Je pense que je suis doué pour me mettre dans des situations qui me dépassent. Pour ma défense, les circonstances étaient atténuantes. En fait, j'étais en train de fuguer, pour la deuxième fois de ma vie. Pas pour la même raison que la première, même s'il y a tout de même un rapport.

Mes parents m'accusent de crise d'adolescence, mais c'est eux qui doivent être en pleine crise - et ils le seront surement d'autant plus quand ils verront que j'ai déserté ma chambre. Pour une raison qui m'échappe, ils ont remis sur le tapis mon histoire avec "lui" - éviter de penser à son prénom le rend étrangement moins réel et j'avoue que ça m'arrange. Moi qui pensais que le sujet avait été enterré, je me suis vraisemblablement trompé. J'avais pas envie d'en parler ou même d'y penser, en particulier quand je vois à quel point ils sont à côté de la plaque sur ce sujet. Le ton est vite monté et j'ai choisi de m'enfermer, dans ma chambre bien sûr, seul endroit qui m'appartiens dans cette maison - et encore que mes parents pensent pouvoir y entrer comme dans un moulin. Une fois la nuit bien avancée, j'ai choisi de fuguer, comme la dernière fois qu'ils m'ont prit la tête.
Ils rompt le tabou, je me barre, j'estime que c'est un bon compromis.

Le problème, c'est que je suis un gamin de seize ans qui n'a nul part où aller et qui ne réfléchis aux conséquences qu'après coup. La dernière fois au moins je savais où me réfugier, même si j'aurais mieux fait de m'abstenir.

Je ne voulais pas rester à Earthea. Je suis sûr que certains d'entre eux me jugent encore sur mon passé et j'ai pas besoin de ça alors que c'est justement ce que je fuis en partant de chez moi. Je ne voulais pas non plus aller à Caelestis alors que je sais qu'une certaine personne s'y trouve. J'ai choisi la destination Okeanos, bien que je connaisse absolument pas les lieux. Cela ne m'a pas empêché d'admirer un peu les lieux quand je suis arrivé à Galiéa. La ville n'avait pas l'air endormie malgré l'heure tardive, ce qui avait quelque chose de rassurant pour quelqu'un qui est perdu et seul en pleine nuit. Par contre, je doutais que des endroits tels que des casinos pourraient me servir de refuge. Même pas sûr qu'ils m'auraient laissés entrer à mon âge.

J'ai passé un long moment à marcher à travers la ville en maudissant la situation dans laquelle je venais de me fourrer et en songeant sérieusement que je devrais rentrer chez moi plutôt que de faire l'idiot plus longtemps. Si je rentrais maintenant, personne n'aurait remarqué ma fuite et je pourrais faire comme si de rien n'était, même si ça incluait de devoir ravaler ma rancœur. Sauf que, autre problème : j'étais pas sûr d'avoir suffisamment d'argent pour le retour.
....je suis maudis, c'est sûr.

Mes pas m'ont finalement mené jusqu'à un bâtiment, qui devait surement être un temple. Celui d'Okeanos, très certainement. Je ne sais même pas si j'ai le droit d'être ici, alors que j'ai fais mon rite pour Earthea. Je me demande si ce sera considérer comme du blasphème... Oh, je suis pas à ça près, de toute façon. L'endroit était calme, c'est surement pour ça que j'ai choisi d'y entrer. Je veux dire, l'activité de la ville avait un côté rassurant, mais c'était avant tout l'isolement que je recherchais et surtout que l'on ne m'interroge pas trop sur ma fuite.

C'est donc de cette façon que je me suis retrouvé là, devant une porte qui devait surement mener à un logement. Dans le temple, oui. Je ne pensais pas qu'il y avait des gens assez dingues pour vivre dans un temple, mais apparemment si. J'ai donc frappé, en priant - c'était le bon lieu pour ça, après tout - pour qu'il y est réellement quelqu'un là-dedans. Dans le cas contraire je serais bon pour retourner voir ailleurs.

« Il y a quelqu'un ? »

Je n'ose pas imaginer de quoi j'ai l'air actuellement, du haut de mes seize ans, n'ayant rien sur moi à part trop peu d'argent - j'aurais du songer à prendre quelques vêtements de rechange... -, mon air de chien battu. Mes yeux sont peut-être même encore rougis par les pleurs que j'avais eu plus tôt dans la soirée. Plus pathétique, tu meurs. Promis, la prochaine fois - s'il y a une prochaine fois -, je réfléchirais un peu plus avant de fuguer, parce que là ça craint.

On va surement me prendre pour une victime - ce qui doit être le plus proche de la vérité, après réflexion - ou pour un SDF.
....ou pour un petit con qui vient réveiller les gens à trois heure du mat'.
©Cain

Je n'ai jamais été très croyant. Je veux dire, je ne doute pas vraiment de l'existence des trois divinités, même si je n'ai jamais eu de preuves directes de leur existence. Seulement, je n'ai jamais trouvé d’intérêt à les vénérer ou à prier ou je ne sais quoi d'autre que font les "groupies" de leur dieu. Je suis tout de même lié à Eathea, ne serait-ce que part le rite que j'ai passé à mes huit ans, même si cette décision venait principalement de mes parents et que j'étais de toute façon trop petit pour comprendre. Je ne m'en suis jamais plains pour autant puisque je ne me décemment pas vivre à Earthea sans ce rite et j'aime vraiment mon lieu de vie, même si ça peut être difficile à croire étant donné que c'est la deuxième fois que je fugue vers les autres domaines. Seulement, ce n'est pas Earthea que je fuis, mais certains membres de son peuple. En tout cas, le résultat est que j'ai rarement mis les temples, alors je trouve plutôt ironique de me retrouver dans celui-là, mais s'il peut me permettre d'avoir un toit, alors je prends. J'espère juste que je ne recevrais pas châtiment divin ou un truc de ce genre.

Par contre, si les Dieu aient la grâce de ne pas me maudire, ce ne sera peut-être pas le cas de la personne que je viens de gêner. Je suppose l'avoir réveillé - vu l'heure, ça n'aurait effectivement rien d'étonnant, y'a que moi pour être dehors en pleine nuit plutôt que dans mon lit et pour débarquer chez les gens... Résultat, il n'a pas spécialement l'air content ou accueillant, mais je ne vais pas lui en vouloir pour ça. Au contraire, je m'estime plutôt heureux qu'il ne m'est pas jeté dehors directement.

Le propriétaire des lieux ayant allumé la lumière en arrivant, ce qui me permet de pouvoir observer un peu l'endroit. L'appartement ne paraît pas bien grand, mais je trouve déjà bizarre qu'il y en ait un dans le temple, alors si ça avait été un palace... j'aurais trouvé ça carrement louche. En revanche, ce qui m'intéressait le plus pour le moment était tout de même l'arrivant. Physiquement, c'était plutôt mon opposé : des cheveux blancs, des yeux clairs - bien que les deux ne soit pas de la même couleur, ce que je trouvais à la fois perturbant et fascinant -, il était plus grand que moi aussi - ce qui n'était pas forcément difficile - et devait sans doute être plus âgé, même s'il ne faisait pas bien vieux pour autant.

Je ne savais pas vraiment quoi lui dire, mais il m'épargna la peine de chercher par où commencer en prenant la parole en premier. Bon, il me posait des questions sans me laisser le temps d'y répondre par contre et au vu de son ton et de ses mots, je comprenais bien que ça n'allait pas être la grande joie. Pour le moment, je le trouvais plutôt hautain et désagréable, mais je préférais mettre ça sur le compte de l'heure à laquelle je le dérangeais. En tout cas, il avait deviné que j'étais d'Earthea, mais au vu de sa grimace et de sa remarque, ce n'est pas spécialement bon pour moi. Ce type a un truc comme mon peuple, ce qui m'agace assez. Ce n'est pas tellement le fait qu'il n'aime pas Earthea qui m'embête, mais surtout d'être jugé par rapport à ça alors qu'il ne sait rien de moi.
...quoi que. Il sait que je suis un adolescent idiot, perdu et qui doit avoir l'air encore plus dépité qu'auparavant ; ce qui est déjà suffisant pour être mal jugé finalement.

« J'ai fuis de chez moi et... je n'ai nul part où aller. »

Bon sang, c'est pathétique.

J'étais plutôt gêné, maintenant que je prenais vraiment conscience de mes actions de cette nuit. Faut croire que je n'ai pas mûri depuis ma dernière fugue et c'est bien ça qui est pathétique. J'aurais pu me réfugier chez Hestia, mais je n'en ai fait qu'à ma tête, comme d'habitude.

« Je suis désolé pour le dérangement. »

Mes yeux restèrent rivés sur le sol pendant que je m'excusais. A ce stade, j'étais prêt à repartir sans demander mon reste, sauf que j'étais toujours bloqué à Okeanos et je me demandais si mon interlocuteur serait ravi de me voir fuir ainsi après l'avoir dérangé. Je relevais alors les yeux et décidait de me reprendre un peu.

« Je n'ai nul part où aller, ni argent. Je pensais que je pourrais trouver de l'aide ici. Je sais bien qu'il est tôt et je m'en excuse, encore une fois. »

Si y'a bien un truc que mes parents n'auront pas loupés, c'est la politesse. Même si rentrer ainsi chez les gens est surement considéré comme un manque de celui-ci... Je me rattrape comme je peux, on va dire.

©Cain

A la base, j'avais peur de faire pitié - ça avait ses utilités, mais ce n'était pas ce qu'il y avait de plus valorisant. Cependant, ce n'avait clairement pas l'air d'être le cas de mon interlocuteur actuel et je ne savais pas si je devais m'en réjouir ou non au final. Disons qu'il ne parait pas particulièrement commode et je ne sais pas si je suis agaçant ou tout simplement ridicule à ses yeux. Je parierais plutôt sur la première solution et, étonnamment, je crois que c'est celle que je préfère. De toute façon, ses soupirs et grimaces répondent d'eux même à la question.

Il m'indique de me taire et commence ce qui me paraît être un discours moralisateur. Bon, ça pourra par être pire que mes parents... Surtout que je peux comprendre son point de vu : j'ai un endroit où vivre contrairement à certains. Lui ne comprend pas le mien en revanche, si je suis là, c'est que je ne considère plus cet endroit comme un lieu où je peux aller, mais encore une fois il juge sans rien savoir de mon histoire. Je me demande tout de même si l'homme en face de moi est concerné par ses propos pour réagir de cette façon. Vu qu'il vit dans un temple, ce qui n'est pas franchement l'endroit le plus commun où vivre, je suppose que la réponse doit être oui.

Il attrape une chaise et me demande de m'y asseoir. J'obéis, même si j'ai un peu l'impression de me retrouver sur la chaise électrique. Pendant ce temps, lui va s’asseoir sur le fauteuil. La politesse demande pas à ce que l'on lègue les trucs les plus confortables aux invités, habituellement ? ....je suis pas un invité, okay, j'ai rien à dire. Par contre, le coup du prêtre qui me demande de lui raconter mes pêchés et mon histoire, ça me tente moyen. Parler de moi, c'est déjà pas trop mon genre, parler de mon histoire... j'évite autant que possible en règle général. Sauf que c'est ça ou il me laisse dehors apparemment. J'hésitais un petit moment avant de finalement lâcher, amèrement :

« A en croire mes parents, mon plus gros pêché est d'être tombé amoureux. »

Je peux pas tant leur en vouloir. Après tout, la quasi-totalité des gens voient de travers les relations entre deux personnes de différentes nations. Je trouve ça idiot personnellement, mais au final ce n'est pas vraiment pour ça que j'en veux à mes parents, ils font juste partit des moutons. C'est plutôt le fait qu'ils n'aient jamais su voir que mon problème était ailleurs, que j'avais été brisé. Les parents ne sont-ils pas censé remarquer ce genre de choses ? N'importe quelle personne me voyant régulièrement ont comprit que quelque chose clochait ; eux, non. Du moins, s'ils ont remarqués quoi que ce soit, ils ne l'ont jamais montrés. J'ai même l'impression qu'ils ne cherchent qu'à m'enfoncer.

J'hésite à en dire plus à cet homme, à cause de l'avis que s'en font les gens justement. Surtout que, de la part de quelqu'un s'occupant d'un temple, ça ne m'étonnerait pas qu'il fasse partit de ceux ne jurant que part leur dieu et le peuple, et donc qui méprise ce genre de relation entre peuple - je sais, c'est cliché, mais lui ne s'est pas gêné pour me juger de part le cliché qu'il se fait de Earthea, alors on est quitte.

« C'était un Caelestis, lâchai-je, malgré mon appréhension. »

Dans le pire des cas, la seule chose qu'il pouvait faire était de me mettre dehors - à moins qu'il n'essaie de m'exorciser avec des incantations bizarres et de l'eau bénite. Ce qui pourrait être drôle, d'un côté.
Je ne souhaite rien ajouter de plus, mais je sais qu'il ne se contentera pas de ça. Il espère quoi en fait, que je l'occupe longtemps en lui racontant ma vie de A à Z ? ...y'a pas assez de choses à en dire.

« C'est peut-être vrai ce que vous avez dit. Je suis peut-être lâche, mais je pense qu'un chez soi est un endroit que l'on considère comme tel parce qu'on s'y sent bien et en sécurité. C'est aussi un endroit auquel on est attaché par affection. Le mien a perdu ce genre de valeur depuis longtemps. Au final, c'est bien plus chez mes parents que chez moi et je ne suis devenu rien de plus qu'un intrus pour eux. »

Je n'ai pas pu m'empêcher de défendre mon opinion, par rapport avec ce qu'il avait dit plus tôt. En tout cas, il voulait que je parle, alors voilà, je dis ce que j'ai sur le cœur, qu'importe ce qu'il en pensera. De toute façon, quoi que je dise, je crois qu'il serait capable de trouver un moyen de m'enfoncer, alors qu'importe.

©Cain

Je ne sais pas trop à quel jeu on jouait actuellement. Le jeu de l'interrogatoire ? Non, c'était encore plutôt soft de ce côté là. C'est pas comme s'il avait posé des dizaines de questions sur moi, même si celle qu'il m'avait posé étaient plutôt générales. Là c'était plutôt le jeu du : On va décider de si tu reste ou si tu pars. A la façon dont les choses se déroulaient, c'était clairement lui qui tenait le rôle du maître du jeu et s'il devait y avoir un vainqueur, je pense qu'il serait déjà décidé que ce ne soit pas moi. Quoi que, en y réfléchissant bien, j'étais le seul à avoir quelque chose à gagner au jeu : un toit ; alors que l'homme n'avait rien de particulier à obtenir lui. J'avais peut-être une possibilité d'être gagnant finalement.  

"C'est triste tu ne trouves pas ? Une erreur et tout s'écroule." me dit-il. Dur ironie. Malheureusement, elle est plutôt vraie, bien que ça ne soit pas une erreur, mais plutôt de nombreuses. Beaucoup diront que l'erreur était de sortir avec quelqu'un d'une autre nation, je dirais plutôt que c'est de mettre laisser berner par ce type la en particulier. J'ai aussi fait l'erreur de m'afficher avec lui, les choses auraient surement été plus simples si j'avais fais en sorte de ne pas me faire remarquer. Ma principale erreur a  finalement été de fuguer, la première fois. Erreur que je suis plus ou moins en train de reproduire... mais la situation est différente de la dernière fois.

Il ajoute que je ne suis encore qu'un gamin, ne sachant pas grand chose. J'ai envie de grimacer, une fois de plus. Pourquoi est-ce que les adultes se jugent toujours comme étant moins ignorant que les jeunes sous prétexte qu'ils sont plus âgés ? Enfin, il a raison par rapport à mes parents. S'ils ne voulaient vraiment plus de moi, cela ferait surement un moment que je n'aurais plus de toit au-dessus de leur tête, mais même s'ils ne sont pas les parents les plus attentifs et affectueux du monde, ils n'en gardent pas moins une part de responsabilité et d'attention sur moi. Ce ne sont pas les seuls fautifs de toute façon, je bloque beaucoup vis-à-vis d'eux, moi aussi.

Il me dit ensuite que beaucoup ont vécu la même chose que moi, si ce n'est pire, mais je ne lui ai pas tout dit à mon propos et il ne sait pas que je fais certainement partit de ce qu'il considère comme pire. Néanmoins je préfère ne pas soulever ce point, n'ayant pas envie d'entraîner des questions qui m'amènerai à devoir en parler.
Je me fais pas trop d'illusions sur la vie en général. De là à dire que la suite est forcément pire que ce que l'on a vécu, je suis moins d'accord. Je pense qu'il y a des hauts et des bas, mais pas que l'on part du haut pour aller vers le bas. Quant à ses mots : "On affronte. On ne fuit pas.", j'admets n'avoir jamais été capable d'affronter mon problème. J'ai toujours choisi de le fuir, de faire semblant de l'oublier, malgré qu'il vienne me hanter à chaque minute.
Je crois que je me sens de plus en plus accablé au fur et à mesure de cette conversation, finalement.

Il se lève et s'éloigne un instant avant de revenir avec un verre qu'il pose près de moi. Wow. Je crois que c'est son premier geste sympathique depuis que je suis là.

« Merci. »

Il se présent et je me rends compte que je ne connaissais même pas encore son identité. J'ai maintenant à nom à mettre sur un visage. Quant à son appellation, messager d'Okeanos ? Je me demande si Okeanos lui donne vraiment des messages à transmettre. Je suis assez sceptique à ce niveau aussi, je dois bien l'avouer.

« Aedan Edelsa, répondis-je à sa question, avant de finalement poser celle qui me trottait en tête. C'est parce que vous êtes le messager que vous vivez dans le temple ? »

Je maintiens que c'est un peu bizarre de vivre dans un endroit pareil, alors il fallait bien que je finisse par poser la question. En tout cas, s'il passe ses journées à entendre les malheurs de chacun, je comprends qu'il soit un peu maussade et qu'il ait une vision aussi négative de la vie. On a tous bien assez à gérer avec nos propres problèmes, comment on peut gérer ceux des autres avec ça ? Quoi que, s'il répond à tous que c'est la vie et que ça empire avec le temps, alors il doit pas avoir grand chose à gérer... Enfin, je dis ça, je dis rien.

« Alors vous ne me jetez pas dehors, finalement ? »

Bah oui, je m'informe.
Il m'a offert un vert d'eau, c'est plutôt encourageant comme signe, non ? D'ailleurs, je prends le verre en question pour en boire un gorgée, en attendant d'avoir ma réponse. Mes possibilités sont assez minces en cas de refus. Je saurais me débrouiller je pense, mais ça ne m'arrangerais tout de même pas.

©Cain

Au final, mes sentiments quant à cette soirée/nuit étaient assez mitigés. J'avais fui de chez moi, suis allé me fourrer dans un endroit que je ne connaissais pas et m'étais retrouvé dans ce temple. Jusque là, ce n'était guère positif. Cependant, ma rencontre avec Cain rattrapait un peu le coup. Je n'arrivais pas encore à le cerner et ne savait pas quel avis me faire de lui, malgré cela j'étais plutôt content d'être tombé sur lui. Ça aurait pu être bien pire. Certes, le petit interrogatoire auquel j'ai eu droit n'était pas des plus agréables, mais après avoir débarqué en pleine nuit et m'apprêter à le squatter momentanément je suppose que ce n'est pas cher payé. Ce n'est pas comme si je lui en avais révélé beaucoup sur moi non plus. Là aussi ça aurait pu être bien pire.

Il a l'air étonné quand je lui demande s'il ne va pas me mettre dehors finalement et je me dis que je suis peut-être trompé sur son compte. Il m'avoue même qu'il n'a jamais eu l'intention de me laisser repartir, au vu de l'heure et ses mots me soulagent. Je suis maintenant sûr d'avoir un abri pour la nuit et c'est surement la meilleure nouvelle que j'ai eu aujourd'hui. Je le regarde alors quitter à nouveau la pièce pour aller chercher un coussin et une couverture qu'il ramène et dépose sur le canapé.

« Merci, encore. »

J'aimerais bien ajouter quelque chose, mais je pense que les remerciements résument bien ce que je ressens actuellement. De toute façon, je pense que mon soulagement transparaît sur mes expressions étant donné que je sais être quelqu'un de plutôt expressif. Chose qui me fait plutôt défaut, d'ailleurs, mais je ne peux pas vraiment changer cet état de fait, alors je fais avec.

Il répond ensuite à la question que je lui avais posé, à propos de son statut de message d'Okeanos et son lieu d'habitat. Au début, il s'était contenté d'hausser les épaules et me dit maintenant qu'il a simplement grandit dans ce temple. Je crois que c'est encore plus étrange que ce que je pensais, en fait, parce qu'être élevé dans un temple, c'est pas spécialement le truc le plus habituel que l'on connaisse. Je sens que je m'engage sur un sujet un peu personnel, mais la question me brûle les lèvres et les franchissent sans que j'y réfléchisse réellement - mon impulsivité, encore et toujours.

« L'un de tes parents était messager ? »

Sur le coup, c'est ce qu'il me paraît le plus logique pour avoir grandit ici, bien que ça ne me paraisse pas vraiment être le lieu approprié pour faire vivre une famille. En revanche, en réfléchissant d'avantage à la question, si Cain est maintenant seul ici c'est soit que le précédent messager ait quitté son post, mais s'il était parent avec lui c'était plutôt étrange qu'il ait quitté le temple, soit qu'il ne soit simplement plus de ce monde. Dans tout les cas, je crois que je m'engage sur une pente sensible. Un jour, j'apprendrais à tourner sept fois ma langue dans ma bouche. Sa remarque suivante me détourne cependant bien vite du sujet et je grimace aux mots "ennemis" et "concurrence".

« Je me fiche bien de tout ça. Nation ou non, je ne vois pas encore quoi on est différent les uns des autres. »

Je suis sorti avec une personne d'une autre nation, je pensais que ça paraissait évident que ça m'est égal. Okay, il était à Caelestis et non à Okeanos, n'empêche que j'aurais peut-être plus chanceux si ça avait été le contraire. Et puis, ces histoires de guerres entre nations avaient plutôt tendance à m'agacer, elles étaient incapables de cohabiter correctement ensemble.

« En revanche, je pensais que ça vous dérangerez, vous. »

Après tout, il n'avait pas l'air de grandement apprécié les Earthea.

Je me fige un peu en entendant sa dernière précision : "ne pas le remercier avant de repartir entier d'ici". Je me suis peut-être un peu trop avancé en changeant d'avis sur lui, finalement, ne sachant pas trop si je devais prendre cela comme un avertissement ou si c'était simplement destiner à m'impressionner. Si tel est le cas, alors c'est plutôt réussi étant donné que je me trouve de toute façon en terrain inconnu et sans réelle défense. Enfin, je suppose qu'il est de toute façon un peu tard pour penser à ça, alors je préfère garder ça dans un coin de ma tête pour plus tard. Je l'ai déjà remercié, en plus.

©Cain