Elle a vite compris que la confiance ne se donnait pas si facilement, Maxine. Elle a vite fait le tour d'une réalité auquel chacun s'est réduit, trouvé quelques détournements à la façon de faire que l'humanité acquiert. Elle a vite trouvé Maxine. Et ce sont les regards vides voilés par une fausse joie qu'elle jette à la société qu'elle déteste, c'est le jugement rationnel d'une gamine que le monde a forcé de grandir. Peut-être qu'elle semble si jeune parce qu'elle se noie dans ses costumes qu'elle change en permanence comme une identité qui n'est jamais claire, comme une façon d'être jamais vraiment affirmée. Elle a peur de se poser et c'est sûrement pour ça que Jasmin et elle sont en perpétuel mouvement, un quotidien sans cesse différent - parce que cette vie de surprise lui paraîtra toujours moins dangereuse que de se faire bouffer par un système qu'elle ne peut pas voir. Opposée à toute institution, effrayée par chaque groupe avec lequel on pourrait la concevoir. Il y a toujours la possibilité qu'elle ne soit jamais qu'une enfant aveugle et idiote, ce genre d'enfants que l'on veut tant gifler pour leur impertinence ou parce qu'elles refusent tant de s'adapter à ce monde modelé pour elles.

Qui l'écouterait, cette grande fille, la gamine aux cheveux colorés, cette poupée déguisée à la vingtaine - l'adulte bercée de déguisements absurdes. Elle ne se prend même pas au sérieux avec les accessoires qu'elle porte, sans attache, se fondant dans l'innocence dont sont dotés les enfants comme pour excuser la froideur de sa propre existence. Et alors, qu'est-ce qu'elle vous paraît hypocrite, dissimulée sous les apparences si belles dont elle semble vraiment vouloir, baignant dans la bonne humeur qu'elle a l'air de réellement ressentir. Comédienne parfaite, le vide destiné à la protection de son bien-être qu'elle pense ne pas pouvoir maintenir d'une autre façon, enfant stupide aux croyances désarmées. Elle garde ses distances, paranoïaque dans le peu de choses qu'elle s'offre, remettant perpétuellement en question les rares liens qu'elle parvient à garder. Perdue dans les propres mensonges qu'elle raconte en permanence, renouvellement d'une vie qui n'a jamais eu de commencement. À chaque jour son histoire, à chaque personne son mensonge - et Maxine se moque bien de tout ce que ça peut représenter, de ce que ses agissements peuvent bien entraîner. Consciente de toute la tristesse qu'elle reflète, personnalité ternie par l'absence d'humanité, il n'y a qu'à Jasmin qu'elle s'accroche, et c'est ainsi que le monde lui convient. Chaque chose l'effraie, chaque proximité la révulse, chaque projet d'avenir la renvoie  sa propre immobilité de vie.

Elle n'a rien de plus que les habits qu'elle bricole, que la singularité d'un style qu'elle est obligée d'effacer pour le bien d'une vie, ou plutôt d'une survie dont elle n'est même pas fier.

Elle se ment à elle-même, prétendant ressentir ce bonheur tant admiré.

Mais ce n'est qu'une notion abstraite, Maxine. C'est tout ce qu'elle estime ne plus mériter. Elle a fuit tant de choses pour ses propres désirs, tourné le dos à ce que chacun accepte - et c'est dans cette faiblesse d'esprit que se reflète sa culpabilité. Ce mensonge, Maxine. Cette mélodie qu'elle joue, les notes fausses qu'elle fait résonner. Théâtrale, lissée dans un rôle si parfait - les sourires et l'entrain pour une passion qu'étouffent ses démons intérieurs. Elle n'est pas malheureuse ni même mal dans sa peau, elle est juste mal dans ce monde, mal partout comme jamais à sa place - sentiment d'un voyage infini auquel elle a fini par s'habituer. Les retours d'une vision qui s'assombrit, les habitudes de survie qui s'accumulent et le pessimisme qui s'entasse dans une envie de mourir qui n'en devient que plus présente.

Car où est le but, Maxine ? L'objectif de toute chose.
Il te faut un sens à ça, une explication qui justifie les souffrances.

Il te faut une réponse, Maxine. Une réponse à la douleur permanente. C'est dans le mensonge qu'elle se trouve, perpétuel changement, c'est dans le déni de son propre comble qu'elle se dote à nouveau de cette cruelle envie de la dénicher. Cercle vicieux au milieu duquel elle se dessine enfin, le cercle qu'elle dessine avec les frontières de son esprit embrumé par la tristesse, l'entité qu'on ne reconnaît même plus à force de changements. Ce n'est jamais qu'une ombre, une silhouette, le souvenir flou d'un visage au milieu de tout ce qui semble attirer l'oeil ; et elle pourrait ôter son armure, preux chevalière dont le tissu est l'acier, on ne saurait la reconnaître sans - comme une poupée dont les fils sont l'apparence.

HISTOIRE

Je ne prétends pas que mon histoire soit suffisamment intéressante pour que tu n'aies pas plus important à faire que la lire. À vrai dire je ne pourrai affirmer si je suis une preuve-même de la stupidité du système actuel ou de la faiblesse humaine face aux obstacles que chacun est censé surmonter. Peut-être qu'à la fin de ce récit, tu me trouveras simplement assez idiote mais j'aime à croire que j'ai pris la bonne décision lorsque j'ai tout laissé derrière moi toute ma vie à un tournant de celle-ci.
Je suis native d'Okeanos.
Lorsque j'ai rencontré Jasmin pour la première fois, j'avais tout juste 3 ans. Ça n'a jamais été une question d'amour, vous êtes bien naïfs si vous pensez qu'il est le plus puissant sentiment - même s'il nous envahit d'une façon merveilleuse et envoutante, je l'admets, je ne veux pas avoir affaire à lui. Je ne veux pas, je ne veux plus goûter au bonheur qu'il procure, dont il nous dote avant de le troquer pour cette ignoble souffrance que rien ne peut éteindre. Ce n'est pas tout à fait vrai. Je n'ai jamais considéré qu'il n'y avait rien de plus important que l'amour, ou ce que je pense en avoir connu, car Jasmin a toujours été là, au-dessus de tout. Du début à la fin ; avant et après la douleur - et plus que tout, il était là pendant que je la vivais.

Nous étions enfants quand je me suis attachée à lui comme mon premier et unique ami mais aussi comme le grand-frère que je n'ai pas eu. Il n'était pas qu'une substitution familiale devenue banale tant les gens ont l'habitude de qualifier ça, dévalorisant cet attachement ; il était l'unique marque de sincérité dans un monde déjà trop grand pour moi. L'attache, tout un univers, le modèle d'une vie - et nous sommes rapidement devenus indissociables. Je peux le suivre partout, me fier à ses décisions et s'il me le demande et je n'aurai pas d'hésitation à renoncer à la moindre de mes convictions s'il les trouve idiotes.

Je comprends que vous trouviez ça idiot. Vraiment, c'est le cas.
Je sais parfaitement à quoi peut me mener cette façon de penser, mais à quoi bon s'éparpiller dans de nombreuses relations quand une personne parvient à vous combler ? Je peux en parler au présent car c'est toujours le cas - seul mon passé reflète les erreurs que je me suis promise de ne plus jamais effectuer, en particulièrement une, une personne, une entité qui s'est immiscée dans le monde que Jasmin dessinait à lui seul.
Mais quand Josh est entré dans ma vie alors que je n'avais que 9 ans, lui deux ans de plus, je n'étais pas assez philosophe pour remettre en question la morale que je n'avais pas encore.


J'aimerais sincèrement vous décrire les années que j'ai passé avec lui et combien j'aurai aimé qu'elles durent plus longtemps. Mais j'étais trop jeune pour réaliser l'importance de ces moments et c'est sans doute pour ça que je ne serai pas en mesure de les décrire.

De ce que je me rappelle, il était merveilleux. Je serai incapable de dire s'il l'était parce qu'il était avec moi ou si c'était ma vision qui le rendait ainsi. Il savait parler, il était drôle. Il était tout ce que j'avais jamais aimé dans le sens où je n'ai plus envie de le faire tant j'ai l'impression qu'il ait emporté jusqu'à la moindre goutte de l'amour que je portais. Il était loin d'être riche et aussi distingué que nos familles ; paria dansant au milieu des figures royales - et j'ai vite compris que notre lien n'enchanterait personne alors il est resté secret.

C'était mon secret. Notre secret, car Jasmin savait, comme toute autre chose.

Mais lorsqu'il m'a annoncé qu'il était atteint d'une maladie incurable à l'âge de 17 ans, j'ai cru que c'était une blague. J'ai cru que mon monde s'écroulerait - et Jasmin était là. Présent, le pilier indémodable, plus droit que jamais, et je ne sais pas si sans lui, ces deux années dans une attente presque cruelle du dernier jour auraient été supportables. Une semaine avant que Josh ne devienne incapable de sortir et de me revoir, il m'avait donné une lettre qu'il m'avait fait promettre de n'ouvrir qu'une fois que tout serait terminé. Ça n'avait pas été facile, mais j'avais attendu. Je m'étais convaincue d'écouter sa dernière volonté, la dernière chose qu'il m'avait transmit avant de mener son dernier combat avec sa famille.

Lettre:

Et voilà. Et voilà comment faire partir en éclats l'innocence d'une enfant de 16 ans, et voilà comment convaincre une adolescente que l'amour, le grand amour qu'elle était persuadée d'avoir déjà connu, venait de lui passer devant - la privant de la prise de conscience mature à laquelle elle aurait droit plus tard. Et voilà comment, quelques semaines après le décès du jeune homme qu'elle pensait aimer, la gamine de 16 ans devait affronter l'irrévocable obligation de devoir se marier à celui qu'elle considérait comme un grand-frère.
Un mariage arrangé dans deux ans.
Elle n'a pas attendu d'en savoir davantage. Elle n'a pas attendu que Jasmin puisse revenir sur sa décision de quitter le pays, elle l'a simplement suivi - son unique pilier, la seule personne qui ne s'en irait jamais. Devenus nomades, ils se sont rapidement adaptés à un mode de vie devenu obsessionnel, escrocs quotidiens, voleurs sans attaches. Maxine déguise, Maxine transforme, Maxine fuit. Maxine ne veut plus souffrir de sa nature d'humaine.

Ok donc salut je voulais remplir davantage ma prez mais j'ai passé trop de temps sur ce code et au final je suis crevé et j'ai la flemme d'écrire alors que je voulais faire au moins le caractère mais bon tant pis on verra demain voilà dsl et sinon j'vous aime le fo' est toujours ultra beau.