Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Jeu 16 Juil - 18:09
Béni soit l’Éternel !
○ Night has always pushed up day. You must know life to see decay. And remembered our own land, What we lived for. But there will come a time, you'll see, with no more tears. And love will not break your heart, but dismiss your fears. Get over your hill and see what you find there, With grace in your heart and flowers in your hair. I saw exactly what was true. Oh God knows where ...
On aurait dit l’empyrée suspendu au-dessus des crins. L’infinité grimée de strass qui se déploie entre deux impressionnantes voussures. On aurait juré l’abîme fallacieusement déguisé en un ciel tavelé de constellations, perchée très haut sur ses murs de pierres que pour retomber avec pleine violence sur moi. Je me sens menacée par la structure rectiligne du Temple, celui que je visitais actuellement en toute impunité ; cette bâtisse apparaît à mes yeux comme souillée par le culte d’Okeanos, le Dieu Noyé que je le surnomme, et de son odeur corrompue qui s’y dégage appelle la vilenie. Lorsque je déambule en ce lieu saint, je crois m’asphyxier entre deux étranges vides. Mes pieds moisissent les dalles, de là la naissance d’un gouffre quand, au plafond, ce sont les noirceurs abyssales, si grandes, si hautes, mais pesant néanmoins sur mes épaules comme une imminente Damoclès. Et dans ce ténébreux océan, je sombre et me noie devant le regard indifférent des chérubins pétrifiés, des personnages entoilés et du martyr lui-même sur son radeau de bois, tous illuminés d’une lueur malsaine de plaisir à observer l’infidèle que je suis pour avoir un jour détourner les yeux du tout Puissant Earthea, m'enliser. C’est peut-être la culpabilité qui se propage comme une vermine latente dans l’arantèle de mes veines, direction le cœur et l’esprit. Sûrement la folie qui gruge lentement mon dernier bon sens, car fou il faut l’être dès les prémices pour se tapir en ces lieux saints en vue de braver l’interdit et de risquer son impiété en la frottant au zèle religieux. Mais je suis fidèle à Earthea, alors je déclare une guerre à leur dieu, Okeanos, cet imposteur qui tente de charmer les esprits croyants. Tous mes vertiges ne sont que le fruit d'un énigmatique sentiment de non bienvenu auquel j’accuse vertement la folie, voire la paranoïa. Tout en est la cause, tout sauf un germe de foi pour ce Dieu Noyé, dont la crasse anime cet être divin.
Alors pour m’effacer de ce malaise gênant, j’ai trouvé cachette sur un banc en bois installé entre deux allées. L’ironie étant que je n’étouffe pas dans ce Temple damné, même si tout est sujet à claustrophobie ici. Nonobstant les ténèbres opaques, la distance est limitée ; elle ne parvient pas à régner. Ainsi, je demeure installée plus ou moins confortablement dans sa capsule de survie pendant que les minutes s’égrainent pour devenir un flot d’heures imperceptibles. La méditation est à mon aise, je pris silencieusement Earthea, maudissant l’influence du Dieu Noyé ici-bas, sous l’océan.
Tandem
Messages : 366 Date d'inscription : 08/06/2015
Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Jeu 16 Juil - 22:03
la mer veille
S’il eut beau s’être tapi dans les profondeurs du dédale, Tandem a pu l’entendre.
Il a entendu son souffle frais et humide se mélanger à celui du temple. Il a senti son odeur de verdure et de terre, défiant l’écume et l’algue ondulantes. Il a pu dénoter les effluves putrides de roches détruites, les fragrances écoeurantes de la mort, parmi l’arôme délicat de la marine.
Okeanos lui a chuchoté que les pieds d’un intrus foulaient en ce moment même sa basilique.
Alors guidé par ses paroles et la confirmation de visiteurs légitimes, Tandem avait suivi les traces de boue qui s’étalait sur la pierre. Il dépassa les scripts muraux, le vitrail majestueux — non sans s’arrêter tirer une légère révérence aux côtés d’autres croyants. Tandem connaît le lieu comme sa poche. Sa carcasse sombre se traîne dans le sanctuaire pour retrouver sa lumière chaque jour durant. Un rituel hebdomadaire qui revigore son âme et apaise ses craintes. Les portes ici sont toujours ouvertes mais Tandem s’est engagé à surveiller, épier, contrôler. Tandem agit dans l’ombre. Il n’est pas le gardien — mais il n’a pas besoin de ce titre.
Quand l’eau rencontre la terre, c’est la première qui domine toujours. Si on ne la voit pas forcément recouvrir le terrain d’une vague pour la détruire, elle peut s’immiscer lentement, au fil du temps, dans les cavités et les craquelures de la glèbe. Le résultat reste identique ; le niveau s’affaisse et rejoint les profondeurs de la reine Mer. Demecia était le lopin terreux qui trône au-dessus d’une source calme. Elle contemple la surface et espère secrètement s’y plonger dedans.
La terre a cette horrible charactéristique d’être immobile — sa chair se craque, son esprit se ramollit, redurcit, s’effrite. L’eau reste homogène. Claire et vivace. Belle et remuante.
Tandem n’a rien à envier à Earthea. Il n’est pas étonné de voir que même Demacia répond à l’appel d’Okeanos ; nichée dans une croisée, elle a l’air d’avoir siéger ici pendant des heures. S’il glousse de la faiblesse de sa foi, il comprend cette âme en peine. Demacia est née dans la mauvaise nation, au devant du mauvais autel. Il peut sentir le tiraillement dont elle est victime. Il y a une guerre qui se prépare dans le coeur de Demacia — coincée entre deux allées, elle a le choix. Mais la doctrine peut être si forte qu’elle masque la bonne décision. Celle qu’Okeanos lui offre.
Il s’arrête à son niveau. Sa capuche est retombée et sa cape traîne, inondée, derrière lui.
Peut-être Demacia ne veut-elle pas de victoire d’un tel ou tel parti. Peut-être vit-elle en équilibre entre deux entités. Peut-être Demacia est-elle faible.
Mais quand l’eau rencontre la terre, c’est la première qui règne.
Demacia.
Sa voix chuchote, juste pour briser sa méditation, pour imposer sa présence. Ses paroles sont une couverture de soie qui glisse sur les épaules de Demacia.
Tandem n’a rien à craindre de Demacia. Elle est dans son territoire.
Okeanos entendra ta prière.
Et déjà l’eau tentait de s’infiltrer dans ses entrailles.
Rozen Hundjäger
Messages : 131 Date d'inscription : 12/07/2015
Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Sam 18 Juil - 16:01
Béni soit l’Éternel !
○ Night has always pushed up day. You must know life to see decay. And remembered our own land, What we lived for. But there will come a time, you'll see, with no more tears. And love will not break your heart, but dismiss your fears. Get over your hill and see what you find there, With grace in your heart and flowers in your hair. I saw exactly what was true. Oh God knows where ...
Puis le silence, mon silence, est brimé par la logorrhée de pas feutrés résonnant sur une lente rythmique, de celle qui corrobore l’incertitude sans proposer la discrétion. Je suis curieuse ; c’est pour cette principale raison que je me risque à nouveau dans le monde vaste et froid de la cathédrale d’Okeanos, laquelle cette fois a repris ses apparences inoffensives pour ne rien trahir de sa vésanie. Petite blonde, dès ma sortie de son sarcophage onirique, je me bute à un visage qui, sans m’être inconnu, m’est nébuleux. On devine par les frusques de l'invité qu’il est plus qu’abonné à ses messes, pas plus qu’il n’a sa place dans ce sanctuaire – ça pue l’ironie comme il est loup parmi les brebis, jamais il ne sera Gardien de ce temple maudit. Son ténor délicat éclate le silence et fait vibrer dans l’air son arrogance, polie par une approche respectueuse quoiqu’un zeste cassante. Prêtresse que je suis, je demeure coi, muette. Ce n’est pas la surprise qui farde mes traits, mais une prudence qui enrobe lentement mes pensées et ma réponse en devenir. J’ai envie de mentir, mais encore, l’appétit de tout savoir me tient en otage dans mes décisions. La curiosité fait prompte la question. « Et crois-tu réellement que prier mon Dieu en dehors de ses terres l’empêche d’entendre ma prière ? » Je demande sur un ton plat ; si plat qu’un froid semble s’être levé conjointement. Tandem est faible, sa foi est matérielle. Prier son Dieu entre ces quatre murs ? Foutaises ! Mon Dieu est universel, Earthea est omnipotent. Si le fanatique croit que prier dans le Temple d’Okeanos n’atteindra jamais mon Dieu, il se trompe. Il est partout, même en contrées étrangères, il m’entend et me parle. Tandem n’entend son Dieu que sous la Mer, c’est sa limite !
C’est parce que la croix qu’il porte à son cou pèse subito des tonnes en même temps que sa foi bancale rangée soigneusement sous un pan de sa soutane lui brûle la peau comme un fer rouge. Tout hurle silencieusement à cet étranger, la comédie : il n’est pas prêtre, c’est un menteur, un usurpateur ! Et moi, je bâillonne les traitres d’un sourire drôlement bien calqué sur des airs amènes et je me dresse contre les révélations d’une périlleuse bravade. « Je n’accueille que l’amour d’Earthea dans le réceptacle que mon corps met à sa disposition … Béni soit-il au nom de la Terre, du vent et de la végétation. » ; Le silence se suspend après mes propos. Mes sourcils se froncent quand une esquille de souvenir sème un doute. Ma mémoire, curieusement, est ébranlée par ce faciès, tentant de communiquer par un dialecte indistinct que cette personne a déjà été par le passé une abomination, ou peut-être un visiteur, un rat nuisible pouvant inexorablement me gêner dans ma foi et ma guerre. Et déjà, derrière le sourire et la sympathie, je m’éprends rapidement d'une pensée : qui qu'il soit, je le déteste pour être venue fouiner jusque dans mon royaume.
Tandem
Messages : 366 Date d'inscription : 08/06/2015
Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Sam 18 Juil - 20:00
la mer veille
Voilà que la terre gronde dans les profondeurs de l’océan.
Crois-tu réellement que prier mon Dieu en dehors de ses terres l’empêche d’entendre ma prière ?
Sa surface demeure lisse, immaculée : mais la terre est faite de couches. Le noyau commence à trembler et inévitablement, le manteau supérieur va finir par faire de même. Demacia est simplement un volcan qui sommeille. Elle se tarde de toute sa hauteur, mais lentement en elle bouillonne quelque chose de plus fort qu’elle.
Il y a le dieu de la mer qui remontera inexorablement vers la surface, qui fera fondre sa carcasse. Elle explosera. Pour son propre bien, la croûte qui recouvre son âme finira par se craqueler, se démanteler.
Il y a des lieux plus propices à la rencontre que d’autres. Le Dieu sait qu’il faut parfois déterminer des limites…
Il marque une pause pour admirer les frasques qu’il connaît par coeur. Si l’eau s’écoule librement, elle doit suivre un cours. On est jamais loin de la noyade si on déborde du lit. Okeanos dessine les ruisseaux et les fleuves, fait naître les courants — pour que tous, à la fin, découvrent l’infini de la mer. Il n’y a pas de chemin unique, pas de carte. La voie est aussi singulière que l’est celui qui commence son périple sur cette dernière. On se perdrait sans nul doute dans l’immensité d’une mare de bleu sans la moindre piste. Les repères sont nécessaires. Okeanos montre les alternatives car les directions sont multiples.
Demacia se contente de croire. Tandem lui, pense savoir.
Pour aller au-delà.
La terre devrait pondérer ses grondements — si elle tremble au fond de l’eau, aucun mal ne sera fait aux flots qu’une simple agitation, une belle démonstration de sa puissance. Les ravages qu’on tente de faire en son sein ne provoquent que de légers remous. A la fin, la mer retrouve son calme et sa beauté éternelle.
Je n’accueille que l’amour d’Earthea dans le réceptacle que mon corps met à sa disposition. Béni soit-il…
Les dégâts ne toucheront que la surface ; et toutes condoléances alors seront faites pour son piètre dieu.
Au nom de la Terre…
Qu’un monceau de galets.
Du vent…
Qu’une piètre flatulence.
De la végétation.
Que de la brousse prête à brûler.
Tandem est habillé d’un manteau de calme. Encore une fois il n’a rien à craindre de Demacia — au fond, ce n’est qu’une énième brebis égarée. Ses sabots foulent le mauvais territoire depuis longtemps. Il lui pardonne sa mauvaise chance. A elle de tendre la main pour s’extirper de sa déveine.
Ni moi ni Okeanos ne s’offusqueront de tes paroles.
Pécheresse. Hérétique. Blasphématrice. Autant d’adjectifs qui traversent les yeux sombres de Tandem. Si Demacia ne souhaitait pas être jugé, elle n’aurait pas du traîner son exuvie jusqu’ici. La voix impavide, à l’image de l’eau qui dort, stagne. On peut peut-être déceler une petite pointe de curiosité, une légère goutte d’intérêt, lorsqu'enfin elle s'élève.
Tandem ne ressent pas ; ou du moins, il se l’interdit.
Mais pourquoi être venue alors ?
Rozen Hundjäger
Messages : 131 Date d'inscription : 12/07/2015
Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Mar 21 Juil - 15:04
Béni soit l’Éternel !
○ Night has always pushed up day. You must know life to see decay. And remembered our own land, What we lived for. But there will come a time, you'll see, with no more tears. And love will not break your heart, but dismiss your fears. Get over your hill and see what you find there, With grace in your heart and flowers in your hair. I saw exactly what was true. Oh God knows where ...
Des phalanges blanchâtres, exsangues n’auraient pas fait meilleur effet que celui de confirmer des doutes juchés sur les frangibles étais de ma confiance ; Mais Earthea me protège du doute et inonde mon conscience de certitude. Le soleil défragmente les attraits de l’eau et assèche son nid pour n’y laisser que son berceau de naissance, la Terre.
J’observe les fidèles du Dieu Noyé, déambulant dans les allées du Temple en une explosion de surprise, et s’ensuit alors un carnaval d’émotions aussi futiles que furtives sur les landes de leurs visages. Pour un simple nom, a fortiori une fausse identité si infidèle au truisme qu’elle en explique leur foi tangible, erronée. Moi, Demacia ne pipe mot. Lui, Earthea ricane. Je demeure coi face à la ribambelle d’expressions sans juger nécessaire de placer un mot pour justifier la chape et les breloques liturgiques de ces croyants corrompus. C’est que cette effervescence satanique est toujours taraudée par le mystère, trifouillant en tapinois le capharnaüm de ma mémoire à la recherche d’une esquille de souvenance pouvant m’indiquer une réponse, pour comprendre cette nonchalance à ne pas rougir de leurs pêchés. « Des limites … cet édifice en est la preuve. »
Mais que le néant comme toute réponse. Un trou noir gigantesque me confirmant que cette interrogation doit être tout au plus une corrélation que mon encéphale n’a pas jugé nécessaire de sauvegarder. Le constat, si je ne parviens pas à occire la curiosité, m’exhorte néanmoins à nourrir le germe de haine que je destine à ce fouineur d’ores et déjà étiqueté ennemi. Car ciel, quelle dangereuse motivation l’incite à venir déterrer ma carcasse de mon cocon évangélique en ces murs faussaires, sous le regard d’Earthea ? De quel droit, surtout, fait-il irruption dans mon simulacre pour y déblatérer des psaumes profanés ? Irrespectueuse envers la vertu de ces lieux saints, la moquerie pendue à mes lèvres et la dérision comme unique phare, qui de nos dieux parait le plus ridicule ? Le vieux loup reconvertit en brebis, dont la toge lui sied si mal qu’on y voit, derrière, traîner en traître sa queue touffue, ou cet inconnu, ce Tandem, cette menace, ce chercheur de troubles qui entre dans ma mire avec l’innocence d’une agnelle ? Les interrogations affluent, mais le silence perdure. Je me ressaisis et je me refroidis. « Je suis venue rire de votre temple. » soufflais-je à demi-mot, à bout de lèvres. Mon regard noisette épouse du regard la silhouette du jeune profanateur de la sainte foi.
Un souffle balaie subito les nuées et ma tête se troue pour y laisser filtrer un rayon de vive compréhension. De toutes les paroles burlesques qu’il puisse dire, il a fallu que ce soit celle-là. Celles dont les syllabes parviennent à ébrécher mon armure de glace, à m’écorcher les parois immaculées de mon esprit et à gonfler ma curiosité d’un souffle d’impatience. Okeanos, moi, je l’emmerde. ; La raillerie devient ma lieutenante sous mon égide d’indifférence qui se brise pour laisser place à une fausse sympathie. Les lippes s’étirent afin de laisser gambader sur leur lisière l’enthousiasme, et c’est toute une comédie qui s’enclenche subito quand derrière guettent tels des cerbères la méfiance et la colère. La haine, aussi, laquelle bout entre deux sourires. « Pour qu’un édifice puisse se soutenir, il faut de bonnes fondations. De bonnes fondations implantées dans la terre, dans le corps d’Earthea. » Je m’exclame pour faire éclater le silence. La mascarade s’enflamme sur la scène de l’église. « Earthea est le berceau de cet édifice, sans lui, il n’est rien. Vous n’êtes rien, oh oui … vous n’êtes rien. » Il s’agit de la seule vérité dans ce nœud de mensonges que Tandem psalmodie. Car tout n’est que mensonges à l’instant où il ouvre la bouche.
Tandem
Messages : 366 Date d'inscription : 08/06/2015
Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Ven 24 Juil - 21:49
la mer veille
Si Demacia peut créer des tremblements, Tandem engendrera des vagues. Mais les dires de l’autre ne créent pas le moindre remous.
Je suis venue rire de votre temple.
Ses yeux glissent sur la silhouette de Tandem, comme un prédateur analysant sa proie. Mais Tandem n’a pas l’intention de se faire croquer si facilement. Demacia grogne beaucoup mais ses pattes restent plantées dans le sol. Elle se tient droite, immobile. Las d’être debout, le mantra se déplace lentement jusqu’à la gauche de sa fâcheuse hôte. Comme un inspecteur, ses yeux sont partout ; mais Tandem ne craint pas le contrôle de cette pauvre âme fourvoyée. Il finit par prendre place juste à côté d’elle, à une distance qu’il veut suffisante pour ne pas être atteint du même mal qu’elle.
On n’est jamais à l’abri : la mauvaise graine peut être contagieuse.
Et au vu de votre attitude, il me semble que cette visite n’a pas été à la hauteur de vos attentes.
Tandem n’a entendu aucun rire se répercuter sur les parois de sa maison. C’est d’elle-même qu’elle devrait se moquer — car à part elle, il n’y a rien de désopilant ici. Qu’une fourmilière de fervents croyants, le calme que la religion amène, l’atmosphère humide et rafraîchissante. Le temple d’Okeanos ne dépeint aucune infamie. C’est un havre de paix, un espace hors du temps.
Pour qu’un édifice puisse se soutenir, il faut de bonnes fondations. De bonnes fondations implantées dans la terre, dans le corps d’Earthea.
Sa voix éclate en des millions de petits cristaux coupants. Ils déchirent le silence, arrachent le mutisme. Son tapage crève l’accalmie qui règne ici. Tandem trouve son comportement infantile, puéril ; elle les craint tant qu’elle se sent obligée de venir les épier, les importuner. Le respect est une vertu qu’elle a égaré.
Vous n’êtes rien, oh oui, vous n’êtes rien.
Des paroles, encore. Parce qu’elle ne peut rien faire contre eux. La voix de Tandem s’élève encore, encore plus plate qu’auparavant.
Si Earthea soutient tout ce qui est, force est donc de constater que Nous sommes.
Demacia s’évertue à refuser leur existence. Elle veut leur renier leur simple présence — Demacia croit que tout lui est dû sous prétexte qu’elle plie le genou auprès du « bon » dieu. Tandem est d’un calme incroyable.
Contre ignorance et stupidité, il ne sert à rien de s’énerver, de s’agiter.
Je pense plutôt que vous êtes venue chercher des réponses.
Tandem s’est penché. Ses mains sont jointes comme pour prier, et ses coudes reposent sur ses genoux calleux. Un léger sourire commence à se dessiner sur ses lèvres — il n’y a pas la moindre once de colère ou d’amertume. Contre ignorance et stupidité, il ne sert à rien de s’agiter ; mais rien ne l’empêche de s’amuser un peu.
L’attitude de Tandem est aussi neutre que de l’eau douce. Comme le lac, il demeure calme.
Vous les avez trouvées.
Le temple est un trésor d’explications.
Mais vous avez peur de les écouter.
Rozen Hundjäger
Messages : 131 Date d'inscription : 12/07/2015
Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le Lun 27 Juil - 15:08
Béni soit l’Éternel !
○ Night has always pushed up day. You must know life to see decay. And remembered our own land, What we lived for. But there will come a time, you'll see, with no more tears. And love will not break your heart, but dismiss your fears. Get over your hill and see what you find there, With grace in your heart and flowers in your hair. I saw exactly what was true. Oh God knows where ...
Il le sait. Le sujet est un couteau empalé dans sa chair et la question, une main invisible chargée de triturer la lame. Au fil de la discussion, je commence à saisir les motifs de son initiative et ça me rassure un zeste, sans toutefois parvenir à apaiser tous mes démons. Il doit craindre une femme de mon acabit, dont les enquêtes sont carburées par une détermination immarcescible, laquelle me transforme en dogue qu’on ne peut arrêter, si ce n’est par d’habiles mensonges ou par la simple vérité que je véhicule. Et même lorsque j’aurais entre mes mains de précieuses informations, rien ne me freinera dans ma course folle vers le joyau que je convoite.
L’expression est glaviotée avec tant de naturel que c’en est aberrant. Mes yeux obliquent en direction de la croix géante qui décore le cœur de ce temple vantant Okeanos, ce charlatan ; un regard empli de défi, de malice et de joie malsaine est adressé à ce faux sauveur. Et moi, clouée sur mon radeau, prisonnière dans le cachot de marbre, suis condamnée à observer le loup marin embobiner derechef ses brebis croyantes avec une si grande facilité que bientôt, les mensonges deviendront la seule vérité aux yeux de tous ces malheureux. Mais face à l’assaut, je ne faiblis pas, je ne me brise point car Earthea m’offre sa force brute. Je marche sur son sentier tortueux, mais je n’ai pas peur car il m’éloigne de la vallée de la Mort. « Le cri du vent amènera nos rires jusqu’à … vous. » ; La puissance du vent parvient à faire entendre sa parole sous l’eau. Les massifs montagneux, les récifs rocheux se dressent majestueusement, demeurent immuables face à l’assaut des vagues qui viennent et se retirent, qui montent et redescendent. L’eau sournoise et fourbe s’infiltre dans la Terre, mais lorsque le Soleil souverain inonde de sa lumière, l’eau est faible, l’eau s’évapore quand la terre demeure.
« Earthea est miséricordieux, même envers les pécheurs. » ; Je me lève doucement, arpentant dans un petit arc de cercle, les cent pas. Gracieusement, dans un tourbillon de couleurs issue de mon accoutrement fleuri, je me dégourdis les jambes avant de poursuivre : « J’essayais de comprendre quel était le problème avec notre nation, et c’est aussi simple que cela … » ; Je m’arrête quelques instants, observant l’immensité du plafond dans un vertigineux regard. Puis je soupire aux lèvres, main contre le cœur : « Votre religion n’est pas en adéquation avec votre dictature. Il y’a une dualité entre ces deux institutions mon cher. » ; Je ricane avant de reprendre ma marche relaxante.
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Re: Béni soit l'Éternel – Tandem (Terminé) écrit le