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Perfect Insanity – Amen

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June Von Rosenbach
June Von Rosenbach
Messages : 344
Date d'inscription : 02/06/2015
Perfect Insanity – Amen écrit le Lun 3 Aoû - 19:23

Perfect Insanity

○ Come inside and be afraid, Of this impressive mess I've made. If you take a look now you will find. I have thrown away my vice. Done away with paradise. See what's going on inside my mind. Please let me. I can still feel them burning my mind. I do believe that you made your message clear. Deprivating, isolating all that I feel.


Un soupir. Souffle las du cœur, qui échappe à mes lèvres et se mêle à l'air jusqu'à s'y confondre. Les nuits se succèdent et la lune, toujours, semble plus proche, à exercer sur mon corps son contrôle glacé. Là, bientôt, elle sera pleine, resplendissante, observant le monde de son aura lilial, caressant les maudits de ses doigts infinis. La nuit a cette vertu de nous envelopper tout entier. Elle se fond si bien sur nous et nous habille comme d’une seconde cape vespérale. Elle masque de par sa noirceur notre être tout entier, nous permettant sous ce rideau comme au théâtre, de paraitre autre que ce que nous somme. La nuit n’est qu’illusion, elle est l’alliée des artistes de la tromperie, elle dissimule en son sein toute l’horreur du monde avec une douceur presque maternelle, au contraire du soleil inquisiteur qui brûle de par ses rayons tous les mystères qui nous enchante. La nuit, nous sommes tous les mêmes, mais pourtant si différents.

Ce sont bien ces noires pensées qui tournaient dans la tête d’une jeune femme aux airs tristes, perchée sur le bord d’un banc. Mes yeux d’un bleu pacifique, comme deux billes de verre, rivés sur le fond de mon verre que je vide d’un trait. La liqueur jaunâtre s’écoule en déversant sa chaleur qui s’écoule dans mon estomac et réchauffe mon sang.  Deux rotations de tête à l’entente d’un bruit dans les buissons suffirent à le tirer de ses réflexions métaphysiques. Le cerveau en ébullition, les sens enivrés, je hèle le serveur pour recommander un verre de whisky qu’on m’apporte rapidement. A combien en suis-je ? Deux, peut-être trois ? Chaque gorgée est douloureuse, réminiscences de mes espoirs de retrouver mes frères, souvent brisés dont la douleur était devenu le pain quotidien, à chaque instant de la journée. Je ne m’étais pas habituée à la douleur, elle ne s’estompait pas au fil du temps, non. Il fallait apprendre à faire avec, on ne peut jamais oublier la douleur, mais on peut apprendre à ne pas la montrer. Travailler pour surmonter, boire pour oublier. Les peines ne s’amoindrissent pas avec le pain, ce sont des foutaises de grand-mère.

Alors que l’assemblée semblait soudainement battre son plein, des voix rustres de mâles en chaleur crièrent un nom, que je ne parvenais pas à déchiffrer. Avel ? Aden ? Le regard vitreux, je pose mes deux cratères que j’ai pour yeux, sur une silhouette à la chevelure platine qui faisait sa gracieuse entrée. Je rigole, avant de baisser le regard et boire une autre gorgée. Il en faut peu pour satisfaire les hommes. Oui, ils sont tellement humains !
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Re: Perfect Insanity – Amen écrit le Lun 3 Aoû - 22:10


Perfect Insanity


Amen connaît la nuit, ses secrets, ses plaisirs, ses interdits. Elle en fait partie. Elle est inconnue en plein jour, son existence comme une fleur admirée de loin mais le soleil couché, elle retrouve son nom sur des lèvres imbibées d’alcool, dans des lieux où la boisson se mêle aux regards aguicheurs d’un côté et aux sourires satisfaits de l’autre. Elle joue alors de ses cheveux que plusieurs caressent de leurs mains, de ses formes qu’elle enveloppe dans une robe voilant à peine sa peau de miel. Elle n’est que joie et rires, un cocktail de plaisir que chacun veut garder pour la nuit, dans une chambre quelconque. Mais pas avant d’avoir fait son prix, incontestable. Un regard de plus vers son corps, et il devient définitivement incontesté.

Cette nuit, elle sait qu’elle ne gagnera pas beaucoup. La sécurité est plus serrée que d’habitude au casino, et elle n’arrivera pas à se faufiler pour trouver un gagne-pain plus généreux que les moins-que-rien des districts. Mais voilà, elle n’allait pas risquer sa liberté pour quelques pièces de plus. Elle se contenterait des habitués du coin, ceux qui la voient jour et nuit et qui n’ont pas besoin de jouer au chat et à la souris. Leurs intentions sont toujours claires, grossières. Amen les encourage toujours d’un sourire, d’un clin d’oeil. Rien n’est différent cette nuit.

Dès qu’elle rentre dans le cercle d’ivrognes, des voix montent et c’est son nom qu’ils acclament, qu’ils demandent comme on demande un verre de rhum ou un shot de tequila. Le serveur la connaît, il s’attarde un peu, lui jette un regard appréciateur avant qu’une autre lui donne un coup de coude pour le remettre à l’ordre. Il a le temps de lui passer un verre de whiskey, sachant qu’elle n’en accepte aucun directement des autres. Ça, au moins, elle l’a appris. Quand elle lève ses yeux, elle en remarque d’autres sur elle. Une fille, plutôt belle. Amen devine que si elle l’embrassait, sa bouche ne goûterait que l’alcool. Une mauvaise journée, probablement. Mais si elle devenait amener quelqu’un dans une chambre, ce serait elle. C’est clair qu’elle a plus de fric que toutes les racailles réunies ici. Et si Amen n’aime pas trop profiter des esprits affaiblis par la boisson, elle sait que personne n’aurait pitié d’elle. Alors elle non plus ne montre aucune pitié.

Elle se dirige d’un pas assuré vers la brune, s’assoit à côté, s’assurant de laisser sa jambe toucher celle de sa voisine, délicatement, avec un naturel travaillé. Elle pose le verre de whiskey devant elle, jette un sourire amical.

«  Je vois que tu as presque fini ton verre. » Amen fait un signe au serveur. Il connaît la chanson, rapporte presque aussitôt un autre verre à l’inconnue. «  Fan de whiskey ? Moi aussi, il n’y rien de mieux pour chasser les mauvaises pensées. On trinque aux problèmes de la vie ? »

Amen n’attend pas, déjà son verre contre celui de la brune produit un son clair et elle prend une légère gorgée. Elle s’approche d’un centimètre de la jeune fille, comme pour créer une sensation de seule à seule, comme si les hommes derrière elles n’avaient pas les rires les plus bruyants au monde, comme si l’un d’eux en particulier n’était pas en train d’appeler Amen et de jouer les délaissés mécontents.

«  Dis-moi, qu’est-ce qui te tracasse ce soir ? »





June Von Rosenbach
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Re: Perfect Insanity – Amen écrit le Lun 3 Aoû - 23:59

Perfect Insanity

○ Come inside and be afraid, Of this impressive mess I've made. If you take a look now you will find. I have thrown away my vice. Done away with paradise. See what's going on inside my mind. Please let me. I can still feel them burning my mind. I do believe that you made your message clear. Deprivating, isolating all that I feel.


Les rituels, ces petites choses que l’on fait de façon systématique sans même y porter la moindre pensée. Comme une machine bien huilée qui mutile sa propre spontanéité. Une coutume prise, un concept de régularité allié à une particularité tout à fait humaine – le besoin de contrôle et de repères. Sortir à la même heure pour franchir les mêmes portes, qu’y avait-il de plus rassurant que ces habitudes qu’on sème pour s’ancrer dans une monotonie certaine? Oh, il y avait toujours des variables, la couleur des vêtements que l’on porte, les visages que l’on croise, l’imprévu qui se juxtapose à notre route et pourtant. Pourtant, tous les matins se ressemblent de toute façon, avec une triste conformité. Il y a une forme d’abandon de soi et de lâcheté derrière ce besoin de constantes. Et ici me voilà, voulant échapper à ce domaine. Fuir ces choses préétablies et connues. Mon désir de sécurité – aussi présent qu’ignoré, s’en retrouverait exacerbé et il finirait par prendre des directions très différentes. Ma propension à la fuite le rendait vigilant sur mes choix. Consciente des innombrables possibilités que je possédais d’entretenir une existence insipide à l’image de cette désillusion que je trimballe comme un boulet, je m’évertuais à faire de chacune de mes journées, une nouvelle aventure, quelque chose d’inédit tout en appréhendant le moindre détail et la moindre valeur incongrue. Je me plaisais à envisager chaque situation sous tous les angles pour gérer au mieux mon improvisation. Se distraire et se complaire d’une vie complétement burlesque à défaut d’obtenir une totale stabilité qui n’était en fait, pour moi qu’une horrible illusion destructrice. Tout est dit donc.

Mais pourquoi ce babillage ? Pour établir le cadre de cette petite escapade dans un certain quartier. La mission ? Le whisky du soir. Tradition occasionnelle dont je ne parviens pas à me défaire malgré ma volonté de lutter contre l’absence de fantaisie quotidienne. Pour pallier à cette extravagance, je variais parfois les établissements. J’ai fait le tour de toutes les enseignes du District 666 depuis le temps mais ça cassait selon moi, toute tentative de routine. Rendre chaque journée imprévisible me donne la sensation d’être insaisissable. Mais nous nous dispersons.

Yeux rivés sur mon verre, que j’engloutis d’une gorgée rapide pour le vider. Je ne me joignais pas à la cohue générale et à toute cette acclamation ambiante. Tranquille et presque détendue, la sirène à chevelure lune ondule toujours vers moi provoquant des vagues aussi captivantes que risquées. Sirène muette responsable de plusieurs naufrages. Je ne peux pas douter de ce fait et ne veux certainement pas figurer sur la liste des victimes. Je tente un autre rivage et noie mon regard sur mon verre échoué pour ne pas me laisser prendre au piège, alors qu’elle piétine le peu de distance nous séparant encore. Bien vite, elle réclame mon attention en faisant vibrer ses cordes vocales, tout en frottant sa jambe contre moi. J’arque un sourcil inquisiteur, mais je garde le silence alors qu’un autre verre arrive devant moi. Bien, si en plus elle me l’offre si gentiment, je ne peux pas refuser, cela soulagera mon porte-monnaie. Je sirote le nouveau verre que l’on m’a apporté, le regard fixe droit devant moi. Sa voix claironne dans mes oreilles comme un carillon du soir, elle se rapproche, je repose mon verre. Je tourne mon regard bleu pacifique et je me heurte à un océan dans son regard, je cligne des yeux avant de lâcher d’une voix rocailleuse –les méfaits de l’alcool, les schnagues– ; « Je peux savoir c'que tu branles à te frotter contre moi ? » ; Ma langue claque contre mon palais en signe d’agacement, je lui décoche un regard furibond avant de boire la moitié de mon verre à grandes gorgées. Je repose bruyamment mon verre sur la table, en secouant la tête comme pour reprendre contenance avant de poursuivre alors que ma voix fait des sauts périlleux dans les octaves : « On a pas élevéfé les cochons ensemble pour que je te cause ? J've bois, parce que c’est comme ça. » ; Dans un geste brusque, de rejet et d’exaspération, je la saisis par le bras comme pour la relever avant de la brusquer en la poussant au loin. « Maintenant, dégage ! » ; Je ne lui demande pas son dû. Je me rassois, je bois, j’oublie.
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Re: Perfect Insanity – Amen écrit le Ven 7 Aoû - 0:56
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Perfect Insanity


Toutes les nuits, c’est le même manège. Elle arrive, la robe courte, le sourire facile, la parole sucrée. Elle s’assoit, elle dit quelques mots, mais la conversation n’a pas de sens. Elle demande la boisson préférée, ce qu’on aime chez une femme et, lentement, si on est prêt à payer son prix. Elle ne demande jamais le nom, l’âge, le métier. Des détails qui ne lui ramèneraient que des problèmes, la rendraient suspecte dans un monde où on se sait épié. Parfois, c’est sa discrétion qui la mène à sa perte. A ne rien connaître de ceux qu’elle laisse si proches de son corps, elle attend presque le fiasco total, le jour où on lui fera mal et qu’elle n’aura comme indice que l’ombre d’un visage. Alors elle évite les inconnus, les gens de passage, ceux contre lesquels elle ressemblerait à une enfant. Et dans une foule d’hommes ivrognes, elle a choisi la fille, celle aux airs fragiles. Elle sait que c’est presque une technique de survie, une assez maigre. Comme si Amen trichait.

Elle fait déjà ses plans, peut-être un autre quart d’heure de discussion, en croisant les doigts qu’elle ne soit pas tombée sur une de celles dont les langues se délient avec l’alcool, et elles quitteraient les lieux. Au regard perdu de la brune, comme un océan sous un jour de tempête, elle espère qu’elle sera assez sobre pour la suite des choses. Amen se dit que sinon, elle pourra la laisser dans une quelconque chambre d’hôtel et se servir du porte-feuille. Ce ne serait pas du vol. Juste du self-service.

Amen se s’attend pas à ce que la voix qui l’accueille sonne aussi aggressive à ses oreilles et que le regard qui l’accompagne la refuse aussi clairement. Amen fronce les sourcils, éloigne sa jambe sans même y penser, comme brûlée par les mots jusqu’à chaque atome de son être. Avant qu’elle ne puisse réagir, l’autre emprisonne son bras et Amen a presque le souffle coupé. Pendant un instant, elle imagine le pire. Mais devant elle ne se tient pas une meurtrière, juste un esprit embrouillé. Le coup n’est pas si fort, il la fait juste quitter le banc. «  Putain » Les femmes qui tiennent mal leur alcool, elle préfère éviter.

Personne ne vient leur conseiller de garder le calme. Ce n’est pas le genre de la maison. Elles réussissent par contre à s’attirer l’attention. Amen n’a pas besoin de les regarder, elle sait qu’ils sourient de la situation, qu’ils rient de la scène. Une bagarre de filles, c’est ce qu’il y a de mieux. Ils vont commencer à parier, une pièce sur la blonde, une autre sur la brune. Une sur la pute, l’autre sur la non-cliente. Amen n’y trouve aucun plaisir. Elle n’est pas là pour assouvir les fantaisies d’un public qui ne paye pas. Mais elle ne va pas leur dire de regarder ailleurs. Pas question que leur dernier souvenir soit celui d’une Amen repoussée, mots et gestes compris, par quelqu’un qui n’avait clairement rien à faire dans les districts.

«  T’es pas du genre à garder tes bonnes manières quand tu bois, hein ? Enfin, si tu les avais déjà sobre… Mais t’inquiète, c’est pas comme si j’étais une lady non plus. Alors, tu vois… » Amen se rassoit sur le banc, pose sa main sur l’avant-bras de la jeune fille et serre. «  …on est en famille. »

Elle la pousse, mais le geste est contrôlé et c’est juste assez pour la faire tomber du banc. Amen se sent mieux, pourtant elle sait que c’est une victoire de gamins, une dispute d’enfants. Dire qu’elle n’a même pas l’excuse d’être ivre. Elle a l’impression de s’être fait avoir.

«  On est quittes, maintenant, côté on-se-pousse-du-banc. Si ça te plait pas, je te propose autre chose. Je préfère éviter les bleus sur le corps, c’est pas trop le trip des clients. Mais je suis sûre qu’un petit concours de boisson, ça fera plaisir à tout le monde. À leurs frais, bien sûr. »

Les rires montent et même Amen trouve ça drôle. Elle se sent forte, c’est son territoire, elle se croit capable de tout. Elle n’a pas bu une goutte de whiskey mais déjà sa tête tourne. Comme à l’habitude, elle masque ça par un grand sourire. Deux verres de whiskey sont arrivés, alors qu’elle n’a pas touché au premier.

«  C’est simple, la première à lâcher prise perd. Si je gagne, tu me payes les frais d’une nuit. Si je perds, c’est à toi de voir. Mais y a des limites, le SM, je fais pas ça. Partante ? »





June Von Rosenbach
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Re: Perfect Insanity – Amen écrit le Mar 11 Aoû - 12:36

Perfect Insanity

○ Come inside and be afraid, Of this impressive mess I've made. If you take a look now you will find. I have thrown away my vice. Done away with paradise. See what's going on inside my mind. Please let me. I can still feel them burning my mind. I do believe that you made your message clear. Deprivating, isolating all that I feel.


Dans le rejet, je n’aspire qu’à un soupçon de tranquillité. Me fondre dans la masse, ne devenir que l’ombre de moi-même l’espace d’un instant, d’un court moment. Bref moment de solitude ne visant qu’à toucher du bout des doigts cette plénitude à laquelle je soupire. Nuit  noire, nuit voilée sous une nuée d’étoiles venant couvrir l’étendu du ciel couleur encre. Mais regarder donne le tournis, son immensité pourrait me faire perdre pieds, alors quitte à m’effondrer au sol, j’ai élue domicile dans un bar de complaisance. Bar miteux, mentalité populaire. Peut-être avais-je mal joué mes cartes en choisissant mon écrin où j’aurai pu me loger afin de me baigner dans le marasme de l’alcool. Dans cette fourmilière d’ivrognes, je me distinguais malgré mon effort à m’encastrer dans le décor de la bâtisse. Si petite, mais pourtant tellement visible, la sirène a su m’apercevoir malgré ce rideau que je dresse afin de m’y occulter des yeux indiscrets.  Et pourtant, ici la voilà, à tenter de m’enivrer de son chant diabolique pour mieux que m’engloutir sous les méandres de l’océan. « Enchantée  Putain, moi c’est June. » aboyais-je sarcastiquement avant de vider la moitié d’un verre que je repose bruyamment sur la table, ne manquant pas d’éclabousser le bois fraîchement vernis de ma table sur laquelle je rêve de m’allonger lorsque le moment sera venue où je ne saurais plus soutenir ma tête.

Elle m’énerve. Elle et son minois ovale, ses traits fins et juvéniles. Voir la douceur de ses cils battre délicatement m’exaspère. Cette pâleur immaculée, cette perfection incarnée … Elle me donne la nausée en cet instant, et pourtant Dieu seul sait qu’elle représente ce que j’aime chez une femme en termes de beauté. Fausse candeur palpable, dois-je m’attendre à discerner sa pesterie se draper  sous un capuchon de velours. Je soupire … Et elle parle, parle, parle. Ne comprend-t-elle donc pas que je ne désire qu’une seule et unique chose : qu’elle la boucle. Enfin, je n’eus pas le loisir d’imaginer une scène alternative où mon vœu le plus cher serait exaucé, puisque la jeune blonde me poussa hors de mon banc tout en me blablatant des propos qui eurent le don de m’agacer. Piquée à vif, je me relève calmement alors que mes yeux ont perdus de leur lueur issue de ce frôlement à un début d’ivresse. Le choc remet mes neurones en place, et je comprends vraiment qu’elle m’énerve, mais elle m’énerve. Elle et ses airs sous-entendus à chaque mot, à bout de lèvres. La mâchoire crispée, je glisse mes doigts dans la paume de ma main comme pour les serrer alors que je me fais violence à ne pas la ruer de coups aussi douloureux que mortels. Mais au lieu de ça, j’éclate de rire. Oui, mes épaules se soulèvent frénétiquement sous mon hilarité alors que je me rassois en observant les verres arrivés sous les claquements de doigts des grognards qui nous observent d’un œil lubrique. Joueuse, je rejette mes cheveux en arrière avant de boire une gorgée d’alcool, comme pour lancer les festivités : « Si je gagne, tu prends tes cliques et tes claques, et tu te casses de là. » ; Do we have a deal ?

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Re: Perfect Insanity – Amen écrit le Dim 16 Aoû - 3:51







Perfect Insanity


June.
C’est un nom qui rappelle les rayons de soleil, les baignades estivales et les glaces à la fraise qui coulent plus vite sur les doigts que dans la bouche. Pourtant, alourdie par l’alcool, la voix rauque et les mots maladroits, la fille est loin des images que réveillent son nom. Elle est comme la pluie grisâtre des orages des jours trop chauds, quand même le ciel fond sous la canicule. C’est un peu pathétique, mais Amen sait qu’elle-même a déjà ressemblé à ça. Tant de fois qu’elle peut deviner le genre de prétextes qui poussent à la noyade alcoolique. Des toasts aux mauvaises journées, aux gens qu’on abandonne sur le chemin, à ceux qui en font de même.

Amen non plus n’aurait pas aimé qu’on l’interrompe.
Surtout pas par une prostituée qui cherche à remplir ses poches.
Mais voilà, c’est toujours chacun pour soi, Okeanos pour tous. Ou presque.

Le coup l’ayant poussée hors du banc semble réveiller un peu la brune. Elle a l’air légèrement moins perdue dans les brumes du whiskey qu’elle avale depuis tout à l'heure, comme si ce n’était que de l’eau et qu’elle venait de finir le plus long marathon de sa vie. Elle a peut-être soif de solitude, mais Amen ne peut pas se permettre de la lui offrir. Elle a un public à rassasier, un loyer à payer et, surtout, une fille à faire tomber dans les pommes.
Elle regrette presque de l’avoir poussée, maintenant qu’elle a l’air d’être un peu plus sobre. Presque. Surtout que June ne garde pas sa contenance très longtemps, et joue les petites racailles déterminées. Poing dans la main et grand rire compris.

Qu’est-ce qu’elle est drôle.
Un vrai one-woman show.
Amen se dit qu’elles se seraient peut-être mieux entendues dans un autre espace temps. Mais c’est pas comme si elles ne s’entendaient pas en ce moment. En fait, tout est parfait. June accepte le jeu et elle n’exige même pas qu’Amen se soumette à un quelconque fantasme refoulé en cas de défaite. Mais bon, perdre, Amen n’y pense même pas. Des deux, la plus bourrée, ce n’est pas elle. Elle ne s’étonne même pas que la jeune fille n’ait pas crié à l’injustice. Une fois encore, elle ne s’en était probablement même pas rendue compte.

Amen ne veut pas non plus trop tricher. Elle boit un peu de son verre et sa gorge se réchauffe. Une sensation qu’elle connaît bien, sa voisine aussi, sûrement.

« Ah, avant que je n’oublie. Enchantée, June. Moi, c’est Amen. Eh oui, tu vois, même les putes ont des noms. »

Le sarcasme est tranchant, mais elle devine que l’effet ne sera pas aussi fort sur sa compagne de beuverie. C’est dommage, parce que ça l’empêche de s’enrager un peu plus, elle qui ne supporte pas qu’on utilise son métier comme insulte. En plus, elle a l’impression que ce n’était pas là l’intention de la jeune fille.

« Je connais ton nom, tu connais le mien. Tu sais ce que je fais comme travail, mais pas moi. »

Elle prend une autre gorgée, l’envie de tousser ne se fait déjà plus sentir.

« Attends, laisse-moi deviner. T’as l’air d’être de bonne famille, et même si tu bois dans les districts, j’imagine que t’es plutôt de Galiea. Étudiante ? »





June Von Rosenbach
June Von Rosenbach
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Re: Perfect Insanity – Amen écrit le Jeu 20 Aoû - 18:14

Perfect Insanity

○ Come inside and be afraid, Of this impressive mess I've made. If you take a look now you will find. I have thrown away my vice. Done away with paradise. See what's going on inside my mind. Please let me. I can still feel them burning my mind. I do believe that you made your message clear. Deprivating, isolating all that I feel.


La blonde meut ses lèvres roses, et dans un souffle, son nom me parvient aux oreilles. La surprise inonde mon visage pâle, je stoppe mon geste en plein mouvement, puis je tourne mon regard pacifique vers elle tout en reposant mon verre sur la table en bois. Je la jauge de haut en bas, arquant un sourcil interrogateur. Mon incompréhension traverse mon visage en un trouble fugace pourtant si palpable que j’aurai pu l’y ôter comme un voile recouvrant mon faciès.

Amen.

J’éclate de rire, oh oui je ris. Je riais comme quelqu’un qui avait sérieusement réfléchi à la vie et qui comprenait enfin la blague de celle-ci.  Et la voir s’étaler devant mes yeux, de cette manière, dans ce lieu précis ne faisait qu’accentuer encore plus mon hilarité. Amen, qu’elle s’appelle la petite blonde. Et en ce bref instant, entre deux rires, je me demande sincèrement si elle prend un malin plaisir à massacrer un terme symboliquement religieux pour le tourner dans la dérision la plus totale. Comment pouvait-elle porter un mot à connotation biblique tout en s’évertuant à accomplir un métier incommensurablement peu catholique ? Et dans un délice que je lèche à bout de langue, alors que je m’humecte les lèvres, je me rends finalement compte que cette petite effrontée est une femme scandaleusement facétieuse.  Je souris tout en caressant le rebord de mon verre, que je soulève à nouveau pour le terminer d’un trait. « Une talentueuse pute avec de l’humour, quelle bonne fortune ! » ; Je trinque doucement mon verre contre le siens dans un carillon douceâtre, avant de voir une grande gorgée.

Les règles sont posées, le défi est scellé. Et contre toute attente, je me surprends même à apprécier ce début de joute alcoolisée que nous nous livrons sous l’œillade lubrique d’une foule en délire. J’engloutis une seconde grande gorgée, que je gargarise goulument pour marquer la descente de mon second verre – du jeu, mais énième officieusement – ; je ne saurai plus vous dire le nombre. Et dans une explosion de chaleur, je pouvais sentir la liqueur courir dans l’immensité de mes veines, et là je m’abandonne à cette jouissance artérielle qui aurait pu m’arracher un gémissement. Je me mords intérieurement les joues, je soupire doucement tout en me passant une main dans les cheveux, je relative. Ma pupille se dilate comme pour canaliser la noirceur qu’abrite cette bâtisse, et je termine mon troisième verre. Et alors que je pensais que notre défi aurait suffisamment occupée la petite blonde pour ne plus à avoir à l’entendre parler, elle laisse à nouveau sa voix s’échapper de sa bouche. Bien que je ne veuille pas discuter, elle a le mérite d’avoir une voix de velours, comme je les aime tant. Et pour cela, et uniquement pour cela, je songerai peut-être à lui répondre, peut-être.

Je lui décoche un regard de travers, alors qu’elle me dresse une analyse de profil. Elle établit un schéma, un plan dont je me moque d’un seul tressautement musculaire au niveau de la joue.  A qui croit-elle échafauder un passé ? Pas à moi qui la dévisage avec l’envie meurtrière de la faire valser à travers la pièce. Je hais qu’on fasse allusion à ma vie, et son intrusion bien trop indiscrète me dérange énormément. Dans un soupire lasse, je décide d’ignorer royalement ses questionnements, ne tâchant que d’y répondre avec le moins de précision possible. « Scientifique Généticienne. » bredouillais-je entre mes lèvres pincées, avant de faire pianoter mes doigts sur la table, le regard vague. Que cherche-t-elle à obtenir, alors qu’elle ne me reverra plus après cette nuit ? « Tu es bien trop curieuse à mon goût, pour une fille de joie. »
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Perfect Insanity – Amen

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