Dastan hausse les sourcils, examinant la quantité de cheveux avec incrédulité. Il grattouille encore un peu, essayant de tant bien que mal de ne pas faire trop de nœud mais l'entreprise semble être vouée à l’échec. Il pousse un grand soupir en venant rincer le savon; la mousse formant un tapis semblable à du coton par terre. « Oh non... Ils ont très bien comme ils sont. » Dastan sourit gentiment, c'est vrai, il a toujours eu un faible plus prononcé pour les filles aux cheveux longs... Et les siens sont particulièrement beaux. « Je me demande juste... » Il pose son menton sur l'épaule de Rozen, plaçant les cheveux roux au dessus de sa propre tête. «.. Comment tu fais pour supporter tout ces poils sur ta tête ? C'est à limite du courage... » Il rigole et passe une main sur son visage, écartant une mèche puis mord l'oreille de Rozen au passage.
Dastan s'écarte finalement et rince son visage avant de finir les cheveux de Rozen. Puis il sort de la douche avec nonchalance et attrape deux serviette, dont une qu'il enroule autour de sa taille rapidement.  « Allez au lit » finit-il par dire en baillant.

Dastan, dans l'embrasure de la porte, sa silhouette découpée au couteau dans une lumière jaune et agressive. Il est plus jeune, plus mince, sa silhouette est plus brouillonne qu'aujourd'hui. Il regarde quelqu'un avec ce sourire qu'il arbore encore aujourd'hui. Et il rit avant de s'enfoncer dans une ruelle sombre. Ce qui se passe ensuite reste flou.
Le Dastan de maintenant caresse son tatouage. Pourquoi penser à ça maintenant ? Étrangeté de la mémoire qui choisit de drôle de moments pour réveiller de vieux souvenirs. Dastan secoue sa tête et s'arête au bord du lit. Il a enfilé un t-shirt noir et un caleçon au motif amusant – des petit oursons – et regarde maintenant Rozen avec intérêt. « Tu es dure avec moi Rozen. » Et sur ces mots, il s'allonge en face d'elle passant son bras juste au creux qui marque sa taille. Il n'a pas l'impression d'avoir à parler pour lui dire qu'il a de l'affection pour elle, il pense que tout passe par le regard, par les gestes, les actes. Il oublie. Il ne fuit plus. C'est pas encore tout à fait ça, mais ça s'en rapproche doucement. « Maintenant tais-toi Femme, et dors. » Il appose un dernier baiser sur son nez et ferme ses propres paupières dans un souffle.  

Cette nuit fut peuplée de vieux souvenirs et de silhouettes sombres, de quelque chose de mystique que seul les rêves savent éveiller ; mais au réveil, plus rien ne subsisterait. Juste la satisfaction d'une nuit de sommeil réparateur. Le matin était là, le soleil dardait déjà ses rayons au dehors et les volets laissaient filtrer un peu de lumière dans la pièce. C'est ce qui finit par réveiller Dastan, dans un grognement rauque. Sa bouche était pâteuse, il enfonçait désespérément sa tête entre deux coussins en espérant se rendormir.Le monde réel n'avait pas entièrement repris emprise sur son esprit et, divaguant entre songe et réalité, il lança un regard hagard la rousse en lui disant « putain y a Geoff' qui a encore laissé trapiner les frirlorrr... » avant de replonger dans ses oreillers.
Il mit bien dix minutes à émerger totalement, se frottant les yeux et geignant comme un ours grognon.
Un bruissement de draps attira son attention du côté de Rozen. Il la fixait, encore un peu dans le brouillard. «  j't'ai dit un truc tout à l'heure non ?... » Il pouffe et se frotte le visage « Allez va faire le café... »
Dastan émit un son rauque ressemblant à un rire et il referma les yeux. 

Dastan s'étire de tout son long dans le lit, émettant un bâillement bruyant.Le jour semble vouloir à tout prix s'introduire dans la pièce, passant des doigts de lumières entre les interstices des volets. Il se redresse sur le lit, et fait craquer une dernière fois son corps endormi. Un petit sourire amusé, il passe sa main dans ses cheveux, les ébouriffant plus qu'ils ne le sont déjà. «  J'vais le faire, mais pas pour te faire plaisir, juste parce que j'ai trop chaud dans ce putain de lit. » Et il sort de la chambre nonchalamment, laissant derrière lui la porte ouverte. Sses yeux se plissent au contact de la lumière plus vive de la cuisine, il soupire et se met à sa tâche. La cafetière commence son glouglou, emplissant l'appartement d'une odeur de café chaude. « LÈVE TES FESSES J'VAIS PAS TE L'APPORTER AU LIT TON CAFÉ ! »
Il tousse et sort de tasse, encore un peu dans les vapes. La télé allumée, il s'étale dans le canapé, fixant l'horloge au dessus d'un œil vide... Jusqu'à ce qu'il réalise l'heure. Il marmonne quelque chose pour lui même et se relève pour aller s'asseoir à table, y apportant tasse, café, lait et brioche, en attente de la belle endormie.

Et c'est vrai qu'elle est jolie quand elle apparaît à la porte de la chambre, le visage adoucit par les restes du sommeil réparateur de la nuit. Avec ses yeux plissés et ses cheveux pas tout à fait coiffé ; pourtant il se garde bien de le lui dire, parce que ça lui paraît être un peu trop sentimentale pour l'occasion. Il fait la moue, un bout de brioche dans la bouche, et mime une tentative de morsure quand elle retire sa main de son nez. Il aimerait bien avoir toute la matinée devant lui pour pouvoir s'asseoir quelque part et prendre le temps de souffler sur les mots de la veille.
Ca le perturbe malgré les apparences, ça le perturbe profondément.
« Comme un bébé. » Il porte sa tasseà ses lèvres, grimace parce que c'est trop chaud « Mis à part à un moment, tu t'es mise à ronfler, ça m'a réveillé. »Il sourit, espiègle, encore un peu enfariné. La tasse de café se vide assez vite, ça le réveille un peu. « Par contre, je sais pas toi, mais moi, il faut que je sois parti d'ici dans trente minutes maximum. » Dastan montre l'horloge d'un geste de la tête et engloutit le bout de brioche qu'il lui reste; il passe rapidement la main sur la cuisse de la jeune femme et se lève pour aller récupérer le jus de fruits dans le frigo. Il boit deux gorgée à la bouteille directement et le re-range. Puis l'homme se rassied et se sert un second café. Et il essaie de se convaincre qu'il n'est pas en train de fuir sa propre maison.

Dastan s'égare un instant, l'oeil hagard, dans la contemplation d'une tout petite bulle d'air à la surface de son café. Il est tiré de ses pensées – ou non-pensées plutôt – parun baiser qui a le goût amer des adieux. De ceux que l'on fait l'osque l'on part en laissant un ami, l'homme que l'on aime, un amant ou tout ça à la fois, derrière soit sans offrir de possibilité de retour.
Dastan plisse ses yeux miel dans une mimique soupçonneuse ; il n'a pas tant envie qu’elle s'en aille. Mais il ne peut aller contre un ordre de mission, alors il pousse un petit soupir et reprend une contenance.
« À plus tard Général. » lance-t-il avec un geste de la main. Elle disparaît derrière la porte et l'appartement lui semble soudain immensément vide. Il reste encore quelques minutes, les yeux vides, à fixer un point imaginaire sur le mur. Combien de temps doIt-elle partir, elle ne l'a pas dit. Il passe une main dans ses cheveux pour ne pas s'en faire, finit son café et commence enfin sa journée ; le pli soucieux sur son front ne s'effacera pas avant un petit moment. Il n'aime pas la savoir si loin, non décidément, il n'aime pas ça.