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What's a god to a non-believer ▴ TANDEM

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What's a god to a non-believer ▴ TANDEM écrit le Sam 15 Aoû - 1:25





What's a god to a non-believer


Elle se perd presque dans les dédales, dans le labyrinthe du temple, comme s’il s’agissait d’un autre stratagème pour éloigner les âmes perdues, celles qui ne croient en rien ou pas grand chose. Elle effleure de ses doigts tremblants les murs, ce n’est pas la première fois, elle connaît la sensation, le picotement froid qui fait retomber son bras. Non, ce n’est pas la première fois. Ses pas ramènent des souvenirs d’enfance, de rites suivis sévèrement pour faire plaisir aux parents, pour imiter la soeur parfaite. Pour essayer de peindre un beau portrait de famille. Combien de fois était-elle venue déposer ses fleurs, ses larmes, ses mots, ses prières ? Pas assez pour le Dieu marin, probablement.

Elle se souvient de sa dernière visite d’enfant. D’adolescente, plutôt.
Un sac sur le dos, quelques pièces dans la poche, l’air déterminé.
Je vais leur montrer que j’ai pas besoin d’eux pour vivre.
Elle n’était plus revenue. Ça aurait été hilarant, la pute du coin qui vient faire ses prières après son shift du soir. Puis, elle a jamais eu envie de revenir, ses dernières paroles laissant un arrière-goût amer dans sa bouche. Le goût de la défaite.

Elle a l’impression que l’odeur des algues, que le bleu de la mer et que la sensation d’être éternellement noyée sont plus forts. Mais c’est juste une impression, se dit-elle. Ce n’est que les chimères de son esprit d’hérétique, la peur de ceux qui craignent qu’un Dieu n’existe et qu’il ne se fâche contre leurs années d’ignorance. Elle contrôle sa respiration et ses pas. Seule à marcher dans les couloirs, elle se sent à la fois minuscule et gigantesque.
Elle sait que ce n’est pas son territoire et elle est loin de se sentir en sécurité. Elle a beau savoir où courir pour fuir le temple, et surtout, la silhouette qu’elle suit presque désespérément, elle ne peut pas étouffer complètement la peur de se jeter corps entier dans la gueule du loup.

Pourtant, le loup, ça fait un bout de temps qu’elle le regarde, comme une oeuvre d’art qu’on ne comprend pas. Mais c’est de l’Art, alors on se dit qu’il doit y avoir quelque chose qui attire. Mais on lui a dit qu’il était proche de sa soeur, et elle l’avait vu de ses propres yeux, dans la forêt, alors il doit bien y avoir quelque chose. Elle n’avait pas réussi à faire quoi que ce soit avant, et c’était peut-être pour le mieux. Elle avait pu calmer son embarras, d’abord, elle qui avait eu l’impression de n’être pas mieux que les garçons prépubères des districts qui la zieutaient de la fenêtre, observant ce qui n’est pas à l’être, brisant l’intimité du moment.
Après l’embarras étaient venues tant d’émotions, la peur, la colère, la rage. Et tant de questions qu’elle ne pouvait lui balancer à la figure. Elle avait pensé à le kidnapper, l’attacher à une chaise et lui arracher chaque réponse. Pas longtemps, par contre. C’était trop compliqué.

Et puis, il pouvait n’être qu’un croyant légérement plus poussé sur les rites.

Elle arrive devant la fresque. Elle prétend s’émerveiller, elle aime parfaire son jeu d’ange déchu qui revient demander asile. Ses genoux touchent le sol, comme ils l’ont fait tant de fois plusieurs années auparavant, dans une vie qui n’est plus que vagues souvenirs.
Elle avait prié pour tant de futilités ; de nouvelles robes, de lèvres désirées, de promesses échangées. Mais à chaque fois, ses paroles étaient sincères.

Celles qui sortent de sa bouche sont vides de vie, mais leur écho sonne comme une lamentation. Elle a attendu d’entendre ses pas, de voir sa haute silhouette du coin de l’oeil, de savoir l’écho résonnera dans ses oreilles autant que dans les siennes.

« Ô Okeanos, toi dont la sagesse s’étend par de-là l’écume échouée sur la terre et le ciel reflété sur tes vagues, éclaire mon chemin vers celui de la renaissance. Pardonne les erreurs de ceux qui ont erré pour te retrouver. »

Amen a presque envie de rire.
Elle n’a rien à se faire pardonner, pense-t-elle.





Tandem
Tandem
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Re: What's a god to a non-believer ▴ TANDEM écrit le Sam 15 Aoû - 19:39


YOU ARE SOMETHING UNHOLY INSIDE OF ME
(something monstrous, something great)



On finit toujours par revenir dans les bras de la mer.

Les plus stupides pensent avoir été rejeté. Les rouleaux qui élaborent les vagues les auraient poussé vers le rivage. Recrachés, vomis, ils se présentent en objet de répulsion, d’éviction injuste et d’expulsion impitoyable. Les plus stupides sont aussi les plus désireux de revenir : mais leur nombrilisme les enracine dans une terre brûlée, les rattache à un ciel asthénique.
Leur départ ne dépendait pourtant que d’eux. Tandem sait qu’ils se sont trompés, ou pire encore, ont choisi un autre courant fait de boue ou de vent.
Mais la mer est clémente, maternelle, miséricordieuse. Elle rejette autant qu’elle reprend, et si leur carcasse d’andouille se traine de nouveau sur le rivage, elle les lèchera de sa houle et finira par les engloutir pour mieux les reconstruire.

Le temple est toujours ouvert, en ce sens. Les renouveaux ne connaissent aucun horaire fixe : mais à l’image des marées, il y a un temps pour tout.
Aussi, ceux qui convoitent le pardon savent faire preuve de discrétion. Dans le creux de la nuit, où la ville est morte et la mer noire, Tandem voit souvent un défilé de silhouettes hésitantes pénétrer dans le temple. A ce spectacle, il n’offre qu’un simple soupir las. Ils n’ont pas à craindre le jugement des habitants, à se soucier de l’avis des pécheurs qui ont la prétention de croire que leur désapprobation pèse le moindre poids.
Ils sauront alors, au sortir de la basilique, après que leur dos se soit relevé et leur âme allégée, que la seule sentence qui vaut d’être prise en compte est celle d’Okeanos.

Tandem est présent dans cette heure troublée par la visite des délictueux — cependant, il ne se compte pas dans cette marmaille braillante motivée par la peur et l’affolement. Il est de ceux qui viennent se faire pardonner pour ce qui aurait pu être interprétée comme l’affaiblissement de sa foi, quand il ne fut finalement qu’une défaillance passagère, volatile, une pleutrerie.
Tandem ne vient plus expier ses fautes : depuis longtemps maintenant s’est-il puni de ses affres antérieures. Désormais, il vient simplement s’excuser de ce qu’il aurait pu faire de plus pour renforcer son office dans la journée. En cela, et à ses yeux, cela demeure la plus grande des erreurs. Un véritable sujet doit pouvoir se donner à son dieu au maximum, ou il ne pourra lui demander aucune grâce.

Tandem ne vient plus expier ses fautes : il n’en fait plus.
Mais le mantra est modèle de prévention.
Il vient souvent s’expier de bévues qu’il n’a même pas encore commis.

Accolé contre une des parois non loin de la salle de la fresque, Tandem est tapi comme un voyeur. Dans les ténèbres plus prononcées encore à cette heure avancée, il est difficilement perçu par les visiteurs.
Tandem se fond dans les murs de cette maison froide depuis quelques heures seulement. Il n’avait pu se rendre dans sa tanière favorite qu’en fin d’après-midi et il avait voulu rattrapé les minutes passées loin de son paradis.

Il comptait finalement partir et sortir de sa cachette lorsque des pas à la fois légers et claquants résonnèrent, témoin de la direction qu’ils prenaient — la sienne. De ce fait, Tandem repousse son départ de quelques secondes, laissant son dos douloureux recréer le contact avec la pierre gelée. Ce soir, il veut être discret, ne pas être vu, être invisible. Une motivation étrange, qu’il interprète comme le souhait même de son dieu aimant.
S’il se tient loin des flammes faiblardes des bougies qui éclairent difficilement l’allée, il peut voir le visage de l’inconnu se dessiner, et ses traits fins lui apparaissent pour quelques secondes seulement.

C’est elle.
Il ne se souvient plus de son prénom exact. S’il fallut dire la vérité, on ne connaissait pas la jeune femme par son appellation, mais par la pression que ses jambes exercent autour des tailles de ses généreux clients et de ses courbes qui lui permettent de voir des morceaux d’or se déposer à ses pieds.
Elle est agent du sacrilège, maîtresse de transgression, rejet de la vertu. De cette définition, on aurait pu croire que Tandem lui trouvait un profil difforme. Mais Tandem n’aurait jamais appliqué de tels adjectifs.

La jeune femme était d’une beauté élégante, délicate, sculpturale. Car les objets de convoitise le sont souvent.

Piqué au vif, animé par une curiosité nouvelle, il attend qu’elle le dépasse pour s’arracher de la paroi. Il était rare de voir une fautive si connu se rendre dans pareil endroit. Il se penche, et ses yeux la regarde s’arrêter au niveau de la fresque azurée.
Et puis ses jambes s’animent toute seule. Peut-être Okeanos veut-il qu’il l’aide à se repentir ?

Tandis qu’il s’avance, il voit son corps frêle se plier devant lui. Il ne parvient pas à entendre la totalité de ses paroles, mais il en saisit une partie frissonnante, maladroite, cahotante.

Pardonne les erreurs de ceux qui ont erré pour te retrouver. 

Alors finalement, même si sa gorge n’a jamais été aussi sèche qu’à cet instant, Tandem finit par élever la voix.
Elle sonne comme une orgue.

Vous comptez-vous dans cette prière ?

Silencieusement, il espère que oui.
Tandem a froid — il n’a jamais froid ici. Son pantalon est à peine humide et sa veste devrait lui donner tout juste ce qu’il faut de chaleur.
Tandem frissonne. Mais sa voix est toujours chargée par le poids de sa foi, si bien que jamais elle ne déraille.

Il serait peut-être bon de le faire.


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Re: What's a god to a non-believer ▴ TANDEM écrit le Sam 15 Aoû - 23:03




Je ne tiens pas debout
Le ciel coule sur mes mains



What's a god to a non-believer


En pensant à leur première rencontre, à la première fois qu’elle lui ferait face, seule à seul, elle a imaginé ses paroles. En vain, car souvent, les mots qu’on lui dit sont affamés, à la recherche de son toucher. Lorsqu’elle finit sa prière, elle attend impatiemment. Il pourrait aussi l’ignorer, mais elle sait qu’aucun homme qui la suit ne part sans affirmer sa présence. Comme pour espérer faire imprimer son existence dans la mémoire de la jeune femme.

Et lui non plus ne garde pas le silence. Il la questionne, ce qui ne la dérange pas. Il est poli, pas étonnant, s’il était un ami de sa soeur. Elle feint la surprise, comme s’il avait brisé un moment de recueillement fragile, tournant sa tête vers lui. Elle se lève doucement, passe les mains sur ses genoux légèrement rougis. Comme s’ils n’avaient pas l’habitude d’être au sol.

Elle ne l’a jamais vu de si près.
Il était toujours une silhouette surplombant les autres, une silhouette qu’elle suivait du coin de l’oeil et dont elle ne connaissait que les contours, comme un brouillon qu’on essaye de parfaire, désespérément. Mais là, elle voit les détails, les recoins, le reste du dessin. Elle a l’impression de s’y perdre, dans l’écho de sa voix qui semble résonner à l’infini et l’ébène de ses yeux, un trou noir où elle pourrait se noyer.

Mais des voix graves et yeux noirs, Amen y a déjà eu affaire. Des milliers de fois, jusque sous les draps d’un lit qu’elle a réchauffé de sa peau de soleil et de ses lèvres brûlantes.
Alors, son estomac, il a pas intérêt à papillonner à la vue du pseudo-prêtre.

Surtout quand ce dernier lui donne des leçons de morale à deux sous.

Elle a envie de lui cracher à la figure. Elle n’a que faire des moins que rien qui la regardent de haut, comme si en l’écrasant, ils se sentaient mieux dans leur trône de pacotille, au milieu de la même boue, de la même saleté. Comme s’il n’était pas aussi impur qu’elle.
Ce n’était peut-être pas bien vu d’ouvrir ses cuisses pour recueillir des pièces d’or, mais s’il avait quoi ce que ce soit à faire avec la mort de sa soeur, le meurtre n’était pas non plus la meilleure manière de s’assurer l’amour éternel du divin aquatique.

Elle se dit qu’elle peut voir en lui, qu’il est aussi clair que de l’eau sur les rivages d’Earthea.
Croit-il pouvoir noyer le sang des autres dans des prières futiles pour un Dieu qui n’en a rien à faire, ni du croyant obsessionnel, ni de « ceux qui ont erré pour le retrouver » ? Oui, c’est sûr, il y croit probablement plus que tout. Sa vie ne doit tenir qu’à l’espoir tremblant que tout a un sens, que tout revient à Okeanos.

Amen déteste ça.
Qu’est-ce que cela fait d’elle ? Ses actions n’ont aucun but que de faire qu’il y ait un autre lendemain, qu’elle ne s’endorme pas sur son lit de mort et qu’elle ouvre les yeux le coeur toujours battant. Elle ne sait même pas pourquoi. Il n’y a personne pour pardonner ses fautes, il n’y a personne pour lui donner cette assurance qu’il a et qui vient de cette foi aveugle vouée à un être intouchable. Elle trouve ça pathétique, de se donner âme entière à quelqu’un, même un dieu.
Mais elle qui se donne corps entier aux autres, elle se demande ce que ça fait, d’avoir la sensation d’être protégé par un autre. Se réveille-t-on l’esprit serein, le coeur en paix, le regard déterminé ? Vit-on une vie différente des autres ?

Pourtant, l’homme qui se tient devant elle n’a pas l’air serein, et elle a envie de mettre sa main sur son coeur et compter les battements.
S’étaient-il accélérés à sa vue, comme ceux de tant d’autres ?

Peut-être, car l’homme de foi n’a pas l’air si confortable dans le palais de son Dieu.

Amen ne laisse pas sa rage couler sur ses lèvres. Non, elle la contient, au fond d’elle-même, comme elle le fait depuis un bout de temps. Depuis qu’elle a appris que hurler sur les gosses mal-élevés et les grand-mères aux bouches pressées comme des raisins secs, ça ne gardait pas ses jupes loin des mains curieuses et ses oreilles loin des critiques perçantes.
Alors, les insultes, elle les garde pour elle.

Elle lâche un sourire amer, la tristesse comme une poudre transparente sur son visage. Ses yeux rencontrent ceux de l’homme, le temps de quelques secondes furtives, et elle les baisse, comme par gêne, par pudeur.
Alors qu’Amen ne connait ni l’une ni l’autre.

« Ah, pardon, je savais bien que ma présence ici paraîtrait un peu… comment dire… mal placée ? »

Un peu comme toi dans mon lit.
Évidemment, ça aussi, elle le garde pour elle.

« J’espérais pourtant passer inaperçue. Je ne devine que trop bien ce que vous me reprochez, mais je m’étonne que ma réputation m’ait suivie jusqu’ici… »

Elle a dû mal à se retenir d’applaudir ses propres paroles.
Quelle prestation, Amen. Toi qui n’a pas l’habitude de réfléchir tant à ce qui sort de ta bouche.

« J’ai failli me perdre, vous savez. En venant ici. J’ai presque eu envie de rebrousser chemin. Je l’ai déjà fait plusieurs fois. Mais je ne sais pas, aujourd’hui, j’y suis arrivée. Aujourd’hui, Il a entendu mes prières. »

Parce qu’aujourd’hui, tu es là.






Tandem
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Re: What's a god to a non-believer ▴ TANDEM écrit le Lun 17 Aoû - 12:46


YOU ARE SOMETHING UNHOLY INSIDE OF ME
(something monstrous, something great)



Personne ne connaît Amen — Tandem ne fait donc pas exception à la règle.

Et alors, une pensée cruelle lui traverse l’esprit : on n’a pas à connaître une putain. Les clients n’ont soif que de contact. Ils ne recherchent aucune éloquence, aucune locution ; que des gémissements, qu’ils savent faux, mais qu’ils veulent entendre résonner comme vrai.
Amen n’est personne parce qu’on ne lui demande pas d’être quelqu’un en particulier. Qu’un corps une nuit, qu’un objet de plaisir. Elle est productrice de mensonges et comme au fond d’un désert, elle se fait mirage d’un souhait à peine murmuré. Petite métamorphe, elle trouvera toujours pour vous satisfaire. Elle n’a pas grand chose à faire pour cela ; on pourrait presque penser qu’elle ait été créé en ce but.
Mais Okeanos ne crée pas de pécheurs.
Et Tandem n’est pas un client de ses clients. Il n’en sera jamais un, il l’a promis. Plus à son dieu qu’à lui-même, c’est un péché qu’il s’interdit.

Mais cette nuit, Amen ne se noie dans aucune mer de draps, elle est là, devant lui et n’offre, il semblerait, aucun gémissement feint. Son dos ne se cambre pas mais se courbe. Et jamais ne l’avait-il entendu parler aussi clairement.

Ah, pardon, je savais bien que ma présence ici paraîtrait un peu… comment dire… mal placée ?

Mais son hésitation le déstabilise. En la voyant de loin dans les districts, il n’a jamais eu l’impression que sa voix sonnerait de cette façon là.
Amen transpire d’une confiance insolente, lorsqu’elle marche, lorsqu’elle se tient, lorsqu’elle tend la main pour recevoir ce pour quoi elle a travaillé. Tandem a pu la croiser quelques fois, apercevoir sa silhouette dans l’entrebâillement d’une porte. Jamais n’avait-elle fait preuve d’une once de vacillation.
Elle donne l’impression de nager à contre-courant tout en se laissant porter par les flots.
Amen n’est que contradiction, que blasphème, que profanation.

Mais aujourd’hui, elle est là.

Rien ne sert de s’excuser si le motif de celle-ci n'est pas malveillante. A vrai dire, peut-être votre absence l'était-elle beaucoup plus.

Son "peut-être" sonne faux : c'est une simple forme de politesse. Car Tandem ne doute aucunement que l'égarement religieux de Amen fut une erreur venimeuse. Un poison qu'elle s'est infligée toute seule.

En ces lieux, c’est bel et bien le propos qui compte — Okeanos se fiche que vous vous promeniez en sa maison chaque jour durant, à fixer ses toiles rocheuses et son portrait de verre. Il n’importe à ses yeux que la résolution qui motive vos pas jusqu’à l’entrée de sa basilique.
Tandem est d’une froideur terrible mélangée à une bienveillance perceptible, même si nichée sous une couche de glace. Amen doit être habituée à cette dureté, à cette violente attitude mêlée à la pitié que les idiots lui adresse.
Il agit ainsi pour éviter qu’elle ne perce sa banquise pour le souiller. Elle a déjà réussi à produire quelques minuscules fractures. Des dommages minimes qu’elle n’imagine même pas.
Il y a longtemps que Tandem fondait pour elle. Pour se reconstituer presque aussitôt.

J’espérais pourtant passer inaperçue.

La beauté s’accompagne de beaucoup de qualités mais la discrétion n’en fait pas partie. Il aurait pu le dire à voix haute, mais ses lèvres sont scellées.
Okeanos le regarde.
Okeanos le surveille.

Je ne devine que trop ce que vous me reprochez, mais je m’étonne que ma réputation m’ait suivi jusqu’ici…

C’est parce qu’elle lui colle à la peau - les péchés sont des odeurs nauséabondes qui la suit comme une ombre. Tout le monde sait qui vend ses charmes, et qui en abuse, et qui les blâme. Dans les districts, les rumeurs n’ont pas besoin de courir. Elles se répandent facilement, comme si le vent savait les emporter pour les faire voleter jusqu’aux creux des tympans sans que personne n’ait eu à ouvrir la bouche.
Sa légère naïveté motive Tandem à se montrer plus doux. Pas beaucoup. Juste un peu.

J’ai failli me perdre, vous savez.

Il serait ravi de lui montrer le bon chemin. Elle lui raconte ses hésitations, encore.
C’est étrange de la découvrir ainsi. On dirait qu’elle se déshabille.

…aujourd’hui, j’y suis arrivée. Aujourd’hui, il a entendu mes prières.

A cela, Tandem esquisse l’ombre d’un sourire. Puis ses pas le rapproche du vitrail qui les surplombe et ses yeux se lève vers lui.

Et il les prend en compte.

Mais ses péchés sont trop lourds, trop importants. On ne lave pas ses immondices qu’en s’agenouillant devant lui, qu’en marmonnant des désolés impotents. Il se retourne pour se tenir face à elle, à une distance mesurée.
Il n’aime pas se frotter aux souillés.

Mais le pardon se mérite : c’est un cheminement vers le renouvellement. Aussi, je pense qu’il faudra les répéter souvent.

Il faudra revenir souvent donc, Amen.
S’il vous plaît.

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Re: What's a god to a non-believer ▴ TANDEM écrit le

What's a god to a non-believer ▴ TANDEM

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