Que diable faisait-elle ici ? Elle avait sérieusement hésité à venir, refuser une invitation en se faisait généralement pas, et Fawn était bien du genre à résister aux conventions. Mais si elle avait bien un défaut, c'était celui d'être curieuse. Trop curieuse. Ainsi, s'était-elle levée, habillée puis était allée au Château travailler, comme si de rien n'était. Elle n'avait parlé à personne à propos de cette lettre et n'avait entendu personne en parler. Peut-être était-ce une farce, mais Fawn avait vérifié l'information, et étant donné que des navettes trains étaient bien programmés, cela devait être... vrai.
La plaine Emptio était un choix stratégique, place du Marché qui réunissait toutes les nations, place qui séparait le monde connu de l'inconnu... Une plaine parfaitement dégagée, qui les rendrait faible en cas d'attaque. Fawn ne cessa de penser à cela toute la journée, jusqu'à seize heures, date à la quelle elle se glissa dans le premier train. Elle n'avait pas pris la peine de se changer et était toujours vêtue de son armure, une épée glissée à la taille, des poignards dissimulés un peu partout.
Et deux heures plus tard, elle se retrouvait au milieu de la plaine, un endroit où elle ne mettait jamais les pieds. Une scène qui trônait au milieu de la plaine. Fawn s'avança, ignorant superbement les autres -tout ceux qui n'étaient pas de Caelestis ne l'intéressait pas, sauf s'ils avaient l'air dangereux-.
Elle observa la scène sous tous les angles avant d'en conclure qu'il n'y avait absolument rien de dangereux : c'était juste une scène. Si il y avait eu un arbre, elle se serait adossée dessus, attendant, mais il n'y avait rien à part cette scène, et arborant une mine ennuyée, Fawn fit comme tout le monde : elle patienta, une main négligemment posée sur la garde de son épée.

N'hésitez pas à venir taper la discut', Fawn mord, mais vous survivrez!

Mystère et boule de gomme

Une lettre. Je crois que c'est le plus beau de ma vie, recevoir une lettre qui ne parle pas de diverses plaintes à mon encontre. Et c'est pas pas mon bulletin scolaire. Le surveillant m'a tendu cette lettre avec une certaine méfiance, il ne sait pas ce que cette missive jaunie cache. Et puis, l'Orphelinat n'a pas le droit d'ouvrir notre courrier, et heureusement. Un peu d'intimité tout de même, je vis tout le temps avec les autres gamins de l'orphelinat. J'ai ouvert la lettre et... J'ai sauté sur l'occasion pour sortir de Cassiopeia. Je me suis jamais éloigné de la capitale car j'aime bien rester en terrain connu. Mais je pense qu'avec mon désir de liberté cette lettre est arrivée à point nommé.  

Bref, je suis maintenant loin de mes terres natales, après je peux rien dire, je connais pas mes parents. Y'a plein de monde, au moins je suis pas seul. La solitude doit être une des choses que je redoute le plus. J’aperçois Fawn, dois-je aller lui parler tout de suite ? bah pourquoi pas. J'ai encore rien fait. « Bonjour Fawn, t'as vu, je suis là. Toi aussi, t'as reçu une lettre mystérieuse ? » . J'agite devant son nez ma lettre qui est devenue un trésor précieux. Puis je regarde les autres, des adultes. Je me demande si il va y avoir d'autres personnes de mon âge.

Oberon se plaça à ses côtés, silencieux. Fawn lui jeta un bref regard de côté, avant de regarder ceux qui arrivait. Il ne lui posait aucune question, concernant cette fameuse lettre. L'avait-il reçue, lui aussi ? La jeune femme brûlait de lui demander mais ses lèvres demeurèrent scellées. Son regard croisa celui d'Orphée. Elle l'aimait bien au fond, ce voleur, ce chenapan, et le balancer par dessus Cassiopeia lui ferait un peu mal au cœur, mais elle le ferait tout de même. La justice avant tout. L'air ennuyé ne disparut tout de même pas de son visage lorsqu'Orphée l'interpella. « J'ai vu. Et oui. » Ainsi, il avait reçu la lettre. Fawn ne put s'empêcher de sourire légèrement, avant de se pencher vers le jeune orphelin « Tu vois Orphée, si tu survis au saut que tu feras lorsque tu te feras prendre une bonne fois pour toute, c'est ici que tu atterriras, si tu survis. Ce qui ne sera pas le cas. C'est joli, ne trouves-tu pas ? Même si ce n'est rien comparé à la beauté de notre cité. »
Le Gardien du Temple arriva ensuite, ce qui détourna l'attention de la jeune femme d'Orphée, il lui demanda si elle avait reçu la lettre, de même que Rhéa, quelques secondes après aussi Fawn se répéta t-elle « Je l'ai reçue. » puis elle maugréa « J'espère que nous serons vite fixés ».

Je regarde les autres. Tout le monde se pose la même question et personne n'a la réponse. C'est vraiment mystérieux, ça pimente nos vies. Je suis tellement heureux d'être ici, même si Fawn va peut-être me surveiller, histoire que je fasse pas de bêtises. « Tu vois Orphée, si tu survis au saut que tu feras lorsque tu te feras prendre une bonne fois pour toute, c'est ici que tu atterriras, si tu survis. Ce qui ne sera pas le cas. C'est joli, ne trouves-tu pas ? Même si ce n'est rien comparé à la beauté de notre cité. » J'hoche timidement la tête. C'est un peu menaçant. Mais je vais en prendre compte, tout de suite. Je regarde le général de la Garde Royale de Caelestis et lui montre aussi mon bout de papier. Je dis : « C'est vrai étrange qu'on soit autant à avoir reçu cette lettre » Bon, je suppose que nous sommes plus, et puis je peux pas voir tout le monde, je suis pas très grand.

« Peut-être Rizzen a t-il une idée. N'est-il pas le Gardien du Temple ? Et la lettre est signée les Esprits. » hasarda Fawn tout en laissant glisser son regard sanglant vers une inconnue -une nomade-. D'un signe de tête, elle salua également la nouvelle arrivante, Rozen. Avec deux Généraux, le Bras Droit du Généralissime, il n'y avait rien à craindre. Niveau armes, ils étaient à son avis, tous parés.
Quand à ce qu'il allait se passer, ils verraient bien. Fawn n'était pas particulièrement confiante, mais elle se savait parfaitement bien entourée. Elle se gardait de dire qu'elle n'aimait pas la situation, et comme Rhéa l'avait souligné, il était particulièrement désagréable de savoir que quelqu'un, ou des esprits étaient rentrés. Fawn allait au temple, très peu, mais elle y allait quand même, elle n'avait pas besoin qu'on vienne la chercher. En tant que soldat, entraînée, elle se serait forcément réveillée en sentant une intrusion, hors, elle avait parfaitement dormi, sans ressentir quoi que ce soit. Loin de l'aider, cette constatation l'atterra. Attendre, et voir, mais pour combien de temps encore?