement ses subordonnés rien que par sa présence. L'un d'eux savait qui il était. Ainsi elle connaissait son nom, ses possibles fonctions, mais le sujet du pourquoi de sa présence, elle s'en moquait un peu au fond. Vraiment? Qui sait. Du commerce avait-il dit à un des gardes qui l'avaient contrôlé à l'entrée. Il ne semblait pas expert en la matière et pourquoi ne pas envoyer une garde avec lui, ou bien des hommes basés davantage sur la diplomatie. C'était un peu comme si on l'envoyait pour faire du commerce. Echec assuré, vu son tact. Elle était douée en stratégie militaire, en conflit, en sécurité mais dès que c'était autre, elle passait son tour. Réductif, mais on ne peut pas être excellent partout, il fait choisir. Cet homme avait choisi, elle le voyait dans son regard. Aucun de ses va et vient ne lui avait échapper et elle avait même confié certaines patrouilles dangereuses, qu'elle pratiquait d'ordinaire, à ses hommes. C'était connu, plus encore que tout prédateur, pire était l'homme dans les autres, le loup parmi les loups et celui là était de taille à n'en point douter.

Elle assista, perchée sur un toit de mansarde, à l'opposé du marché, à l'affrontement quelque peu étrange du marchand de bijoux et du militaire. Amusée. Oh que oui, un sourire naquit en coin. Il abusait quand même. Trois fois. De quoi faire enrager l'autre, mais il avait gardé son sang froid et s'était montré juste un peu vindicatif à la fin. Allons bon, monsieur le pédant était vexé. Quel charme sur cette tête de grognon fini. Les hommes de là haut avaient du charme c'est vrai mais justement, plus c'était le cas, pire elle s'en méfiait. Allez. Elle avait assez tardé à l'observer, il était temps après plusieurs jours d'entrer en scène et d'avoir le fin mot de l'histoire. Elle avait de toute façon l'autorité nécessaire pour faire une fouille au corps, ou bien lui demander de montrer pattes blanches s'il voulait rester davantage en ces lieux. Après tout, elle régissait la sécurité et les sages de Demetrio savait qu'elle menait à bien son travail. Un  Caelestis ne descendait jamais pour rien.

La jeune femme sauta au sol. Bottes, brassières, pagne, jambières et tout son attirail de sentinelle habituelle, cape ouverte d'un coté, Yari en main, elle s'avança calmement vers le Caelestis, sans un mot plus haut que l'autre à venir. Elle se rapprocha de lui. L'avait-il vu? Bien sûr que oui allons, même s'ils n'étaient pas seuls sur cette place. En général, on repère les autres combattants ou soldats quand ils sont proches. Elle s'arrêta à un petit mètre de lui, en face et pencha un peu la tête avec un sourire en coin, taquin, le regard plissé.

- Je pense qu'il est temps que nous parlions. Je me présente. Yuuka Ys, responsable des forces de gardes de Demetrio. Je sais qui vous êtes. Bien que beaucoup y croient... je ne vous pense pas ici pour du commerce... Vous êtes venu chercher autre chose. Et ....

Elle observe autour d'elle, puis le refixe dans les yeux, d'un par politesse et aussi pour essayer de lire une toute petite faille possible.
- Je n'aime pas cette idée. J'aimerais qu'on règle ça en privé, de préférence sans combat, j'ai eu ma dose de sang ces derniers temps.

Elle était très sérieuse sur le sujet. Elle ne pouvait plus attendre de ne pas savoir, c'était d'ailleurs la pire des choses. Sa curiosité la perdrait un jour.

- Si on commençait à vérifier si vous avez bien donné toutes vos armes à l'entrée.
Elle s'approche de lui, a quelques dizaines de centimètres, pour lui dire à mi voix:
- Vos négociations commerciales ne durent que trop. Soit nous devons changer l'homme qui passe cet accord, soit vous êtes vraiment nul à ça, excusez moi du terme. Vous en pensez quoi?