Tu t'étais réveillé d'une humeur... Habituelle. Énervé, tout simplement. Tu observais ton visage dans le miroir, avant de glisser ta main sur les multiples cicatrices recouvrant ton visage ; tu ne pouvais que te remémorer ce qu'il s'était passé à cette époque... Il y a un peu plus de deux ans. Une défaite totale, mais aussi une douleur incommensurable. Tu fronçais les sourcils, alors que tu passas ensuite ta main sur ton oreille droite ; tu avais toujours un bandage qui recouvrait une partie de ton front, ainsi que cette même oreille. La raison ? Tu n'avais pas encore cicatrisé de ton affrontement avec Rozen. Alors forcément, ton bras gauche était également bander, comme la main.

La douleur avait presque disparue, mais la haine non. Cette haine qui te hantait chaque jour ; tu ne pourrais jamais t'en débarrasser, c'était ainsi que tu étais devenu. Une bête qui n'avançait que par la haine, et la colère. Ton pêché ? La colère. Oui, tu étais l'expression même du plus dangereux des sept pêchés capitaux ; celui de la colère. Tu fermais les yeux un instant, avant de finalement t'habiller. Tu devais prendre l'air, juste un peu. Ne serait-ce que pour au moins réussir à te changer les idées. Tu n'avais pas l'intention de t'attirer des problèmes à Earthea, seul endroit où tu pouvais encore rester.

Tu enfilas ton pantalon, tes chaussures, et ensuite ta chemise. Tu retroussas cependant les manches jusqu'à tes coudes, environ, le tout en soupirant de nouveau. Tu attrapas ta veste de costard, sortant de chez toi, le regard toujours aussi glacial. Chaque personne croisant ta route avait plutôt envie de... t'éviter. Ils baissaient tous les yeux, de peur que tu ne leur infliges une correction. Ce qui était logique dans un sens ; ta réputation te précédait. Sans pour autant enfiler ta veste, tu la portais sur tes épaules, avançant lentement vers la sortie de Démétrio. Tu voulais être à ton endroit habituelle.

Une zone où personne ne venait. Enfin... sauf une personne. Tu ne la connaissais pas particulièrement, mais tu l'avais déjà rencontré deux ou trois fois. Elle ne semblait pas baisser les yeux en te voyant, elle. Ce qui te semblait étrange. Et tu te demandais d'ailleurs si elle viendrait aujourd'hui, ou non... Tu fermas les yeux, arrivant à ce fameux endroit. Tu restais debout, à côté d'un arbre, alors que tu fixais l'horizon d'un air silencieux. Tu laissais le vent souffler légèrement sur ton visage, avant d'entendre un léger bruit. Comme une brindille qui venait tout juste de craquer. Tu tournas la tête ; elle était là.

Tu te décidas à avancer vers elle. Tu avais comme l'impression qu'elle te surveillait, par moment, et c'était pour cette raison que tu t'avançais vers elle, cherchant des réponses. Et une fois arrivé à sa portée, tu la fixas dans les yeux, l'air sévère.

-Qu'est-ce que tu fiches ici ? Tu es là pour me surveiller ? Ou bien tu ne sais simplement pas qui je suis ?

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C'était étrange. Tu aurais beau avoir l'air menaçant, l'air dangereux et tout ce qui pourrait être un mauvais signe pour elle ; elle ne semblait pas avoir peur. Elle souriait. Que cherchait-elle exactement ? Était-elle insouciante ? Ou bien n'avait-elle simplement pas peur de la menace que tu pouvais représenter pour chaque être t'entourant ? Tu ne pouvais comprendre ce qu'elle te cachait. Tu ne pouvais savoir si elle cherchait réellement à discuter avec toi, ou simplement à se moquer de toi. Cette femme, elle était mystérieuse. Elle faisait preuve de politesse, tout en te saluant d'une manière gracieuse ; voilà une femme avec des manières. C'était rare, ces temps-ci.

Ta réputation... Il est vrai qu'être un traitre ayant tenté de tuer la reine et le généralissime ne pouvait passer inaperçu, qu'importait l'endroit où tu te trouvais. Tu laissais un léger soupire s'échapper de tes lèvres, alors que tu croisais les bras, lentement.

-Il semblerait que j'effraie toujours autant les habitants de Démétrio. Pas étonnant tu me diras.

Elle en profitait pour t'expliquer la raison pour laquelle elle se trouvait en ces lieux ; des raisons que tu comprenais bien évidemment. Si l'on recherchait un endroit où être tranquille, celui-ci était tout simplement parfait. Un endroit où personne ne venait t'ennuyer, habituellement. Mais si elle avait connaissance de ce lieu, cela te semblait normal alors, qu'elle s'y trouve également. Mais le fait qu'elle soit présente en même temps que toi te semblais quelque peut suspect. Que manigançait-elle ? Tu n'en auras le cœur net qu'après qu'elle ait révélé son véritable visage. Du moins, c'était ce que tu pensais.

Elle finit par s'asseoir, toujours avec autant d'élégance et de grâce. C'était encore plus impressionnant, selon toi. Après tout, tu n'avais rencontré actuellement que des femmes avec aucune décence. Elle semblait bien plus polie également que certaine femme de Caelestis ; ce qui te semblait d'autant plus improbable. Tu gardais cependant le silence. Tu restais méfiant et... Une nouvelle surprise s'offrait à toi, cette fois. Son panier repas. Elle ne semblait pas être une grande mangeuse, à vue d’œil, mais son panier repas était juste bien trop grand pour elle. Mais quand elle t'adressa une nouvelle fois la parole, tu comprenais enfin pourquoi ; elle voulait le partager avec toi.

-Je ne sais pas pour quelle raison tu aimerais que je partage ce repas avec toi, et je ne sais pas non plus pourquoi tu espérais me voir ici... Mais... Tu marquas une légère pause, pour finalement t'asseoir en face d'elle, les yeux sensiblement fermer. J'accepte cette invitation. J'imagine que tu aimerais quelque chose en échange non ? Tu n'aurais pas fait autant d'effort sinon.

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Tu le savais ; ce n'était pas pour rien qu'elle s'était risquée à te suivre. Toi et ta mauvaise réputation. Elle le disait elle-même ; elle avait déjà entendu parler de toi et cela ne t'étonnais pas plus que cela pour être franc. Tu avais l'habitude, que certaines personnes cherches désespérément à en savoir davantage. Pas forcément sur toi, mais sur des terres qui leur étaient inconnus. Ce n'était pas la première à souhaiter en apprendre sur Caelestis, ou même Okeanos. Il y en avait eu d'autres. Mais les autres étaient bien trop vulgaire, trop barbare pour que tu ne daigne leur adresser la parole. Tu te contentais de dégainer l'une de tes armes et montrer à quel point tu étais sérieux, lorsque tu menaçais.

Mais ici, c'était différent ; tu faisais face à une fille bien élevée. On pourrait même dire, une femme. Après tout, elle était du peuple d'Earthea, elle était donc réellement une femme. Tu ne souriais cependant pas. Tu ne souriais que lorsque tu te moquais de quelqu'un, que tu le méprisais, et bien d'autres raisons également. Il n'y avait donc aucune raison pour toi d'émettre la moindre émotion, si ce n'était ta froideur naturel. Tu fermais les yeux donc, assit en sa compagnie. Tu l'écoutais simplement. Tu souhaitais savoir ce qu'elle cherchait réellement à savoir, et peut-être que tu lui parlerais. Peut-être, ce n'était pas certain.

-Je serais mort depuis longtemps, si je ne m'étais pas habitué à la nourriture de ce peuple. Alors ne perds pas ton temps à t'excuser. Je mangerai à ma faim.

Tu observais finalement ce qu'elle avait préparé. Cela pourrait presque te donner l'eau à la bouche. Sans compter le fait que tu étais déjà affamé, tu pouvais voir qu'elle avait réalisé un très bon "repas". Tu ne te faisais pas prier pour te servir une première fois. La politesse était une chose que tu ne respectais plus depuis fort longtemps ; depuis plusieurs années déjà. Il était donc logique que tu n'attendes pas qu'elle te propose quoi que ce soit. Tu te servirais, un point c'est tout. Et ce que tu pensais c'était bien rapidement confirmé. C'était bon. Très bon même. Tu savourais la cuisine de cette demoiselle, dont tu ignorais tout. Son nom, son existence même... Absolument tout.

Et finalement, cette fameuse question ; parler de toi. Tu relevais lentement le regard, tu t'apprêtais bien évidemment à refuser, mais voir son visage aussi paisible, aussi calme, cela ne te donnais pas envie de t'énerver. Pas cette fois.

-Earthea est un peuple réellement calme, malgré ce que certaines personnes d'en haut peuvent dire. Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer beaucoup de "barbare". Quelques-uns l'étaient, lors de mon arrivé. Impoli, sûr d'eux. Mais je pense que cet endroit est bien plus paisible... Peut-être même plus agréable à vivre que les autres contrées. Tu marquais une pause, avant de manger à nouveau, le regard plongé dans ce plat. Okeanos... C'est sans doute l'endroit où j'aimerais le moins vivre. La dictature n'est pas ce que j'aime le plus. J'aurais sans doute fait la même chose qu'à Caelestis. Tu t'arrêtas à nouveau, redressant ensuite le visage pour l'observer, calmement. Mais avant de te parler d'eux. Que sais-tu déjà de moi ? Et aussi... Quel est ton nom ?

HRP:

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