« Putain de merde. »
Il râle, tire sur la manche de son foutu uniforme qu'il vient de tremper amoureusement dans sa tasse. Dastan secoue la main et pousse un long soupir, s'affalant sur sa chaise avec lassitude. Il reste encore quelque sminutes comme ça, soupirant à intervalles réguliers. Puis vient l'heure où il faut se lever et y retourner. Sa mission du jour : patrouiller en ville, en uniforme, pour montrer à la population que l'armée veille.
Dastan se frotte la tête et se lève, agacé plus que d'ordinaire ; il sort du café et tire sur sa manche une nouvelle fois avec dépit. Tant pis. Ses épaules se haussent en signe de renoncement, sa manche restera sale jusqu'au soir. Puis il reprend son chemin de ronde, saluant les passants et répondant aux questions de quelques personnes curieuses.
Encore quelques rues, encore quelques heures, il grimace ; mais du coin de l'oeil, un jeune femme attire son attention. Elle est plutôt jolie, grande, mince, de longs cheveux bruns et l'air aussi paumé qu'une souris de labo dans un labyrinthe. Alors, puisqu'il est un « chevalier », Dastan vole au secours de la jeune femme, s'approchant par la gauche tranquillement, les mains dans le dos.
Il s'arrête à côté d'elle et s'incline légèrement, lançant un sourire bienveillant : « Bonjour. » Il marque une pause, lui laisse le temps de bien voir son visage, et il ajoute « Je m'appelle Dastan, je fais partie du personnel de la ville » c’est une façon de le voir oui..  « Vous êtes perdue, n'est-ce pas ? »

Dastan détaille ses traits délicats d'un œil quelque peu amusé, il passe sa main sur son menton, réfléchissant. Rien ne l'atteint, ni l'indifférence ni le ton sec ni le regard qu'elle lui lance. Il ne fait qu'afficher un sourire tranquille, son attitude est posée, il l'écoute d'une oreille attentive et haussent doucement les épaules. « Si je suis là, à proposer mon aide, c'est que ça ne m'embête pas. Dites plutôt que vous ne voulez pas de mon aide....» Il sourit, se recoiffe d'une main et ajoute : « Mais avant de refuser catégoriquement mon offre, je vous rappelle que Cassiopea est immense, et qu'il est extrêmement facile d'y tourner en rond pendant des heures et des heurs.... » Il est aimable, affable, il a ce sourire que l'on sait charmant, que l'on évite de trop regarder pour ne pas tomber dans le piège. Il esquisse un geste de la main, indiquant une vague direction et lance sur un ton railleur : « alors, toujours autant envie d'attendre une illumination ?... »
Dastan est taquin, doux, il pousse un petit soupir et enfonce ses mains dans ses poches. Il n'insistera pas plus si elle refuse son aide, il la laissera là. Et ce sera tout.

Touché, coulé. Il observait avec plaisir les expressions hostiles que lui offrait la jeune femme. Quel dommage qu'un si beau visage puisse devenir si peu aimable ; mais peu importe, il laissait ses réflexions pour plus tard. Elle était bonne, mais pas assez pour qu'il s'acharne à comprendre ce qui la rendait d'humeur si chafouine. Même si il ne put s'empêcher de penser qu'une bonne petite partie de jambes en l'air la dériderait certainement. « Bien, sage décision Mademoiselle. » Il sourit, encore et l'invita à le suivre aimablement ; sa question ne l'étonna pas, pas plus que le ton employé. Il avait déjà plus ou moins cerné à qui il avait affaire. Ainsi s'appliquait-il à être le plus aimable et charmant possible. « En centre-ville, on y trouvera l'office, où sont répertoriés tous les hôtels, ainsi vous pourrez rechercher le nom du votre. En espérant que ça fasse tilt. » Il fit une moue charmeuse et continuait à avancer tranquillement dans les rues. Les gens s'affairaient, à droite, à gauche, la ville vivait sa vie propre. Cassiopea était un bel endroit, quelques soit les tensions qui régnaient entre les nations, personne ne pouvait nier la grandeur de la cité céleste.
Quelques minutes de marche silencieuses plus tard, Dastan se retourna, un éclat de curiosité dans le regard. Il se mit à marcher à reculons et dit :« Pourquoi êtes-vous venu vous perdre dans notre belle cité ? Je suis curieux. »

Quel amabilité tranchante ; Dastan continue de sourire poliment, la mort dans le regard. Il étend un peu plus le rictus de ses lèvres, dévoilant une dentition quasi-parfaite et des canines pointues. Soit, si cette femme est une sorcière, il sera un dragon. « Et c'est ainsi que l'on passe au tutoiement. » Il hausse les épaules, et continue d'avancer avec sérénité. Il passe et repasse, de rues en ruelles, de boulevards en chemins, et tout à coup, Dastan s'arrête, au milieu de nulle part. Du moins, au milieu de nulle part pour elle.
Il pose ses mains sur ses hanches, satisfait de l'endroit où il se trouve et se retourne vers la jeune femme, qu'il approche de si près que son nez touche presque le sien. Il viole son espace vital avec beaucoup de plaisir, infâme petit con, puis il lance sur un ton malin : « Bien. Puisque le respect d'autrui est un concept qui t'échappes, Beauté, je vais te laisser là. Et tu auras le loisir de visiter tout Cassiopea, toute seule, sans personne pour te taper la causette ou pour t'embêter dans tes déambulations aléatoires. »
Il se recule, tranquillement, met ses mains dans ses poches et s'éloigne un petit peu. « Et si par hasard, tu voulais me suivre en douce, je vais au palais. Rien avoir avec l'endroit où tu souhaites te rendre. » Ainsi il se retourne et esquisse une révérence silencieuse avant de lancer « Parfois il faut savoir être résilient. »