Une journée banale. Voilà ce que c'était à tes yeux. Tu étais presque las de ce genre de journée. En semaine, quand tout le monde travaillait, tu n'avais pas la moindre visite. Personne ne venait, avant des heures assez tardives. Le mieux serait de passer dès le matin, avant de commencer à travailler, mais non, les gens sont de moins en moins croyant. Tous plus fidèle à leur reine qu'à leur Dieu. Ce peuple changeait de plus en plus. Un peuple qui écoutait aveuglément une reine à peine âgée de 23 ans ; c'en était presque amusant.

Tu soupiras, sortant une clope de ton paquet, fixant longuement le ciel. Si tu n'avais pas eu Prudence, qui sait ce que tu aurais fait de ta vie. D'ailleurs, elle n'était pas présente, cette fois. Oui, qui dit semaine, dit cours. Forcément. C'était d'une logique implacable. Tu aimais ta petite princesse, mais tu ne pouvais pas te permettre de la regarder dans le jardin, sans se faire le moindre ami. Tu avais donc choisi une option plus simple ; l'inviter à aller à l'école pour faire plus de rencontre avec des enfants de son âge.

Tu savais que cette journée allait être ennuyante. Très ennuyante même. Il n'était pas encore très tard, mais rien ne te motivait. Tu étais allongé dans le jardin du temple, fixant le ciel sans pour autant réfléchir plus que cela. Ton estomac gronda subitement, alors que tu éteignais ta clope entre tes doigts. Tu te levas, pour ensuite te diriger à ton domicile. Là-bas, tu allas vers ta cuisine, prenant de quoi allumer tes plaques. Quand tu as faim, et surtout aussi tôt le matin, tu avais tendance à manger des choses qui n'étaient guère conseiller pour la santé.

Ouvrant ton frigo, tu en sortis deux œufs, avant d'en briser un premier dans un petit bol, évitant de laisser la coquille. Tu répétas l'opération une seconde fois, pour ensuite jeté les déchets dans une petite poubelle. Tu attrapas une cuillère, commençant ainsi à mélanger le blanc et le jaune d’œuf qui se trouvait dans le bol, jusqu'à finalement ne laisser qu'un liquide visqueux et orange dans celui-ci. Une fois le tout bien mélanger, tu versas le contenu dans une poêle, que tu plaças au-dessus du feu, faisant ainsi cuir le tout à feu doux.

Tu te dirigeas ensuite vers ton frigo, une seconde fois, pour ensuite prendre quatre lamelles de bacon, que tu allas faire cuir sur une seconde poêle, plus petite. Après quelques minutes, le tout était prêt. Tu attrapas une assiette, laissant ainsi ton omelette et ton bacon sur celle-ci. Tu déposas ensuite les poêles dans l'évier, avant de fermer le gaz qui avait servit à alimenter le feu qui t'avais permis de faire chauffer ton repas. Tu te versas ensuite un verre de jus. Jus d'orange, que tu avais toi-même pressé la veille. Rien de mieux qu'un jus d'orange fait maison.

Maintenant, tu t'armas d'une fourchette et d'un peu de pain, et tu commenças à déguster. Face à toi se trouvait ta fenêtre. Fenêtre que tu avais laissée grande ouverte, à cause de la chaleur. Oui, tu avais chaud, aujourd'hui. Il faisait tellement bon que pour une fois, tu étais resté en t-shirt. Un t-shirt blanc avec lequel il était assez rare de te voir. Tu portais habituellement toujours cette veste en cuir noir, que tu aimais tant. Tu observais le jardin du temple d'où tu te trouvais, repensant au passé. Ce qu'il t'étais arrivé sur les terres si toxiques d'Earthea.

Si cette personne n'avait pas été présente, tu serais sans doute mort à l'heure actuel ; tout comme ta fille. Dans ton cas, ce n'était que retardé l'échéance, mais pour Prudence, c'était important. Réellement important. Pourquoi retardé ta mort ? Simplement parce que tu étais malade. Grièvement. Et jusqu'à aujourd'hui, aucun traitement n'avait été trouvé. Une maladie cardiaque qui semblait encore inconnue dans les archives de la médecine. Ce qui faisait de toi une personne qui pouvait embrasser chaque nuit la mort, d'un peu plus prêt. Des efforts physiques ? Tu étais désormais incapable de le faire.

Tu ne terminas pas ton repas. La raison ? Une personne. Une femme. Edelweiss. C'était ton médecin. Celle qui t'avais sauvé la vie, et surtout la seule personne que tu acceptais pour être ton médecin. D'ailleurs, n'était-ce pas elle qui avait insisté à s'occuper de ta santé ? Tu ne lui avais pas parlé de ta maladie, mais elle l'avait remarqué par elle-même. En même temps après une auscultation, c'était logique que cela finisse par arriver. Tu soupiras, avant de te lever de table, et de te diriger vers cette demoiselle.

Tu sortais de chez toi, arrivant après quelques minutes à ses côtés. Elle semblait réellement intéressée par les fleurs de "ton" jardin. Tu clignais des yeux, avant de l'observer se relever. Visiblement, tu l'avais effrayé, vu sa réaction et ses paroles. Tu ne souriais pas, tu te contentais simplement d'afficher une mine surprise. Tu clignais ensuite des yeux, toujours l'air blasé. Il était assez rare de te voir afficher une toute autre expression faciale. Tu soupiras avant de finalement t'écarter légèrement.

-Tu m'en vois désolé. Je ne pensais pas te faire peur. J'ai juste constaté que tu étais arrivée plus tôt que je ne l'aurais imaginé. Mais ce n'est pas grave. Allons chez moi, j'imagine que tu es pressée de faire cette auscultation.

Tu te remis donc en route vers ton "humble demeure". Les mains dans les poches, la tête légèrement baissée. Tu ne pouvais t'empêcher de penser négativement. Ta santé ne s'améliorait pas, et il était difficile de savoir si un jour tu allais guérir ou non. Mais ce que tu pouvais déjà savoir, c'était que tu n'avais pas peur de la mort en elle-même. Ce qui te faisait peur, c'était d'abandonné Prudence, ta petite fille adorée. Elle était tout ce qu'il te restait, et si tu devais l'abandonner, tu ne serais jamais capable de la regarder droit dans les yeux dans l'autre monde. C'était simplement impossible pour toi, de faire ce genre de choses.

Tu arrivas en premier lieu chez toi, retournant ensuite à table. Tu te devais tout de même de terminer ton repas ! Après tout, c'était important de manger. Tu ne la regardais pas, mais tu pouvais deviner qu'elle t'avait suivi. C'était logique, tout simplement. Reprenant donc ton repas, et après deux bouchées, tu repris la parole, buvant une gorgée de ton jus d'orange.

-Fais comme chez toi. Je me dépêche de terminer mon repas.

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Tu avais décidé de l'inviter à entrer chez toi. Une petite maison, loin d'être celle d'un riche. Tous les habitant de Caelestis l'étaient, riche. Même toi, forcément. Mais tu n'utilisais pas cette argent. Tu n'en avais pas besoin. Tu te contentais de vivre en ces lieux, simplement pour avoir ton petit coin tranquille. Un endroit calme, où tu pourrais vivre heureux pour le reste de ta vie. Tu ne cherchais rien de bien intéressant. Et si un jour tu venais à éprouver des regrets, ce serait sans doute le jour de ta fin. Tu n'avais pas peur que cela arrive, tu savais que ça finirais par arriver un jour ou l'autre, mais tu ne le voulais pas.

Tu voulais voir ta fille grandir, avancer avec elle. La voir se marier, devenir un grand-père... Tu voulais être fier de ta princesse, plus longtemps. Tu voulais juste pouvoir vivre avec elle plus longtemps. C'était pour cela que tu avais accepté Edelweiss comme médecin. C'était la seule que tu accepterais. Tu n'avais pas confiance en un quelconque autre médecin. Okeanos était sans doute mieux placé pour t'aider. Remplacer ton cœur lors d'une opération n'était pas difficile pour eux, mais tu n'en avais pas la moindre intention. Tu ne voulais pas faire confiance à des "pseudo médecins".

Quoi qu'il en soit, tu t'étais à nouveau installé à ta table, dégustant paisiblement ton petit déjeuner. Tu relevas lentement la tête en constatant qu'elle t'apportais un petit sachet de sucreries, en forme d'étoiles. Les quelques mots qu'elle prononça t'arrachèrent un sourire radieux. Tu t'étais arrêté de manger pour observer ce sachet. Quand il s'agissait de ta petite Pru', tu ne pouvais t'empêcher d'être heureux. C'était actuellement la seule chose qui te permettait de garder espoir, et surtout d'avancer. Tu aurais également pu considérer Edelweiss comme une "source" de bonheur, mais ce n'était pas possible. Les lois sont comme elles sont. Aimer une personne étrangère au pays finira par une exécution public.

-Merci, Edelweiss. Prudence sera certainement contente. Tu te contentais d'observer les bonbons, affichant toujours ce même sourire. Et puis, il n'y a rien de meilleur que du fais maison. Alors ne t'inquiètes pas pour le goût.

Tu regardas d'un regard discret la demoiselle s'installer face à toi. Elle allait donc te poser des questions ? Normal, dans un sens. Elle t'avait prescrit un nouveau médicament et voulait sans doute savoir les effets secondaires ou positif qu'il avait sur toi. Travail normal, pour un docteur. Tu déposas le sachet sur la table, continuant ensuite de manger, fermant lentement les yeux. Elle ne souhaitait pas de mensonge ; comme si tu allais mentir. Même si tu étais un éternel blasé, tu ne voyais pas d’intérêt à mentir sur ton état de santé à quelqu'un qui cherchait simplement à t'aider. Tu écoutas donc attentivement ce qu'elle avait à te demander.

-Je n'irais jamais voir les médecins d'Okeanos. Tu sais très bien que tu es la seule personne que j'ai accepté... Oui, tu avais peur des médecins, après tout. Tu ne pouvais pas prédire ce qu'ils allaient faire. C'était des personnes qui pouvaient être dangereuses sur bien des points. Concernant mon état... Je pense qu'il n'y a pas eu la moindre évolution. Tout du moins, j'ai le sentiment que ma situation à cesser de s’aggraver. Sans pour autant s'améliorer pour l'instant. Si tu cherches également à savoir si le médicament à un effet secondaire quelconque... Hmmm... Voyons voir... Tu attrapas lentement ton menton entre ton pouce et ton index, ayant une mine songeuse. Je pense que ce serait principalement la fatigue. Je suis beaucoup plus fatigué qu'habituellement.

Tu repris ensuite ton repas, le terminant ensuite assez rapidement. Après tout, ce n'était pas un énorme repas. Tu commenças ensuite à vider ton verre d'eau, te levant lentement pour aller déposer le tout dans ton évier. Tu tournas ensuite la tête vers ton docteur, avant de lui sourire légèrement.

-Tu souhaites manger un petit quelque chose ? Ou boire peut-être ? Après l'auscultation, évidemment.

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Tu l'écoutais. Elle était ton médecin, il était donc logique que tu l'écoutes te donner des conseils, ou même te dire ce qui n'allait pas chez toi. Tu fermais lentement les yeux, terminant donc ton repas à ton aise. Une fois cela accomplit, tu allas déposer le tout dans l'évier, sans pour autant débuter à faire la vaisselle. Ce serait mal vu, d'agir de la sorte en présence de ton médecin. Tu avais bien évidemment donné tous les détails concernant ton état de santé depuis la prise du médicament. À l'entendre, voir les médecins d'Okeanos aurait pu être une "réussite" pour te faire vivre jusqu'à tes quatre-vingt ans, mais pour ce qui était de son réel ressentit, cela semblait bien différent.

La technologie était la force et surtout la principale culture d'Okeanos. Tu te doutais donc qu'ils devaient être en mesure de faire de très bonnes opérations. Mais qu'allais-tu obtenir ? Un cœur mécanique à la place de ton cœur actuel ? Un cœur fait d'acier qui t'empêcherais de dire à nouveau "Je t'aime" à ta fille ? Non. Tu ne voulais pas devenir un humain fonctionnant sans principe, sans sentiments. Si tu devais mourir de par ton entêtement, qu'il en soit ainsi, mais jamais tu n'irais voir des personnes qui cherchent uniquement à te transformer en machine. D'autant plus que son histoire sur ce fameux prisonnier ne t'avais que très peut plu.

-Je vais suivre ton conseil et... Je n'irais jamais voir un médecin d'Okeanos. Je ne souhaite pas devenir une machine incapable d'aimer.

Après cela, elle avait répondu à ta proposition. Un thé et quelques en-cas. Tu souriais, avait de préparer le thé. La façon dont tu le préparais devait environ laissé une bonne vingtaine de minutes avant d'avoir un thé digne de ce nom. Et oui, tu ne le faisais pas avec un vulgaire sachet ; tu le faisais toi-même. Avec de la camomille que tu achetais tous les matins. C'était important. Et forcément, tu allais également lui offrir quelques petits gâteaux, que tu avais toi-même préparé. Tu n'en avais peut-être pas l'air sous tes airs blasés, mais tu avais une certaine passion pour la cuisine. Rares sont ceux qui ont eu droit à goûter à l'un de tes repas, en dehors de Prudence évidemment.

Tu déposas lentement une assiette dans laquelle se trouvait quelques gâteaux, que tu avais fait avant de dormir. Pour qu'ils soient les meilleurs possibles, il était nécessaire pour toi de les conserver une nuit complète dans le frigo. C'était pour cela qu'ils étaient donc déjà présenté sur une assiette. Tu l'écoutas à nouveau parler, concernant ta fatigue. Diminuer la dose ? Est-ce que ça n'aurait pas pour effet de changer également le "bon côté" de ce médicament ? Tu ne pouvais pas réellement le savoir de toute façon ; le médecin, ce n'était pas toi, mais elle. Tu hochas la tête, laissant ainsi comprendre que tu acceptais sa "solution".

-Des douleurs ? Hmmm... Il n'y a pas si longtemps j'ai eu une sorte de pique... Mais c'était après avoir essayé de fuir des animaux sauvages à Earthea... C'était donc lié à un exercice physique.

Alors que tu parlais, tu en profitais pour enlever ton haut, gardant cependant ta chaine autour de ton cou. Toute simple, mais précieuse à tes yeux. C'était le seul souvenir que tu possédais de ton ancienne femme. Une femme qui vivait autrefois à Earthea. D'ailleurs... Edelweiss venait de là non ? Le regard pris d'une soudaine lumière, tu relevas le regard vers elle, torse-nu, et surtout assit devant elle. Est-ce qu'elle la connaissait ? Avait-elle déjà entendu parler d'elle ? Avait-elle déjà rencontré la mère de Prudence ?

Tu voulais en savoir plus sur elle. Tout ce que tu savais, c'était qu'elle avait été tué. Tu avais ta petite idée du "peuple" qui avait fait cela, mais tu n'éprouvais aucun remord envers ce peuple... Car après tout... Caelestis était ton "pays" natal... Hmm... Quoi qu'il en soit, tu étais désormais curieux. Ton regard semblait également différent ; tu n'avais plus l'air d'un simple poisson mort, loin de là. Sans plus attendre, et avant même qu'elle ne commence à t'ausculter, tu te décidas à prendre la parole. C'était important pour toi, réellement. Même si elle était morte ; tu voulais pouvoir en savoir plus sur elle... Et ainsi décrire comment était sa mère, à Prudence.

-Edelweiss... Désolé de te poser ce genre de question, mais... Connaissais-tu une femme du nom de Kate ? Elle devait avoir un ou deux ans de plus que toi... Longue chevelure blanche... Elle vivait à Démétrio.

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